07-01-2021, 07:25 PM
Bonjour à tous,
Les derniers échanges sur le fil de mon installation au sujet de l'impact de la correction de la phase des enceintes mais aussi de la correction numérique au sens large, m'ont incité à ouvrir ce fil pour pouvoir en discuter avec les spécialistes du sujet qui ne manquent pas sur ce forum, et également avec ceux qui, l'ayant essayé ou écoutée sur certains systèmes, pensent qu'elle est plus néfaste que bénéfique.
Pour introduire le sujet, je vais simplement donner mon avis sur le sujet, ainsi que ma compréhension de ce qui pourrait expliquer qu'on puisse apprécier ou pas la correction numérique, et j'espère que des avis complémentaires et/ou contradictoires n'hésiteront pas à être exprimés.
Tout d'abord, je pense qu'il peut être nécessaire de préciser ce que l'on entend par correction numérique, car il y a plusieurs "versions" possibles, qui sont souvent complémentaires, mais dont l'impact et la nature même sont différents.
Pour ceux qui voudraient savoir en quoi ça consiste et comment on peut la mettre en oeuvre, je les renvoie au post suivant http://forum-hifi.fr/thread-2512.html qui est un peu ancien mais qui donne quelques principes et un tour d'horizon rapide sur quelques logiciels de correction.
En pratique, on peut considérer que la correction numérique a 2 objectifs totalement indépendants l'un de l'autre, et il est important de bien les distinguer car leur influence et leurs avantages et inconvénients potentiels sont différents.
A) La correction numérique pour corriger la performance intrinsèque des enceintes :
Cette version de la correction numérique consiste à corriger les "défauts" des enceintes, indépendamment du lieu où elles vont être installées.
Elle permet de corriger, la phase d'une part, et l'amplitude d'autre part.
La phase est un sujet de débat en soi, mais il ne fait aucun doute que sur le principe, il est souhaitable que les différents HPs des enceintes soient parfaitement alignés temporellement. Or, en général, ça n'est pas le cas, car l'utilisation des filtres passifs pour assigner une bande de fréquences précise à chaque HP induit automatiquement un décalage de la phase dont l'ampleur dépend du type de filtre utilisé (6dB/octave, 12dB/octave, 18dB/octave, 24dB/octave, etc...).
Ce filtrage peut aussi être réalisé numériquement, en alternative au filtrage passif, ce qui permet de corriger la phase numériquement indépendamment de la pente du filtre utilisé. Mais, et c'est l'objet de la discussion ici, on peut aussi corriger la phase numériquement d'enceintes utilisant des filtres passifs.
On va donc réaligner les différents HPs afin de leur permettre de démarrer ensemble au lieu de démarrer successivement. Ceci se traduit, à la mesure, par une impulsion unique visible sur le STEP notamment (voir ci-dessous).
STEP idéal (tous les HPs sont en phase) :
STEP d'une enceinte 4 voies avec filtres passifs à 24dB/octave
Indépendamment, de la correction de la phase, on peut aussi vouloir corriger la réponse amplitude/fréquence intrinsèque des enceintes, car celle-ci peut présenter des "anomalies", notamment à la transition entre HPs (avec un creux ou une bosse plus ou moins marquée) ou être trop faible ou trop forte aux extrémités de la bande passante (pas assez d'extension dans le grave ou dans les aigus par exemple), et on peut donc utiliser la correction pour ajuster cette réponse amplitude/fréquence là où c'est nécessaire.
Les enceintes actives utilisent d'ailleurs cette possibilité obtenir une phase et/ou une amplitude quasi parfaite.
Lorsqu'on souhaite corriger numériquement ses propres enceintes classiques (c'est à dire avec filtre passif), se pose la question essentielle de savoir quoi corriger et comment. Lorsqu'on utilise un logiciel et/ou appareil du commerce (Trinnov, Dirac, Acourate, HAF,....) tout est réalisé automatiquement et on n'a juste qu'à faire confiance aux concepteurs du logiciel/appareil.
Cela n'enlève rien à la difficulté du sujet, qu'on peut toucher du doigt concrètement en réalisant sois-même ses propres mesures (voir le Guide Bilan Acoustique (http://forum-hifi.fr/thread-14665.html) pour ceux qui voudraient regarder le sujet plus en détail.
