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en 2019, un ampli classe AB DIY vaut le coup VS classe D ?
#51
j'aime bien l'idée de l'instrument de mesure objectif Smile
Un instrument n'est ni objectif , ni subjectif, c'est juste un outil, on peut s'en servir plus ou moins bien, à plus ou moins bon escient, selon des connaissances plus ou moins profondes, avec les types de mesures qu'on connait et ce qu'il peut faire de ce qu'on sait. Il faut aussi en connaitre les limites tout comme les limites de ses conaissances.
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#52
(08-05-2019, 07:37 PM)lamouette a écrit : j'aime bien l'idée de l'instrument de mesure objectif Smile
Un instrument n'est ni objectif , ni subjectif, c'est juste un outil, on peut s'en servir plus ou moins bien, à plus ou moins bon escient, selon des connaissances plus ou moins profondes, avec les types de mesures qu'on connait et ce qu'il peut faire de ce qu'on sait. Il faut aussi en connaitre les limites tout comme les limites de ses conaissances.

Certes, modulo le fait qu'un instrument de mesure utilisé correctement, c'est objectif.

Mais je n'ai encore jamais vu un amplificateur bon aux mesures et mauvais à l'oreille comme je n'ai encore jamais rencontré un amplificateur bon à l'oreille et mauvais aux mesures, ce qui invaliderait ce que j'ai écrit plus haut. Remarquez bien, je veux bien que l'on me montre un amplificateur excellent à l'oreille et mauvais aux mesures, je ne demande qu'à apprendre.

Il est très compliqué de concevoir un amplificateur audio car, contrairement aux amplificateurs HF, ils ne sont pas à bande étroite. il y a donc des problèmes de phase assez tordus à résoudre si on veut travailler proprement. On ne peut donc pas concevoir un amplificateur audio sans une solide contre-réaction (a minima) et sans des filtres correcteurs un peu partout. Ce n'est pas par amour des circuits compliqués que les fabricants de circuits analogiques conçoivent des circuits complexes.

Corollaire :
  • on ne peut pas avec une 6SN7 et une 6L6 en classe A1 obtenir le même résultat qu'avec un circuit beaucoup plus complexe. La plupart du temps, le circuit de correction est lui-même plus complexe que l'amplificateur à proprement parler parce que si le circuit amplificateur peut, en boucle ouverte, avoir des caractéristiques moyennes, c'est le circuit de correction qui doit être le plus fidèle ;
  • même si c'est contre intuitif, il est beaucoup plus difficile de concevoir un amplificateur en classe A qu'en classe B (parce que la profondeur de modulation sur le composant de sortie induit des distorsions supplémentaires qui se masquent facilement en classe B, qu'il s'agisse de talonnage ou dans les cas extrêmes de croisement) ;
On peut avoir des surprises en branchant des enceintes mais c'est un problème de charge et pas d'amplificateur, sauf si l'amplificateur est remarquablement mal conçu (il est vrai que dans les amplificateurs "audiophiles" on voit de ces horreurs...) d'autant plus que certaines enceintes font réellement n'importe quoi en terme d'impédance et surtout de phase. J'ai actuellement à l'atelier deux Kappa de 250W, ça descend à... 0,5R sur quelques fréquences (elles sont données par le constructeur pour 4R). Cerise sur le gâteau, ça descend à 0,5R vers 10 kHz, là où l'on a... deux twitters de technologies différentes qui n'induisent pas le même déphasage malgré les corrections de phase du fabricant. Et on s'étonne du résultat avec des amplificateurs qui ont du mal même avec des transistors à descendre en dessous de 2R ! 250W sur 0,5R, j'appelle ça des tueuses d'amplificateur. Ce qui est amusant, c'est que le fabricant donne une courbe d'impédance réelle un peu optimiste mais garde bien pour lui la réponse en phase qui est pourtant bien plus intéressante.

