Bonjour à tous,
Comme promis voici mes premières impressions sur les Harbeth P3esr une fois installées dans mon salon en lieu et place des Totem Arro.
En fait, mon salon commence à avoir vu quelques enceintes au même endroit autour de la cheminée
Dans l’ordre, il y a eu des Apertura Thema, Apertura Onira, Vivid Audio Giya G3, Totem Arro et maintenant Harbeth P3esr, et temporairement car elles n’étaient pas à moi, des Leedh E2 avec leur caisson de basses.
Le passage des Giya aux Totem a été une régression massive pour la musique dans ce salon, mais une progression du WAF certaine (au moins d’un point de vue de l’encombrement car, moi, je les trouvais pas mal du tout ces Giya dans le salon…). Cependant, suite à l’exil des G3 au sous-sol, la différence de qualité musicale a rapidement sauté aux oreilles de tous dans la maison, et s’est traduite par une réduction massive de la quantité de musique écoutée dans la maison (à l’exception de mes passages au sous-sol bien entendu
).
Ceci est d’ailleurs un phénomène que j’ai constaté de nombreuses fois au fil des évolutions des systèmes à la maison; je ne sais pas s’il est particulier chez moi, mais toujours est-il que le taux d’écoute a toujours été directement proportionnel à la qualité de musique produite par la hifi de la maison.
Les G3 étaient en marche quasi en permanence, et même pendant qu’on épluchait les pommes de terre dans la cuisine, on pouvait avoir l’impression qu’un orchestre de jazz, ou Adèle ou Lou Doillon jouaient dans la pièce d’à coté.
Depuis le passage aux Totem, malgré leurs qualités indéniables, rien de tel, à tel point que c’est mon épouse qui a fini par glisser au détour d’une conversation qu’il faudrait bien, un jour, penser à améliorer le son au salon
Mais hélas pas au point de remonter les Giya…
Comme elle connait bien son mari audiophile
, il n’en fallait pas plus pour que je commence à chercher une option abordable et WAF compatible (les Leedh E2 seraient certes un choix jouable mais totalement hors budget, car je ne suis pas prêt à céder les Giya G3 malgré les qualités indéniables des Leedh).
Ayant eu, depuis toujours, un faible pour les petits monitors mais n’ayant jamais franchi le pas, je me suis dit que c’était sans doute maintenant l’occasion d’essayer, compte tenu des contraintes Waf ET qualité à concilier. Les Harbeth P3esr ayant une excellente réputation (il suffit de lire les nombreux tests sur internet qui sont tous élogieux) et les retours des propriétaires sur ce forum unanimes, j’ai pris cette option d’autant plus vite qu’une occasion s’est présentée miraculeusement à quelques kilomètres de chez moi !
J’ai donc pu les écouter ces 2 dernières semaines (et surtout longuement le week-end dernier) dans un environnement que je connais parfaitement bien.
Elles sont alimentées par un FDA IAM V200 lui même connecté à une borne Apple Airport Express (reliée en WIFI à un routeur Airport Extreme) par un cable optique basique (moins de 15€ sur Amazon). La source étant mon vieux Macbook avec SSD et 12Go de RAM qui fait tourner iTunes et qui alimentait avec succès le Devialet et les Giya dans ce même salon. Les câbles HP, en bon câblo-sceptique que je suis, sont du basique « no name » 2.5mm2 achetés chez Audiophonics pour 5 ou 6€ le m.
Je concède volontiers qu’un peu plus de soin dans la source et le câblage pourrait améliorer le tout, mais il faut bien commencer quelque part !
Enfin les enceintes étant à vendre avec les pieds Music Tools One, je n’ai pas eu de dilemme concernant leur placement en hauteur. Ces pieds sont incroyablement lourds, je ne les ai pas pesés, mais la notice dit 19kg pièce ! Ce qui fait qu’on a donc un ensemble qui fait dans les 25Kg l’unité, soit bien lourd pour des enceintes biblios. Les Totem Arro, à coté, ont un poids vraiment plume !
