Il faut habituellement faire des kilomètres dans différents azimuts pour écouter des systèmes variés et intéressants.
Et puis il y a des amateurs chez qui on peut débarquer tous les six mois pour entendre des systèmes variés, avec des changements d’éléments plus ou moins radicaux.
Dans le domaine, Nicoben est le champion.
Quelques jours à l’avance, on n’est pas sûr de ce que l’on va pouvoir écouter.
Mais c’est aussi l’un des endroits les plus instructifs pour connaître les tendances et variantes de la hifi et ce que l’on peut en tirer.
J’ai donc appris il y a quelques semaines que Nicoben s’était laissé tenté par des enceintes à haut rendement, en l’occurence les Tune Audio ANIMA, complétées par deux caissons de grave clos montés et installés par Julien.
Après un petit délai pour l’optimisation, et la proposition de faire un essai avec mes 300B, je me pointe dans le grenier salle d’écoute acoustiquement traité de Nico.
Les engins sont en place, assez impressionnants.
Le montage des trois pavillons est très original et permet une installation avec une emprise au sol raisonnable, le pavillon de grave étant à la verticale et les pavillons de médium et d’aigu sont accrochés sur le coté.
Je n’ai pas pris de photos mais vous pouvez lire cet article :
https://www.tuneaudio.com/wp-content/upl...gazine.pdf
MSB avec director et Aelius sont de service. Ça devrait le faire.
D’emblée, on sait que l’on est dans le monde du haut rendement.
La dynamique, la présence des solistes qui s’imposent, la liberté d’expression des sons, la facilité d’ensemble qui domine toute difficulté, toute complexité.
Vous n’allez pas chercher la musique, c’est elle qui vous submerge mais sans vous bousculer par des projections un tant soit peu agressives.
Au contraire, l’image reste en arrière des enceintes et fait preuve d’une focalisation sur le plan transversal réellement impressionnante.
Les chanteuses ou chanteurs se matérialisent dans l’espace avec une précision que j’ai rarement entendue, à une hauteur assez élevée, apparaissant plus haute que les tweeters, comme s’ils étaient debouts.
Je pense que la qualité du MSB donne suffisamment de microdétails de réverbération pour que l’image se caractérise géométriquement mieux que d’habitude. La profondeur n’est pas équivalente aux Giya ou au Leedh, mais elle est quand même notable.
Après une quinzaine de morceaux, finit par se faire remarquer un « grain » répétitif dans le haut médium.
En discutant avec Nicolas, on se dit que cela ressemble et pourrait venir de la membrane papier des Fostex utilisés dans le médium.
C’est le moment choisi pour se dire qu’il serait intéressant de voir ce que donnent les 300B en place des Aelius.
Ils ne dépassent pas 7 watts, même plutôt 6 sur les 10 ohms des Anima, mais avec le rendement des enceintes, pas vraiment de problème.
Mais ils ont un niveau de souffle nettement plus fort que la plupart des amplis actuels, en plus j’ai supprimé toute contre-réaction.
Pas grave en multi-amplification où ils ne travaillent que dans le médium ou l’aigu avec des pavillons qui ne descendent pas, mais en large bande, cela peut s’entendre dans les pianissimi.
À l’écoute, la différence est flagrante. On met quelques minutes à se réhabituer.
Le grain dans le médium a disparu. Cela ne venait donc pas du Fostex.
La présentation de la scène sonore a pris du recul et de la profondeur, mais pas plus précise en latéral.
Les voix se s’imposent pas avec la même présence, mais elles n’en perdent pas pour autant leurs nuances et leurs équilibres, au contraire.
Elles font preuve de plus de variétés tonales et de subtilités harmoniques.
La cohérence et l’harmonie entre les voies du système est plus manifeste, y compris dans le bas médium et le grave.
J’oserais dire que l’on se rapproche d’un son à la Magico, avec l’équilibre chaleureux, la fluidité, le charme des timbres, la résolution qui surprend sur les détails d’accompagnement, mais bon, avec plus de choses qui vous font danser les neurones.
Bref, ces foutus engins du siècle dernier si on les fait driver des choses à très haut rendement montrent une qualité musicale d’un niveau magique.
Bon, ce n’est pas du 300B de bazar byzantin.
Ces sont des tubes WE des meilleures années, 310A en entrée, valve 274B en redressement, tranfos Partridge en sortie, en alimentation et en filtrage, montage en l’air…
En tout cas la sensibilté des Anima met parfaitement en évidence la qualité du reste du matériel, ou plutôt son adaptation, car si les Aelius sont magnifiques sur les Giya, ils ne s'expriment pas aussi bien sur les Anima.
Merci à Nicolas de son accueil toujours extrêmement sympathique et de cet après-midi fort intéressante.