Vous seriez surpris de mesurer certains amplificateurs dits "audiophiles" qui sont tout sauf de la haute fidélité. Pour la petite histoire, je viens de remettre d'équerre un amplificateur de 30W en push-pull de classe A (A2 tant qu'à faire !) d'un fabricant ayant pignon sur rue et vendant son engin à plus de 10k€. Mesure à l'AP, 6,5% de distorsion à pleine puissance (h3, h5 et h7, parce qu'on se trimballe de la distorsion de croisement, quasiment pas de h2, ce qui permet au fabricant d'annoncer moins de 0,2% de taux de distorsion à mi puissance à 1kHz...), facteur d'amortissement de 5 à 1 kHz sur une charge résistive au cul de l'amplificateur. Sur une enceinte au bout de 5 m de câble, c'est largement moins, les mesures sont quasiment impossible à mener tant cela est peu amorti. Quant à l'intermodulation, une véritable horreur (15 dB de réjection à 1 kHz !). On ne s'ennuie pas avec les problèmes de phase, on colle 10 dB dans la boucle et advienne que pourra. Au pire, si le résultat est particulièrement mauvais, on dira que ce sont les câbles, l'alimentation ou les enceintes qui sont mauvaises. C'est tellement facile d'avoir un circuit mal conçu et d'accuser les autres pièces de la chaîne ! Et il est impossible de corriger le circuit : avec plus de 10 dB dans la contre-réaction, ça se met à osciller pour deux raisons principales :
  • les transfos sont un peu légers en bande passante (le transfo est un passe bas, donc à la fréquence de coupure, on se prend déjà 45° de déphasage. Lorsque la contre réaction arrive à 90°, ça oscille ! Donc il faut limiter le gain dans la boucle pour qu'il soit inférieur à l'unité à la limite de l'oscillation.). En l'occurrence, ils coupent à 25 kHz. Un transfo coupant à 25 kHz est bien moins cher qu'un transfo coupant à 50 kHz parce qu'il faut nettement moins d'enroulements. Sauf qu'en coupant à 25 kHz, on se prend déjà plus de 90° de déphasage sur l'harmonique 3 d'un signal à 16 kHz ! Et pour tenter de masquer le phénomène que fait-on ? On colle un correcteur de phase qui n'est autre qu'un... filtre passe haut en considérant que le transfo doit couper assez bas pour qu'il n'y ait plus de gain dans le haut du spectre tout en corrigeant la phase là où ça pourrait se mettre à osciller dangereusement. Du bricolage, rien de plus !
  • la puissance de h3 sur la distorsion de croisement (oui, c'est une classe A2, en A1, on n'aurait pas eu de distorsion de croisement, seulement du talonnage avec h2) est plus importante que h1 à la puissance maximale et h3 a le mauvais goût d'être en quadrature (rappelez-vous, c'est une distorsion de croisement). Vers le haut du spectre, le déphasage déjà important est augmenté par le déphasage du transfo et là, c'est catastrophique si le transfo de sortie a une bande passante trop importante.
Et ça se dit amplificateur "audiophile", c'est encensé par les critiques des magazines spécialisés dont les "testeurs" n'ont jamais dû écouter un amplificateur haute fidélité ! À titre personnel, j'aurais honte de vendre à un tel prix un truc pareil.

Je ne vous demande pas de me croire sur parole. Si vous en avez le courage, je vous propose de prendre le schéma de n'importe quel amplificateur "audiophile" et de le passer dans un outil comme Spice. C'est ce qu'utilisent tous les concepteurs de circuits analogiques un tant soit peu complexe depuis plus de 30 ans (Spice date des années 1970 et est la référence des simulateurs analogiques). C'est très instructif. On n'est pas encore dans la mesure, mais dans la théorie électronique. Les mesures réelles seront forcément plus mauvaises. Vous aurez quelques surprises, souvent mauvaises.

