Bonjour à toutes et à tous,
Tout nouveau sur le forum (ma présentation), je vous propose un retour sur les enceintes Kyoto de Rouault Acoustic. Je précise en préambule que je suis avant tout un mélomane, et que ma culture technique Hifi est récente et lacunaire...
De la chance ?
J’ai de la chance dans la vie... Une de ces chances est d’avoir rencontré Fabrice (Fabs35 sur le forum), qui m’a beaucoup apporté personnellement et professionnellement et qui a partagé avec moi ces dernières années sa passion pour la musique et le son. Cette rencontre m’a permis de découvrir le monde complexe et merveilleux de la belle restitution sonore. Avec Fabrice je suis allé à la rencontre, notamment, du généreux Hervé Delétraz (Dartzeel), du passionné François (son distributeur français), de Georges et de sa détermination à faire grandir Qobuz (Goerges est le patron de Qobuz), de Denis, de Christophe Martinez (Analog Design, concepteur du lecteur de bande TP-1000), et d’autres…
Au fil des rencontres et des visites des uns et des autres (chez François, chez Fabs, chez Christophe), j’ai pu écouter des systèmes Hifi hors norme. A mes oreilles, la plus belle installation à ce jour reste celle de Fabs… mais ce que j’ai maintenant à la maison n’est pas dégueu non plus ;-) et je suis bien coaché pour faire les bons choix.
Ces rencontres m’ont amené à investir dans l’intégré Dartzeel LHC-208, dont je ne vais pas parler ici parce que beaucoup de choses ont déjà été écrites sur cet « instrument » pour reprendre le terme d’Hervé Delétraz, qui est, selon moi, magique.
Noter que mes écoutes maison se font à partir de Qobuz.
Il me restait à trouver des enceintes. Fabrice m’a spontanément mis sur la piste des enceintes Kyoto élaborées par Antoine Rouault (Rouault Acoustic). A la lecture de la fiche technique, j’ai été fasciné par le splendide pavillon situé au-dessus de ces enceintes. Pour autant, compte tenu de mes contraintes budgétaires, j’avais pris la résolution de prendre le temps pour faire le choix de mes enceintes et de chercher de l’occasion. Avec la contrainte que les enceintes Rouault Acoustic sont introuvables sur le marché de l'occasion. C’était sans compter sur la chance… il y a deux semaines, Antoine Rouault signale à Fabrice que Laurent (l’un de ses clients récent), mettait en vente ses Kyoto achetées quelques mois plus tôt (en février 2024), pour libérer du cash ponctuellement (une toiture à refaire intégralement !).
Comment j’écoute de la musique
Mon installation est placée dans une grande pièce en longueur d’un peu moins de 90m2, séparée en 4 espaces de vie distincts qui se succèdent : le salon (où se trouve l’installation HiFi), une partie salle à manger, une cuisine, un second salon plus ouvert sur le jardin (vitré).
J’ai deux façons d’écouter de la musique : soit en fond sonore, à volume bas, par exemple quand nous cuisinons, ou quand des amis sont à la maison ; soit très attentivement et pendant des durées limitées (15 min à 2H)… Ces moments d’écoutes attentives sont un peu comme des « cérémonies du thé » ou des « concerts à la maison » : je ne fais qu’écouter avec beaucoup de concentration. C’est dans ces moments que la beauté sobre et limpide des Kyoto s’impose.
A ce stade je peux déjà vous dire que les Kyoto excellent dans les deux situations : l'écoute à volume bas est parfaitement ciselée et confortable... l'écoute à volume haut est immersive et... addictive.
Conception technique des Kyoto Rouault Acoustic
Avec des dimensions de 97 cm de hauteur, 43 cm de largeur et 45 cm de profondeur, elles s'intègrent facilement dans un salon sans envahir l'espace, ce qui était un critère important pour moi. Elles sont belles et le pavillon apporte une touche « vintage » qui étonne les visiteurs…
La caisse est réalisée en contreplaqué de bouleau de Finlande, gage de robustesse et de neutralité acoustique. Dans mon cas particulier, les enceintes Kyoto disposent d’une façade en placage palissandre, ce qui les rend encore plus belles 8-)…
Côté conception, les Kyoto affichent un rendement impressionnant de 108 dB, ce permet de les utiliser même avec des amplis de faible puissance.
Elles adoptent une approche deux voies avec une coupure à 1kHz ce qui minimise la filtration électronique :
- Pour les graves (de 30 Hz à 1 kHz), un haut-parleur de 30 cm à moteur néodyme, piloté par un module d'amplification de 250 watts signé Hypex, assure des basses profondes et percutantes.
