La tournée des popotes

[jalucine]

L’occasion d’un congrès à Paris m’a permis de m’échapper un moment pour aller écouter les Magico S5 nouvelle version chez Présence Audio Conseil. 
Alors cela rentre au chausse pied dans la tournée des popotes mais je n’avais pas meilleur choix pour connaître cette déjà fameuse série S servie au mieux en source et amplis. 
Et puis Jeremy Declaron qui présidait à la séance et à la mise en œuvre m’a réservé un accueil d’une cordialité parfaite. 

Les S5 font encore partie des enceintes « logeables » dans un salon ( de préférence d’au moins 40 m2), par contre la centrale électrique qui les accompagne prend quasiment 8 m2 dont une partie sur 4 étages, soient :
- Serveur Antipodes audio, MSB Cascade, pré amplis Soulution ligne et RIAA séparés, 
- Boîtier serveur de la platine vinyl, amplis Soulution série 5 nouveaux modèles, 
- Traitement du secteur Telos, un pour les amplis, un autre pour le reste à faible consommation.

Enfin un régulateur branché sur les masses de tous les appareils pour les mettre toutes exactement au même niveau, quelques Crystal câbles . 
L’enveloppe avec le ticket gagnant de la loterie est fournie avec le mode d’emploi de 2000 pages. 

Avec tout cela, il est improbable que l’on soit déçu du ramage et effectivement, il faut reconnaître que le résultat est extrêmement musical.
Pendant des années, lors de différentes démos, je n’avais pas été convaincu par les Magico, un peu dans l’absolu mais surtout en rapport avec leur prix.
J’ai changé d’avis il y a cinq ans avec une écoute sur vinyl qui m’a fait comprendre que je ne les avais pas encore écouté dans les meilleures conditions.
Les écoutes chez pda0 et chez Vince, puis au Paris audio show, m’ont confirmé les grandes qualités musicales des S3 mk2 et des A3 et A5.
Quand je parle de qualité musicale, je veux dire un agrément d’écoute lié à une incarnation « inconditionnelle » des timbres, à une fluidité du médium et de l’aigu sans la moindre dureté, globalement sur le versant « douceur » de la vérité bêtement hifiste. 

Même s’il y a quelques airs de famille dans le style sonore, ce que j’ai entendu chez Présence était assez franchement différent. 
D’abord l’équilibre global m’a semblé plus juste, et,  comme par hasard ! , plus proche de ce que je cherche à avoir chez moi. 
Le haut médium est plus présent, ce qui doit jouer sur une dynamique plus évidente et même de haut niveau malgré le coffret clos. 
Le grave descend plus bas, très bas même, et est bien modulé. 
J’ai passé «Uranus » des « planètes » de Holtz pour avoir une idée sur du grand orchestre et c’était vraiment très bon, non seulement sur les timbres mais l’image était remarquable de précision et de profondeur. 
Pianos, orgue, saxo, voix passent avec naturel, présence, dynamique,  transparence, au niveau auquel on s’attend pour du très haut de gamme, tel que l’on a très peu l’occasion d’en entendre. 
Je ne peux pas dire que d’autres systèmes ne seraient pas capables d’un même niveau, voire mieux car il y a plus haut de gamme chez  Magico et Soulution, ou dans d’autres marques. 

Il y a quand même un sacré problème avec tout cela, car on a terminé l’écoute avec des vinyl sur la platine de la nouvelle marque de l’ancien ingénieur de MicroSeiki, avec une cellule à boîtier en titane (10k€), platine disposant d’un plateau lourd ( 30kg ), avec sustentation par coussin d’air, et dépression continue pour appliquer le disque sur le plateau. Je vous dis pas la tuyauterie ! 
Il y a un coffret 3u pour les pompes et la régulation ( >20K€). 
Résultat : le MSB s’est fait ramener à une plus modeste considération car le vinyl donnait clairement plus de présence, de naturel, de beauté du médium, d’évidence sonore, de magie musicale. 

Que le célèbre disque d’Ella Fitzgerald et de Louis Armstrong, enregistré en 1956, il y a donc 68 ans, sorte mieux sur ce système très performant sur tous les critères, que des enregistrements top actuels comme ceux de Patricia Barber ou Melody Gardot, et bien d’autres, pose quand même de sacrés questions sur la réelle capacité des technologies numériques  à vraiment respecter la musique dans tout son potentiel émotionnel. 

Il va falloir que je travaille encore ma préamplification pour vinyl. 
Celle de Soulution a l’air très performante.