Quand je vois certains débats sur les câbles (secteur ou HP), sur les prises câblées en étoile, sur les symétriseurs, sur les fils de Litz, sur les alimentations et les fusibles, sur le câblage en l'air, sur l'égalisation et les correcteurs physiologiques, sur tel composant plutôt que tel autre, sur le rodage des composants et les montées en température des transistors, je me dis que je devrais vendre de la poudre de perlimpinpin plutôt que de faire de l'électronique. Les audiophiles parlent toujours d'optimisation, mais la seule chose à optimiser, c'est la topologie de son amplificateur. Un amplificateur bien conçu résiste (dans une certaine mesure) aux variations de charges et au câblage. Le reste, ce n'est pas de la technique, mais de l'ésotérisme. Quant à un amplificateur mauvais aux instruments, vous pourrez changer tout ce qu'il a autour de lui, ça restera un amplificateur mal conçu.

En écrivant cela, je suis conscient de ne pas me faire que des amis, mais j'assume. Je suis un technicien, pas un amateur de brodule et autres engins du même acabit.

Bien cordialement,

JB
J. Bertrand,
SYSTELLA SAS, Conception de circuits à tubes à cheval entre Paris et Brive
http://www.systella.fr
[url=http://www.systella.fr][/url]RCS 832495378 Brive-la-Gaillarde, APE 7112B
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#53
qu'est ce que vous appelez amplis  bons aux mesures, dans quelles fourchettes chiffrées?
Parceque des amplis pas mauvais aux mesures et mauvais aux oreilles il y en a par centaines.
Allez hop, encore un qui se prend pour un professionnel indiscutable, ça défile en ce  moment! Big Grin
Ca va autrement les oreilles sans appareils de mesure?
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#54
JB

Je suis allé faire un petit tour sur vôtre site et j'avoue avoir été marqué par plusieurs détails. Le premier c'est que vous semblez être d'accord sur le fait qu'une alimentation à découpage ne soit pas une hérésie dans un ampli si bien construite et bien implémentée. Là je vous rejoins totalement.

En revanche, vous avancez l'argument suivant :
"Une alimentation correcte est donc imposante. Cela ne peut tenir dans un petit boîtier façon adaptateur secteur de téléphone ne serait-ce que parce que les filtres ne peuvent être miniaturisés facilement."

Comment justifiez-vous dans ce cas que des amplis comme les Ncore de chez Hypex soient alimentés par des SMPS miniscules? Ce sont des amplis dont les mesures sont exceptionnelles sur le papier.
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#55
mais est ce qu'ils sont bons? Big Grin
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#56
Le classe D melin audio AD 250 faisait mieux que mon ancien YAMAHA PC 2002 M sur mes anciennes Tanoy 15 DMT.
En terme d'amortissement c'était top.
Pour le reste il faudrait l'évouter plus longuement mais il les faisait bien chanter.
Enceintes actives - Focal trio 6 BE
Dac préampli - RME ADI 2
Streamer - Mano Music Streamer
Yellowtec Puc 2 Lite
XLR : Canare L4E-6S ( Ô Quetzalwire)
Casque - AKG Q701
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#57
(08-06-2019, 10:57 AM)JBert a écrit : ....
On peut avoir des surprises en branchant des enceintes mais c'est un problème de charge et pas d'amplificateur, sauf si l'amplificateur est remarquablement mal conçu (il est vrai que dans les amplificateurs "audiophiles" on voit de ces horreurs...) d'autant plus que certaines enceintes font réellement n'importe quoi en terme d'impédance et surtout de phase. J'ai actuellement à l'atelier deux Kappa de 250W, ça descend à... 0,5R sur quelques fréquences (elles sont données par le constructeur pour 4R). Cerise sur le gâteau, ça descend à 0,5R vers 10 kHz, là où l'on a... deux twitters de technologies différentes qui n'induisent pas le même déphasage malgré les corrections de phase du fabricant. Et on s'étonne du résultat avec des amplificateurs qui ont du mal même avec des transistors à descendre en dessous de 2R ! 250W sur 0,5R, j'appelle ça des tueuses d'amplificateur. Ce qui est amusant, c'est que le fabricant donne une courbe d'impédance réelle un peu optimiste mais garde bien pour lui la réponse en phase qui est pourtant bien plus intéressante.
....

