Bonjour à tous,
Voici quelques nouvelles, pour ceux que ça intéresse, sur mes pérégrinations avec le combo préampli/ampli Ypsilon et le DAC Mola Mola Tambaqui.
Comme je l’ai souvent dit ici, je suis plutôt lent pour analyser finement les performances des matériels qui passent chez moi, et du coup, j’affine progressivement mes impressions au fil du temps et de la multiplication des musiques diverses écoutées.
En fait, j’ai rédigé ce post en plusieurs fois, sur une période de près de 6 mois maintenant, comme une sorte de bloc-notes de mes impressions au fil du temps et des essais, et donc mon analyse du système a évolué en même temps que ma compréhension progressive des éléments en jeu. Ceci donne un ensemble qui peut paraitre incohérent, mais je n’avais pas le courage de reprendre le texte globalement, et puis ça donnera une idée plus concrète des péripéties que rencontre l’audiophile en quête de son Graal
Septembre 2020 :
S’il est indéniable que ce combo Ypsilon boxe en catégorie supérieure, j’ai quand même identifié quelques sujets de frustration qui m’ont conduit à essayer de comprendre un peu mieux ce qui pouvait influer sur la performance de ces engins.
Tout d’abord, il y a un sujet auquel j’avais très peu pensé car c’était un non sujet avec le Devialet, c’est la chaleur dégagée par les Aelius. 60W en classe A sur chaque bloc mono, ça chauffe ! Et au bout de 3 heures dans 20m2, portes et fenêtres fermées, la température monte significativement au point que ça devient presque désagréable... Certes, je reste rarement 3 heures d’affilée mais en home cinéma, un film de 3 heures ça existe (ou 3 ou 4 épisodes de Game of Thrones ou autre série addictive…).
En home cinéma, j’ai réglé le problème en laissant la porte arrière ouverte et, si nécessaire, la fenêtre de la pièce adjacente, et je ne laisse plus la porte fermée quand le système est allumé et que je ne suis plus dans la pièce car sinon c’est le four en y revenant quelques heures plus tard.
Mais bon, on est maintenant en hiver et comme il n’y a pas de chauffage dans cette pièce au sous-sol (il n’y en avait pas vraiment besoin à vrai dire avec les pièces adjacentes chauffées), je pense que je n’aurai plus de dilemme au sujet de l’installation ou pas d’un radiateur dans cette pièce.
Ce détail mis à part, c’est plutôt sur la qualité de la musique que j’ai mené mes investigations. La première frustration qui m’a bien occupé l’esprit, a été la grande variation du rendu d’un jour à l’autre, car on pouvait passer d’excellent à simplement moyen, et franchement quand c’était moyen, j’en venais à me demander pourquoi donc j’avais investi autant pour 2 radiateurs de 60W dans cette pièce…
En bon audiophile compulsif, j’ai donc commencé par accuser les câbles, car il se trouve que la première fois que j’ai trouvé le système « moyen » c’était après avoir vendu un de mes 2 Devialet dont j’utilisais les câbles secteur sur les Aelius, et comme je n’en avais plus qu’un seul après la vente, j’étais passé sur les Aelius sur 2 câbles DIY Audiophonics (Elecaudio en fait) qui trainaient dans un tiroir, l’Audioquest du Devialet restant étant passé sur le PST100 en lieu et place du raclette qui officiait précédemment.
Mais cela n’a pas été très concluant, et j’ai continué à suspecter un peu tout, le secteur, les câbles modulation, la pièce où l’espace occupé par les amplis était vide auparavant, etc…
Jerôme/Marius30 m’a, d’ailleurs, sympathiquement envoyé en prêt ses câbles secteur (TWL) et quelques autres câbles pour pouvoir élargir les essais.
Et à force de « bidouiller », je suis revenu à la base, et j’ai regardé la position de la phase secteur sur chacun des appareils et j’ai, bien sûr, aussi sorti le micro pour « voir » ce que donnaient ces Ypsilon que je n’avais pas encore mesurés puisque je me disais que l’ampli n’avait que peu d’influence à la mesure acoustique (tous ceux passés dans cette pièce, et notamment le X250 avec le Tambaqui, et mesurés n’ayant montré que des différences insignifiantes et en tous cas largement inférieures à la répétabilité de la mesure).