La difficulté principale est de pouvoir isoler la performance intrinsèque de l'enceinte de celle mesurée qui combine l'enceinte avec la réponse du local d'écoute, et qui est généralement très différente de celle intrinsèque aux enceintes, du fait des réflexions multiples engendrées par le local.
Plusieurs méthodes pour s'en sortir existent, et chaque fabricant (Dirac, Trinnov, HAF,...) a développé son propre savoir-faire pour y arriver, mais il n'en reste pas moins que quelle que soit la méthode utilisée celle-ci restera entachée d'erreurs potentielles, plus ou moins importantes suivant le savoir-faire mais aussi la précision de la mesure et la qualité/difficulté du local d'écoute.
Cela étant, si on admet que la performance des enceintes est extraite correctement, la corriger numériquement est tout à fait techniquement possible, et le résultat mesuré le confirme parfaitement d'ailleurs.
Maintenant, si on s'intéresse aux avantages et inconvénients/risques potentiels de cette correction, on peut lister ceux-ci (liste non exhaustive fort probablement) :
Au chapitre des avantages:
B) La correction numérique pour corriger l'interaction des enceintes avec la pièce où l'on écoute ("room correction") :
Cette version de la correction numérique est probablement la plus connue, et elle est souvent celle à laquelle on pense spontanément lorsqu'on essaye de faire fonctionner des enceintes dans une pièce et qu'on est confronté à des problèmes de modes dans le grave.
Elle vise à atténuer les variations d'amplitude générées par l'interaction entre le signal direct émis par les enceintes et les réflexions générées par les parois de la pièce (murs, sol, plafond) qui produit des noeuds et des ventres (creux et bosses) sur la réponse amplitude/fréquence.
Elle a, par contre, peu (en fait quasiment aucune) d'influence sur la réverbération (qu'on mesure avec le RT60) mais peut faire des quasi-miracles dans la zone modale (dans le grave en dessous de la fréquence de Schroeder (fréquence de transition entre zone modale et zone de réverbération, qui dépend essentiellement du volume de la pièce)).
Le principe de fonctionnement de cette correction consiste à modifier le signal direct pour que la somme du signal direct + réflexions sur les parois de la pièce, produisent une réponse amplitude/fréquence la plus linéaire possible, telle que mesurée au point d'écoute (sweet-spot).
Le signal direct étant défini comme le signal émis par les enceintes et qui arrive le premier aux oreilles placées au sweet spot. Les réflexions arrivent, quant à elles, quelques millisecondes plus tard, le nombre de millisecondes dépendant de la distance des parois de la pièce vs les enceintes et vs le sweet spot.
Ceci demande donc de mesurer la réponse amplitude/fréquence au sweet-spot pour en déduire les corrections à appliquer au signal direct pour obtenir la réponse amplitude/fréquence souhaitée (qui est le résultat du signal direct + réflexions). Ces calculs sont généralement effectués sur la moyenne de quelques mesures autour du sweet spot afin de ne pas produire une correction trop ciblée sur un point précis et trop ponctuelle.
Certains logiciels (Trinnov, mais aussi Dirac) prétendent corriger également les premières réflexions au delà de la gestion des modes dans le grave, sans préciser toutefois ce qu'ils font exactement dans le domaine. Cela étant, le principe d'action est le même, c'est à dire, une pré-déformation du signal direct, pour que sa combinaison avec les réflexions soit la plus proche possible d'un résultat "idéal" (ou équivalent à celui-obtenu dans une pièce plus grande, donc où les réflexions primaires ont moins d'impact sur ce qu'on entend au sweet spot).
Si on regarde les avantages et inconvénients/risques de ce type de correction numérique, on peut lister ceux-ci (liste non exhaustive là aussi) :
Au chapitre des avantages:
Au chapitre des inconvénients/risques:
Pour être tout à fait objectif, il ne faudrait pas non plus déduire de ce qui précède que le traitement passif est la panacée, car il doit aussi être bien réfléchi. En effet, l'installation de panneaux absorbants et/ou diffusants n'est pas totalement neutre, car aucun de ces panneaux n'absorbe l'ensemble du spectre audio de façon homogène, et par conséquent, ils peuvent entrainer une perturbation des timbres très audible, si on n'y prend pas garde.
Et donc, il vaudra parfois mieux une bonne correction numérique qu'un traitement passif mal mis en oeuvre...
