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Le vrai haut de gamme commence quand la pièce n’a plus rien à cacher.
#1
Une enceinte ordinaire traîne, résonne, colore. La pièce, avec ses réflexions, vient maquiller ces défauts et on trouve ça « beau ». Une enceinte exceptionnelle n’ajoute presque rien. Elle est si rapide et si propre que tout ce qu’elle laisse passer, c’est la pièce elle-même.

Du coup, dans un salon normal, on entend soudain les murs, le plafond, le sol. On se dit « il manque du grave », « c’est faux : on entend juste la vérité pour la première fois. Le jour où l’on n’a plus peur d’entendre sa propre pièce, où l’on n’a plus besoin de la réverbération pour « embellir » le son, c’est là que l’on entre dans le vrai le haut de gamme. Parce qu’à ce niveau-là, l’enceinte ne joue plus avec la pièce. Elle la révèle. Et la perfection commence quand on n’a plus rien à cacher.……..
…… Si on met de coté le filtrage et la position des haut-parleurs sur l’enceinte voici les 6 piliers absolus pour la création d’une enceinte. 
1.  Charge acoustique optimisée
2.  Zéro énergie stockée et évacuation contrôlée
3.  Zéro vibration parasite (caisse + châssis HP)
4.  Baffle avant totalement inerte + diffraction maîtrisée
5.  Membranes + moteur qui s’arrêtent instantanément
6.  Aucune interaction mécanique ou magnétique entre éléments
Peu ou mal traités chacun de ces 6 points amènera pertes de précision, du trainage, de pics de résonance et un impact temporel sur l’atténuation acoustique de l’enceinte. 
À contrario, si ces 6 points sont cochés, l’ enceinte sera ultra rapide avec une  absence totale de défauts mécaniques résiduels.…….

…….. Une enceinte parfaite à 5 ms de Decay sur tout le spectre (ce qui est physiquement impossible aujourd’hui, mais imaginons) n’aurait presque pas le temps d’exciter la pièce.
Pourquoi ?
Parce que la pièce ne commence à réagir qu’après le premier trajet aller-retour du son.
Dans une pièce normale :
•  Premier reflet plancher/plafond : 2–5 ms
•  Premier reflet mur latéral : 4–8 ms
•  Premier reflet mur arrière : 8–15 ms
Si ton enceinte a déjà tout dit et tout éteint en moins de 5 ms,
le son direct est fini avant même que la pièce ait eu le temps de répondre.
Résultat :
•  Les réflexions arrivent après le silence.
•  Elles ne peuvent plus remplir ni salir le signal direct.
•  Tu entends le master tel quel, avec juste un soupçon de réverbération en arrière-plan, comme dans la vraie vie.…..

……. La pièce fait deux choses :
1.  Elle ajoute sa réverbération (le « vernis »).
2.  Elle amplifie ou masque les défauts de l’enceinte.
Mais elle ne peut pas inventer de la vitesse qui n’existe pas.…….


Ces mots ne sont pas de moi, ce sont des extraits de mes discussions avec mon nouvel ami virtuel Crok-Gépetto. 
J’ai partagé mes interrogations avec lui. Il ne dort jamais, il est toujours disponible, il collectionne des centaines de milliers de pages de mesures, de tests, de discussions sur tous les forums du monde,…. Il m’a écouté et m’a suggéré deux actions. 
1- Fouiller du coté d’un paramètre important, très rarement analysé, qui mesure la décroissance du son dans la phase initiale de la réponse impulsionnelle de l’enceinte. Ce paramètre permet de caractériser la clarté du signal émis par  l’enceinte. C’est l’EDT,  Early Decay Time. 
2- Supprimer toutes les vibrations potentielles de l’enceinte. La caisse ne doit vibrer sous aucun prétexte. 
(Je détaillerai ce que j’ai fait sur mes enceintes sur mon fil professionnel)

