04-08-2016, 07:50 AM (Modification du message : 04-08-2016, 07:59 AM par Chet.)
Belle analyse Rogers, à laquelle j'adhère, sur un sujet bien anodin pour qui ne fréquente pas le live classique.
Restent 2 points et un ajout, puis une remarque : et on met en route une espèce de beat paresseux et lancinant où j' ai , pour ma part, grand peine à reconnaître l'expression de l' enthousiasme !
1/On est là dans un rituel rythmique pour réclamer le retour sur scène des artistes partis en coulisse, soit pour un bis, soit pour saluer. Dés leur retour, on revient à des applaudissements 'anarchiques'.
Je suis plus énervé par ceux qui enfilent vite leur manteau pour partir au parking avant que ses caisses ne voient les files d'attente. Comme un passage au fast food, avec le plateau à débarrasser au plus vite.
2/Quid des cadences 1er mouvements des concerti ?
Étaient-ils faits pour être applaudis au talent de l'interprète-'improvisateur' ?
Le rythme des œuvres me fait croire que 'non', contrairement au jazz. Un avis ?
Ajout : Comme le Bel Canto, dont la partition intègre en effet une respiration pour applaudir (quelle déprime quand ça ne se passe pas !), il faut noter la même chose lors des ballets classiques.
Remarque : Pourquoi applaudir le Chef à son entrée... Sa réputation le précède ?
Personnellement, j'attends savoir si il mérite ce jour là !
04-08-2016, 09:36 AM (Modification du message : 04-08-2016, 09:39 AM par Olive.)
Et le fait que plus personne ne hue ou qu'on ne jette plus de tomates c'est par respect des maraichers ou parce que le public et les codes ont changé ?!
Comme souligne Chet, l'applaudissement de l'arrivée du chef, du violon solo, discours musical là dedans ou code ?
Mais sinon d'accord avec ce que tu expliques Rogers !
04-08-2016, 09:46 AM (Modification du message : 04-08-2016, 09:47 AM par Olive.)
Citation :Ce dont j' ai horreur aujourd'hui, c'est qu'on n' applaudisse même plus vraiment. On le fait pour de bon les premières secondes, ce fameux crépitement, claquement anarchique des paumes , qui ne doit ressembler ni au bruit de la friture, ni au bruit de la pluie sur son système - test audiophile redoutable ! - et puis on se fatigue très vite, et on met en route une espèce de beat paresseux et lancinant où j' ai , pour ma part, grand peine à reconnaître l'expression de l' enthousiasme !
Tout à fait, là encore c'est par code.
Moi je note qu'en France c'est beaucoup moins spontané que dans certains pays. D'ailleurs on va à la musique classique beaucoup moins spontanément.
Il y a deux semaines, j'étais à un concert en Allemagne, à côté de moi il y avait une mémé, avec son pépé, elle a tricoté pendant la première oeuvre. Ensuite elle a sorti son petit sandwich, un petit gateau, s'est fait son petit gueuleton. Elle a fini d'écouter la première partie du concert, s'est levée après avoir clapé 4 fois, et on ne l'a pas revue
Rogers, tu décris pour moi une musique morte, uniquement intellectuelle, en oubliant je pense plusieurs choses:
- la musique concerne aussi le corps, le mouvement, la danse
- les mouvements des sonates, symphonies, concertos, messes, oratorios, etc, étaient interchangeables, interchangés, réutilisés par les compositeurs eux-même.
Ce n'est qu'avec la "musique à programme" comme la Pastorale de Beethoven ou la Symphonie Fantastique de Berlioz ou la sonate des adieux de Beethoven, ou ses 3 dernières sonates, qu'il y a eu un début d'unité entre mouvements.
Le célèbre second mouvement de la 7ème de Beethoven n'a aucun lien avec les 3 autres, le sublime adagio de la 9ème de Beethoven pourrait être "ailleurs", de même que son Scherzo. Il y a bien des oeuvres avant cela qui peuvent présenter une certaine unité entre mouvements, mais ce sont plutôt des exceptions.
- dans les concerts de l'époque, on était loin de jouer systématiquement l'intégralité des mouvements d'un concerto ou d'une symphonie. Il suffit de consulter les programmes qui sont parvenus jusqu'à nous.
- la composition déjà chez Bach donne un rôle à l'auditeur, en jouant avec sa mémoire, les réminiscences, des "récompenses" après les passages ardus, avec des "codes" depuis le symbolisme des trompettes jusqu'à l'accord de Triton que les auditeurs de l'époque savaient eux reconnaitre.
A partir de là, cette musique est aussi une évènement humain de partage et d'une certaine forme de communion et d'échanges: le public dans son ensemble, les musiciens entre eux, et les interactions entre public, musiciens et compositeur.
Que dire alors d'un Jordi Savall qui donne régulièrement un rôle de percussion à son public? Alors que c'est l'un des plus grands "intellectuels" de la musique, il redonne une forme de vie et d'interaction dans ses concerts.
Evidemment, il convient de ne pas gêner l'écoute des autres et de les respecter pendant un concert. C'est de la simple politesse.