Bonsoir,

Une question de débutant curieux:
Comment fait-on pour mesurer des enceintes, et s'apercevoir qu'elles ont une impédence de 0.5 à certaines fréquences...?

Laurent
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#58
(08-06-2019, 07:10 PM)PeterWitkin a écrit : JB

Je suis allé faire un petit tour sur vôtre site et j'avoue avoir été marqué par plusieurs détails. Le premier c'est que vous semblez être d'accord sur le fait qu'une alimentation à découpage ne soit pas une hérésie dans un ampli si bien construite et bien implémentée. Là je vous rejoins totalement.

En revanche, vous avancez l'argument suivant :
"Une alimentation correcte est donc imposante. Cela ne peut tenir dans un petit boîtier façon adaptateur secteur de téléphone ne serait-ce que parce que les filtres ne peuvent être miniaturisés facilement."

Comment justifiez-vous dans ce cas que des amplis comme les Ncore de chez Hypex soient alimentés par des SMPS miniscules? Ce sont des amplis dont les mesures sont exceptionnelles sur le papier.

On peut concevoir des alimentations à découpage minuscules mais elles ont certaines limites que je trouve rédhibitoires. Quelle que soit l'alimentation à découpage, elle doit commencer par redresser la tension d'entrée, il faut donc, outre le filtre CEM d'entrée (deux X1, un Y1, une bobine de mode commun et trois transils et un fusible au minimum), un filtre après redresseur et avant une régulation primaire, ce filtre fonctionnant à 50 ou 100 Hz. La plupart des alimentations à découpage n'ont rien de tout ça (on a de la chance si on a une varistance) et on récupère en sortie une fluctuation qui dépend de la constante de temps de la boucle. Sans compter que sans le filtre CEM, on se ramène le rayonnement conduit HF.

Plus on les miniaturise, plus ces alimentations sont obligées de monter en fréquence et plus les problèmes de commutation et de compatibilité électromagnétique surviennent. Fournir 100 mA sur un transistor fonctionnant à 1 MHz et hachant du 230V, c'est encore simple. Hacher 10 A à 2 MHz sur du 12 V d'entrée, c'est trivial. Sortir 10A d'une alimentation secteur fonctionnant à 2 MHz, c'est un autre sport, il faut des circuits de commutation dédiés et des snubbers. Si les circuits de commutation peuvent être intégrés, les snubbers dissipent de la puissance et devraient être sur des radiateurs. Si c'était facile, on aurait des alimentations à découpage ridiculement petites avec des rendements exceptionnels (regardez un peu la taille des TDK-Lambda, leurs ventilateurs, et je vous assure qu'elles ne fonctionnent pas aussi haut en fréquence pour des histoires de rendement). Il faut aussi sévèrement filtrer la sortie car deux alimentations à découpage peuvent provoquer des problèmes d'intermodulation, raison pourquoi non seulement on les filtre, mais on utilise des horloges communes dans la mesure du possible.

Par ailleurs, je n'utiliserai jamais d'alimentation à découpage sans une réelle isolation galvanique pour une simple raison de sécurité électrique (une réelle isolation galvanique, ce n'est pas qu'un transformateur banal d'alimentation à découpage, c'est un transformateur écranté). Et dans un circuit à tubes, il vaut mieux que l'écran tienne au moins 1kV. Là encore, ça prend de la place.

