(06-17-2021, 02:20 PM)ThierryNK a écrit : [ -> ]Hello
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Non, je n'ai aucune aversion pour les pianos Yamaha!!!! Bien au contraire.
Je n'aime pas trop les magnifiques Bosendorfer, parce qu'à mon âge et manque de travail, la course des touches y est un peu plus courte que celles des Steinway, Fazioli ou Yamaha, et demande un niveau technique que je n'ai plus.
J'ai un Steinway, mais medium et aigus sont trop brillants, et je demande régulièrement à mon accordeur une harmonisation qui diminue au maximum ces traits de caractères inhérents à tous les Steinway. Disons que c'est avant tout le rêve du môme de 10 ans que j'étais que j'ai réalisé en achetant ce Steinway.
Si je pouvais, c'est un piano à cordes parallèles que je m'offrirais. Les cordes croisées on permis des gains d'encombrement, mais le merdier sonore dans le bas medium provoqué par le croisement des cordes est en fait une aberration.
https://www.bozar.be/fr/regardez-lisez-e...rojecteurs
Sur les ressorts de nos émotions...
Je pense qu'il est strictement impossible de juger d'un système HiFi et en même temps écouter la musique et s'en laisser pénétrer.
Juger d'un système Hifi demande une écoute analytique, qui va s'attacher à différents points, les timbres, l'image, la précision, etc.
Ecouter de la musique, c'est être passif en acceptant de se laisser emmener en voyage, tout en "obéissant" au compositeur qui peut tour à tour nous malmener, nous mettre en attente (retour à la tonique après des modulations, inutile d'avoir les connaissances musicales techniques, c'est "naturel"), nous "récompenser" par une marche harmonique (passage dont on peut chanter la suite sans rien connaitre en musique) après un passage "difficile" . Il peut nous forcer à nous perdre comme Schubert dans ses sonates, il peut nous botter le cul de manière répétitive comme souvent Beethoven. Il peut nous suggérer des scènes quasi visuelles, comme Berlioz ou Stravinsky. Il peut nous raconter sa vie, comme Chopin dans l'intégrale de ses Mazurkas. Il peut nous faire danser...
Tout ceci n'est pas du romantisme exacerbé. Cela a été expliqué, théorisé, et utilisé par les compositeurs depuis au moins Bach. Le "jeu" entre le compositeur et l'auditeur, ou plutôt le compositeur qui joue avec l'auditeur.
Ceci est mort depuis l'atonalisme qui a marqué la rupture entre la musique dite "sérieuse" et le public. Le public à l'époque de Bach écoutait du Bach toutes les semaines à l'église. Qui écoute aujourd'hui régulièrement de la musique atonale?
Video à regarder d'urgence par tous les mélomanes!!!
https://www.college-de-france.fr/site/ka...-15h00.htm
Je prétends qu'il est impossible au cerveau humain de se laisser aller à ce jeu et en même temps juger techniquement d'un système Hifi.
Dans le premier lien fourni au dessus, il y a le K595 de Mozart. J'ai exactement les mêmes émotions, avec des variantes suivant les jours, mon humeur, que cela soit sur les HP de mon ordinateur ou sur la chaine Hifi la plus aboutie.
Parce que ce qui est en jeu quand je l'écoute n'a rien à voir avec la Hifi.
C'est un concerto qui démarre comme s'il avait démarré dans la nuit des temps, parce que ses thèmes et développements sont hallucinants de simplicité et d'invention.
Parce que c'est le dernier concerto pour piano de Mozart. Que Mozart l'a joué lors de son dernier concert à Vienne, dans une taverne, au premier étage de la rue de la Porte du Ciel (cela ne s'invente pas).
C'est aussi un concerto que j'ai eu l'audace de jouer avec l'orchestre sans piano sur la chaine Hifi. Audace non pas technique, mais audace d'oser s'approprier une telle oeuvre sans se laisser (trop) submerger par la musique elle-même. Le lâcher prise tout en restant en contrôle physique est un problème majeur pour tous les musiciens.
Les émotions proviennent de la musique elle-même, de son histoire, de ses propres souvenirs et réminiscences, y compris sur un autoradio.
Et c'est incompatible, pour moi, avec une écoute analytique.
Amicalement
PS: je suis aussi "fan" de Queen que de Mozart...
Bonjour Thierry.
Nous ne nous connaissons pas alors en t'adressant à moi, je ne sais pas si tu me crois penser différemment de toi mais sache que
je partage au plus haut point ce que tu viens d'écrire sur l'impossibilité absolue de s'émouvoir de la musique tout en faisant une écoute analytique.
Mes oreilles et mon cerveau ne m'ont d'ailleurs jamais laissé le choix. Ayant subi un traumatisme sonore enfant, je vis avec un violent acouphène depuis l'âge de 10 ans.
J'ai rencontré nombre d'ORL dont le dernier en date, réputé comme le "meilleur" (si cela veut dire quelque chose en médecine) à Toulouse, le Dr Descouens, qui m'a expliqué ce que j'entendais, pourquoi et comment, comment mon cerveau s'était adapté, ma façon d'écouter de la musique. Il est lui même passionné de musique, ce qui en fait un ORL différent.