- Pour les médiums et aigus (de 1 kHz jusqu'à 20 kHz), une compression 1" (2,54 cm) est associée à un pavillon Araï A-480 en bois massif de 43 cm, offrant une scène sonore large et détaillée ; noter que ce pavillon peut descendre à 900Hz, mais que le filtre ne lui aiguille que les fréquences supérieures à 1kHz.
Un petit zoom sur cette merveille de Pavillon : pour les médiums et aigues, le haut-parleur à compression associé au pavillon Araï permettent d’obtenir un son puissant et précis, même avec une amplification modeste.
La chambre de compression et le pavillon fonctionnent un peu comme un instrument à air (une trompette par exemple). La sortie de la chambre de compression est une ouverture étroite de 1 pouce (environ 2,54 cm) de diamètre, appelée « gorge ». Cette petite ouverture sert à augmenter la pression acoustique en canalisant l'énergie sonore sur une surface réduite. En dirigeant le son à travers cette gorge, on obtient une efficacité et une sensibilité accrue du haut-parleur. Cela permet de produire un volume sonore élevé avec moins de puissance électrique.
Après la gorge, le son entre dans le pavillon, structure évasée qui adapte progressivement l'impédance acoustique entre la gorge et l'air ambiant. Le pavillon contrôle également la directivité du son, permettant de diffuser le son dans toute la zone d'écoute.
Au sein du pavillon, on aperçoit les « ailettes » en hêtre massif usiné ou "pièces de phase" : elles assurent une distribution uniforme des ondes sonores en les guidant, elles permettent ainsi une propagation harmonieuse du son à travers le pavillon.
L’écoute des Kyoto Rouault Acoustic chez Mareva et Laurent…
Je suis allé à la rencontre de Laurent et Mareva, et des Kyoto, le 1er novembre au matin. Nous nous étions fixé RDV avec Laurent (le vendeur) à Vannes, à 2H de route de chez moi. Je suis arrivé vers 10H15, Laurent et son épouse Mareva m’ont accueilli très chaleureusement, et le temps de faire connaissance et de préparer un thé, nous nous sommes installés devant l’installation (ampli Soulnote A2 et lecteur CD) dans le salon de Mareva et Laurent…
Nous y sommes restés tous les trois environ 3H30… J’avais pris le parti de ne pas prendre mes propres CDs, parce que lors de mes échanges téléphoniques avec Laurent, j’ai compris qu’il avait beaucoup de choses à me faire découvrir musicalement.
Dès les premières secondes et premières notes du premier CD, j’ai entendu que les Kyoto étaient des enceintes hors norme et ma décision était prise.
Mareva et Laurent m’ont partagé leurs plus beaux albums, et ces 3H30 passées avec ce couple ont été un voyage musical fantastique, mêlé de souvenirs, de concerts, d’anecdotes, d’échanges sur la vie.
Laurent, qui a une solide culture Hifi et beaucoup de bon sens, m’a expliqué comment il était parvenu aux Kyoto après des années d’achats et reventes de matériels haut de gamme, d’écoutes dans de nombreux auditoriums... Et à quel point il considérait que les Kyoto étaient de véritables Ovnis dans le monde de la Hifi Haut de Gamme, avec leur incroyable rapport qualité-prix (prix des Kyoto actuellement : 7k€) et une restitution équivalente à des enceintes de 17 à 20k€ minimum, et une capacité à jouer n’importe quel type de musique.
Nous avons écouté de nombreux morceaux ensemble : Manu Katché, Erik Truffaz Quartet, Ahmad Jamal, Gainsbourg, Roy Hargrove, Azymuth (brasilian soul), Lady Blackbird, Michael Franks, le groupe britannique Incognito…
Au bout de 3H30 il nous a fallu nous séparer (nous n'avions même pas pris le temps de déjeuner !). J’avais pris déjà pris la décision, depuis 3H29min, d’acheter les enceintes ;-), et par bonheur elles entraient (limite) dans ma voiture pour que je puisse repartir avec. Je sais que je reverrai Mareva et Laurent, le lien créé par la musique est fort et c’était une belle rencontre.
L’écoute des Kyotos à la maison
Dès le retour le 1er novembre à la maison, puis tous les jours, j’ai passé une bonne partie de mes soirées à écouter de la musique sur les Kyoto.
L’association entre le Dartzeel LHC-208 et les Kyoto donne un rendu incroyable avec la source Qobuz.