Au chapitre des inconvénients pour les 2 types de correction numérique, et delà des considérations ci-dessus, on peut aussi ajouter que la mise en oeuvre d'une correction numérique implique l'utilisation de ressources informatiques significatives (que ce soit un DSP dédié, ou un PC/Mac, ou un Trinnov, ou encore un logiciel de lecture intégrant un moteur de convolution (Roon, JRiver, Foobar,...) et cela a vraisemblablement aussi un coût audible à l'arrivée.
C'est certes difficilement démontrable objectivement puisque "bits are bits" et c'est ce qui arrive au DAC après tous les traitements numériques quels qu'ils soient, mais le nombre de témoignages d'audiophiles optimisant les serveurs et autres logiciels de lecture et protocoles de communication réseau (UpNP, Raat, Diretta, HQPlayer NAA,...)) pour réduire tous les processus à leur strict minimum, est tel qu'il est difficile d'affirmer que l'utilisation de ressources informatiques n'a pas d'impact sur le rendu global.
En résumé, je dirais donc que la correction numérique est une technique très performante pour corriger les défauts des enceintes et pour aider à l'adaptation d'enceintes dans une pièce, mais que son utilisation doit être réservée aux situations où l'on ne peut mettre en oeuvre un traitement passif adéquat et complet (pièce de vie où le WAF est prépondérant, pièce trop petite pour être traitée correctement, etc...).
En particulier, la partie "room correction" me semble induire des contraintes sur le signal direct qu'il convient de bien comparer avec les défauts induits par la pièce (qui sont souvent colossaux et bien supérieurs aux inconvénients du room correction) lorsqu'on cherche la performance maximale pour son système.
Voilà l'introduction, , j'attends maintenant la contradiction pour lancer le débat !
Les derniers échanges sur le fil de mon installation au sujet de l'impact de la correction de la phase des enceintes mais aussi de la correction numérique au sens large, m'ont incité à ouvrir ce fil pour pouvoir en discuter avec les spécialistes du sujet qui ne manquent pas sur ce forum, et également avec ceux qui, l'ayant essayé ou écoutée sur certains systèmes, pensent qu'elle est plus néfaste que bénéfique.
Pour introduire le sujet, je vais simplement donner mon avis sur le sujet, ainsi que ma compréhension de ce qui pourrait expliquer qu'on puisse apprécier ou pas la correction numérique, et j'espère que des avis complémentaires et/ou contradictoires n'hésiteront pas à être exprimés.
Tout d'abord, je pense qu'il peut être nécessaire de préciser ce que l'on entend par correction numérique, car il y a plusieurs "versions" possibles, qui sont souvent complémentaires, mais dont l'impact et la nature même sont différents.
Pour ceux qui voudraient savoir en quoi ça consiste et comment on peut la mettre en oeuvre, je les renvoie au post suivant http://forum-hifi.fr/thread-2512.html qui est un peu ancien mais qui donne quelques principes et un tour d'horizon rapide sur quelques logiciels de correction.
En pratique, on peut considérer que la correction numérique a 2 objectifs totalement indépendants l'un de l'autre, et il est important de bien les distinguer car leur influence et leurs avantages et inconvénients potentiels sont différents.
A) La correction numérique pour corriger la performance intrinsèque des enceintes :
Cette version de la correction numérique consiste à corriger les "défauts" des enceintes, indépendamment du lieu où elles vont être installées.
Elle permet de corriger, la phase d'une part, et l'amplitude d'autre part.
La phase est un sujet de débat en soi, mais il ne fait aucun doute que sur le principe, il est souhaitable que les différents HPs des enceintes soient parfaitement alignés temporellement. Or, en général, ça n'est pas le cas, car l'utilisation des filtres passifs pour assigner une bande de fréquences précise à chaque HP induit automatiquement un décalage de la phase dont l'ampleur dépend du type de filtre utilisé (6dB/octave, 12dB/octave, 18dB/octave, 24dB/octave, etc...).
Ce filtrage peut aussi être réalisé numériquement, en alternative au filtrage passif, ce qui permet de corriger la phase numériquement indépendamment de la pente du filtre utilisé. Mais, et c'est l'objet de la discussion ici, on peut aussi corriger la phase numériquement d'enceintes utilisant des filtres passifs.
On va donc réaligner les différents HPs afin de leur permettre de démarrer ensemble au lieu de démarrer successivement. Ceci se traduit, à la mesure, par une impulsion unique visible sur le STEP notamment (voir ci-dessous).