En m’intéressant de plus près à la position de la phase secteur, j’ai vu que les repères (petits auto-collants) sur les Aelius étaient inversés vs la position standard Européenne, alors que sur le PST100 le repère était conforme à la position standard Européenne. J’avais, jusque-là, évité de me poser trop de questions et simplement branché en suivant les autocollants. Donc, essai d’inversion avec alignement des phases selon la norme Européenne sur tous les appareils. Franchement je ne m’attendais pas à grand-chose car mes essais sur la phase avec mes appareils précédents n’avaient jamais été éblouissants, en tous cas, je n’aurais pas juré que j’aurais trouvé la bonne position en aveugle. Mais là, je me suis demandé si je ne rêvais pas, car la différence était très significative.
J’avoue que je ne comprends pas bien comment cela peut s’expliquer mais j’ai essayé d’inverser à nouveau la phase, et c’est sans appel, la bonne position c’est bien conforme à la norme Européenne.
Cela étant corrigé, il n’en restait pas moins que si le résultat était très bon, sur les musiques de ma fille (plutôt chargées dans les basses notamment), mais aussi plus généralement sur le pop/rock, je ne retrouvais pas toujours l’intensité et la densité du Devialet. Ceci dit en passant, je pense que dans ce domaine le Devialet est intouchable. En tous cas, je n’ai pas encore rencontré d’ampli qui ait une telle maîtrise dans le grave avec à la fois une articulation de premier plan et une intensité et une vitesse qui semblent sans limites, et ce quel que soit le niveau auquel on écoute.
Donc petite frustration quand même car lorsqu’on fait un tel investissement, on est en droit d’attendre le meilleur ou le quasi meilleur sur tous les types de musique. Certes les Aelius font mieux que bien, et mieux que notamment le Extraudio X250 que j’ai eu en pension pendant le premier confinement, mais je trouvais agaçant de ne pas avoir le même « impact » qu’avec le Devialet, même si en musique classique ou jazz, la magie des tubes opère immanquablement.
Octobre 2020 :
Avant de sortir le micro, je me suis rendu compte que l'une des raisons de la variation de rendu d'un jour sur l'autre était le fait que lorsque je commençais à écouter, le Tambaqui était parfois éteint, et parfois déjà en marche car resté allumé en permanence. Et là aussi, il y a une différence car il semble bien que le Tambaqui donne son meilleur lorsqu'il est chaud. Les Aelius aussi d'ailleurs, mais là c'est impossible de les garder allumés vu leur consommation et leur qualités de chauffage d'appoint... mais fort heureusement, ils sont rapidement à température et je n'ai pas noté d'écart massif comme avec le Tambaqui.
Bref, j’ai donc sorti le micro par curiosité en me disant que peut-être la configuration avait un peu changé, ne serait-ce que par l’encombrement nettement supérieur des amplis entre les enceintes.
Et quelle ne fut pas ma surprise de constater que les Ypsilon ne poussent pas autant que le Devialet dans le grave, et pas de 0.1dB, mais bien de 2 à 3dB en dessous de 80Hz en particulier. Au début, j’ai cru à une erreur de mesure, mais après vérification, et mise en place du Devialet pour vérification, aucun doute possible, les Aelius font chuter progressivement la bande passante dans le grave. A vrai dire, c’est plutôt une bonne nouvelle pour ma pièce en sous-sol puisque je corrige numériquement l’excès de grave, donc j’allais pouvoir faire une correction plus faible, ce qui ne peut qu’être favorable.
Voici quelques mesures à titre d’illustration. Au sweet spot, où on voit la superposition parfaite des mesures lorsque le micro n'a pas bougé lors du changement d'ampli, et la différence dans le grave qui est du coup évidente. Et sur la moyenne de 9 mesures autour du sweet spot, où c’est encore plus net (les petites différences au-delà du grave, ne sont dues qu’au fait que les 9 positions du micro ne sont pas totalement identiques dans cette comparaison car il aurait été très pénible de changer d’ampli à chaque mesure pour avoir pile poil le micro au même endroit pour chaque mesure).
