Février 2020: Nouvelle version plus complète ici: http://forum-hifi.fr/thread-14665.html
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Bonjour à tous,
Parallèlement aux différents posts et tutoriels sur le sujet de la correction numérique et l’utilisation des mesures acoustiques pour essayer d’en améliorer l’utilisation et la performance, ça fait un petit moment que je m’interroge sur la correction passive et la visualisation, sinon la mesure, de son efficacité.
Certes, comme pour tout le reste dans le domaine de l’« audiophilie », on peut se dire qu’il suffit d’utiliser ses oreilles et de suivre les recommandations des experts, mais les améliorations que j’ai pu obtenir en essayant de comprendre ce qu’il se passait avec la correction numérique m’ont incité à poursuivre mes investigations dans le domaine.
En préambule, je tiens à préciser que mon approche du sujet n’est ni exhaustive, ni scientifique, mais juste pragmatique. Mon objectif n’était pas de tout comprendre, ou expliquer, d’un point de vue théorique, mais juste de définir une « méthode » me permettant d’orienter les choix d’amélioration du système qui soit la plus « objective » possible. L’écoute peut être considérée comme objective (même si la subjectivité est souvent ultra présente) mais, pour ce qui me concerne, le plus souvent, je ne sais malheureusement pas déduire d’une écoute l’action corrective qui serait nécessaire.
Enfin, je m’excuse par avance auprès de ceux qui connaissent déjà tout cela et qui identifieront sans mal, les raccourcis et autres simplifications abusives auxquelles je me suis livré. J’espère aussi que cela leur donnera envie d’apporter des éclairages complémentaires sur ce sujet, somme toute, assez complexe et qui reste finalement très subjectif.
J’ai donc cherché, comme je l’avais fait précédemment, et de façon similaire, avec la correction numérique, des réponses aux questions suivantes :
Je n’avais pas non plus envie de suivre aveuglément les conseils de tel ou tel expert, car j’aime bien comprendre ce que je fais et pourquoi je le fais, d’autant plus qu’il s’agit souvent d’investir un peu d’argent pour tester tel ou tel appareil ou « gadget » et que l’immensité de l’offre étant ce qu’elle est, il est facile d’y perdre son temps et son argent.
Par ailleurs, même s’il est, hélas, aujourd’hui banni de ce forum, notre ami Maxitonus, avait exprimé des convictions assez affirmées sur la nécessité d’avoir une phase des enceintes linéaire, et de réduire au maximum l’impact des réflexions. Le premier sujet sur la phase ayant été largement traité dans le cadre des posts sur la correction numérique, restait le sujet des réflexions. Leur gestion, par un traitement passif, me paraissant, pour les amateurs que nous sommes, quand même relever un peu du domaine de la recette de cuisine (les professionnels ont surement une approche plus méthodique), il m’a paru intéressant d’y passer un peu de temps d’analyse afin d’essayer d’en comprendre, un minimum, la mécanique de base.
Je ne prétends pas que les informations ci-après ne comportent pas nombre d’erreurs et d’approximations car c’est juste ma synthèse personnelle de ce que j’ai compris du sujet, et les conclusions que j’en ai tirées pour mon propre système hifi. Le but est de donner un modeste éclairage sur le sujet qui sera peut-être utile à ceux qui s’interrogent sur comment améliorer leur système, et si cela peut alimenter un débat constructif, nous pourrons progresser ainsi tous ensemble
Une analogie qui peut être utile :
Une des difficultés que j’ai rencontrée en essayant de comprendre ce qu’étaient ces fameuses réflexions dont parlent sans arrêt tous les articles consacrés à l’acoustique dans une pièce « normale », a été de visualiser la problématique à résoudre. C’est peut-être évident pour la plupart des audiophiles mais pour moi, les ondes acoustiques qui se promènent dans une pièce, et viennent perturber l’image stéréo et les timbres des instruments de musique, étaient quelque chose que je n’arrivais pas à me représenter de façon concrète et matérielle, et du coup, en corriger l’influence me paraissait relever d’une science abstraite impliquant un passage inévitable à une représentation mathématique.
Mais à force de lire des articles de tous ordres (allant des imbéciles basiques, aux scientifiques incompréhensibles, en passant par les plaidoiries marketing des divers marchands), j’ai fini par me dire que pour y voir quelque chose, une analogie avec la lumière pourrait surement éclairer le sujet
Voici donc mon « interprétation » des choses :
Imaginons donc nous assis sur notre fauteuil dans notre pièce d’écoute, et au lieu d’écouter de la musique, nous regardons une source lumineuse (une ampoule halogène par exemple) de lumière blanche (donc contenant, de façon homogène, l’ensemble du spectre des fréquences/couleurs visibles allant du rouge au violet) qui serait parfaitement centrée entre les 2 enceintes.