STEP idéal (tous les HPs sont en phase) :
STEP d'une enceinte 4 voies avec filtres passifs à 24dB/octave
Indépendamment, de la correction de la phase, on peut aussi vouloir corriger la réponse amplitude/fréquence intrinsèque des enceintes, car celle-ci peut présenter des "anomalies", notamment à la transition entre HPs (avec un creux ou une bosse plus ou moins marquée) ou être trop faible ou trop forte aux extrémités de la bande passante (pas assez d'extension dans le grave ou dans les aigus par exemple), et on peut donc utiliser la correction pour ajuster cette réponse amplitude/fréquence là où c'est nécessaire.
Les enceintes actives utilisent d'ailleurs cette possibilité obtenir une phase et/ou une amplitude quasi parfaite.
Lorsqu'on souhaite corriger numériquement ses propres enceintes classiques (c'est à dire avec filtre passif), se pose la question essentielle de savoir quoi corriger et comment. Lorsqu'on utilise un logiciel et/ou appareil du commerce (Trinnov, Dirac, Acourate, HAF,....) tout est réalisé automatiquement et on n'a juste qu'à faire confiance aux concepteurs du logiciel/appareil.
Cela n'enlève rien à la difficulté du sujet, qu'on peut toucher du doigt concrètement en réalisant sois-même ses propres mesures (voir le Guide Bilan Acoustique (http://forum-hifi.fr/thread-14665.html) pour ceux qui voudraient regarder le sujet plus en détail.
La difficulté principale est de pouvoir isoler la performance intrinsèque de l'enceinte de celle mesurée qui combine l'enceinte avec la réponse du local d'écoute, et qui est généralement très différente de celle intrinsèque aux enceintes, du fait des réflexions multiples engendrées par le local.
Plusieurs méthodes pour s'en sortir existent, et chaque fabricant (Dirac, Trinnov, HAF,...) a développé son propre savoir-faire pour y arriver, mais il n'en reste pas moins que quelle que soit la méthode utilisée celle-ci restera entachée d'erreurs potentielles, plus ou moins importantes suivant le savoir-faire mais aussi la précision de la mesure et la qualité/difficulté du local d'écoute.
Cela étant, si on admet que la performance des enceintes est extraite correctement, la corriger numériquement est tout à fait techniquement possible, et le résultat mesuré le confirme parfaitement d'ailleurs.
Maintenant, si on s'intéresse aux avantages et inconvénients/risques potentiels de cette correction, on peut lister ceux-ci (liste non exhaustive fort probablement) :
Au chapitre des avantages:
- Une mise en phase correcte des HPs va donner une image plus précise et bien mieux définie dans l'espace. Les impacts et attaques de notes seront plus nets et donc le "rythme" de la musique sera mieux respecté.
- Une réponse amplitude/fréquence plus linéaire et sans accident majeur, donnera des timbres plus cohérents (absence de coloration particulière) et donc améliorera la sensation de "vérité" de la musique.
- La correction de la phase peut être incorrecte du fait d'une mesure incorrecte (difficile à extraire de mesures dans le local d'écoute) et le remède peut donc parfois être pire que le mal.
- La correction de l'amplitude sera toujours techniquement limitée par la capacité intrinsèque des HPs. En effet, on ne pourra pas faire sortir du 20Hz à un HP qui ne le peut pas mécaniquement, ni du 20000Hz à un HP de grave. Je donne ici des extrêmes, mais on comprend bien que chaque HP a des capacités mécaniques dont on ne pourra s'affranchir par une correction numérique. Le risque ici étant d'obtenir une meilleure amplitude au détriment d'une augmentation de la distorsion exponentielle et donc très audible !
- Par ailleurs, toute correction numérique, peut induire du clipping numérique, si elle ne prend pas suffisamment de marge de sécurité lors des calculs. Ce clipping numérique est extrêmement audible, contrairement à un clipping analogique qui peut dans certains cas passer inaperçu. Ceci oblige donc à placer une atténuation numérique au signal (il est nécessaire de mettre au minimum -3dB pour une correction de phase, mais généralement il vaut mieux mettre au moins -6dB, Dirac met -8dB par défaut, et Trinnov doit faire de même, même s'ils ne disent pas combien ils appliquent). Cette atténuation est "normalement" inaudible car le signal est maintenant souvent traité sur 64bits et au minimum sur 32bits. Certains audiophiles affirment néanmoins avoir la sensation d'une petite perte de dynamique lorsque cette atténuation est appliquée...