Ce que tu décris me semble une approche très morbide de la musique, de la musique sous cellophane, effectivement morte depuis longtemps. Mais ce n'est pas en organisant des veillées funèbres qu'on va la ressusciter.
04-08-2016, 09:57 AM (Modification du message : 04-08-2016, 10:42 AM par Olive.)
Exact j'avais déjà entendu cette anecdote mais j'avais entendu que c'est parce qu'elle faisait un peu trop sa diva et qu'elle annulait à tour de bras ses concerts, pour un oui, pour un non... dédaignant un peu selon ses humeurs le public milanais.
Le public lui en a tenu rigueur : punir "la star" plus que la qualité.
Par contre, quand tu vois un chef ou un soliste se faire huer encore de nos jours à Berlin, ça calme...
Le public allemand est connaisseur et à juste titre assez critique.
Ca fait du bien que le public réagisse. Il y a quelque chose de pourri au royaume du classique... le star system ?
Je vais me la coller en signature celle là
«J'ai été très bon, dommage pour ceux qui ne l'ont pas compris», avait alors réagi Roberto Alagna (43 ans)
Un ou des points de vue sur les huées à l'opéra notamment à la Scala
L'explication sur les "loggionisti" est intéressante.
Après, c'est un peu simpliste et pas partout pareil, des publics huent à cause du manque de qualité et pas juste parce qu'ils ont payé et qu'ils doivent le faire savoir...
04-08-2016, 02:17 PM (Modification du message : 04-08-2016, 02:23 PM par Olive.)
Il doit bien y avoir un terrain d'entente entre l'horrible claque du nouvel an sur radetzky et autres danubes et une veille funèbre chez les croquemorts dodécaphonistes
Citation :Les critiques musicaux couronnent aujourd'hui des enregistrements d' une effarante puérilité
Là dessus, tu as raison et d'ailleurs beaucoup trop d'artistes jouent bien plus sur l'image que sur la musique. Les retournés acrobatiques et pont arrières de solistes engoncées dans des robes roses fluos ornées de diamants pour jouer Mozart comme on joue Tchaiko, c'est ridicule. Oui, se concentrer sur la musique plutôt que sur son look ou jeu de scène, c'est bien aussi.
Maintenant concernant le public, qu'un applaudissement entre deux mouvements vienne rompre le discours parce que ça a pris une personne aux tripes et que c'est spontané, ça ne me dérange pas. Je trouve ça même très chouette d'afficher sa sensibilité.
Ca sert à ça aussi le concert. A partager. Faire découvrir, à procurer du plaisir et s'il se manifeste comme ça, alors tant mieux.
L'oeuvre en elle, dans toute l'intégrité de son discours, comme on souhaite l'entendre, on peut l'écouter chez soi, dans tout ce qu'il y a de plus silencieux et feutré.
Après, certains vont très loin dans "ce qu'ils pensent qu'un concert doit être".
J'ai déjà entendu dire "si les musiciens ne se souriaient pas, on pourrait se concentrer un peu plus sur la MUSIQUE"...
(parce qu'un alto à fait un sourire à un cello lors d'un dialogue au milieu d'une oeuvre)
04-08-2016, 02:28 PM (Modification du message : 04-08-2016, 02:29 PM par Franz.)
Je me rappelle il y a 30 ans de vieilles bourgeoises se plaignant de jeunes cacous osant se présenter en jean et chemise ouverte à des représentations du festival d'Aix.
Je ne sais toutefois si elles applaudissaient seulement à la fin des morceaux.
On aurait également parfois envie de balancer des tomates lors de concerts de Keith Jarrett tellement il se prend au sérieux (ne soyez surtout pas enrhumé si vous allez le vénérer en live). Je suis désolé, je n'ai pas de nom d'interprète purement classique qui me vient à l'esprit, mais ça remettrait surement certains à leur place...
@Rogers
A la lecture de ton post outrancier, j'en viens à me demander si la personne derrière le pseudo est la même que celle qui m'avait ouvert un chemin vers les symphonies de Bruckner et avec qui nous avions partagé un depitement face à certaines outrances de baroqueux en démonstration.
Ton post est outrancier parce qu'il traite de conférencier d'opérette un musicien-musicologue sans aucun argumentaire. Calomniez, calomniez, il'en restera toujours qq chose.
Outrancier parce que je n'ai jamais nié les facettes intellectuelles de la composition, y compris dans le post que tu as cité.
Outrancier parce que tu ne fais que répéter ton point de vue, sans avoir lu les faits que j'ai indiqués.
Si je n'avais pas fait un pas vers toi et la musique de Bruckner, j'en serai toujours à la considérer comme un tintamarre difforme, parce que c'est des personnes qui ont un avis différent du mien que j'ai qq chose à apprendre.
Le Rogers avec qui j'ai échangé autrefois aurait fait un pas vers ce que j'ai écrit , a minima pour essayer de comprendre un point de vue très différent du sien, sans nécessairement l'adopter, au lieu de se barricader dans une tour d'ivoire sacrée et impénétrable.