Si les murs, le sol et le plafond sont gris et neutres, on va percevoir parfaitement, et nettement, les contours de la lampe et la couleur blanche de la lumière, mais, si maintenant on fait l’hypothèse que les murs, le sol et le plafond sont des miroirs, on va avoir plusieurs phénomènes qui vont compliquer la vue de cette source de lumière.
Tout d’abord, la luminosité moyenne perçue va monter car les miroirs vont renvoyer la lumière dans toutes les directions et « amplifier » le signal d’origine, alors que des murs gris et neutres absorbent et donc atténuent l’énergie lumineuse qui arrive à nos yeux.
D’autre part, on va voir dans les miroirs de multiples lampes identiques à la source d’origine qui vont perturber notre perception de la lampe originelle. On peut même être dans une situation où notre cerveau ne sait plus bien quelle est la vraie source de lumière et donc quelle est sa localisation exacte.
Par ailleurs, si les miroirs ne sont pas parfaits, s’ils sont colorés par exemple, voire pas tous de la même couleur, la perception par notre cerveau de l’ambiance lumineuse peut être très différente de la simple source de lumière blanche au milieu de murs gris et uniformes. On peut très bien baigner dans une lumière diffuse colorée avec en apparence diverses sources de couleurs différentes, et même de forme différentes (si le miroir est déformant), éparpillées dans la pièce autour de nous.
Ca ne signifie pas forcément que c’est désagréable à l’oeil, mais ça n’est surement pas une représentation fidèle à l’original.
Ça c’est pour une source lumineuse blanche, dont on pourrait par analogie (si c’était juste un flash instantané) dire que l’équivalent « sonore » est une impulsion unique dont le spectre de fréquences serait homogène sur 20-20000Hz. Dans ce cas, la musique serait l’équivalent, par exemple, d’un feu d’artifice, qui dans une pièce avec les mêmes miroirs que ci-dessus, serait surement plus spectaculaire que simplement vu en plein air, mais ce serait surement moins réaliste aussi…
Cette analogie est moins stupide qu’elle n’y parait car en pratique, les murs, le sol et le plafond, se comportent comme des miroirs imparfaits pour le son. Suivant leur composition (placoplâtre, brique, béton, mousse, etc…) ils vont réfléchir, absorber ou diffuser (déformer) tout comme des miroirs le font avec la lumière.
Donc si on reprend notre analogie lumineuse, si je ne veux voir que la lampe d’origine, j’ai l’option d’avoir des murs/sol/plafond gris neutre et une ambiance monacale, voire des murs/sol/plafond totalement noirs et une ambiance inquiétante (soit en équivalent sonore, une chambre anéchoïque), mais j’ai aussi l’option de traiter uniquement les zones qui sont dans mon champ de vision direct. En supprimant les miroirs en quelques endroits stratégiques, je peux avoir une bonne vue sur la source d’origine uniquement, tout en gardant une ambiance lumineuse moyenne acceptable.
Et si l’ambiance générale reste colorée, soit parce que la lampe n’est pas parfaitement blanche, soit parce que les miroirs restants sont, eux-mêmes, colorés, j’ai peut-être l’option de régler la température de couleur de la lampe, ou si je veux juste faire une photo ou un film, de régler la balance des blancs sur l’appareil photo/video et rétablir l’équilibre « blanc » désiré.
Avec cette même analogie on pourrait dire que la correction numérique a pour principal objectif de faire la correction de température de couleur ou de balance des blancs, et la correction passive a pour principal objectif de réduire l’effet des miroirs, mais, bien sûr, pour le son qui parvient à nos oreilles.
[Note: Et si on voulait prolonger l’analogie, on pourrait aussi remplacer la source lumineuse entre les enceintes par une image 3D de cette source lumineuse projetée entre les 2 enceintes. Dans ce cas, (qui est similaire à celui de la musique reproduite (image 3D de la lampe) vs la musique live (vraie lampe)), la correction numérique interviendrait également pour régler les problèmes éventuels de phase entre l’image arrivant à l’oeil droit vs celle arrivant à l’oeil gauche, et qui empêchent la récréation d’une image 3D stable et crédible.]
Au fond, la vraie difficulté c’est que si l’oeil est, à peu près, capable de savoir si la balance des blancs parait correcte, et si l’image de la lampe comporte des images fantômes qu’il faut éliminer, l’oreille de l’individu moyen (la mienne ici) ne sait pas bien faire la même chose !
En pratique, on se retrouve donc dans une pièce avec un système qui produit de la musique, mais de la musique qui se multiplie et se déforme sur les miroirs alentours, avec des effets bénéfiques (augmentation du niveau moyen, et impression d’espace plus grand/plus lumineux) mais surtout des effets néfastes (imprécision de l’image, colorations diverses, images fantômes, etc…).