Donc, les P3esr à peine installées autour de la cheminée (espacement 2,10m environ et à 40cm du mur arrière et très loin des murs latéraux (1,2m à droite, et 7m à gauche)), je mets Benjamin Clementine - Winston Churchill’s boy pour commencer, histoire de voir comment passera la voix chaude et grave de Clementine juste accompagnée d’un piano.
Et là, je me dis immédiatement, bonne pioche ! A vrai dire, je n’en reviens pas que ces petites boites produisent une image aussi grandiose, très proche du rendu des Giya (que je n’ai certes pas à coté pour comparer mais que j’ai écouté de nombreuses fois sur ce morceau dans cette pièce). La voix de Clementine est parfaitement placée, au centre, très crédible, le piano idem passe sans difficulté avec une grande cohérence d’ensemble.
J’enchaine ensuite avec Melody Gardot - Preacher Man, et quelques autres morceaux de cet album que j’aime particulièrement. Le rendu de la voix est excellent, et l’orchestre jazz et les quelques effets spéciaux du disque sont bien rendus. Je m’attendais à être gêné par l’absence de basses mais en fait sur ce disque on ne ressent pas vraiment de manque, tant on est séduit par la chaleur et la présence de la voix.
Je me dis que j’ai donné des morceaux « faciles », et donc je tente le classique, et tant qu’à faire la 5ème de Malher recommandée par rogers comme un test impitoyable sur un système, et donc j’imagine très difficile pour les P3esr que rogers connait forcément bien.
Bien entendu, là, on sent bien les limites, tant en dynamique qu’en niveau maximum atteignable, mais je reste scotché par la taille et la qualité de l’image reproduite, notamment la profondeur ! La cohérence d’ensemble est également remarquable, tout semble juste et à sa place. Franchement, je n’y croyais pas, et c’est un vrai régal pour écouter un orchestre symphonique le soir au calme, sans effondrer les murs et empêcher tout le monde de dormir. Même à relativement bas niveau, l’image se déploie et la cohérence reste, et c’est un vrai plus pour ce système installé dans une pièce de vie.
Je passe ensuite à des morceaux plus raisonnables, Stabat Mater - Vivaldi, et là encore, le rendu de la voix de James Bowman est vraiment addictif, idem sur les voix du Pie Jesu du Requiem de Faure, ou les chants grégoriens du disque Vox Clamentis - Filia Sion découvert grâce à Tonton F, ou encore de José Carreras dans la Misa Criolla d’Ariel Ramirez. Sur ce dernier disque, les choeurs en fond de salle sont également très bien rendus, avec une bonne impression de profondeur pas si facile que ça à rendre avec les enceintes précédentes dans cette même pièce.
A vrai dire, je crois que coté image stéréo, ces Harbeth sont parmi les meilleures que j’ai entendues dans cette pièce, quasiment au niveau des Leedh E2 et devant tout le reste, y compris même les Giya.
J’enchaine ensuite la quasi totalité des morceaux de test « jalucine » (ceux qu’on a utilisé l’été dernier lors de son passage chez moi) où alternent classique et jazz particulièrement bien enregistrés. L’ensemble confirme les qualités de cohérence, densité sur les voix, et image décrites précédemment.
Youg Sun Nah (sur Lento et Same Girl) est vraiment crédible et passe magnifiquement.
Sur Splanky de Christian McBride, je me disais que les 3 contrebasses allaient surement manquer de taille et d’articulation, mais pourtant l’illusion est bien là et on est même surpris par la taille assez crédible de la scène et des instruments, même s’il n’y a surement pas grand chose sous les 70Hz.
En fait, là où on touche les limites, c’est quand on écoute Michel Jonasz - Le Temps Passé. Ce morceau est vraiment spectaculaire quand il est bien reproduit. Sur les Giya, l’impact des basses est physique, et on peut vraiment ressentir chaque coup frappé. Il faut d’ailleurs l’avoir entendu ainsi pour comprendre toute la magie de ce morceau. Sur les P3esr, la magie disparait et le morceau devient assez ordinaire, certes la voix de Jonasz garde sa densité et sa présence, mais il manque une dimension qu’on ne peut oublier une fois qu’on l’a entendue.