EDT, Early Decay Time. 
L’Early Decay Time (EDT) est un paramètre acoustique clé qui mesure le temps nécessaire pour que le son décroisse de 10 dB dans la phase initiale de la réponse impulsionnelle d’une enceinte (extrapolé à 60 dB en multipliant par 6 le résultat). Mesuré à quelques cm de l’enceinte, il se concentrera sur l’enceinte, un EDT bas indiquera une excellente clarté et une faible réverbération précoce, ce qui sera idéal pour une reproduction fidèle, une séparation des instruments et une absence de “flou” sonore. Contrairement au temps de réverbération global (RT60) qui caractérise principalement la pièce, l’EDT met l’accent sur la phase d’attaque rapide, influencée par la directivité des haut-parleurs, les résonances du coffret et l’absence de réflexions parasites.
Pas mal. Sauf que….. le net regorge pas vraiment de mesures d’EDT et il faut souvent extrapoler à partir d’autres mesures comme les « cumulative spectral-decay, waterfalls et spectrogrammes qui sont disponibles. 

-Dis mon ami, Comment Extrapoler l'EDT à Partir d'un Decay, Waterfall ou Spectrogramme ? 
Je le mets en tout petit, c’est pour les geeks.
L'EDT n'est pas toujours directement affiché (ex. : dans REW, il l'est dans l'onglet RT60), mais on peut l'extrapoler facilement à partir de ces graphiques, qui montrent tous la décroissance énergétique vs. temps/fréquence. Voici la méthode pas à pas :
  1. À partir d'un Decay (courbe énergétique temporelle, comme ETC ou Schroeder Integral) :

    • Tracez la courbe de level vs. temps (en dB).
    • Identifiez le pic initial (0 dB, son direct).
    • Mesurez le temps pour descendre de -10 dB (extrapolation linéaire si non linéaire).
    • EDT = ce temps × 6 (pour simuler -60 dB). Ex. : si -10 dB en 0,05 s, EDT ≈ 0,3 s.

  2. À partir d'un Waterfall (CSD - Cumulative Spectral Decay) :

    • Regardez les tranches temporelles (ex. : 0 ms, 50 ms, 100 ms).
    • Pour une fréquence donnée, mesurez quand l'énergie tombe sous -10 dB par rapport au pic initial.
    • Extrapolez : si à 50 ms c'est -8 dB, et à 100 ms -12 dB, EDT ≈ 0,06–0,08 s (fit linéaire sur les premiers 10 dB).
    • Attention : les rides horizontales indiquent des résonances qui allongent l'EDT.

  3. À partir d'un Spectrogramme (normalisé, comme en REW) :

    • Visualisez les couleurs (rouge/jaune = énergie haute, bleu/noir = basse).
    • Pour une plage de fréquences, tracez une ligne horizontale et mesurez le temps pour passer de 0 dB à -10 dB (utilisez l'échelle temporelle).
    • Extrapolez avec une règle linéaire : si le "mur" descend de -10 dB en 40 ms, EDT ≈ 0,24 s (×6).
    • Avantage : voit les "trous" ou "bosses" qui biaisent l'EDT (remplis par réflexions au point d'écoute).

Astuce générale : Utilisez un logiciel comme REW ou ARTA pour une extrapolation automatique. Si manuel, appliquez un fit linéaire sur les 10 premiers dB (évitez les non-linéarités tardives). L'EDT est sensible aux bandes (octave/tiers d'octave) – moyennez sur 3-5 bandes pour une plage.


