Bonjour à tous,
Voici quelques informations complémentaires qui pourront être instructives pour ceux que le sujet des basstraps à membrane intéresse.
La lecture de ce qui suit fait l’hypothèse d’un minimum de familiarité avec les mesures et leur interprétation, car sans cela ça peut peut-être paraitre un peu obscur. Je renvoie les lecteurs aux posts précédents sur le sujet particulier de l’amortissement, et également aux tutos sur les mesures et leur interprétation sur ce forum.
Il n’est pas certain que mes conclusions soient applicables à tous les environnements mais je pense quand même que l’on peut en déduire quelques caractéristiques de ces panneaux à membrane.
J’ai donc regardé de plus près les aspects suivants :
- Quel est l’impact sur l’amplitude et sur quelles fréquences
- Quel est l’impact sur l’amortissement
- Quel est l’impact sur la phase
Je rappelle que mon objectif était de traiter la zone 30-110Hz où les modes sont très visibles et audibles. On les voit facilement sur le decay des voies droite et gauche comme dans les graphes ci-dessous.
Ces modes se traduisent par un pic d’amplitude et surtout un amortissement extrêmement faible, qui, à l’écoute, exagère l’intensité du grave et pollue la netteté des impacts. La correction numérique traite assez bien les pics d’amplitude, mais n’a qu’un effet mineur sur l’amortissement. Donc, dans ces circonstances, on finit par réduire l’amplitude plus que nécessaire afin de « compenser » le trainage.
Le résultat peut être acceptable, surtout quand on n’a pas le choix
, mais je voulais voir si ces panneaux à membrane pouvaient être une solution.
Leur intérêt théorique étant leur compacité vs la zone de fréquence traitée. Les traitements passifs « classiques » demandant une très grande profondeur de laine de roche pour être efficace sous 60Hz environ, et ce qui est rarement possible dans une pièce normale.
Voici donc l’état des lieux tel qu’il se présente. Les graphes ci-dessous de concentrent sur la zone 20-300Hz des voies droite et gauche.
Sur le decay d’abord (lissage au 1/24 d’octave afin de mieux voir ce qu’il se passe sur chaque fréquence):
Avant (gauche)
Après (gauche)
Avant (droite)
Après (droite)
Sans panneaux, on voit clairement où sont les problèmes induits par la taille de la pièce.
36Hz, 71Hz, 142Hz sont les modes dus à la longueur.
42Hz, 85Hz sont les modes dus à la largeur, et
57Hz et 104Hz sont les modes dus à la hauteur.
Avec les panneaux, on voit le nettoyage effectué sur les modes en dessous de 80Hz. Celui à 85Hz reste encore présent, surtout à droite où il semble renforcé, ce qui peut paraitre surprenant a priori (mais qui peut s’expliquer en regardant les autres paramètres ci-dessous). Et aucun effet significatif au dessus de 120Hz, au moins sur l’amortissement.
Sur l’amplitude:
La comparaison avant après montre également que le bass trap modifie considérablement la réponse en dessous de 100Hz. La remontée à 85Hz est également visible (à droite).
Je précise que les enceintes et le point d’écoute sont exactement au même endroit, même si c’est à plusieurs semaines d’écart et que la position du micro à son importance. Cependant le micro a été placé au même endroit que d’habitude (mais évidemment pas au millimètre près), et que j’ai probablement une bonne centaine de mesures à cet endroit sur plusieurs mois comme base de référence, avec des variations plutôt infimes et uniquement liées à la position du micro, ou au changements de traitements passifs (ajout de diffusion et autres changements mineurs). Il n’y a donc absolument aucun doute sur le fait que les différences que l’on observe ici sont dues aux basstraps à membrane.
Pour essayer de mieux comprendre ce qu’il se passe, il est aussi utile de regarder la phase, ou plus exactement le Group Delay, et notamment l’
Excess Group Delay.
L’Excess Group Delay mesure l’écart avec un comportement à phase minimum (qui est le cas idéal qu’on souhaiterait avoir) et celui réellement mesuré. Dans le cas idéal, l’Excess Group Delay est une droite horizontale = 0.