Après avoir écouté Jonasz, j’ai pensé que ça allait aussi être difficile avec London Grammar, Christine and the Queens, ou même Coldplay, et pourtant, c’est beaucoup moins gênant qu’avec Le Temps Passé, le niveau de grave entre 80Hz et 120Hz doit être plus important sur ces musiques et finalement on a pas mal d’impact, ou en tous cas, suffisamment pour qu’on garde l’essentiel du plaisir et qu’on n’ait pas de frustration majeure.
Certes, sur The Avener - Lonely Boy, le coup de basses qui « aspire » l’air de la pièce est tout simplement inexistant, mais j’ai été très agréablement surpris par le suivi du rythme dont ces enceintes sont capables sur ce type de musique, alors que je m’attendais à une incapacité physique, du fait du rendement (83dB), de la taille réduite et charge close.
Au final, ce qui ressort clairement c’est que ces enceintes se débrouillent pour fournir un plaisir musical quelles que soient les circonstances. Elles ne sont pas capables de tout faire, mais elles sont exceptionnelles sur ce qu’elles savent faire et c’est finalement le plus important. Par comparaison les Totem Arro descendent plus bas grâce à leur event, mais elles n’ont pas cette cohérence d’ensemble, cette chaleur sur les voix qui fait la différence entre un bon rendu, et la sensation que ça sonne vrai/beau. C’est subtil car les Arro sont de bonnes enceintes et produisent aussi une belle image, mais les P3esr sont juste plus crédibles.
Les Apertura Thema, au même endroit et alimentées par le Devialet D200, géraient le grave avec plus d’impact et donnaient un aigu plus aérien sans doute du fait du tweeter à ruban, mais au global, je crois que je préfère les P3esr malgré leurs limitations, du fait du rendu des voix notamment et de cette impression de cohérence que je ne sais pas bien définir, mais c’est le mot qui m’est venu assez spontanément en les écoutant.
Il y a comme une sorte d’évidence qui transparait, et qui m’a immédiatement fait me dire que ces enceintes pourraient surement faire plus avec un meilleur ampli et une meilleure source.
Peut-être, un bel ampli à tubes donnerait un rendu moins vrai, en accentuant la chaleur des médiums et avec un grave un peu plus rond, mais pourrait peut-être accentuer la beauté des voix. En tous cas, ça m’a donné envie d’essayer un jour si l’occasion se présente.
Ensuite, je suis descendu au sous-sol pour ré-écouter quelques morceaux sur les Giya, et là, j’ai réalisé qu’il y avait quand même un écart très significatif (mais bon, c’est heureux avec un système à 20 fois le prix…) et pas seulement sur l’impact dans le grave. La définition est très supérieure, chaque instrument est plus facilement localisé et séparé des autres. L’aigu monte plus haut et apporte une aération réelle sans pour autant ajouter de l’agressivité. La dynamique profite de la vitesse exceptionnelle des Giya, et il semble n’y avoir aucune limite au niveau que l’on peut atteindre sans compression (il y en a une bien entendu, mais elle arrive bien plus tard que sur les P3esr).
Par contre, et c’est peut-être une limitation de la pièce au sous-sol, l’image n’a pas autant de profondeur que celle produite par les P3esr dans le salon, en particulier sur le classique où les P3esr m’ont quand même bluffé.
En résumé, ces enceintes répondent exactement à ce que je recherchais pour le salon, et je remercie tous ceux dont l’avis m’a encouragé à poursuivre l’idée d’en acquérir une paire.
Elles ne sont certes pas celles que je recommanderais pour sonoriser une éventuelle soirée à la David Guetta, mais, à niveau raisonnable, on obtient de la vraie musique crédible et addictive. En particulier, la cohérence d’ensemble, l’incarnation des voix, et la qualité de l’image sont exceptionnels pour le prix (y compris en neuf).
Et il y a un phénomène qui ne trompe pas, la musique est revenue au salon, même quand on épluche les pommes de terre à la cuisine
Amitiés.