La programmation de mon nouvel OPEN DRC et les premières écoutes de mon installation modifiée ont accaparé mon temps et mon attention. C’est la raison pour laquelle j’ai tardé à poursuivre la description de mon installation ; mieux vaut tard que jamais. J’ai également découvert la manière de poster des photos sur ce forum, ce qui me facilitera la tâche et me permettra de mieux illustrer mon propos.
Dans mes communications précédentes, j’avais passé en revue les différentes sources qui fournissaient la matière musicale et j’avais précisé comment deux BEHRINGER DCX tenaient tout un ensemble multiamplifié. C’est ces deux BEHRINGER que le nouvel OPEN DRC a remplacés. Il apparait tout petit et un peu perdu au-dessus des autres appareils.
A présent, je vous propose de passer à la description de la partie analogique de ma chaine, les baffles et leur amplificateur. Je rappelle que mon installation est composée de 3 voies stéréophoniques et d’un caisson de contre-grave.
La voie du dessus (+ de 700 c/s)
Cette voie est celle qui couvre le médium supérieur et les aigus, au-dessus de 700 c/s. Il n’y a pas de tweeter dans mon installation. La voie du dessus est limitée vers le bas par un filtre coupe-bande (cross), un passe-haut LR 48 db/octave. Elle est constituée par un ampli à lampes 300B de ma fabrication et par un système à pavillon TAD 4000 – ALTEC 1505b.
J’ai construit l’ampli à partir d’un schéma que j’avais puisé dans la revue LED (qui malheureusement a disparu ou n’est plus consacrée à la haute-fidélité). Un schéma valant mieux qu’une description, le voici avec mes annotations :
Et voici la réalisation. Le résultat n’est pas très beau à regarder, ça tient avec des bouts de fil et des "sucres"; mais c’est simple, cela remplit très bien sa fonction qui est de produire correctement de la musique ; c’est efficace et c’est ce que je voulais :
Dans tous les amplis que j’ai fabriqués, l’alimentation se trouve dans un coffret séparé ; c’est ce qui permet de maintenir un rapport S/B raisonnable malgré les 7 canaux de mon système.
Mon premier ampli 300B fonctionnait avec des lampes d’origine chinoise ; c’était à l’époque ce qui se vendait le plus couramment (fragiles et pas très musicales). Puis, j’ai eu des JJTESLA, enfin des KR (très fiables) que j’ai conservées pendant longtemps. Quand une de ces KR a rendu l’âme, je me suis tourné vers les « mesh plate » fabriquées par EMISSION LABS.
Comme la dénomination anglaise le laisse entendre, l’anode de cette lampe est constituée par un tressage de fils récepteurs au lieu d’une enveloppe en métal ainsi qu’on peut le voir sur la photo:
Ce tube, hors du commun par la finesse de sa restitution, ne supporte cependant qu’une puissance limitée (22 watts de dissipation d’anode – quelques watts seulement en puissance de sortie). Il a fallu que je diminue la haute tension des amplis de quelques dizaines de volts. A n’utiliser donc que dans des configurations à très haut-rendement.
Je possède depuis toujours deux moteurs TAD 4000 2’’(16 ohms) que j’ai eu l’heureuse opportunité de pouvoir acheter d’occasion à une époque où leur prix était abordable. J’ai utilisé ces moteurs exceptionnels avec plusieurs sortes de pavillon, à la recherche inlassable pendant des dizaines d’années d’une restitution toujours meilleure. C’est mon côté audiophile. Il y eut d’abord une réplique très bien construite du pavillon TAD 4001 qui ne m’avait jamais fort emballé. Je le trouvais trop directif et pas assez ouvert pour mon grand grenier. J’ai ensuite essayé des pavillons ronds que l’on me disait plus épanouis. Ce sont ces pavillons que l’on peut voir devant les bibliothèques contre les murs latéraux de mon grenier ; ils ne remplissent plus aujourd’hui qu’une fonction décorative. Je me souviens que je leur avais fourré des lingettes dans l’embouchure pour atténuer leur façon « tuyau d’arrosage » de fonctionner.