Par contre, par expérience, refaire une correction numérique, même pour abaisser la correction, ça reste un exercice d’équilibre pas si simple que ça. Je vous épargne les détails, mais j’ai dû m’y reprendre au moins une vingtaine de fois pour arriver à trouver un réglage qui passe à peu près correctement tous les types de musiques. Régler pour le classique uniquement c’est pas très compliqué, mais faire en sorte que ce soit très bon pour le classique, le jazz, l’electro, le rock et la chanson française ou autre, demande d’affiner progressivement et parfois, à la fin, ça se joue à pas grand-chose. En correction numérique dans le grave, lorsqu’on est à la limite entre articulation/impact/lisibilité/cohérence, tout compte, et trouver le bon compromis demande du temps et de multiples essais.
Fort heureusement, je ne partais pas de zéro puisque le réglage précédent du Devialet n’avait plus bougé depuis près de 18 mois, et donc je cherchais à reproduire un réglage équivalent.
Mais finalement, ça ne s’est pas passé aussi simplement que je le pensais initialement car je n’avais pas songé à l’influence parallèle des câbles avec lesquels j’expérimentais en même temps que je cherchais la bonne option de correction numérique…
Autant les câbles avec le Devialet ne m’avaient jamais totalement convaincu d’un impact majeur, autant avec cet ensemble où les combinaisons entre les câbles secteur et modulation sont multiples, j’avoue avoir eu du mal à m’y retrouver, et surtout à trouver de la cohérence.
Peut-être que le bon point de départ aurait été, comme me le suggérait Joel C, et aussi Musicadomia et totololo, de partir sur un kit câble Ypsilon, mais c’est pas si simple à tester car ils ne courent pas les rues, non plus
Je ne vais pas donner la liste de tout ce que j’ai essayé car je ne veux faire de tort à aucune marque d’autant plus que je suis maintenant persuadé que le réglage des câbles n’est pas une affaire universelle mais bien un ajustement local à un ensemble d’électroniques donné. Donc ce qui marche chez moi, ne marcherait pas forcément chez un autre et inversement. Hélas, cela signifie qu’il faut expérimenter chez soi avant tout choix de câble, quel qu’il soit…
Je peux quand même dire que côté secteur j’ai utilisé des « raclette » de 1.5mm2 (taille mini recommandée par Ypsilon), des DIY Audiophonics Elecaudio cuivre multi-brins de 4mm2, des DIY à la mode Barcolandes que j’avais fabriqués pour le Devialet, les Audioquest livrés avec le Devialet (NRG X me semble-t-il, et les TWL 7+ prêtés par Jerôme. Donc un panel de câbles pas chers, puisque à part les TWL, tous coûtent, au plus, une centaine d’euros pièce (et 5€ pour les raclettes) et les TWL coûtent en neuf dans les 600€ pièce.
Côté XLR, le panel incluait des câbles noname à 15€ achetés chez Amazon, des câbles Grimm TPR (92€ la paire chez Magic Mastering), et 2 paires de câbles plus ambitieux à 1000€ et 2000€ la paire respectivement.
Novembre 2020 :
J’ai d’abord essayé tout cela avec le preampli Ypsilon PST100 MkII, puis avec le Tambaqui en direct dans les blocs Aelius (ce qui simplifiait aussi le nombre de câbles et les combinaisons possibles).
Même si je ne suis pas arrivé directement à la configuration que j’ai retenue finalement, car j’ai fait un nombre de variantes à en perdre le nord et le moral parfois…, je vais donner ici mes conclusions qui n’engagent évidemment que moi, et qui pourront changer notamment lorsque j’aurai l’occasion d’essayer les câbles Ypsilon qu’on me vante tant.
Côté secteur d’abord, car c’est là que cela a été finalement le moins difficile puisque les écarts étaient très nets. Ça m’aurait arrangé que les raclettes mettent la pâtée à tout le reste, comme c’est le cas pour Joel C avec ses Luxman M800 bridgés, mais ça n’est pas le cas avec les Ypsilon…
Les raclettes ont été assez décevants en fait, même sur le Tambaqui avec un rendu assez triste et manquant de finesse. C’est évidemment écoutable mais on attend plus d’un tel ensemble.
Je suis ensuite resté un bon moment avec les DIY Audiophonics sur les Aelius et le PST100, et avec l’Audioquest sur le Tambaqui, en alternance le DIY Barcolandes (impossible à mettre sur les Ypsilon car section trop faible vs les recommandations d’Ypsilon).
