Vivid Audio Giya G3, puis Kii3+BXT, puis Magico S3 mkII dans une pièce dédiée

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Bonjour à tous,

Cela fait maintenant environ 2 ans que j’ai écouté pour la première fois (puis acheté et installé), mes Kii+BXT en lieu et place de mon système précédent (Vivid Audio Giya G3, blocs mono ampli Ypsilon Aelius, DAC Mola Mola Tambaqui) dans une pièce dont j’avais patiemment (à vrai dire, surtout lentement, et par itérations successives en mode « trial and error ») amélioré l’acoustique afin d’essayer d’optimiser la performance du système.

Ma motivation pour passer aux Kii+BXT, au delà de la curiosité inhérente à tout audiophile, venait justement de mes observations et conclusions sur les limites de l’acoustique de ma pièce d’écoute dont je ne pouvais plus tirer grand chose de plus, sauf à en changer complètement, ce qui n’était pas, et n’est toujours pas, d’actualité.
De même, après avoir lu un bon nombre de publications et livres divers sur l’acoustique, la conception des enceintes, mais aussi la psycho-acoustique (cette « science » qui se penche sur la façon dont notre cerveau analyse les informations transmises par l’oreille et en déduit une représentation de la scène sonore, et qui essaye de corréler ce qu’on entend avec ce qu’on peut mesurer), je m’étais rendu compte que les choix techniques retenus pour la conception des Kii+BXT étaient très cohérents avec les travaux les plus convaincants sur ces sujets autour de l’acoustique.

Pour résumer en quelques mots les caractéristiques essentielles pour des enceintes (sans ordre particulier):

• Faible distorsion même à fort niveau
  
• HPs en phase
  
• Directivité contrôlée (idéalement constante sur la plus large partie du spectre vs le classique omni-directionnel dans le grave et directivité croissante avec la fréquence et très souvent anomalies de directivité au croisement des filtres entre HPs)
  
• Absence de résonances « mécaniques » liées à la structure des enceintes /HPs.
  
• Réponse amplitude/fréquence plate (idéalement de 20Hz à 20000Hz) mesurée en chambre anéchoïque dans l’axe.
  

Lorsque ces caractéristiques de réponse amplitude plate et de directivité contrôlée sont remplies, et que les enceintes sont placées dans une pièce à l’acoustique correcte (c’est à dire, en particulier, ne présentant pas d’anomalie importante sur la stabilité du RT60), on obtient une réponse amplitude/fréquence mesurée au sweet spot qui décroit naturellement du grave vers l’aigu selon une pente d’environ 1dB/octave, soit environ 10dB entre 20Hz et 20000Hz. Les travaux de Floyd Toole démontrent et expliquent cela très bien, et je conseille la lecture de son excellent bouquin (The Acoustics and Psychoacoustics of Loudspeakers and Room) à tous ceux qui voudraient en savoir plus sur ce sujet.
Les bons concepteurs d’enceintes chercheront à se rapprocher au plus près de ces objectifs, et s’il n’existe bien entendu pas de solution unique pour atteindre ces objectifs, il semble bien que la voie des enceintes actives permette d’obtenir des résultats très cohérents sur chacune de ces contraintes.

Les Kii (notamment avec le module BXT qui les transforment en vraies enceintes colonne full range de « salon »), en tous cas, ont été conçues par B. Putzeys pour répondre, par l’innovation et la technologie, à la plupart de ces critères.

• Le fonctionnement cardioide permet d’ajuster la directivité d’environ 50Hz à 1000Hz afin qu’elle reste quasi constante jusqu’au raccord avec le tweeter. Et en dessous de 50Hz, le niveau est finement ajustable afin de tenir compte du Room Gain induit par le placement des enceintes dans la pièce (proximité des murs et/ou des coins).
  
• La distorsion est extrêmement faible même à fort niveau grâce au pilotage direct de chaque HP par un ampli Class D « Purifi » dédié et customisé pour cette fonction.
  
• L’ensemble est piloté par un DSP qui assure la mise en phase des HPs et la correction des anomalies d’amplitude minimum phase et intrinsèques aux HPs. 
  
• On obtient au final une réponse amplitude/fréquence quasi parfaite sur l’ensemble du spectre en chambre anéchoique, et surtout une réponse polaire exceptionnelle grâce à la directivité contrôlée.
  
• De plus, en bonus, le DSP permet d’éviter les surcharges aux HPs en détectant tout signal trop élevé qui leur serait envoyé, ce qui assure une protection permanente des HPs (même si on envoie le signal à 0dB par erreur, le DSP le coupera avant l’arrivée des dommages…).
  