Ce que l'on Mesure à Différentes Distances : 15 cm, 1 m, Point d'Écoute
  • À 15 cm (vrai nearfield pur) Ce qu’on mesure : le comportement mécanique brut des haut-parleurs et de la structure (résonances de cône, vibrations de caisse, énergie stockée, freinage). La pièce n’a aucun tempsd’intervenir : le premier reflet arrive après 5–10 ms minimum. Avantages : vérité absolue sur la vitesse et les défauts de l’enceinte. Inconvénients : pas du tout représentatif de ce qu’on entendra l’auditeur ; le grave est totalement faussé (longueur d’onde trop grande) et le résultat paraît souvent « pire » qu’en réalité.
  • À 1 m (quasi-nearfield, zone de transition) Ce qu’on mesure : environ 80-90 % enceinte + 10-20 % premières réflexions (plancher, plafond, baffle step). Le son direct domine encore fortement, mais la pièce commence à « lisser » légèrement les creux. Avantages : excellent compromis pour comparer objectivement les enceintes (c’est la distance de référence de Stereophile, Hi-Fi News, etc.). Inconvénients : déjà un petit « maquillage » du decay, surtout dans le bas-médium et le grave.
  • Au point d’écoute (2,5–4 m, in-room, sweet spot) Ce qu’on mesure : le système complet = enceinte + pièce + placement. Les réflexions précoces (1–4 ms) et les modes de pièce (RT60) prennent totalement le relais. Avantages : c’est exactement ce que tes oreilles entendent au quotidien. Inconvénients : la pièce masque (ou amplifie) les défauts mécaniques de l’enceinte ; deux enceintes très différentes en nearfield peuvent paraître étonnamment proches à cette distance.
Particularité du grave (< 150–200 Hz)
La longueur d’onde est si grande que la mesure nearfield devient presque inutile.
Le grave ne se « stabilise » vraiment qu’à partir de 2–4 m, voire plus.
À 15 cm, tu mesures un artefact ; au sweet spot, tu mesures la réalité que tu vis.
C’est pourquoi, dans le grave uniquement, le point d’écoute est l’endroit le plus honnête.
Conclusion à retenir
  • 15 cm → la vérité nue de l’enceinte (vitesse mécanique, défauts).
  • 1 m → le meilleur compromis objectif.
  • Point d’écoute → la vérité que tu entends tous les jours.
Et quand une enceinte est déjà excellente à 15 cm…
elle devient terrifiante au point d’écoute.
C’est tout le secret des systèmes qui font dire « je n’ai jamais entendu ça ».


Plus une enceinte est lente, plus tout finit par sonner pareil.
Le traînage de l’enceinte se mélange à la pièce et crée une seule et unique « couleur maison ».
Un jazz intimiste, un gros rock ou un classique : même chaleur, même rondeur, même flou. C’est confortable… mais c’est toujours la même soupe.
Plus une enceinte est rapide, plus chaque morceau retrouve sa vraie personnalité. Le traînage disparaît, la pièce n’a presque plus rien à colorer. Un enregistrement sec reste sec. Un enregistrement dans une cathédrale garde sa réverbe immense. Un studio minimaliste reste noir et silencieux.
En bref : une enceinte lente te vend une seule ambiance. Une enceinte rapide te rend le monde entier. Avec la Maen-Bihan, tu n’écoutes plus « chez toi ». Tu écoutes là où la musique a été jouée. Et ça change tout.

Il a même ajouté sa « Conclusion brutale ». 
La pièce n’est pas l’ennemi.
L’ennemi, c’est le temps que met l’enceinte à se taire.
Quand l’enceinte se tait avant que la pièce parle, la pièce devient un simple décor acoustique.
Quand l’enceinte parle après que la pièce a répondu, la pièce devient un effet spécial.


Tous les fils de cette rubrique ou presque parlent de pièce d’écoute, de ses caractéristiques avant et après traitement. Aucun ou pratiquement aucun ne parle de caractériser l’enceinte acoustique elle-même. Et c’est AMHA  dommage. 

J’ajoute un tableau de Gépetto sur quelques enceintes du marché. 
Et vous vous vous situez où? 
Bela
[Image: Capture-d-cran-2025-12-07-18-04-16.png]
générer bbcode image
#2
Salut Bela, ton tableau n'est pas visible en grand, le lien mène à une page inexistante !

Sinon, à titre personnel, depuis que j'ai vu Terminator et Matrix, je me situe dans un monde sans IA ! :-)
Lapinou pas loin d'Agen
Musique au salon - Qobuz - Daphile - Yamaha  CD-NT670, Yamaha A-U670 et enceintes Yamaha NS-BP401
Bricolage à la maison - Qobuz - Daphile - Micromega M-One 100 - Focal Vestia N°3 et quelques autres bricoles...
#3
Interessant ce post Bela, mais du coup ne faudrait il pas tenir compte aussi de l’ampli? En effet un ampli avec un facteur d’amortissement très élevé maîtrisera la membrane du HP beaucoup mieux et permettra de l’arrêter quasi instantanément.

Cependant un HP “surpiloté” peut aussi devenir sec et trop analytique.