A présent, j’ai trouvé ce que je cherchais : le haut-rendement mais avec une dispersion homogène du son. J’ai acquis en Allemagne, auprès d’un artisan nommé Markus Klug, une magnifique réplique en bois du célèbre mais vénérable pavillon ALTEC 1505b. J’avais eu l’occasion de voir et d’entendre un pareil pavillon chez un forumeur qui désirait le vendre. Mais il s’agissait d’un exemplaire original en métal qui pesait près de 50 kg. Impossible pour moi de manier à ma guise un pareil poids et c’est alors, après des recherches sur internet, que j’ai découvert l’artisan allemand et ses réalisations.
Comme on peut le voir ci-après, il s’agit d’un pavillon multiple à 15 tuyères qui possède à la fois la directivité nécessaire à la stéréophonie et la répartition sonore indispensable dans une pièce de grandes dimensions comme mon grenier.
La meilleure position du pavillon par rapport au point G (le point d’écoute dans mon jargon, c’est bref mais aussi évocateur) a été déterminée après de nombreux essais. Dans l’axe de la tuyère centrale, c’était un peu trop directif à mon gout. C’est pourquoi j’ai placé le pavillon de telle façon que, lorsque je suis assis au point G, ce n’est plus la tuyère centrale qui me fait face mais la tranche de bois entre la tuyère centrale et la tuyère de gauche.
Cet artifice apparemment anodin est capital pour une bonne répartition du son dans l’acoustique de la pièce comme au point d’écoute. Il permet d’obvier à l’un des défauts majeurs des pavillons, leur directivité, une directivité croissante avec la fréquence. Dans mon installation, l’aire stéréophonique est délimitée par un triangle équilatérale d’un peu moins de 3 m. de côté, donc une écoute relativement proche des pavillons, ce qui serait apparemment contre-indiqué. Grace cependant aux 15 tuyères du pavillon ALTEC 1505b orienté de la sorte, l’homogénéité du tissu sonore est parfaitement respectée, avec en plus une belle ampleur et une localisation holographique des musiciens et des chanteurs.
La voie medium (300-700 c/s)
Cette voie est encadrée par deux filtres coupe-bande, un passe-haut Butterworts de 48 db/octave à 300 c/s et un passe-bas LR de même pente à 700 c/s. Elle ne couvre donc qu’un ambitus limité ; limité sans doute mais essentiel pour l’équilibre de la restitution de toute l’installation ; elle est celle qui me sert de point de repère à 0 db pour établir une balance harmonieuse avec les voies aiguës et graves.
Elle doit de plus reproduire un tissu sonore suffisamment dense pour présenter une assise robuste au très haut-rendement de la voie supérieure et ne pas paraître s’effondrer au moindre fortissimo. C’est souvent le reproche que j’adresse aux systèmes où un pavillon repose sur un haut-parleur conventionnel avec toute la différence qui sépare les deux conceptions.
Pour cette voie, j’ai fait dans l’inventif sinon dans l’original.
J’ai confectionné deux amplis mono de quatre KT 88 en push-pull parallèle. Je les ai conçus selon un schéma entièrement symétrique depuis l’entrée jusqu’au transformateur de sortie. La partie amplificatrice en tension est assurée par deux ECF 186 (lampe qui constitue un petit amplificateur à elle tout seule, comprenant une partie triode en tension et une partie pentode de puissance) selon un schéma dit « cascode » tiré de la même revue LED que voici :
Il y a donc deux lampes amplificatrices en tension à l'entrée de ce ampli, deux lampes alimentée en opposition de phases. La cellule de déphasage n’est autre que le circuit buffer après le potentiomètre (qui, depuis la mise en service de l’OPEN DRC ne sert plus et est pour le moment ouvert à son maximum) et le signal symétrique est véhiculé entre le coffret du potentiomètre et l’ampli par un câble à trois conducteurs avec fiches cannon. Tous mes amplis à lampes ont la vivacité des amplis dépourvus de contre-réaction. Dans le médium, c’est un atout appréciable.
Le baffle de cette voie medium est constitué par une VOIX DU THEATRE que j’ai éventrée.
Il n’en subsiste en fait que le pavillon-avant avec son haut-parleur, ici un 15’’ ALTEC 515 8G, qui fonctionne ainsi en doublet acoustique, l’arrière étant ouvert. J’ai donc eu l’audace de découper une enceinte mythique (ou du moins une mauvaise réplique en gros bois MDF). Je crois que cette opération risquée a été une réussite que les auditeurs de mon installation ont pu apprécier.