Alors évidemment tout ceci est bien joli, mais quand on vient d’un système classique avec un ampli hybride tubes/transistors avec des enceintes passives de qualité, qu’on a plus de 40ans d’audiophilie pure et dure, derrière soi, qu’on a longuement testé et essayé les amplis en classe D, la correction numérique et les DSP, et qu’on s’est convaincu après de nombreux essais sur la durée, que si on peut se passer de DSP et de correction numérique c’est mieux, et que les amplis hybrides à la mode Ypsilon, c’est quand même un autre monde que la classe D, même la, ou l’une des meilleures du marché actuel, on peut se demander quel intérêt on peut trouver à un système tel que les Kii. Ou tout du moins, on peut être sceptique sur ce qu’on va obtenir en termes d’émotion musicale, car finalement c’est toujours ça que l’on recherche « l’émotion », et que l’on dit manquer aux systèmes trop « parfaits » sur les mesures, et « froids » ou « cliniques » pour citer les adjectifs les plus souvent utilisé à leur encontre.

Toujours sur le plan « technique », le marketing de Kii audio laisse à penser que ces enceintes peuvent être installées un peu n’importe où, même dans une pièce à l’acoustique défavorable, et que grâce à ses multiples réglages incorporés (boundary et equalization), on pourra les ajuster et les faire fonctionner parfaitement, ou tout du moins, bien mieux qu’une enceinte classique dans les mêmes conditions.

Mon expérience avec les Kii confirme que le réglage « boundary » qui permet d’ajuster le niveau SPL sous 40Hz environ, et le fonctionnement cardioïde qui permet de les placer proche des murs arrière et latéraux, sont très utiles et très pratiques pour compenser le room gain et limiter ainsi l’impact du régime modal sur le rendu global. Cependant, si c’est un atout indéniable pour installer les enceintes même dans des pièces difficiles (dont la mienne avec ses 46m3), il faudra quand même garder en tête qu’aucune enceinte du marché, y compris les Kii, ne peut s’affranchir de la réverbération excessive d’une pièce. Il conviendra donc de s’intéresser au RT60 de sa pièce, surtout sa régularité, si on veut tirer le maximum des performances de ces enceintes.

Pour ce qui me concerne, ma pièce au sous-sol était déjà correctement traitée, mais je n’avais jamais vraiment réussi à trouver la bonne recette à l’arrière de la zone d’écoute, en témoignent les multiples itérations que cette zone avait subi au fil du temps (voir photos, et encore toutes les versions n’ont pas été photographiées…). Les Kii, comme toutes les enceintes, n’apportant pas plus de solutions sur ce sujet, j’ai continué à chercher une option acoustiquement correcte ET esthétiquement acceptable. Comme les photos le montrent, l’arrière de cette pièce ressemblait plus à un bazar d’audiophile mal organisé qu’à une pièce de vie agréable à regarder. Je m’étais donc convaincu que l’installation de tissu tendu devant mon bazar serait, au moins, une option pour améliorer le problème esthétique faute d’améliorer le problème acoustique. J’étais donc en recherche sur internet de comment faire un tissu tendu proprement en DIY, lorsque ThierryNK a lancé son projet d’agrandissement de sa pièce dédiée au sous-sol en faisant appel aux services de Julien/Aykoz.

J’ai donc pu en profiter pour voir en grandeur nature comment Julien faisait pour poser le tissu tendu (ce qui m’a évité d’aller chercher des solutions bancales et surement pas mal d’itérations d’amateur DIY), mais j’ai aussi regardé ce qu’il faisait sous le tissu tendu, et sa technique d’absorption large bande m’a vraiment interpelé car je n’avais jamais osé mettre de l’absorption massive à l’arrière de la zone d’écoute. La raison principale de ma réticence à le faire était que mon RT60 était déjà stable autour de 0.23s et je craignais que rajouter de l’absorption massive sur toute la surface arrière, ne fasse s’écrouler le RT60 sous les 0.20s et n’étouffe trop la pièce (même si cette dernière est petite et donc pourrait, en théorie, supporter un RT60 aussi bas).

Mais comme j’avais maintenant vu la technique du bâti en bois pour pouvoir placer le tissu tendu, je me suis dit que je ne risquais rien à essayer l’absorption massive, puisque je pourrais toujours l’enlever avant de poser le tissu tendu et revenir à mon bazar hétéroclite qui ne marchait pas si mal, et le cacher de la même façon derrière le tissu au final. Et comme ThierryNK avait pas mal de restes d’isolation pour sa pièce qu’il m’a gentiment cédés à un prix d’ami (merci Thierry !), je n’avais donc plus qu’à me lancer dans les travaux !