Mais c’est l’arrivée de TWL7+ sur les Aelius qui a un peu changé la donne car le niveau est monté d’un cran, en donnant à la fois une plus grande transparence, plus de profondeur de la scène, sans ajouter de duretés ou d’aigu trop insistant comme cela arrive parfois lorsqu’on a en première impression une amélioration de l’ « aération ». En comparaison, les DIY Audiophonics paraissent comme « bouchés », j’ai alterné plusieurs fois d’ailleurs car j’étais insatisfait pendant que je cherchais le bon réglage de la convolution, mais je suis toujours revenu aux TWL au final (et je les ai finalement achetés à Marius30
).
Et comme j’étais limité en nombre de câbles, j’ai fini par essayer le Tambaqui en direct sur les blocs Aelius, et, bien m’en a pris car j’y suis resté depuis.
Non pas que le PST100 ne soit pas bon, car c’est fort probablement l’un des meilleurs préamplis du marché, mais le Tambaqui marche parfaitement tout seul sur les blocs, et je pense que le PST100 est handicapé par les câbles pour pouvoir faire mieux que le Tambaqui seul. Certes on gagne peut-être un peu sur l’image en profondeur et en « vraisemblance », et probablement sur la palette des « couleurs » qui semble plus douce et plus nuancée peut-être, mais au final, quand on n’a qu’une seule source à brancher, la sortie réglable du Tambaqui est tout à fait utilisable, et le résultat est vraiment excellent. Je vais attendre d’avoir les câbles Ypsilon pour finir de me donner une idée sur l’apport réel du PST100, et s’il n’y a pas de bénéfice net, je le mettrai sûrement en vente car je n’ai pas besoin des fonctionnalités d’un préampli (et ça ferait moins de câbles et moins d’encombrement !).
Côté câbles XLR, je dois avouer que j'ai été assez déçu par les câbles à 1000€ et 2000€ dont on m'avait dit le plus grand bien, car chez moi, ils n'ont pas fait le poids face au simple Grimm TPR, qui s'est révélé nettement plus neutre et transparent. Le prix n'est pas vraiment un indicateur fiable dans le domaine, car le plus cher était aussi le moins bon chez moi. Nous verrons bien si les XLR Ypsilon (qui coûtent pour le coup au moins 1 bras...) apportent du raffinement sans effet négatif de coloration ou de "lenteur" comme ceux que j'ai expérimentés à ce jour.
Décembre 2020 :
J’ai refait quelques essais rapides avec le PST100 vs le Tambaqui en direct sur les blocs, et sauf à ce que les câbles Ypsilon révolutionnent la situation, je continue à préférer le Tambaqui ainsi plutôt que via le PST100 (que ce soit en passif ou en actif puisqu’on a le choix sur le PST100).
En fait, en discutant avec Demetris Backlavas (le concepteur des Ypsilon), j’ai compris que les blocs Aelius disposaient d’un désymétriseur « maison » sur l’entrée XLR (et la réputation de Ypsilon pour la réalisation de transfo de grande qualité n’est plus à faire), alors que le PST100 est 100% asymétrique, et son entrée XLR est basique sans désymétrisation (ce qui est cependant assez surprenant sur un appareil de ce prix, mais bon, ils n’ont pas dû considérer que c’était important puisque les entrées RCA sont excellentes, et il suffit de les utiliser…).
Le Tambaqui étant de son côté uniquement symétrique et sans sortie RCA, il n’est donc pas étonnant qu’il donne sa meilleure performance lorsque la totalité du signal est utilisée intelligemment.
Cela étant, je reste avec une petite frustration car je sens bien que je n’utilise pas tout le potentiel de ce matériel. Et même avec mes nouveaux réglages de convolution, il reste un chouia de je ne sais quoi qui empêche la sérénité complète à laquelle on pourrait aspirer avec un matériel de cette gamme.
En fait, il y a des aspects extraordinaires et bien supérieurs à mon setup précédent avec le Devialet, mais il est frustrant de continuer à s’interroger sur l’impact et la gestion du grave sur les musiques electro ou très chargées en basses. Certes la contrebasse est correctement retranscrite, mais les nappes de grave électroniques n’ont pas cette maîtrise qu’apportait le Devialet.
