(03-25-2021, 07:51 AM)Amoulsolo a écrit : Tout à fait. Il y a une différence en un fichier format cd et un fichier forlat hi res. Tout le monde ne fait pas la diff, et pourtant il y en a une.
Et une distorsion à -140dB est aussi bien différente d'une distorsion à -100dB et pourtant personne ne l'entendra.
C'est beaucoup mieux de pouvoir quantifier (donc mesurer) des différences perçues subjectivement que de ne pouvoir le faire car cela permet de rationaliser les phénomènes et d'apporter le cas échéant des solutions objectives aux problèmes mis en évidence.
Ainsi, les problèmes "résolus" par les gris-gris divers et variés qu'on lit sur certains fils (Paul et Mike par exemple) n'existent probablement que dans l'imagination de ceux qui les entendent, ce qui permet de les résoudre par n'importe quel artifice auquel on croit.
Mais, on peut quand même s'interroger légitimement sur l'impact de différences objectives (visibles à la mesure quelle qu'elle soit). Je pense qu'il y a au moins
2 aspects à la chose qu'il faudrait considérer dans une démarche objective (que je différencie absolument d'"objectiviste" dans le sens où l'"objectivisme" est une croyance audiophile tout comme l'est le "subjectivisme", alors qu'une démarche objective est scientifique, donc qui observe les phénomènes sans a priori et cherche à les comprendre et les expliquer rationnellement).
Le
premier aspect est un questionnement sur l'intérêt d'améliorer la distorsion à des niveaux stratosphériques bien au delà de l'audibilité humaine (n'oublions pas que l'échelle dB est logarithmique que donc entre -140dB et -110dB, l'écart est énorme, au moins en nombre de 0 entre la virgule et la première unité sur le % de distorsion).
Quand on regarde la distorsion d'une très bonne enceinte, on peut atteindre le 1% facilement et les miennes (Vivid Audio Giya G3), qui sont parmi les meilleures du marché sur ce critère, sont données pour être en dessous de 0.5% sur l'ensemble du spectre, et ceci étant une donnée constructeur, il est probable que ce soit dans de bonnes conditions de mesures ! Et encore, je ne parle pas de la distorsion induite par la pièce elle même qui augmente massivement cette distorsion la plupart du temps.
Certes, comme l'a dit Fledermaus, les distorsions se cumulent et ne s'éliminent jamais, mais 0.5% + 0.00001% ou 0.5%+0.001%, ne va pas changer grand chose à l'affaire.
Ma conclusion est donc qu'il y a un seuil au delà duquel, les mesures de distorsion ne sont plus signifiantes pour l'audiophile normal. Certes on peut admirer la performance technique, mais on peut aussi s'interroger sur les moyens mis en oeuvre pour atteindre ces niveaux de performance, et c'est l'objet du
2ème aspect de la chose qui m'intéresse.
En effet, j'ai bien lu ce que dit Bruno Putzeys sur l'impact de la contre réaction qui devient bénéfique lorsqu'on en met un maximum, et je me garderai bien de donner un avis technique sur un sujet que je ne maitrise aucunement.
Cependant, mes écoutes de ces amplis dont j'ai listé les qualités indéniables un peu plus haut sur ce fil, lissent le rendu. Je sais bien que "lisser le rendu" est une expression vague et hautement subjective, mais je ne sais pas mieux le dire qu'ainsi. Il y a comme une perte de l'ambiance vitale de la musique qui nuit à la crédibilité. C'est une nuance subtile car ces amplis marchent très bien mais il manque souvent le chouia qui fait qu'on y croit, et ce chouia est le plafond de verre dont je parlais plus haut également.
Alors, je ne sais pas si c'est dû aux efforts de réduction de la distorsion à des niveaux stratosphériques, mais c'est quelque chose que j'ai pu observer (entendre) et qui me laisse un doute.
Il se trouve que mon DAC est un Tambaqui, qui a des performances stratosphériques, et qui emploie les méthodes de Putzeys sur la contre-réaction et qu'il fonctionne divinement bien, donc je n'ai pas de contre-indication à des performances exceptionnelles en matière de distorsion, je me demande simplement si c'est le bon critère pour juger de la performance ou non performance d'un ampli ou d'un DAC.
Et ceci me conduit à rejeter l'idée que lorsqu'on apprécie un ampli à tubes ou hybride, c'est parce qu'on aime la distorsion harmonique de rang pair, dite "euphonique". Ceci me semble un raccourci trop facile car lorsque le niveau de distorsion est inférieur à l'audible, il est inférieur à l'audible !
Et par ailleurs, il y a des tas d'autres critères pour un ampli, comme sa puissance, sa capacité à driver les basses impédances, sa bande passante, sa capacité à gérer la macro et micro-dynamique et que sais-je encore.
Et pour les DAC, il y a l'environnement et les liens avec l'extérieur comme la gestion de l'USB, du RJ45 le cas échéant, et plus généralement, l'isolation aux interactions induites par les connexions avec les autres appareils, que les mesures d'ASR ne reflètent aucunement par définition.
En résumé, comme dans tout débat, il y a les faits objectifs, et les opinions qui en découlent. Si les mesures sont un fait objectif, leur impact sur ce qu'on entend n'en est pas toujours un car il y a un seuil d'audibilité, et donc au delà de ce seuil, on entre dans l'opinion et on n'est pas plus dans les faits objectifs que ne le sont les subjectivistes.
Mais bon, je ne mets pas tout sur le même plan non plus. Je crois aux mesures et je ne crois pas à la magie de certains "appareils" qui prétendent souvent défier les lois de la physique, mais je crois aussi au bon sens paysan qui permet d'avoir une gradation dans les impacts de chaque changement dans un système.
C'est pourquoi j'aime bien l'échelle d'Arthur Salvatore car elle permet de situer ce dont on parle, et si un changement d'enceinte ou de local est souvent un 6 sur cette échelle, il me semble qu'on changement de distorsion entre -100dB et -140dB sur un DAC ira taper le 1 ou le 2 dans le meilleur des cas... ou alors peut-être un 4 mais pas forcément à l'avantage du -140dB si celui-ci n'a pas soigné le reste du produit au delà de la distorsion...
Je la remets ici car j'aimerais bien qu'elle soit plus souvent utilisée dans les CR de changements de câbles ou de logiciel de lecture ou autres sujets qui "surlecutent" toujours plus qu'encore plus