Pour changer un peu des sujets Wifi et autres perturbations réseau, voici une petite expérience qu’on pourrait mettre sur le thème « le mieux est l’ennemi du bien, ou comment ne pas aller trop loin ! ».
Comme je l’ai expliqué sur un des fils sur les mesures (
http://forum-hifi.fr/thread-2702.html), on peut utiliser l’ETC pour essayer de régler ou d’optimiser la correction passive sur son système.
Je n’ai plus aucun doute sur la pertinence de la réduction des réflexions au point d’écoute; cela améliore l’image et permet d’entendre le local où a été enregistré la musique plutôt que le local où est écoutée la musique.
Les diverses améliorations apportées au système et son environnement ces derniers mois ont permis un progrès qualitatif que je n’hésite pas à qualifier d’inespéré. Lorsque je repense à la déception des premières écoutes en janvier dernier, je mesure le chemin parcouru car c’est vraiment le jour et la nuit. On est passé d’un système très moyen (et, disons le, franchement minable vs le montant investi), à un système qui marche suffisamment bien pour être, d’assez loin, le meilleur que j’ai jamais eu à la maison. Il est loin d’être parfait, ou de pouvoir rivaliser avec beaucoup de réalisations de jalucine, mais j’ai plaisir à écouter de la musique et donc l’essentiel a été atteint !
Par ailleurs, je pense que cet exercice montre qu’il est possible de faire très bien marcher un système « exigeant » dans une pièce de dimensions modestes (19,5m2 et 45m3), ce qui n’était pas forcément acquis au départ (et en tous cas la première écoute avait de quoi décourager…).
Donc, fort du « savoir » acquis au travers des multiples mesures que j’ai effectuées au cours des ces quelques mois, et malgré la qualité du résultat obtenu, qui aurait pu justifier une pause bien méritée, j’ai quand même continué avec la même méthode. A savoir, la prise en compte de nouveaux paramètres mesurés et de leur influence potentielle sur l’écoute, et la recherche de stratégies d’amélioration objective à la mesure, et subjective à l’écoute.
Ayant à peu près fait tout ce qu’il était raisonnablement possible, dans cette pièce, sur le sujet amplitude/fréquence, waterfall/decay/spectro, correction numérique, je me suis intéressé à mon nouveau dada, l’ETC !
L’ETC (Energy Time Curve) permet de « voir » le niveau de réflexions qui perturbent l’écoute, et même si le résultat actuel n’était pas mauvais, du fait des corrections apportées sur le traitement passif de base, l’emplacement des enceintes et du point d’écoute, et la correction numérique, il restait une réflexion qui était limite vs le critère des -15dB (que j’ai expliqué dans le post consacré à l’ETC), et, tant qu’à faire, comme plusieurs recommandations indiquaient que -20dB c’était encore mieux, j’ai essayé de voir ce qu’on pouvait faire pour s’en rapprocher.
Ayant facilement déterminé que ce pic avait pour origine la réflexion du son provenant de l’enceinte droite sur le mur de gauche, et celui venant de l’enceinte gauche sur le mur de droite, l’idée d’absorber cette réflexion avec un panneau GIK placé sur chaque mur au bon endroit m’a rapidement gagné
Par ailleurs, également sous l’influence de nombreux articles (internet) sur la RFZ (Reflexion Free Zone) et l’approche LEDE (Live End / Dead End), l’idée de rendre l’arrière de la zone d’écoute plus réfléchissante/diffusante qu’absorbante, m’a conduit à remplacer les panneaux GIK Monster Bass Traps initialement placés à l’arrière, par une bibliothèque pleine de livres et DVD que j’avais sous la main, et à déplacer les panneaux GIK à l’endroit adéquat pour éliminer la réflexion parasite mentionnée précédemment.
Investissement 0€, un peu d’huile de coude, et voilà les changements mis en place !
Premières mesures effectuées (avant même la moindre écoute, car j’étais impatient de voir si le pic de réflexion allait bien disparaitre) et résultat vraiment très bon sur les réflexions, mais un peu décevant sur la courbe amplitude/fréquence qui se voit assez perturbée dans la zone 70-800Hz et globalement moins bonne que celle d’origine, même s’il n’y a quand même pas un monde d’écart.
A l’écoute rapide, sensation très nette que l’image s’est améliorée, meilleure focalisation et stabilité, effet 3D assez spectaculaire, et pourtant le point de départ était déjà très très bon. Donc, j’insiste sur la piste en question et me dit que c’est normal que la courbe amplitude/fréquence ne soit pas bonne car le réglage Dirac a été fait dans la configuration de pièce précédente.
Une calibration Dirac plus tard, même courbe cible, et… même déception sur l’amplitude/fréquence… Pas vraiment étonnant d’ailleurs, car la moyenne mesurée par Dirac n’est que très peu différente de celle obtenue dans la configuration de pièce précédente. Les perturbations mesurées par REW ne sont d’ailleurs pas visibles de façon évidente avec la mesure Dirac…
Je me dis donc que REW a surement tort car il mesure au point d’écoute et ne doit pas être représentatif de ce qu’on entend. Mais un peu frustrant intellectuellement quand même d’avoir une courbe amplitude/fréquence « dégradée » vs le cas précédent.
