RENCONTRES chez JALUCINE

[jalucine]

(10-19-2020, 07:15 AM)bbill a écrit :

(10-18-2020, 07:26 PM)Bela Lugosi a écrit : la différence de ressenti pourrait venir de l’ampli. Chez Philippe, c’est Devialet et chez moi, la 300B.

la, oui, on imagine bien que les Devialet et 300B sont deux approches très différentes !!
l'idéal "audiophile" serait peut être d'avoir les deux et de parvenir à mettre au point les deux approches d'amplification ?? .. et finalement d'en parler ici comme tu le fais si bien dans ce message ci, merci pour ce CR !

C’est sûr que le débat entre une écoute telle que celle proposée par un Devialet et celle des 300B peut durer à l’infini. J’ai été extrêmement fan des 300B pendant pendant quasiment trois décennies, et il a fallu du costaud pour m’en sortir. Je me suis intéressé au Devialet en 2010, sortant sur mes pavillons d’une tri-amplification 300B-300B-TAKI OTL. C’est vraiment dans l’idée d’un possible progrès que j’ai laissé les tubes pour tenter autre chose. Mais sur le coup, on n’est vraiment sûr de rien et concrètement, rien n’a été facile. Il ne suffit pas effectivement qu’un ampli soit extrêmement dynamique, résolu et transparent pour qu’il fasse de la musique. Néanmoins, je ne regrette pas d’avoir pris ce risque, et en suivant les progrès du système Devialet, ses mises à jour, l’apparition de AIR, puis Audirvana 3.2 en lecteur, la qualité des timbres est devenue remarquable sans que les autres qualités en pâtissent.

Mais la prise de conscience intervient réellement quand on remet en fonction le système précédent après avoir optimisé son successeur. Quand pour tester le TOTALDAC Twelve j’ai remis l’usine nucléaire des six amplis à tubes en marche, certes, ce fut d’abord un choc thermique, l’atmosphère étant rapidement devenue tropicale dans la salle, mais aussi un choc musical et émotionnel, car les 300B et leur acolyte dans le grave le TAKI, un des rares qui s’accorde parfaitement, donnent un agrément d’écoute à nul autre pareil. 

Si on est habitué dans une certaine mesure à ce type d’écoute, bien charmante mais avec une personnalité qui a le talent de mettre en valeur la chaleur des timbres et la présence des instruments, on peut avoir du mal à s’habituer à la restitution d’un Devialet, bien mis en oeuvre évidemment, qui proposera une autre réalité musicale, plus complète, plus aérienne et transparente, plus musclée quand c’est nécessaire.  Bref, il faut un peu de temps pour passer de l’un à l’autre, d’une réalité musicale à l’autre, chacune avec leurs qualités, mais pas de supériorité définitive sur le plan de la « fidélité ». Alors passer brutalement de l’une à l’autre, c’est très perturbant. On a tendance à d’abord sentir ce que l’on perd, avant de trouver ce que l’on y gagne. La présence d’un instrument, d’un chanteur, d’un musicien n’est pas la même, pas parce que elle est plus « crédible » avec le 300B qu’avec le Devialet, ou inversement, mais parce que on n’est pas dans la même perpective. Il faut quelques heures peut-être pour « oublier » l’autre voie du paradis. La réalité des 300B est époustouflante, mais elle est simplificatrice, relativement, la réalité des Devialet est « chirurgicale » mais elle nous conduit dans la complexité et les plus subtiles nuances de la musique. Une fois que l’on est rentré dans ce monde, que l’on a réussi à le laisser s’exprimer, il est très difficile de revenir en arrière, tellement il a anéanti tout ce qui pouvait empêcher la musique de s’exprimer et d’être comprise. 

Et en plus, il marche tout de suite, prend pas de place et ne transforme pas votre home en étuve.