voici la suite
J’ai donc poursuivi les écoutes en utilisant les 3 câbles susmentionnés, dans la durée.
Est-ce que ce mode est nécessairement le meilleur ? Ce n’est pas si évident, parce que d’une certaine façon, dans la durée, on finit par s’habituer à tout ou presque ! Mais je crois en effet que c’est un complément rigoureusement indispensable à des écoutes comparatives rapides, à froid.
Celles-ci avaient pointé du doigt une question qui m’a paru assez sensible. Celle du bon équilibre entre une forme d’opulence de la restitution d’un côté (qui va de pair avec une sensation d’énergie), et de l’autre le naturel. Avec certains câbles, la restitution peut sembler très agréable, flatteuse même, mais est-ce que l’on ne s’éloigne pas du naturel ? J’ai décidé de procéder aux écoutes non pas en oubliant cette question, mais en la laissant dans un coin de mon cerveau (pas trop de prise de tête avec la musique, c’est jamais bon !)
Voici ce que cela donne :
Neodio P5
J’ai retrouvé les qualités que j’avais notées en 1ere impression. Avec cette netteté - assez évidente en particulier dans la zone du haut médium - et une précision scénique qui confèrent à la restitution une forme d’élégance. Sur des lieds de Brahms, ceux-ci par exemple
je me rapproche d’un début de saisissement de l’allemand (alors que sinon je n’y arrive que sous la torture )
Mais sur les trois écoutes, la vérité m’oblige à dire que c’est celle où j’ai ressenti le moins de plaisir. Et pour lequel a même pointé un soupçon…d’ennui. En particulier avec Mitsuko Uchida et les autres sonates de piano. Pourquoi ? Parce que je ne vibre pas. Cela ne parle qu’à mon cerveau, et même pas à tous les morceaux. C'est confirmé, c'est trop cérébral pour moi. C’est net et propre mais c'est un peu comme s’il manquait une partie de la musique, comme s’il y avait une retenue, un déficit dans les soubassements et dans le registre grave notamment. Est-ce qu’il atténue la petite sensation du dureté qui apparait parfois dans le très haut médium. Oui, peut-être un peu. Mais il manque trop de choses à côté. Donc, le Neodio, moi, même s’il est très beau, je ne me vois pas faire ma vie avec.
TWL Digital
Après m’être bien lavé la tête du Neodio (je dis ça, pourtant il était très très propre, juste pour dire qu’une bonne journée s’était écoulée entre deux), j’écoute longuement le TWL. Ecoute d’emblée vraiment agréable, hyper confortable. C’est dense, il y a de l’énergie, les soubassements sont là. Est-ce qu’il en fait trop ? Ce n’est pas aussi évident sans le jeu de la comparaison, en « monadique » comme on dit chez les testeurs. Mais ce qui est flagrant, c’est l’impression de n’avoir aucun effort d’écoute à faire, que la musique vient à moi, avec de la densité, de la chair. L’image qui me vient, c’est le gars qui est rincé de sa journée de boulot, qui écoute la musique comme il s’en mettrait un derrière la cravate, allez un bon petit Jack Daniels ou un rhum avec quelques années au compteur. C’est super easy listening ! Puis, en enchainant un peu les types de musique (voix, sonate de piano, quartet de jazz, chorale…), me vient progressivement l’impression qu’il y a quand même quelque chose d’un peu systématique, comme un petit manque de subtilité par rapport à ce que j’ai en tête sur certains morceaux. Et plus les morceaux défilent, plus je sens la faim monter de quelque chose de différent. Est-ce que je pourrais vivre avec ? Pas facile, je vais plutôt dire « moui » que non, mais sans que ça soit évident. Bien sûr, mon esprit a forcément recollé les morceaux avec la première écoute ; mais pas complètement parce que je suis passé du non au "moui".
Why Not Opus 18
Relavage de tête, je passe au Why Not, avec à peu près les mêmes morceaux que pour les deux autres, et à nouveau en ayant du temps devant moi. Et là, comme à la première session, pour moi c’est un peu la magie qui s’installe et qui restera tout au long de l’écoute, au point d’oublier complètement le test. C’est dense, c’est riche, c’est subtil. Versus le TWL qui me donnait l’impression que la musique venait toute seule à moi, là c’est différent ; j’éprouve la sensation du concert, en étant attentif et même suspendu à ce qui va émaner de l’orchestre, des différentes voix et/ou instruments. Pas de facilité surnaturelle, pas d’effort, juste une écoute prenante à souhait. Je ne dirai pas qu’avec le TWL, tout était fondu dans la même pâte, mais là il est m’est évident que tout est bien distinct, à sa place. La palette chromatique est super claire et étendue. Mais la précision avec laquelle les instruments me paraissent se positionner dans l’espace joue aussi dans ce sens.
Je pense que c’est le CS qui est le plus proche de celui que j’utilise habituellement, le Powertrans, avec me semble-t-il quand même un peu plus de richesse, et une petite différence de personnalité. Le powertrans est plus dans la vivacité, la nervosité, le rythme. L’Opus est plus posé, plus dense, il apporte plus de mystère, de poésie - j’ose le mot. Des trois, c’est très clairement celui que je préfère, et je le kiffe même assez gravement !
Conclusion provisoire pour mon propre concern : si je suis en fond et que j’ai envie de me faire plaisir, ça le fera hyper bien avec le Why Not. Sinon, les autres ne sont pas pour moi, je garde mon excellent Powertrans.
La suite bientôt, avec les écoutes en aveugle des copains, qui bien sûr ne sont ni tout à fait d’accord ni en désaccord total, sinon ce ne serait pas drôle !