Comme promis je me prête au jeu délicat du compte rendu, chacun modèrera mes propos à sa guise sachant que les années où je passais beaucoup de mon temps libre dans les magasins audiophiles et autres salons HiFi commencent à être loin, ma mémoire auditive vaut ce qu'elle vaut, et il ne me reste qu'une partie des émotions ressenties lors de belles écoutes face des B&W 801/800 Signature, KEF Référence 205 ou grosses Thiel bougés par divers blocs à lampe Kora, gros pavés Classé Audio, et autres guirlandes de Naims...
Je n'aime pas trop les commentaires trop dithyrambiques qui ferment le dialogue et perdent beaucoup de valeur le jour où on écoute mieux, mais le fait est qu'on ne croise pas un système comme celui de Jalucine tous les jours.
J'ai clairement apprécié l'attitude de notre hôte, très à l'écoute sans jamais vouloir nous influencer, je préfère nettement la simplicité aux démonstrations de savoir. Je n'écris pas ça pour "jeter des fleurs" mais parce que j'ai eu le sentiment de retrouver cette sage spontanéité dans la prestation sonore des 24
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Philippe a rapidement enchainé quelques extraits qui lui servent de référence, je n'en connaissais quasiment aucun mais la dynamique de l'ensemble Devialet/24 est évidente, il faudrait surement des masters non compressés pour apercevoir les limites. Dès les premières notes le ton est donné : scène XXL, malgré des enceintes très pincées devant la position d'écoute l'image sonore est vaste en largeur comme en profondeur mais aussi en hauteur pour peu qu'on reste assis à hauteur des AMT, je n'aime pas les écoutes feutrées et la première poignée de notes auront suffi à me rassurer
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Le niveau sonore était conséquent et j'avoue avoir eu un peu peur parfois pour le matériel, pourtant je n'ai pas ressenti de cafouillage ou d'agressivité autre que celle du niveau sonore, la puissance des Devialet associée à la tenue en puissance et au rendement des 24 sont au moins très confortables. Les percussions castagnent avec une facilité déconcertante, les transitoires sont ultra rapides, mais le plus déroutant est que les vibrations de peau tendu et du bois qui suivent une frappe restent extraordinairement intelligibles, pas ou très peu d'effet de masque. Plus jeune j'ai joué quelques années comme bassiste à proximité d'un batteur de depth métal (un basque
), les 24 n'ont surement pas l'impact physique d'une vraie batterie mais elles n'en sont pas très loin.
Le grave est très variable d'un enregistrement à l'autre, parfois on l'oublie puis sur de l'orgue il descend très bas avec une belle densité, avec un violoncelle on a l'attaque râpeuse du crin de l'archet sur la corde, puis la résonance appuyée et boisée de la caisse de l'instrument, mais aucune bouillie car l'ébénisterie des 24 semble très inerte. Je pense avoir entendu des graves plus percutants et massifs mais celui des 24 est particulièrement bien articulé et semble accélérer aussi vite qu'il se tait, le compromis me parait judicieux pour limiter voir éviter les problèmes insolubles d'une pièce à vivre.
Juste ici peu de repères, et vient alors le moment d'enchainer les quelques échantillons que j'avais emmené… c'est là que ça se gâte…
J'ai commencé par la reprise de Fever par Tianna Hall accompagnée de son trio jazzy mexicain, je prends conscience du gouffre creusé par rapport à mes écoutes quotidiennes, la voix puissante et bien placée de Tianna Hall est simplement libérée, "sans maitrise la puissance n'est rien"… là les deux sont bien là, la voix s'envole et brille mais sans caricature ni la moindre sonorité nasillarde, le médium/aigu est juste superbe.
J'adore Yillah d'Hadouk Trio et je l'écoute très souvent ces temps-ci… que dire ?... sinon que c'est un peu comme si jusque-là je l'avais écouté à travers un matelas. J'ai été particulièrement impressionné par la capacité des AMT à révéler le moindre petit détail sans jamais basculer dans l'analytique "prise de tête", pourtant aucune esbroufe, du grave à l'aigu rien ne dépasse je n'ai pas pu déceler la moindre remontée d'un registre pour souligner artificiellement les détails, ils foisonnent simplement spontanément sans forcer le trait.
Lors de mes tests le morceau que j'utilise le plus est surement "Mais Uma Vez" de l'album The Changing Lights de Stacey Kent (version remasterisée pour 24bits car le mixage du CD original est nettement moins bon)… 10 secondes et déjà je remets le morceau au début, un truc m'interpelle alors j'ai remis 4, 5 ou 6 fois les premières secondes, j'ai dû passer pour un débile mais c'est pas grave, je prenais ma claque de la journée
… l'intro de ce morceau est pourtant très épurée et je pensais le connaitre sur le bout des oreilles, mais ce sont bien tous les petits bruits de mécanique du piano et leur résonances que je n'avais jamais entendu comme ça, et même au casque, simplement hallucinant de lisibilité, le temps de m'en remettre je crois que je n'ai même pas prêté attention au reste du morceau…
Une petite pointe négative quand même pour finir
… c'est la seconde fois que j'écoute du Devialet et je commence à penser que c'est un peu trop "strict" à mon goût, peut-être qu'ils pourraient troquer un petit peu de cette extrême rigueur pour un soupçon de moelleux en plus.
Bon ok je me tais mais vous l'avez compris : j'ai "méchamment kiffé". Sur le papier ça a du sens d'utiliser l'AMT pour obtenir une cohérence parfaite du médium à l'aigu, le filtrage simple pour en perdre le moins au passage, des grave/médiums rapides pour suivre, etc… mais en "live" c'est infiniment mieux que des mots
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