En pratique, on observe des zones variées, où c’est effectivement à 0, mais d’autres où le group delay s’envole. Les pics indiquent les zones à problème modal, et on peut corréler leur position avec un noeud ou un ventre de l’amplitude.
A ces fréquences, il est difficile de combler un noeud avec une correction numérique, alors que dans les zones où l’excess group delay est à 0 (donc celles où on a un comportement « phase minimum »), on peut appliquer une correction numérique facilement.
L’impact des panneaux à membrane était donc intéressant à observer sur ce paramètre. Voir ci-dessous avant vs après.
On se rend compte qu’au delà de l’impact sur l’amplitude et sur le decay, le panneau à membrane rend le comportement dans le grave beaucoup plus proche d’un comportement à phase minimum.
Sur l’enceinte droite c’est particulièrement flagrant.
On voit aussi, que les pics résiduels correspondent bien aux noeuds observés sur l’amplitude.
Ci-dessous, comparer avec la courbe verte:
Ci-dessous, comparer avec la courbe violette:
La zone 80Hz-100Hz semble particulièrement « pacifiée » et c’est, à mon avis, ce qui explique (au moins en partie) le comportement en amplitude dans cette zone.
On remarque aussi que les zones où il va être possible de corriger numériquement sont plus vastes, et plus équilibrées entre droite et gauche.
Bref, amélioration très positive également !
Je pense (mais je n’en suis pas certain, c’est donc une hypothèse) que c’est le changement de la structure des modes qui induit le pic additionnel à 85Hz (observé sur l'enceinte droite). Il est possible que la structure non-minimum phase dans cette zone induisait un noeud (au moins partiel) à cette fréquence qui atténuait le ventre lié aux dimensions de la pièce.
La disparition de cette non-linéarité permet au mode de se développer « normalement » et donc de produire un ventre plus visible.
Cela étant, comme il est bien plus facile de traiter un mode à 85Hz qu’à 36Hz, un simple Monster Basstrap GIK placé à coté de l’enceinte suffit à atténuer le pic et donner un amortissement correct.
On le voit instantanément à la mesure d’ailleurs en plaçant le GIK. On peut aussi le corriger facilement numériquement, mais on verra que j’ai opté pour une combinaison GIK + numérique afin de réduire l’amplitude de la correction numérique nécessaire.
En conclusion, on voit que ces basstraps à membrane sont plutôt efficaces sur plusieurs paramètres clés mesurables.
En théorie, vu les dimensions retenues (30cm de profondeur et densité de la membrane à 6kg/m2) on devrait avoir une zone d'action comprise entre 19 et 76Hz, avec un pic d'efficacité à 38Hz.
En pratique, la zone d'action semble plutôt être entre 32Hz et 110Hz, avec un pic vers 70Hz.
On gagne quand même 8 à 9dB sur le pic à 38Hz, ce qui est considérable, mais c'est surtout l'amélioration apportée à l'amortissement qui est flagrante et utile.
Par ailleurs, la réduction du nombre de modes rend le fonctionnement plus "minimum phase" et donc améliore la linéarité de la phase et augmente les possibilités de correction numérique.
Comme l'encombrement global reste réduit, c'est une solution qui peut être appliquée plus facilement qu'un traitement à base de laine de roche qui demanderait beaucoup plus de profondeur pour atteindre des fréquences aussi basses.
Sur un prochain post, je vous montrerai ce qu'on obtient en combinant ces membranes, avec un meilleur placement des enceintes (rendu possible par la gestion améliorée de l'amortissement) et une petite correction numérique.
Sans dévoiler le résultat, je peux d'ores et déjà vous dire qu'on obtient des mesures quasi conformes aux canons acoustiques, et comparables à celles qu'on obtiendrait dans une pièce bien plus grande que les 19m2 de mon sous-sol.
Et comme je suis encore dans la phase écoute/optimisation de la correction numérique, combinée à quelques ajustements de câbles à la mode Barco, je garderai les impressions d'écoute pour un peu plus tard
Il faut bien faire un peu de teasing, non