Lorsque vous mettez les uns derrière les autres le filtre CEM, le filtre redresseur, l'alimentation et les filtres de sortie, que vous respectez les distances d'isolation (mes alimentations à découpage sortent 500Vdc) et que vous utilisez un derating sérieux, ça commence à prendre de la place. Je ne parle même pas du transformateur d'isolation. Après, vous avez deux solutions. utiliser un module tout fait et faire de l'électronique jetable (les circuits CMS à haute densité ne sont pas fait pour être maintenus) ou concevoir des circuits pérennes. Je choisis pour ma part le circuit pérenne. Lorsqu'on achète un amplificateur 6000€, ce n'est pas pour le jeter au bout de 5 ans parce qu'un module d'alimentation a eu un peu chaud.

Aujourd'hui, mes alimentations résonnantes à double conversion (redressement, régulations, ondulation, redressement HF, deux rails de sortie, polarisation négative sur deux rails aussi) ont peu ou prou la taille d'une TDK-Lambda de puissance comparable, ce qui n'est donc pas délirant.

Quant aux mesures, j'ai toujours été surpris des protocoles dans les labos de certifications européens :
  • on est sur un réseau parfaitement stabilisé (et ondulé). Aucune perturbation ne vient de là ;
  • on mesure les caractéristiques des alimentations sur une charge électronique (pas de variation de charge). Les résultats ne peuvent être que bons sauf à avoir un circuit réellement merdouillique puisqu'on est stabilisé en amont et qu'on est sur une charge résistive et constante en aval ;
  • on mesure les caractéristiques d'un amplificateur sur une alimentation stabilisée et régulée si le module d'alimentation est externe (principe de la norme CE, c'est différent pour les tests UL) ;
  • on regarde si le tout passe les tests CEM.
De ce point de vue, en Amérique du Nord, les tests sont plus sérieux. On regarde en chambre anéchoïque les perturbations CEM (rayonnées et conduites) et on teste l'équipement en fonctionnement réel. les résultats ne sont pas les mêmes. Mais alors pas du tout. Il n'est pas rare qu'un équipement passe haut la main les tests CE mais soit retoqué aux UL. De la même manière, les résultats des tests d'un amplificateur au sens CE sont bien plus optimistes qu'au sens UL. Il n'est pas rare d'avoir 15 à 20dB d'écart dans les résultats sur les mesures de bruit par exemple.

Bien cordialement,

JB
J. Bertrand,
SYSTELLA SAS, Conception de circuits à tubes à cheval entre Paris et Brive
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#59
Bonjour JB,
Je vois que vous critiquez beaucoup les amplificateurs classe A et aussi leur concepteurs qui semblent être selon vous des ignares de l'électronique. Allez plutôt écouter un bon Kaneda, un Hiraga ou un bon Pass à transistors au lieu de les critiquer. Ces ampli sont loin de faire 5% de disto comme vous voulez le faire croire et ils font de la musique. Aussi, il se trouve que je connais quelqu'un qui a conçu un paquet d'amplis en classe A (et autres). Il travaille au simulateur, et mesure un bon paquet de paramètres lors de la conception et après la réalisation bien comme il vous plairait. Mais ses conclusions sont l'inverse des votres. Il a conçu des ampli avec des déphasages inférieurs à 1° sur toute la bande audio et de la disto difficilement mesurable (inférieure à 0.001% à pleine puissance). Pourtant il dit lui-même que certains de ses amplis, conçus aux petit oignons selon les mesures objectives, sonnent "plat" et que d'autres conceptions donnent des résultats très musicaux même si la disto est largement supérieure (pas à 5% bien sûr !).
Aussi, expliquez nous un peu en quoi la classe A serait moins performante que d'autres classe de fonctionnement "dans tous les cas" comme vous semblez le suggérer, alors que n'importe quel bouquin d'électronique dit le contraire et explique clairement pourquoi, pour ce qui est des transistors tout du moins.
Bonne soirée.
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#60
(08-07-2019, 07:54 PM)pianissimo a écrit : Bonjour JB,
Je vois que vous critiquez beaucoup les amplificateurs classe A et aussi leur concepteurs qui semblent être selon vous des ignares de l'électronique. Allez plutôt écouter un bon Kaneda, un Hiraga ou un bon Pass à transistors au lieu de les critiquer. Ces ampli sont loin de faire 5% de disto comme vous voulez le faire croire et ils font de la musique. Aussi, il se trouve que je connais quelqu'un qui a conçu un paquet d'amplis en classe A (et autres). Il travaille au simulateur, et mesure un bon paquet de paramètres lors de la conception et après la réalisation bien comme il vous plairait. Mais ses conclusions sont l'inverse des votres. Il a conçu des ampli avec des déphasages inférieurs à 1° sur toute la bande audio et de la disto difficilement mesurable (inférieure à 0.001% à pleine puissance). Pourtant il dit lui-même que certains de ses amplis, conçus aux petit oignons selon les mesures objectives, sonnent "plat" et que d'autres conceptions donnent des résultats très musicaux même si la disto est largement supérieure (pas à 5% bien sûr !).
Aussi, expliquez nous un peu en quoi la classe A serait moins performante que d'autres classe de fonctionnement "dans tous les cas" comme vous semblez le suggérer, alors que n'importe quel bouquin d'électronique dit le contraire et explique clairement pourquoi, pour ce qui est des transistors tout du moins.
Bonne soirée.
Je ne critique pas la classe A. Je critique les gens qui font de la classe A comme on la faisait il y a cinquante ans.