B) La correction numérique pour corriger l'interaction des enceintes avec la pièce où l'on écoute ("room correction") :
Cette version de la correction numérique est probablement la plus connue, et elle est souvent celle à laquelle on pense spontanément lorsqu'on essaye de faire fonctionner des enceintes dans une pièce et qu'on est confronté à des problèmes de modes dans le grave.
Elle vise à atténuer les variations d'amplitude générées par l'interaction entre le signal direct émis par les enceintes et les réflexions générées par les parois de la pièce (murs, sol, plafond) qui produit des noeuds et des ventres (creux et bosses) sur la réponse amplitude/fréquence.
Elle a, par contre, peu (en fait quasiment aucune) d'influence sur la réverbération (qu'on mesure avec le RT60) mais peut faire des quasi-miracles dans la zone modale (dans le grave en dessous de la fréquence de Schroeder (fréquence de transition entre zone modale et zone de réverbération, qui dépend essentiellement du volume de la pièce)).
Le principe de fonctionnement de cette correction consiste à modifier le signal direct pour que la somme du signal direct + réflexions sur les parois de la pièce, produisent une réponse amplitude/fréquence la plus linéaire possible, telle que mesurée au point d'écoute (sweet-spot).
Le signal direct étant défini comme le signal émis par les enceintes et qui arrive le premier aux oreilles placées au sweet spot. Les réflexions arrivent, quant à elles, quelques millisecondes plus tard, le nombre de millisecondes dépendant de la distance des parois de la pièce vs les enceintes et vs le sweet spot.
Ceci demande donc de mesurer la réponse amplitude/fréquence au sweet-spot pour en déduire les corrections à appliquer au signal direct pour obtenir la réponse amplitude/fréquence souhaitée (qui est le résultat du signal direct + réflexions). Ces calculs sont généralement effectués sur la moyenne de quelques mesures autour du sweet spot afin de ne pas produire une correction trop ciblée sur un point précis et trop ponctuelle.
Certains logiciels (Trinnov, mais aussi Dirac) prétendent corriger également les premières réflexions au delà de la gestion des modes dans le grave, sans préciser toutefois ce qu'ils font exactement dans le domaine. Cela étant, le principe d'action est le même, c'est à dire, une pré-déformation du signal direct, pour que sa combinaison avec les réflexions soit la plus proche possible d'un résultat "idéal" (ou équivalent à celui-obtenu dans une pièce plus grande, donc où les réflexions primaires ont moins d'impact sur ce qu'on entend au sweet spot).
Si on regarde les avantages et inconvénients/risques de ce type de correction numérique, on peut lister ceux-ci (liste non exhaustive là aussi) :
Au chapitre des avantages:
- La réduction des pics d'amplitude dans le grave est une correction essentielle lorsque les modes sont importants, et qui sont extrêmement fréquents dans des pièces de dimensions "courantes". Ne pas corriger ces pics d'amplitude entraine des colorations des timbres significatives, et rend le grave enflé, lent et monocorde (effet "boom boom" répétitif). Mettre en place ces corrections permet de retrouver de meilleurs timbres et une meilleure articulation du grave, et souvent une meilleure lisibilité dans le bas-médium car celui-ci est souvent masqué par l'excès de grave.
- La correction des premières réflexions apporte en général un gain sur la précision de l'image et potentiellement sur la qualité des timbres (la cohérence fréquentielle des réflexions avec le signal direct étant un critère important pour la qualité perçue des timbres) donc si les logiciels arrivent à corriger ceci, c'est, en théorie au moins, bénéfique.
Au chapitre des inconvénients/risques:
- La qualité de la mesure est essentielle pour le calcul des corrections à apporter, même si ici, c'est plus facile qu'avec la phase, puisqu'on cherche à corriger l'amplitude résultante (direct+réflexions) au sweet spot, ce qui est somme toute facile à mesurer. Néanmoins, il conviendra d'être prudent quand aux corrections qu'on apportera, notamment au delà du grave, sous peine d'avoir ici aussi, un remède pire que le mal...