Un autre fait assez étrange, et qui est apparu avec l’arrivée du Tambaqui (donc déjà présent avec le Devialet), est ma préférence pour la non correction de la phase. Autant avec le Devialet seul, à chaque essai de non correction de phase vs correction, je revenais sans discussion aucune à la version corrigée, à tel point que je ne regardais plus ce sujet depuis un bon moment.
Avec le Tambaqui, la phase a changé (c'est net à la mesure) et je suspecte que ce soit le Tambaqui qui induise une différence supplémentaire par rapport aux seuls filtres des enceintes. J’ai essayé de corriger différemment, et aussi demandé de l’aide à Thierry de HAF qui m’a gentiment envoyé une correction quasi parfaite de la nouvelle phase, mais même ainsi, le rendu est plus fluide, plus « naturel », moins « crispé », qu’avec la correction en place…
Certes l’image semble un peu moins définie (encore que ce soit discutable) mais l’impression de continuité de l’espace que procure les blocs Ypsilon disparait dès qu’on active la correction de phase. Comme si l’espace se simplifiait et devenait une sorte d’image numérique presque parfaite mais où il manque le naturel de la musique. Bref, très étrange mais bien perceptible, et donc je m’étais résolu à ne plus corriger la phase puisque le rendu était meilleur globalement (en fait un chouia moins bon sur l’electro avec des basses encore un peu moins nettes, mais pas suffisamment pour qu’on ait envie de la rétablir), mais sans en comprendre le fondement technique…
A vrai dire, l’impression que j’ai depuis l’arrivée du matériel Ypsilon et du Tambaqui, c’est que j’ai perdu la cohérence globale qu’apportait le Devialet. Certes le rendu est meilleur, sur les voix, l’ambiance, et le côté charnel parfois sur certaines musiques est vraiment magique, mais c’est comme si on payait ce bonus, par un malus de moindre universalité sur les genres de musique, ou par un reste de je ne sais quoi qui n’est pas complètement accompli. Pas facile à définir, mais bien perceptible. Sans doute aussi, s’ajoute le sentiment de « tout ça pour ça » quand on voit l’artillerie nécessaire et le montant de l’investissement, on se dit que l’on s’est un peu éloigné de l’optimum dans la quête du Graal…
En fait, c’est un peu comme s’il y avait une sorte de plafond de verre de la performance, le combo Devialet/convolution/pièce étant une sorte de globalité, certes imparfaite, mais cohérente. Le combo/Tambaqui/Ypsilon, de son côté laisse entrevoir ce qu’il y a au-delà du plafond de verre, mais il semble bridé car certaines limites ne sont pas franchies, et cela déséquilibre l’ensemble, même s’il y a des fulgurances géniales sur certains enregistrements.
Une autre possibilité d’explication étant que la montée en gamme Tambaqui+Ypsilon a mis en évidence plus flagrante les défauts du reste du système, pièce comprise bien entendu, et qu’il faut creuser cette piste. La première étape étant probablement d’essayer les fameux câbles Ypsilon sur ces machines (Tambaqui compris), ne serait-ce que pour en avoir le cœur net, car j’ai du mal à concevoir qu’un câble puisse faire la différence, mais bon, autant essayer si l’occasion se présente…
Je ne voudrais cependant pas qu’on conclut de ce post que le système ne marche pas bien, car ça n’est évidemment pas le cas. En l’état, il est déjà parmi les meilleurs systèmes que j’ai pu écouter, et est globalement meilleur que la version avec le Devialet, malgré tout ce que je viens de dire. Mais comme, il s’agit d’un système dont le prix en neuf avoisine allègrement les 100 000€, on pourrait en attendre une performance fondamentalement supérieure quelle que soit la musique, alors que ce n’est pas vraiment le cas et surtout pas en proportion de l’écart de prix. Idéalement, j’aimerais juste pouvoir m’assoir sur le fauteuil, mettre un morceau de musique au hasard, et simplement avoir la Musique, point final
Janvier 2021 :
Nouvelle année, nouvelles idées
J’ai changé la configuration des meubles entre les enceintes. C’était le bazar depuis l’explosion des boites à 50kg qui ont remplacé les Devialet, et j’y ai mis un peu d’ordre en repensant l’ensemble pour que ça soit plus fonctionnel et plus accessible.