Cet accident jeune a eu plusieurs conséquences:
- Je ne peux pas vivre sans musique. C'est mon dérivatif d'abord, pour m'éviter de devenir fou. Mais c'est aussi ma
drogue. Une véritable drogue que mon corps réclame. Ma femme s'est toujours plainte de ne pas me procurer les mêmes sensations. Elle ne sait pas me dresser les poils sur tout le corps avec une telle intensité. Elle a pourtant tout essayé!
Aucune femme n'y est jamais arrivée...
Si je passe plusieurs jours sans musique, je me sens dépérir. France Musique est mon oxygène. Je la préfère d'ailleurs à Qobuz que je ne pratique que pour acheter des oeuvres découvertes sur France Musique.
- je n'écoute pas comme les copains. J'en suis incapable ! Je ne peux pas juger de la qualité des "silences". Je ne connais pas le silence !!! Cela pourrait être catastrophique mais mon cerveau a appris à reconstituer des silences "musicaux", ceux qui émanent de
l'intention musicale du compositeur et de l'interprète.
Mais je n'écoute pas les tout petits détails d'une scène sonore. Je ne cherche pas à retrouver une flatulence de mouche 4 mètres à l'arrière gauche d'un soliste.
Mais surtout, cela me frustre et me fait vraiment chier de perdre mon temps à vouloir critiquer techniquement les prestations sonores d'un système. Je n'en ressens pas le besoin. Devant un système de restitution, la seule chose que j'attends, c'est que l'oeuvre vienne me chercher, que l'interprète me prenne par la main, que la direction me surprenne... Quand cela le fait, cela le fait.
Il faut que la musique vienne me chercher. Il ne faut pas qu'elle soit entravée.
Pourquoi cela va être possible en voiture ou avec une Tivoli et pas devant un système coutant une blinde mais construit pour être spectaculaire?
Bon, n'exagérons rien, sur une Tivoli, certaines intentions du compositeur pourront passer à la trappe, certains instruments pouvant disparaitre... Mais selon les exigences de l'oeuvre, cela le fait.
Du coup, je ne passe pas au scanner de la technique les systèmes devant lesquels je me retrouve. Sinon, je serais condamné à me faire chier! Très peu pour moi. La vie est trop courte.
La seule considération "technique" qui me traverse l'esprit mais sans en avoir forcément conscience sur le moment est la
crédibilité.
Je ne vais donc apprécier techniquement les systèmes, les matériels, les architectures, les tweaks en tous genres que par leur capacité à rendre le système plus crédible (ou pas...).
Du coup, je me sens bien incapable de faire des comptes-rendus de mes écoutes comme certains membres du forum. Je n'ai pas grand chose à apporter aux copains en faisant cela.
Du coup, puis-je aider les copains? Il faudrait leur demander.
Il semblerait que oui. Car ne pas vouloir se retrouver à saucissonner la musique en critères techniques n'empêche pas de pouvoir apprécier l'impact d'un placement des enceintes, un agencement de pièce, la lutte contre les courants de fuite, la capacité de nuisance de câbles X ou Y, l'incapacité de matériels à être crédibles, l'importance du comportement vibratoire des machines... Etc.
Mais ma réaction ne sera pas une check-list de critères sonores.
Restitution crédible ou pas, la musique vient me chercher ou pas, je veux poursuivre l'expérience car j'y prends du plaisir ou pas. C'est tout ce qui compte.
A la demande des copains, je me prête parfois, quand nécessité absolue pour eux (achat à faire, décision à prendre) à quelques A-B mais pas besoin de dépiauter ce que j'entends. Les conclusions me semblent le plus souvent évidentes. Tout choix qui trahit la crédibilité est démasqué.
Et je continue à pouvoir me servir de mon poilaumètre car quand une modification est pertinente, les poils réagissent (si la musique est bonne et que le système est déjà couillu hein...).
Mais il ne faut pas que cela dure longtemps.
Et je ne valide rien en ABX. J'élimine juste. Pour valider, il faut que je vive plus longtemps avec l'élément considéré.
Je prends beaucoup de gants dans ce que j'écris. Je suis en fait beaucoup plus con que cela !!!
Je suis toujours ébahi devant des forumeurs coupant les cheveux en 4, écoutant des détails le plus souvent inutiles car ni voulu par le compositeur, ni par les interprètes, et pas foutus, à l'écoute d'une "simple" sonate pour piano/violon, de constater que les timbres sont à chier.
Ou quand l'accessoire masque l'essentiel...
En résumé: Techniquement, je cherche la crédibilité, les timbres priment tout et écouter des sons me gave au plus haut point. Je trouve cela stérile et chiant.
En faisant cela, est-ce que je me prive de leviers de progrès ? Cela me semble inévitable.
Mais ça va aller...
Belle journée à tous.
Laurent
PS: le Bozar...
Et merci pour le lien vers la conf !!!