Je décide donc, fidèle à la méthode qui a marché jusqu’à présent, de garder cette configuration pendant 1 semaine. Par contre, ici, pas facile de revenir en arrière car je ne vais pas pouvoir bouger la bibliothèque toutes les 5mn ! Il va donc falloir utiliser sa mémoire auditive, mais heureusement, ça fait déjà quelques mois que les réglages ne bougent quasiment plus (en fait à part l’ajustement minime effectué à l’arrivée du D440pro, rien n’a changé depuis le mois de Juin après la visite de Tonton F), et donc j’ai le rendu global bien en tête.
A l’issue de la première soirée d’écoute, je m’auto-confirme que l’image est vraiment spectaculaire, mais finalement l’écoute est un peu trop mate. Les cymbales n’ont pas la luminosité habituelle, les voix sont très chaleureuses mais il manque le petit poil de transparence qui fait qu’on y croit.
Qu’à cela ne tienne, la courbe amplitude/fréquence montre que la zone 3000-20000Hz est un poil plus basse que ce qu’elle était précédemment, donc un petit chouia sur la courbe cible et on va corriger ça. Je rajoute d’abord 2 dB histoire de voir. Trop brillant. On passe à 1dB, mieux mais toujours un peu brillant, donc 0.5dB seulement, et ça semble correct.
Deuxième soirée avec les 0.5dB en place. Pas mal du tout, mais bon maintenant, j’ai l’impression qu’on m’a mangé la dynamique ! Les quelques morceaux d’orchestre symphonique que je connais par coeur ont perdu de leur impact. Tout est très bien place, mais ça manque de pêche ! Je monte le son, mais rien n’y fait, je ne retrouve pas l’aisance à laquelle je me suis habitué. J’alterne les morceaux, jazz, classique, pop, et je reste déçu…
Du coup, je re-mesure pour bien identifier les différences vs avant les changements.
Les perturbations entre 70 et 800Hz m’agacent… Elles sont toujours là et plus j’y réfléchis plus je m’auto persuade que c’est forcément la cause du problème car le reste à l’air parfaitement OK. Le trou ponctuel à 70Hz en particulier est étrange car d’habitude j’ai une bosse à cet endroit là…
Je commence à bidouiller le positionnement des panneaux GIK pour voir ce qu’il se passe sur ce paramètre, mais à vrai dire, rien n’y fait, il faut choisir entre le creux et la disparition de la réflexion, ou pas de creux et la réflexion visible !
Du coup, « idée de génie », je vais corriger cette zone avec Dirac ! Le panneau me mange 3 ou 4dB ici ou là, je vais demander à Dirac de me les rendre, après tout c’est dans une zone où sans correction il y a plutôt un pic, donc je vais juste moins réduire le pic, donc pas trop de risque à craindre en théorie.
Quelques modifications de cible plus tard, et la mesure va un peu mieux ! Miracle de la correction numérique
Ecoute rapide car il est tard, c’est pas mal !
Troisième soirée avec les nouveaux réglages tous neufs ! Déception complète, non seulement la dynamique n’est pas vraiment revenue, mais des duretés qui n’existaient pas sont apparues. Tout est moins fluide, et cela en devient désagréable. Je reviens donc assez rapidement à la courbe cible « normale » et les duretés disparaissent mais la dynamique est toujours aux abonnés absents.
Je regarde d’un peu plus près les mesures, et me rend compte que le RT60 a perdu 0.05s et est maintenant à 0.25s entre 200 et 1000Hz et a perdu de sa régularité. Le spectro, par contre, est un chouia meilleur qu’avant, mais pas de quoi fouetter un chat quand même.
Après une quatrième soirée, et 22 courbes cibles différentes plus tard (je vous ai passé les « détails » de toutes les micro modifs essayées
) je dois me rendre à l’évidence, cette nouvelle disposition est moins bonne que l’ancienne !
Pourtant quand on regarde les mesures, l'écart est minimal et l'ETC est clairement meilleur ! Si quelqu'un doutait encore qu'on ne peut tout régler à la mesure...
Je décide donc de revenir en arrière, re-déménagement de la bibliothèque et remise en place des GIK Monster Basstraps à l’arrière à leur emplacement initial.
Une petit coup de mesure pour bien vérifier que tout redevient bien comme avant, et, ouf, c’est le cas !
Ecoute dans cette configuration, et retour de la dynamique, de la douceur et finalement l’image est quand même très bonne. Le pic sur l’ETC est toujours là au ras des -15dB, mais à choisir je le garde ce pic !
Bon, pour tout dire, j’ai commandé quelques panneaux de diffusion chez Thomann (investissement modeste de 89€), histoire de tenter la diffusion à la place de l’absorption sur la position qui effaçait la réflexion. Je ne les ai pas encore reçu et donc ne peut dire si cela améliore ou dégrade le résultat (à l’écoute et à la mesure), mais nous saurons bientôt !
Moralité de l’histoire (qui ne devrait pas surprendre les experts de la correction passive) : du passif, il en faut, mais à trop vouloir en faire, on peut tuer la musique !
Et pour ceux qui auraient suivi l’histoire, ces changements et essais ont eu lieu la semaine avant la venue de Demetrios à la maison. Demetrios a donc entendu la version « normale » (la même que Chet ou Jalucine) et pas mes errements avec la bibliothèque
Et évidemment, pour ne pas décevoir les inconditionnels des graphes, en voici quelques uns à titre d’illustration.