Mon installation est loin d’être aboutie : il me faut gérer l’alimentation electrique (barettes, cables…) car j’entends parfois des perturbations, changer les câbles d’enceintes (j’ai commandé des câbles à Antoine Rouault), travailler l’acoustique de la pièce (tapis)… mais je prendrai le temps d’améliorer au fur et à mesure tout cela, rien ne presse.
Je pourrais parler pendant des heures des écoutes, je vais juste m’attarder sur quelques morceaux pour partager mon ressenti.
Premier morceau, Trio Sylain Luc - Reprise de Could it be magic
Ecoute sur Qobuz ici
Trio Contrebasse, guitare, percussions, ce morceau est un bijou de musicalité. Je l’ai beaucoup apprécié à l’écoute, et je démarre par celui ci, parce qu’il n’y a pas beaucoup d’instruments (c’est un trio), et pas de voix. C’est un morceau idéal pour apprécier la sobriété de la Kyoto et sa délicatesse.
Le morceau a été enregistré avec un soucis de proximité aux instruments, et une grande finesse. On est quelques mètres devant les instruments.
L’intro, d’une quarantaine de secondes, est un dialogue entre la contrebassse de Jean-Marc Jafet (41Hz – 196Hz) et les cymbales d’André Ceccarelli (300 Hz à 15 kHz), complétée de quelques notes de guitare. Un duo « joué » par les Kyoto par le HP pour la contrebasse et - en bonne partie - par le pavillon pour les cymbales. Il est impossible de distinguer cette séparation des rôles, l’homogénéité est parfaite. Dans tout le morceau, les cymbales apportent une texture rythmique et harmonique, avec une brillance de toute beauté retranscrite avec perfection par les Kyoto.
Après l’intro, l’entrée de la guitare (Sylvain Luc) sur la droite et à l’avant de la scène, est un véritable rayon de soleil et signe le « véritable début » du morceau, dont elle porte la mélodie centrale.
J’ai adoré la restitution dans l’espace, l’aération des Kyotos. On est en face, à quelques mètres des instrumentistes et on les « voit » sur la scène.
J’ai aussi apprécié la « nervosité » des Kyoto : on pourrait parler de vivacité ou de vitesse : les attaques sont nettes, aussi bien dans les médiums aigus que dans les graves (ce qui me semble moins évident à réaliser pour les graves mais c’est peut être un a priori).
Dès les premières secondes d’écoutes la magie opère : vivacité dans la gamme des fréquences, clarté, lisibilité, et le tout dans un grande « sobriété », jamais rien de clinquant… Je me suis surpris à sourire tout le long du morceau 8-) : la joie de toucher à la beauté de cette interprétation et de sentir le lien avec le trio de Sylvain Luc.
Deuxième morceau : Il trionfo del Tempo e del Disinganno, HWV 46a : « Tu del ciel ministro eletto » (Bellezza) – (Haendel) interprété par Sabine Devieilhe et l'Ensemble Pygmalion, dirigé par Raphaël Pichon, réalisé en décembre 2020 à Paris.
Ecoute sur Qobuz
Ici
J'ai choisi de vous parler de ce second morceau, car il y une voix (et quelle voix), et des silences (respirations) importants dans l'oeuvre... Cette écoute m’a permis de découvrir « les silences »…
Ce morceau est une perle du répertoire baroque. Je vous recommande cette version, magnifiquement interprétée par Sabine Devieilhe. Elle donne vie au personnage de Bellezza, qui incarne la beauté dans cet opéra.
Sabine Devieilhe est l'une des plus grandes sopranos colorature actuelles dans le monde. Sa voix est cristalline, agile, elle a une expressivité, une souplesse exceptionnelle et une capacité incroyable à moduler dans toutes les situations (piano, forte…).
L'Ensemble Pygmalion utilise des instruments d'époque. Les cordes, violons et altos, couvrent une plage de fréquences allant de 200 Hz à 3 kHz, avec une texture riche et chaleureuse. Les bois, flûtes et hautbois, ajoutent des nuances délicates dans les médiums et aigus (500 Hz à 8 kHz). Les théorbes et clavecins enrichissent l'harmonie avec des fréquences basses et médium, de 80 Hz à 1 kHz.
Dès le début de l’écoute, on se projette dans un espace vaste, avec une réverbération naturelle de la salle d’enregistrement. Cette dimension apporte une profondeur et une luminosité supplémentaires à la voix de Sabine Devieilhe et aux instruments, et créent une ambiance immersive et vivante… le lien se crée tout de suite…
Les enceintes Kyoto restituent avec une précision impressionnante la voix de Sabine Devieilhe, la douceur de ses aigus, la clarté de son phrasé, la puissance des forte. Les notes les plus élevées (1,5 kHz), sont rendues avec une délicatesse qui met en valeur la virtuosité de Sabine Devieilhe dans ses variations « colorature », sa capacité à chanter des notes hautes en restant « piano », ou à l’inverse de rester « timbrée » et avec du volume dans les graves !