Chose fût ainsi faite en Juin, donc juste avant que je ne parte en vacances cet été.

Avant de poser le tissu, j’ai donc, bien évidemment, effectué des mesures pendant 2 jours avec différentes versions de couches d’isolants. J’étais focalisé sur le RT60 et l’amplitude/fréquence en me disant que c’est là que j’avais le plus de risques de déviations pas forcément dans le bon sens. Et à ma grande surprise, l’écart sur le RT60 était minime (0.21s environ au lieu de 0.23s environ), et l’amplitude/fréquence montrait une très légère différence sur le pic à 85Hz sur la voie droite (défaut inhérent à la pièce), mais probablement plus du fait que j’avais pu déplacer mes basstraps accordés à 85Hz juste derrière les enceintes (vs le coin arrière droit où ils étaient les plus efficaces dans la précédente configuration) que parce que l’arrière de la pièce avait considérablement changé. Au global, et en lecture rapide du RT60 et de l’amplitude, difficile de dire qu’il y avait un progrès…

Après ces mesures a priori en demi-teinte (car mes mesures actuelles étaient déjà très bonnes sur tous les paramètres), je n'attendais pas grand chose à l'écoute, et c'est presque par fatigue (et quasiment désespoir de cause) que je me suis assis sur le fauteuil et ai commencé à mettre quelques morceaux au hasard dans mes multiples playlists. Et là, je suis resté collé au siège tellement le changement était significatif. Le progrès sur la lisibilité, l’articulation, la taille et la profondeur de l’image, étaient du même ordre que ceux induits par la mise en place des basstraps à membrane. En fait, en fermant les yeux, on se retrouve comme dans une sorte de bulle qui englobe toute la pièce et qui fait oublier ses dimensions réelles.
Je savais que mon mur arrière était problématique avec sa structure en pierre de Paris de 45cm d'épaisseur, et comme indiqué, j’avais déjà essayé des tas d'options pour atténuer le retour, mais je n'imaginais pas qu’une absorption large spectre sur quasiment toute la surface allait produire un tel résultat, ni que ce problème était aussi handicapant car je trouvais que ça marchait déjà pas trop mal quand même…
Bref, une fois de plus, j’ai pu constater à que point l’impact de l’acoustique est colossal et relativise tous les autres petits changements que l’on cherche ailleurs. Certes ces autres changements ne sont pas inutiles, mais pour faire de vrais progrès significatifs et irréversibles, c’est dans le traitement acoustique qu’il faut investir sans aucun doute !

Alors, je me suis quand même demandé comment se faisait-il que je n’ai pas vu d’amélioration évidente sur les mesures car l’écart à l’écoute ne laissait aucun doute sur un changement majeur. J’ai donc pris le temps de regarder d’un peu plus près les mesures en comparant attentivement avant/après l’ensemble des paramètres, et je me suis rendu compte que si le RT60 et l’amplitude lavaient relativement peu évolué (en tous cas en rien qui puisse expliquer un tel écart à l’écoute), il n’en était pas du tout de même sur le decay et le spectro, et en particulier dans la zone critique 80Hz-200Hz où l’amortissement est revenu au même niveau que celui des fréquences supérieures (soit plus de 5dB en dessous) et plus globalement sur l’ensemble du spectre l’amortissement est plus régulier.
Bref, ceci confirme ce que j’avais déjà constaté avec les basstraps à membrane, puis, de même, avec le fonctionnement cardïoide des Kii, toute amélioration du decay/spectro, dans le grave (disons de 60 à 200Hz) est très audible et très efficace pour la lisibilité/intelligibilité, la dynamique et la transparence du système.

Je ne peux donc, une fois de plus, qu’encourager ceux qui en ont la possibilité de s’intéresser au sujet de l’acoustique de leur pièce d’écoute car dans ce domaine, la moindre amélioration même mineure est immédiatement audible et représente un progrès inatteignable par n’importe quel autre changement, et cela fait partie des améliorations où il n’y a pas de retour en arrière possible quand on y a goûté…

En résumé, je ne peux que confirmer la qualité exceptionnelle de ces enceintes Kii+BXT (en fait de ce système car elles incluent le DAC et l’ampli).
Les multiples réglages dont elles disposent permettent de les intégrer plus facilement que la plupart des enceintes dans n’importe quel local, et si on se donne la peine de leur donner un environnement acoustique correct et que la source (streamer + réseau) est « propre », le résultat est à la hauteur des meilleurs systèmes que j’ai pu écouter à ce jour.

