Je déterre ce sujet pour y ajouter un peu de jus. En effet les effets secondaires d’avoir des petits amplis et d’aimer varier les plaisirs, c’est de devoir faire de la place pour accueillir les suivants. Je viens de me séparer de mon petit LSAP amp 1 qui fera certainement un heureux dans le 17éme, non pas que je ne l’aurais pas gardé, mais ayant deux petits amplis en single end d’EL34 j’ai fait un choix. Le second, que j’ai depuis plus longtemps encore, est bien peu connu mais d’une marque qui aurait je pense gagné à être au moins aussi connue que les réalisation artisanale de Claudio Mastroianni.
Il s’agit de la marque BEZ, un petit artisan chinois, Zhi Huang, qui s’est fait un honneur de réaliser tout un tas d’amplis et préamplis à tube sur la base de composants d’origine militaire présents en chine, sur ses propres schémas, ses propres transfos au besoin, puis d’en proposer une diffusion mondiale en paiement paypal à des prix qui ne rendaient probablement pas assez justice à la qualité de son travail. Il effectuait d’ailleurs un vrai travail pour l’export puisque ses réalisations étaient en 115/230 volts, contrairement aux marques chinoises pour la chine qu’on voit en import sauvage qui ont souvent été en 220 volts donc clairement peu compatibles avec notre tension de réseau EDF, avec les risques associés de fin de vie prématurée, usure anormale.
Une chance pour moi qui aime parfois sortir des sentiers battus, là où bien d’autres ont peur de la revente de trucs inconnus, et passent leur chemin sans s’arrêter.
Son site existe toujours, mais à priori il a arrêté son activité de vente il y a quelques années:
https://www.bezdz.com/engindex.html
Cela m’amène au petit ampli qui j’avais payé une bouchée de pain en occasion en france, le T1A-34.
Une struture commune à tous ses amplis, tôles inox pliée, ajourées, assemblage vissé, cablage totalement en l’air, composants choisis pour leurs qualités de façon rationnelle, réalisation pérenne, choix de tubes sortant des sentiers battus qui plombent la haute fidélité à tube « qui coute cher » avec des tubes devenus trop rares en tubes anciens, et chers pour être moyens en tubes neufs.
Le T1A-34 propose ainsi l’usage d’une pentode 6J1 en entrée par canal (qui fut connue de certains audiophiles par leur usage sur les amplis « Little Dot » à une époque), ainsi qu’une rectification à tube basée sur les tubes chinois 6Z18 ou 6Z19.
J’ai bien sûr exploré les possibilités de remplacement jusqu’à obtenir la restitution la plus naturelle à mes oreilles, ce qui m’a conduit aux enquivalents ricains, anglais,,, des 6j1: 6ak5, CV4100 , M8100... mais surtout la version russe 6j1p-ev qui s’est avérée la plus équilibrée, silencieuse et transparente à la fois, une fois n’est pas coutume sur certains tubes russes des années 70.
En Puissance, la noblesse des EL34 Philips reste souveraine pour donner une belle qualité de timbre, et je ne regrette pas le quad de Valvo D getter que j’ai en stock et qui me suivra surement jusqu’à trépas.
Les tubes de rectification ne donnent de leur coté pas trop lieu à choix, mais font leur job.
A part les EL34 Valvo d’époque qui coutent maintenant un bras, les tubes de rectification se vendent dans les 10 euros la douzaine sur aliexpress, et les petits russes d’entrée tappent au moins à une dizaine d’euros la paire.
Voilà un petit ampli complet (je n’ai jamais utilisé la sortie casque mais elle est là), qui sonne juste, facile à vivre, ni exubérant ni bouché, fiable dans le temps et au final toujours surprenant, attachant, agréable.
Alors touché par ces réalisation BEZ et depuis lors, je scrute le paysage audiophile mondial pour voir quand il en passe d’occasion, étant arrivé un peu après la bataille puisque la marque n’a pas perduré en cette décennie. En bon zozo que je suis, je n’ai pas pu résister à remettre le couvert sur une réalisation un peu plus velue et plus originale encore, les blocs mono BEZ FB-13.
Comme j’avais pû le dire sur mon post du Cayin 500, j’aime les tubes de transmission, et si la triode est mon péché (845, 811, 805, AA62 ou même 101D sur mon préampli Coincident / 6n30p-dr sur le dac Ayon) , la pentode ancienne utilisée en transmission tient mon oreille à cheval entre le péché et la raison.
Ici le tube de puissance, utilisé en single end, c’est le FU13 chinois, fabrication récente d’un tube plus ancien, le 813 pour les occidentaux, ou le GU 13 coté russe, tube de transmission largement utilisé lors de la seconde guerre mondiale. Un beau bébé à la lumière blanche tel la 845.
Les blocs proposent une rectification à tube (classique 5Z3P chinois, remplaçable par un 5U3C russe ou un tube ricain de la série des 5U4-GB qui semble avoir ma préférence personnelle à l’écoute).
En entrée le tube 6J5 ouvre pas mal de portes à des tubes anciens 6p5gt, les différentes séries de 6j5, toutes étant en gros des demis 6sn7 mais en bien moins chers car peu utilisés de nos jours.
La construction est sérieuse, les amplis bien dimensionnés, et développent ainsi 25 watts d’une puissance à la fois incarnée, ciselée, riche en timbres, énergique, une petite quadrature de cercle qui se comporte vraiment bien entre mon Ayon Skylla2 et les Marten Duke2. Pourtant ces dernières ne sont pas pardonnantes dans le sens où leur résolution du full céramique est fine, et demande toujours la meilleure synergie avec les autres compagnons de jeu pour profiter de leur transparence et naturel sans dénaturer.
Alors bien sûr on s’éloigne un peu des « petits » amplis, mais quand on pense qu’ils étaient vendus neufs 850$ la paire avant expédition et douane, et étant donné que l’on s’éloigne des montages bouchés et mal ficelés d’amplis tubes chinois pas chers mais finis à la pisse, les réalisation BEZ étaient clairement comme on dit chez les ricains, du « Bargain ».
En terme de compatibilité en puissance, dans mon bureau de 13m2 environ, sur les Marten de 88db, ils passent de grandes formations sans tassement notable, énergiquement et avec une bonne résolution, raffinement, un Menuet Pompeux de Chablier par exemple ne s’écroule pas et reste crédible a niveau élevé, tout comme les nappes de grave d’un Malia et Boris Blank dans Convergence. Le grave est légèrement rond (disons que c’est une caractéristique d’ensemble avec les Marten qui impose toujours d’éviter les excès de gras comme dans un bon saucisson), gagnant avec le Skylla à l’usage de cables de modulation propres, non gras, ce qui colle bien avec le Coincident ST1, tout autant que le Grimm TPR.
Bref, voilà pour la petite histoire, si un jour vous tombez sur un BEZ d’occasion et qu’une envie de tube vous a toujours tenté sans avoir le budget pour les réalisations chinoises à la mode qui ont pris dans le transit maritime des taxes, des marges d’importateur puis de vendeur, dites vous que peut être avec cette marque vous ne vous ferez pas baiser, mais juste BEZer.
Cordialement, Nico.