Néanmoins, les logiciels réputés (Trinnov, Dirac, Acourate, HAF, et d'autres) font en général un très bon travail pour calculer ces corrections, et on peut leur faire confiance. Il faudra être plus prudent lorsqu'on fait soi-même les corrections (avec RePhase ou REW par exemple) et ne pas vouloir corriger ce qui ne peut ou ne doit pas l'être (les noeuds en général ne peuvent être comblés, et les corrections au delà du grave sont en général très difficiles à mettre en place).
- Le principal inconvénient, à mon avis, tient au fait que quelle que soit la qualité des corrections calculées, celles-ci sont appliquées au signal direct, qui devient donc un signal d'autant plus déformé que les corrections apportées sont importantes.
Or, la façon dont fonctionne l'oreille+cerveau, implique successivement l'analyse du signal direct, puis l'analyse des réflexions + signal direct. En fait, on cherche même à faire en sorte que le signal direct (qui contient le signal direct enregistré + les réflexions du local où a eu lieu l'enregistrement) soit pris en compte par l'oreille+cerveau avant que les réflexions du local d'écoute n'arrivent, afin de leurrer le cerveau et lui permettre de créer l'illusion que l'on se trouve sur le lieu de l'enregistrement et non dans la pièce où on écoute.
Si les réflexions produites localement (par la pièce d'écoute) arrivent trop tôt et/ou trop fort (en dB), le cerveau va les mélanger avec celles enregistrées sur le lieu d'enregistrement, pour en faire une bouillie qui va nuire à l'illusion d'être sur le lieu d'enregistrement. Idéalement, il faut donc faire en sorte que ces réflexions "locales" arrivent atténuées et le plus tardivement possible (la mesure de l'ETC permet de visualiser ce critère de façon objective, et de savoir où sont les sources de ces réflexions primaires gênantes).
On comprend donc que le signal direct a une fonction essentielle pour la création de l'illusion d'être sur le lieu de la performance enregistrée, et donc lorsqu'on le pré-modifie pour que le résultat (signal direct + réflexions locales) soit correct, on perturbe la compréhension du signal direct (celui enregistré sur le CD ou le fichier démat) par le cerveau. Il est donc difficile de dire a priori si le résultat obtenu sera bénéfique ou néfaste d'un point de vue de l'écoute de la musique.
Pour être tout à fait objectif, il ne faudrait pas non plus déduire de ce qui précède que le traitement passif est la panacée, car il doit aussi être bien réfléchi. En effet, l'installation de panneaux absorbants et/ou diffusants n'est pas totalement neutre, car aucun de ces panneaux n'absorbe l'ensemble du spectre audio de façon homogène, et par conséquent, ils peuvent entrainer une perturbation des timbres très audible, si on n'y prend pas garde.
Et donc, il vaudra parfois mieux une bonne correction numérique qu'un traitement passif mal mis en oeuvre...
Au chapitre des inconvénients pour les 2 types de correction numérique, et delà des considérations ci-dessus, on peut aussi ajouter que la mise en oeuvre d'une correction numérique implique l'utilisation de ressources informatiques significatives (que ce soit un DSP dédié, ou un PC/Mac, ou un Trinnov, ou encore un logiciel de lecture intégrant un moteur de convolution (Roon, JRiver, Foobar,...) et cela a vraisemblablement aussi un coût audible à l'arrivée.
C'est certes difficilement démontrable objectivement puisque "bits are bits" et c'est ce qui arrive au DAC après tous les traitements numériques quels qu'ils soient, mais le nombre de témoignages d'audiophiles optimisant les serveurs et autres logiciels de lecture et protocoles de communication réseau (UpNP, Raat, Diretta, HQPlayer NAA,...)) pour réduire tous les processus à leur strict minimum, est tel qu'il est difficile d'affirmer que l'utilisation de ressources informatiques n'a pas d'impact sur le rendu global.
En résumé, je dirais donc que la correction numérique est une technique très performante pour corriger les défauts des enceintes et pour aider à l'adaptation d'enceintes dans une pièce, mais que son utilisation doit être réservée aux situations où l'on ne peut mettre en oeuvre un traitement passif adéquat et complet (pièce de vie où le WAF est prépondérant, pièce trop petite pour être traitée correctement, etc...).
En particulier, la partie "room correction" me semble induire des contraintes sur le signal direct qu'il convient de bien comparer avec les défauts induits par la pièce (qui sont souvent colossaux et bien supérieurs aux inconvénients du room correction) lorsqu'on cherche la performance maximale pour son système.
Voilà l'introduction, , j'attends maintenant la contradiction pour lancer le débat !