C’est dans ce morceau que j’ai découvert qu’un ensemble Hifi s’écoutait aussi dans les silences.
Nous avons eu cette semaine une discussion avec Fabrice (Fabs35), en partageant les mêmes sensations lors de diverses écoutes, « d’entendre la qualité des silences ».
Dans ce morceau, la "perfection des silences" des Kyoto est éloquente, avec des moments de suspension incroyables… j’ai réécouté à plusieurs reprises ce morceau, depuis mon échange avec Fabrice, pour comprendre en quoi ces silences nous parlaient… et j’en suis arrivé à la conclusion que les Kyoto permettaient, dans les silences, d’entendre tout simplement l’acoustique de la salle avec les réverbérations des dernières notes s’évanouissant dans les pauses et dans l'espace... Ecoutez chez vous, c’est incroyable comme les silences nous immergent dans l’espace de l’enregistrement et contribuent à rendre présent un enregistrement passé. Seul un système Hifi hyper quali permet d’apprécier les silences à ce point...
Le phrasé instrumental est parfaitement mis en valeur par les Kyoto, chaque nuance et articulation est là. Les transitions entre les différentes sections de l'orchestre sont fluides, avec une cohésion sonore parfaite. La scène sonore est vaste et bien définie, permettant de situer chaque instrument et la voix dans l'espace, comme si l'on assistait à la performance en direct.
L'écoute de ce morceau sur les enceintes Kyoto a été pour nous (je parle de ma femme et moi) une expérience immersive très puissante émotionnellement… elle nous a fait redécouvrir la richesse et la subtilité de l'interprétation de Sabine Devieilhe et de l'Ensemble Pygmalion.
Troisième morceau : Coward (Live) de Yael Naim
Ce morceau "Coward (Live)" de Yael Naim a été enregistré lors de l'émission "Le Pont des Artistes" au Triton, une salle de concert d’environ 180 places, située aux Lilas, en région parisienne avec une belle acoustique un peu réverbérante. C'est cette ambiance de salle un peu réverbérante que je trouve intéressante, mélée à une très grande intimité dans la prise de son de la voix de Yael Naim.
Lien Qobuz : Ici
Le lien sur YouTube : ici
Cet enregistrement crée en nous un sentiment d’espace lié à l’acoustique de la salle (qu’on entend aussi clairement au moment des applaudissements) mais avec en même temps une proximité et une intimité très forte avec la voix de Yael Naim, qui est au chant et au piano.
Les Kyoto sont incroyables dans l’exercice : précision et sobriété. La scène sonore est rendue avec une clarté et une profondeur qui nous plongent au cœur de la salle de concert : la beauté des notes de piano dans l’espace, et le phrasé intimiste de Yael Naim, la finesse de sa diction.
Quatrième morceau : Soothing de Laura Marling
"Soothing" est le premier single de l'album Semper Femina de Laura Marling, sorti en 2017. Je vous propose ce morceau pour sa beauté, et ses fréquences basses.
Lien Qobuz : ici
Le lien sur YouTube : ici
Je trouve que c’est un excellent morceau, très exigeant, pour apprécier les capacités d’un système à exprimer des basses puissantes, profondes et percutantes (je dirais « rapides »), très riches en harmoniques, tout en restant lisible.
Avec les Kyoto, j’ai écouté ce morceau non seulement avec mes oreilles, mais avec tout mon corps, tant les basses étaient parfaitement rendues… un kif sensoriel total 8-)
Ce morceau se distingue par son atmosphère envoûtante. La composition repose sur la ligne de basse prédominante jouée sur une contrebasse, qui apporte une richesse et une présence très fortes dans les fréquences basses.
Cette ligne de basse puissante est soutenue par une percussion minimaliste, créant une rythmique hypnotique.
La voix de Laura Marling s'élève enfin au-dessus de cet ensemble, accompagnée par des arrangements de cordes orchestraux qui ajoutent une dimension supplémentaire à la texture sonore.
Par moments, vous distinguerez des ornementations de sons subtiles (cloches tubulaires, flutes…).
On ressent à la fois pleinement la profondeur de la contrebasse, la précision dans les médiums et les aigus qui mettent en valeur la voix de Laura Marling, et les nuances des arrangements de cordes et autres sons plus subtils.
Les enceintes Kyoto excellent dans la restitution de ce morceau, puissantes dans la finesse, sobres et généreuses, justes… parfaites.