A vrai dire, je pense que ce système est, à ce jour, dans le top 3 ou 4 des meilleures écoutes que j’ai pu faire tous systèmes confondus. La qualité du grave en particulier est exceptionnelle, du fait de l’adaptabilité au local, mais aussi de l’extension jusqu’à 20Hz jusqu’à des niveaux sonores bien au delà du supportable, ce qui permet une dynamique et des transitoires incroyables. A vrai dire, je n’ai pas encore entendu mieux dans ce registre en termes d’articulation, extension, définition, clarté, impact et dynamique.
Ce système peut jouer magnifiquement tous les styles de musique (electro ou musique de chambre, pour donner 2 extrêmes) à niveau « réaliste » et sans distorsion. Sa cohérence et transparence lui permettent de rester fidèle à ce qui est enregistré, tout en n’oubliant pas de transmettre l’émotion suscitée par la musique, contrairement aux a priori qu’on peut avoir sur une solution aussi technologique que celle mise en oeuvre sur ces enceintes.

Il est d’ailleurs facile de passer à côté lors d’une démo, ou d’une écoute rapide, pour peu que les conditions ne soient pas idéales. Ma récente écoute des Wilson Audio Sasha avec 200 000€ de matériel en amont dans un auditorium parisien ne faisant que confirmer à quel point le meilleur matériel sur le papier peut se révéler (très) décevant si les conditions d’écoute ne sont pas suffisamment soignées.

Et tout compte, ma petite mésaventure avec les vis desserrées à l’arrière des Kii montre bien que le moindre détail peut faire passer le rendu d’exceptionnel à ordinaire.
On se dit alors qu’investir 31600€ dans un système où aucune évolution ne sera possible sauf à tout changer, pour avoir un résultat peu convaincant finalement, ne vaut pas la peine. Pourtant, bien mis en oeuvre, y compris dans une petite pièce, je ne vois pas ce qui, à ce prix (et voire bien au dessus), peut s’approcher de ce niveau de performance globale !



Mais comme j’aime bien les challenges,  et qu’il faut bien se l'avouer, je suis indéniablement un audiophile pathologique irrécupérable, et que j’ai maintenant du temps à la retraite, j’ai déjà commencé à réfléchir à ce que pourrait bien être l’étape d’après… toujours dans cette pièce difficile mais maintenant pas mal traitée acoustiquement avec mon nouvel arrière :-)

J’ai donc un petit cahier des charges:

• les enceintes devront être compatibles avec un Room Gain significatif (les Kii résolvant le problème avec un réglage simple du niveau), mais je ne veux pas de biblios car je veux quand même une extension dans le grave réelle, et je ne suis pas fan des caissons (même si on me répète sans cesse que plusieurs caissons c’est la solution dans une pièce où le régime modal est important). Et après le grave des Kii, les biblios ne peuvent de toutes façons pas tenir la route.
  
• J’adore les Vivid Audio, les Giya en particulier, mais le niveau produit dans le grave est trop élevé pour ma pièce. Les Giya G3 marchaient bien sans correction numérique uniquement avec les Ypsilon Aelius qui plongent de 2dB en dessous de 40Hz, mais avec un ampli à transistors qui tient le 20Hz au même niveau (comme mon Devialet précédemment), ma pièce ne le supportait pas sans correction numérique.
  
• Et je cherche aussi un médium/aigu tout en finesse, définition et transparence, qui devra faire mieux que les Giya et les Kii (ce qui n’est pas gagné d’avance). 
  
• Et des mesures de dispersion et cohérence spectrale qui soient correctes car sinon la pièce, qui est correctement traitée, induira un champ diffus incohérent avec le champ direct.
  

J’ai commencé une petite short-list qui inclut pour l’instant les Wilson Audio Sabrina X (dont le niveau sous 40Hz semble réduit, même si la façon dont sont données les mesures est ambiguë sur ce qu’on a effectivement), et quelques modèles chez Magico qui sont des enceintes closes et donc ne descendent pas autant que les modèles bass reflex, et pourraient donc probablement s’intégrer plus facilement.
S’il y a d’autres suggestions, elles sont bien entendu les bienvenues

Pour finir ce long post, voici quelques photos de l’historique de l’arrière de ma pièce, et des travaux réalisés en Juin dernier comme indiqué plus haut.


2016 v1 et v2



2017 v1 et v2



2018 v1 à v4





2019-2020



2021 v1



2021v2-2023



Et voici les travaux de Juin 23:




Et la pièce telle qu’elle est aujourd’hui.