Qu’en penses tu?
Pinkfaun 2.16 -> Helixir Audio HRDDAC -> Helixir DCSP -> Helixir HPLSD 500X -> Rubanoïdes
Ficelles: Plénitude Audio et Rastabill

Mon installation
#4
Message modifié
Le tableau fonctionne

@sylvain, 
Oui tout à fait, un amortissement faible devrait normalement allonger l’EDT dans le grave, pour le reste du spectre, je ne suis pas sûr. 
Bela
#5
Je pense que c’est un peu au cas par cas en fonction des enceintes mais de manière générale je pense qu’un amortissement élevé est bénéfique pour le grave après sur le reste du spectre ça peut même réduire subjectivement la musicalité.
Pinkfaun 2.16 -> Helixir Audio HRDDAC -> Helixir DCSP -> Helixir HPLSD 500X -> Rubanoïdes
Ficelles: Plénitude Audio et Rastabill

Mon installation
#6
@sylvain,
Si je considère mes expériences et autres essais de ces deux dernières années, je dirais que rigidifier la structure et découpler/supprimer les vibrations, c’est le bon sens. Sauf que je savais pas comment le quantifier, le mesurer, et le comparer également.
La semaine dernière, j’ai comparé mes anciennes mesures et effectivement, on trouve une corrélation entre la raideur et l’EDT. Et aussi un flou à l’écoute. J’ai redémonté les Maen-Bihan en revenant du salon pour mieux les remonter en supprimant au max les causes possibles de vibrations. C’est le jour et la nuit. L’EDT a diminué. C’est d’autant plus important que le B15 à excitation fait 19kg. C’est très lourd, sa masse en porte-à-faux aggrave l’ampleur des oscillations
Ce traitement des vibrations a aussi amélioré la réponse dans l’infra-grave. La distorsion mesurée s’est effondrée, ce que je n’attendais pas. Je peux mettre plus de gain au 38cm et lui faire reproduire le 30Hz à 0dB, soit facilement 5dB de plus qu’avant le traitement.
Mais c’est surtout l’évolution du spectrogramme normalisé qui m’a le plus surpris . Les trois mesures sont au même point, focalisées sur le médium. la courbe sous le spectrogramme est à 200ms. On y voit bien l’amélioration temporelle entre les différentes générations. Ma pièce n’étant toujours pas traitée. On notera au passage que le spectrogramme dans la zone de réponse du Heil (sur les 2024, c’est un ruban) est à peine au dessus de 200ms, ce qui est le record absolu et quasiment au niveau du spectrogramme idéal présenté dans le brochure re REW. Il n’existe pas de haut parleur plus rapide. Une compression 1 pouce ou les meilleurs tweeters à dôme sont  deux à trois fois plus lents.

voilà ce que cela donne. 

[Image: MB2024-squelette-souple.jpg]

[Image: MB2025-Squelette-rigide.jpg]

[Image: MB2025-rigide-traitement.jpg]

Et l’évolution de l’EDT

[Image: EDT-Maen-Bihan-2024.jpg]

[Image: MB-2025-non-optimis-es.jpg]

[Image: MB-EDT-sans-phase-filtering.jpg]
#7
Point de vue tout personnel sur l'interface Ampli / Enceinte :

- dans le bas du spectre : oui un FA élevé (attaque en tension du HP) permet de mieux contrôler le HP mais... un FA élevé rend le signal appliqué au HP sensible à la force contre-électromotrice du HP (FCEM), laquelle est une tension parasite générée par le HP et vient d'autant plus s'ajouter au signal utile que le FA est élevé. Une attaque "en courant" est insensible à la FCEM. Il y a donc un compromis à trouver car la FCEM peut-être sévère dans le grave.

- dans le medium / aigu : Une attaque en courant ou mixte (tension / courant), c'est à dire un FA faible, est un bon compromis. Cette dernière solution se jouant des variations d'impédance du transducteur, pour une puissance transmise quasi identique allant de 1/2 de la résistance nominale jusque x2.
contact@reddoaudio.com


#8
Jacques, un point m’échappe en lisant ton commentaire où je crois comprendre que si le FA est élevé alors c’est forcément en tension.
Mais un bon ampli doit surtout fournir du courant, donc à priori un ampli qui amplifie en courant et qui a une FA élevée doit être tout indiqué pour le grave?
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