Que l'on utilise un tube ou un transistor, le problème est rigoureusement identique, le composant distord. J'ajoute qu'un transistor distord autant qu'un tube (regardez le taux de distorsion lorsqu'il est encore indiqué dans les datasheets) voire plus violemment. Un amplificateur de classe A en single ended, non seulement a un rendement faible, mais a tendance à talonner. Pour obtenir de faibles distorsions, il faut donc au choix :
  • dégrader le rendement pour limiter le taux de modulation (certains rajoutent une résistance anti-talonnage, ce qui est une hérésie parce qu'au lieu d'avoir une distorsion à forte puissance, on distord à partir de puissances nettement plus faibles)
  • utiliser des étages intermédiaires chiadés (pas un simple transistor ou un simple tube, ça ne peut pas fonctionner et ça se démontre) pour limiter autant que possible la distorsion à l'étage de puissance
  • utiliser des asservissements complexes.
Souvent, il faut un peu des trois.

C'est la théorie qui vous l'impose, pas moi. En théorie, un amplificateur de classe A est génial. C'est effectivement ce qui est indiqué dans la plupart des bouquins. Les mêmes bouquins écrivent que les classes supérieures sont moins bonnes sauf en ce qui concerne le rendement. Sauf que les études dans ces bouquins sont faites en petits signaux, donc loin des limites des composants. Si vous voulez avoir un amplificateur de classe A qui n'est pas un gouffre à Watt, il faut avoir une profondeur de modulation importante sur le dernier étage et l'hypothèse petits signaux n'est plus respectée. Dans certains bouquins des années 1950, on parlait d'études en grands signaux, mais il y a belle lurette que je n'ai plus vu cela même dans les écoles d'électronique.

Typiquement, pour un amplificateur de classe A pas trop mauvais, vous avez entre 75 et 90% de taux de modulation (ce qui se traduit immédiatement en rendement électrique).

En pratique, en single-ended, ça vous file de l'intermodulation et des harmoniques paires (talonnage), en push-pull, ça vous ramène des harmoniques impaires (croisement, mais pas seulement). Il vaut donc souvent mieux avoir une classe AB voire B parce qu'on peut linéariser les réponses des deux branches. L'analyse fine permet de montrer qu'en classe AB ou B, on peut compenser les défauts des étages successifs (en jouant sur la phase des harmoniques générées).