J’en ai profité aussi pour tester une nouvelle idée d’amortissement (en passif) sur la fréquence à 85Hz qui pollue sur la voie droite (effet lié à ma pièce) et qui m’oblige à corriger numériquement assez fortement à cet endroit. J’ai testé quelques options qui semblent prometteuses mais je n’ai encore rien finalisé, car j’attendais la venue de notre compère totololo avec les câbles Ypsilon dans ses cartons
Laurent est donc passé Jeudi dernier. C’était notre première rencontre en vrai, et donc aussi la première découverte du système pour Laurent !
Lors du déjeuner, je lui ai bien entendu fait part de mes interrogations listées ci-dessus, mais rien ne remplaçant un écoute in situ, nous sommes descendus au sous-sol pour écouter le système en l’état avant d’y changer quoi que ce soit.
Et là, Laurent a mis le doigt sur le sujet autour duquel je tournais depuis quelques mois sans arriver à la conclusion logique que j’aurais pu pourtant tirer tout seul…
Il m’a demandé de désactiver le DSP de Roon (donc de supprimer la convolution), et d’écouter ainsi plusieurs morceaux bien enregistrés et de faire des comparaisons directes avec et sans.
Et même si c’est difficile à croire, je n’avais jamais vraiment remis en cause la nécessité de la convolution dans cette pièce, car avec le Devialet toutes mes comparaisons s’étaient terminées par la même conclusion qu’on ne pouvait s’en passer ! Et pourtant avec les Ypsilon qui produisent 3dB de moins dans la grave, l’écart vs un optimum théorique n’est plus que de 3 ou 4dB excessifs autour de 38Hz, ce qui devrait être peu gênant en pratique sur la plupart des musiques non électroniques, et pourrait même se révéler positif sur certaines qui supportent sans difficulté l’impact physique supplémentaire que cela procure.
Alors certes, la résonnance à 85Hz reste audible et agaçante car on finit par se polariser là-dessus quand on l’a identifiée…
Le Temps Passé de Jonasz est en limite de saturation de la pièce, mais ça passe quand même pas trop mal, et que ce soit de l’orgue, ou les nappes de grave de Christine and the Queens, ça sort sans difficulté majeure.
Et, comme j’ai la possibilité de l’atténuer en passif par ailleurs, il est possible qu’on ait l’embryon d’une idée d’amorce de solution au problème
Toujours est-il que la suppression de la convolution, a métamorphosé le système à un point que je n’imaginais pas, et que je n’avais jamais perçu avec le Devialet.
C’est comme si la cohérence d’ensemble de la musique dont je parlais un peu plus haut, était revenue, mais avec un niveau supérieur de transparence, de fluidité, de dynamique, de fourmillement de détails insignifiants mais essentiels pour la crédibilité du rendu. Le plafond de verre a disparu, ou bien il est monté nettement plus haut, ou a été nettoyé, peu importe, ce qui est certain c’est que le niveau général est nettement supérieur !
Et autre phénomène intéressant, je me suis rendu compte que j'écoutais maintenant moins fort (de 3 à 5db de moins suivant les morceaux) car j’avais pris l’habitude de pousser un peu le son pour retrouver l’impact et les détails qui devaient s’échapper avec le DSP à plus bas niveau, alors que maintenant, la micro-dynamique parait libérée et est même assez époustouflante. Je n’ai plus l’impression que les Aelius sont à la peine vs ce que j’obtenais avec les Devialet. Et quand on monte le son, au-delà du raisonnable, l’impact est bien là, ainsi que la cohérence d’ensemble.
Nous avons ensuite mis les 3 câbles secteur Ypsilon sur les 2 blocs Aelius et sur le Tambaqui, et franchement le niveau est encore monté d’un cran. J’avoue avoir du mal à y croire et je me méfie de l’effet placebo, car contrairement à la convolution qu’on active ou désactive à la volée et qu’on peut tester facilement en aveugle, on ne peut faire cela avec les câbles secteur, et donc l’ « expectation bias » n’est jamais très loin…
Cela étant, j’ai ces câbles en prêt pour 2 ou 3 mois, le temps que l’importateur d’Ypsilon (Musicadomia – que je remercie grandement pour le prêt, au passage, ainsi que totololo qui a eu l’amabilité de me les apporter à domicile !) vienne les récupérer à son retour en France, et je vais donc pouvoir me faire une idée de leur impact sur la durée, à la fois sur les blocs et sur le Tambaqui indépendamment.