La voie grave (50-300c/s)
Pour la voie grave par contre, j’ai joué dans le classique.
J’ai assemblé sur une planche de bois que j’avais sous la main (le bois a le grand avantage de ne pas être conducteur) les modules d’un ampli HYPEX 180 achetés chez AUDIOPHONICS. C’est parfait pour couvrir la bande de fréquences qui lui est assignée 50-300 c/s par deux filtres coupe-bande Butterworts 48 db/octave centrés sur ces fréquences.
Le baffle est lui aussi tout-à-fait classique. Un parallélépipède rectangle de 250 l. muni d’un haut-parleur RCF de 18’’. Ce baffle avait été conçu pour fonctionner en basse-reflex mais, depuis l’instauration d’une voie d’extrême grave, j’ai bouché l’évent et le système est devenu clos, avec de meilleures transitoires selon moi.
Rien à dire de plus sur ce registre.
Le caisson de contre-grave (20-50c/s)
Enfin le contre-grave, les basses abyssales dont mes amis audiophiles m’avaient souvent reproché le manque, reproché gentiment en faisant valoir que ce manque d’extrême grave se manifestait principalement sur un répertoire de musique moderne alors que j’écoutais de préférence du classique.
Je dois avouer que j’abondais, allant même jusqu’à prétendre que le grave abyssal était si peu présent dans les enregistrements (et même dans l’ambitus des instruments) que cela ne valait pas la peine de se donner les moyens de le reproduire dans toute son originalité, et que l’oreille compensait d’ailleurs son éventuel défaut sans perte de qualité.
Erreur évidemment ! Mais il a fallu que je me décide à acheter un caisson pour que je puisse me rendre-compte que mon attitude n’était que ce que je reproche souvent à d’autres en matière de haute-fidélité : affirmer mordicus comme une vérité ce qui n’est qu’un préjugé. Car, s’il est vrai qu’il existe peu de fréquences extrêmement basses dans la texture instrumentale, il n’en reste pas moins que, dans beaucoup d’enregistrements, la reproduction de ces fréquences extrêmes est sous-jacente sans être perceptible et qu’elle modifie insidieusement la couleur sonore d’une installation.
Donc, j’ai acheté (d’occasion), il y a peu, un caisson SVS SB 2000. J’ai choisi un SB car Je désirais un caisson clôt pour éviter à tout prix un grave à l’effet pneumatique redondant.
La question s’est posée de savoir où le mettre. La cause du manque de grave dont souffrait mon installation n’était pas dû au fait que les 18’’RCF dans leur grand baffle de 250 L. ne descendaient pas suffisamment (un micro placé devant l’évent donnait une courbe prouvant le contraire) mais au fait qu’il existait au point d’écoute un court-circuit acoustique qui annihilait les fréquences les plus profondes.
Donc, placer le caisson à proximité de l’alignement des autres baffles n’aurait servi à rien. Mais alors où le mettre ? Je n’ai pas beaucoup cherché car, pour moi, il n’y avait logiquement qu’un seul emplacement valable et cet endroit se trouvait à proximité immédiat du point d’écoute pour que le signal y parvienne avant toute réflexion acoustique. Et c’est ce que j’ai fait en plaçant le caisson immédiatement derrière le fauteuil d’écoute :
J’ai programmé sur le canal qui commande le caisson un retard de 4 m. Cependant le caisson avait fonctionné sans aucune gêne auditive dès sa mise en fonctionnement malgré l’absence de ce retard avec un naturel confondant, la présence du caisson ne donnant à la musique qu’une couleur particulière d’ambiance sans aucune provenance.
Il est par contre très présent sur certains morceaux où l’extrême grave est rendu avec force comme sur l’orgue dont le souffle des grands tuyaux vous remonte le long de l’échine. J’en ferai une relation plus détaillée lorsque j’indiquerai les morceaux de musique qui m’ont servi de références pour l’appréciation de la mise au point de mon installation.
Lors de ma prochaine communication, je ferai part de la manière qui est la mienne de mettre en concordance toutes les voies que je viens de décrire au moyen du répartiteur-égalisateur OPEN DRC DA8 que je viens d’acquérir.
Cordialement Olivier