Exemple : dans les push-pull à tubes, il y a quasiment toujours en classe AB une résistance COMMUNE pour éviter le talonnage. Je n'ai pas encore trouvé un bouquin qui explique pourquoi on colle cette résistance. Les gars qui ont conçu les premiers push-pull on trouvé que ça fonctionnait mieux comme ça, mais elle ne se justifie pas du point de vue de la polarisation. Certains fabricants qui n'ont pas tout compris puisqu'ils s'arrêtaient aux histoires de talonnage ont même décidé de mettre une résistance par tube (autant coller une forte résistance sur la grille, du point de vue du père Miller, c'est même mieux). Cette résistance, en fait, doit être commune aux deux branches et permet de faire fonctionner l'étage de sortie en mode différentiel (pas de mode commun parce que les commandes des grilles sont en opposition de phase). Quand l'une des branches devient passante, la présence de cette résistance permet de moucher la seconde branche bien plus efficacement qu'elle le serait par la simple action sur la grille (ne pas oublier qu'on a un beau quadripôle LC entre le transfo et les capacités du père Miller et que ça peut osciller ou être amorti mollement en fonction du circuit).

En classe A, pour avoir une profondeur de modulation acceptable sans talonner, il faut donc corriger en amont la modulation et on se retrouve avec des étages d'attaque qui ne sont plus du tout linéaires (c'est en fait le but premier de l'asservissement, qu'il soit à contre-réaction RC ou à correction différentielle, le second étant d'augmenter le facteur d'amortissement). Si maintenant, vous vous arrêtez à une profondeur de modulation de 5 à 10%, le problème ne se pose pas, mais vous aurez un rendement ridicule.

Un peu de théorie des amplificateurs. Un amplificateur sans contre-réaction est mauvais, on n'en parlera pas. Il faut au minimum une contre-réaction globale. Dans le domaine de Laplace, une contre-réaction s'écrit comme ceci :

H(p)=Kp/(1+K'p)

Il y a une constante au dénominateur. Pour un AOP dont le gain K' peut être très grand, la constante se néglige et on parle d'un système linéaire (avec une très faible distorsion). Pour un montage à transistors ou à tubes, le gain est nettement plus faible et cette fichue constante fait remonter le taux de distorsion.

Deux solutions : augmenter le gain dans la boucle ou utiliser une correction différentielle (brevet Bell de 1975 de mémoire) qui élimine la constante au travers de circuits plus complexes.

Pour un amplificateur en classe A à transistor, on peut appliquer la première technique. C'est la plus simple et le problème de phase ne se pose pas. Avec des tubes, c'est beaucoup plus difficile (il n'existe pas de tubes travaillant sur des trous, il y a le problème de la tension max cathode-filament et on ne peut pas enquiller des étages impunément), donc il faut taper sur la correction différentielle et gérer la phase. Et comme il y a un transfo dans la boucle (pour mémoire un filtre du troisième ordre), c'est rapidement sportif.

Personnellement, je veux bien voir le schéma d'un amplificateur efficace même à transistor sortant 10W avec un TDH de 0,001% à pleine puissance et le déphasage annoncé (note : pour 1% de déphasage à 20 kHz, il faut une bande passante énorme), le tout sur une charge du type d'un haut-parleur et non une résistance. Pour fixer les idées, j'ai un ampli AR au labo pour mesurer les taux de distorsions dans une chaîne complète. Je vous file les specs :
  • classe A
  • sortie 20W
  • distorsion harmonique : -20dBc à 10 kHz (je vous laisse le soin de calculer la chose en pourcent, on est au-dessus de 0,001% et on parle d'un amplificateur de métrologie bien plus complexe qu'un amplificateur audio) sur charge résistive
  • 47 kg sur la balance (et c'est l'électronique qui est lourde, pas le boîtier)
et sa bande passante n'est pas assez grande pour obtenir une différence de 1° de phase entre 50Hz et 20kHz. De toute façon, la phase constante sur la bande n'est pas un indicateur. On regardera plutôt le temps de groupe.

Bien cordialement,

JB
J. Bertrand,
SYSTELLA SAS, Conception de circuits à tubes à cheval entre Paris et Brive
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