Ce qui est certain, c’est que le système en l’état est juste extraordinaire. A tel point que je suis frustré de n’avoir pas pensé tout seul à désactiver simplement la convolution après avoir vu que les blocs Ypsilon sortaient moins de niveau que les Devialet dans le grave… et après avoir conclu, par ailleurs, que le rendu sans correction de phase, était meilleur sur ce système…
De plus, Laurent (totololo) a eu la gentillesse de me laisser une vingtaine d’enregistrement DSD de sa collection, et je dois avouer que si j’étais jusqu’à présent sceptique sur l’apport réel du format DSD, je ne le suis plus. Je pense toujours que c’est probablement plus un sujet de « masterisation » plus soignée, ou moins « trafiquée », que de pur format DSD, mais peu importe la cause, les DSD qu’il m’a laissé que j’ai pu comparer au streaming Tidal ou aux versions 16/44 dont je dispose, ne laissent aucun doute sur le sujet !
Nous n’avons, par contre, pas eu le temps d’essayer le câble XLR d’Ypsilon entre le Tambaqui et les blocs, et c’est donc le simple Grimm TPR qui est resté en place, et qui, à mon avis, est vraiment de bon niveau, même si le système méritera qu’on explore quelques alternatives qui pourraient apporter un peu plus d’élégance et de raffinement, même si en l’état, on ne ressent pas vraiment de frustration.
Il faudra aussi que je regarde de plus près ce que je pourrais faire pour aller chercher les 2 ou 3dB qu’il faudrait encore baisser vers 38Hz en passif, pour que le sujet soit clos définitivement, mais il est possible que dans cette pièce, on est probablement déjà au-delà de la limite de ce qu’il est raisonnable d’espérer…
Et comme me le disait très justement Laurent, dans cette pièce, c’est peut-être des enceintes moins exigeantes sur l’espace qui leur est nécessaire qui seraient à envisager, mais j’ai quand même un petit faible pour les Giya G3 qui sont assez exceptionnelles sur tous les plans, et leur trouver un équivalent pour faire mieux dans cette pièce est un challenge pas simple, à mon humble avis
Pour illustration, voici la nouvelle mesure sur la voie droite, après ajustement du traitement passif centré sur 85Hz. On voit l’atténuation nette (le lissage psycho acoustique donne l'impression que la réduction est plutôt avant 85Hz, mais ça n'est pas le cas quand on regarde sans lissage), à peu près équivalente à celle que je traitais en numérique (car je ne corrigeais pas totalement le pic), et qui a eu aussi un léger effet bénéfique au-delà de 85Hz en remontant un peu la zone 100-200Hz.
Février 2021 :
Nous n’y sommes pas encore, mais comme ce sera le début de ma retraite professionnelle, il est vraisemblable que je vais avoir plus de temps pour expérimenter plus avant quelques sujets
Et lorsque cette pandémie aura fini de se régler, ce sera avec plaisir que j’inviterai quelques oreilles aguerries pour apporter un peu de contradiction à mes propres impressions qui sont forcément très subjectives et assumées comme telles !
Enfin, un grand merci à Laurent pour ses conseils avisés, le prêt des câbles, les DSD, et pour sa bonne humeur et son énergie communicatives ! Nous avons passé un très bon moment entre passionnés de musique et de sa reproduction à domicile.
Bon week-end à tous.
PS : et pour les amateurs de mesures, voici les mesures sans correction numérique et celles avec correction numérique que j’utilisais précédemment. On voit que l’amplitude sous 40Hz est plus élevée, mais en pratique comme l’amortissement reste excellent (le spectro et le decay restent très bons, grâce au traitement passif des membranes), ça n’est finalement pas très pénalisant.
Note: les mesures sans correction sont de cette semaine, et celles avec correction datent de 2 mois environ.
La version avec correction numérique n'inclut aucune correction au dessus de 85Hz dans tous les cas, et donc les différences mineures qu'on peut voir entre les 2 jeux de mesures effectués à 2 moins d'intervalle, ne sont liées qu'à la différence de position du micro. Ceci montre la grande répétabilité des mesures dès qu'on fait une moyenne de quelques mesures autour du sweet spot (ici c'est la moyenne de 5 mesures dans un rayon de 1m autour du sweet spot).