Fort heureusement, notre oreille a l’habitude de ces réflexions multiples et notre cerveau taille dans le tas pour éliminer l’inutile, mais on sent bien, intuitivement, que plus on va pouvoir l’aider à cette tâche de tri, meilleure sera l’illusion de vérité de la musique reproduite !
On se rend compte aussi que même si le système est parfait (lumière parfaitement blanche à l’origine), suivant le lieu, la perception que l’on va en avoir pourra varier considérablement. De même, on comprend que si le système n’est pas parfait (lumière colorée à l’origine), la probabilité que le lieu améliore la situation relèvera du pur hasard statistique improbable !
Quels critères objectifs peut-on utiliser ?
Après cette longue digression, dont l’objectif était de poser le problème auquel nous sommes confrontés, on peut se dire que tout cela est bien joli, mais comme on n’a pas les « yeux » pour voir tout cela et que l’oreille est faillible comment peut-on faire pour savoir quoi améliorer, comment l’améliorer et comment visualiser objectivement cette amélioration ?
La littérature, et aujourd’hui internet, regorgent de solutions et de recettes de cuisine. Le placement correct des enceintes fait partie de celles là, et c’est la toute première chose à faire bien entendu. Je ne vais pas revenir sur ce sujet car il est déjà largement couvert par de nombreux posts et avec l’aide des tutoriels sur les mesures ailleurs sur ce forum, les outils existent pour que chacun puisse trouver son propre placement optimum dans son propre environnement.
Le sujet qui m’intéresse ici, est celui des réflexions sur les murs/miroirs et leur influence sur notre perception auditive.
L’analogie que j’ai utilisée ci-dessus semble indiquer qu’on aurait intérêt à réduire au maximum les réflexions primaires, pourtant lorsqu’on lit ce qu’il se dit sur le sujet, on tombe rapidement sur l’effet Haas ou effet de précédence, qui pose, à mon avis, et au moins en apparence, un paradoxe.
L’effet Haas est un phénomène démontré, par un scientifique Allemand, Helmut Haas, au début des années 50, qui dit (très schématiquement) que lorsque plusieurs sons identiques arrivent successivement à l’oreille, ils sont perçus comme un son unique provenant de l’endroit où a été émis le tout premier son arrivé aux oreilles, du moment que l’écart temporel entre le premier son et le dernier reste inférieur à 30 ou 40ms environ.
Dans le cas qui nous occupe, la hifi domestique, cet effet Haas devrait donc être une super aubaine ! En effet, le son émis directement par les enceintes est le premier à arriver, donc, selon Haas, il détermine de façon unique la localisation du son comme provenant des enceintes (ce que l’on souhaite pour avoir une bonne image stéréo 3D), et les réflexions sur les murs arrivant dans les 20ms secondes qui suivent (3ms = 1mètre, donc même dans une pièce qui ferait 5m sur 6m, le délai supplémentaire dû au trajet enceinte-mur-oreille vs enceinte-oreille, ne peut dépasser 10 à 15ms maxi), elles ne devraient donc pas gêner la construction de l’image stéréo !
Pourtant la littérature préconise de réduire les premières réflexions autant que possible, et c’est aussi ce que GIK m’a proposé lorsque je leur ai demandé un devis, et cela a apporté une amélioration indéniable sur mon système. J’ai donc buté sur ce « paradoxe » apparent pendant un bon moment, jusqu’à ce que je tombe sur un article qui résume assez bien le problème. Bear a, d’ailleurs, et indépendamment de ma propre « enquête », également posté très récemment cet article sur un des fils. On peut le retrouver là: http://www.embedded.com/print/4015907
Ce que dit cet article peut être résumé en disant que ce que l’on cherche à reproduire c’est l’ambiance de la salle où a été enregistré la musique. Cette salle a ses propres caractéristiques avec ses réflexions primaires et sa réverbération (réflexions tardives) qui suit, qui ont été enregistrées et qui vont être reproduites par le système.
Mais, la pièce, dans laquelle on écoute sa musique, a aussi ses propres caractéristiques, qui viennent interférer avec celles de la salle d’origine qui vont être reproduites par le système hifi. Comme généralement la pièce d’écoute est de dimensions inférieures à celle où a eu lieu l’enregistrement, les premières réflexions produites par la pièce d’écoute vont arriver à nos oreilles avant celles qui sont sur l’enregistrement ! Et donc, du fait de l’effet Haas, ce sont celles de la salle d’écoute qui vont devenir la référence et non pas celles de l’enregistrement. Au final, on écoute donc plus sa propre pièce que celle du lieu de l’enregistrement !
Dans ces conditions, on comprend mieux l’intérêt de diminuer au maximum les premières réflexions de la pièce d’écoute. Idéalement, il faudrait qu’elles arrivent après celles qui sont sur l’enregistrement, et à vrai dire, c’est quand même plus simple de faire en sorte qu’elles n’arrivent pas du tout, ou bien à un niveau tel qu’il n’est pas audible (ou gênant). Et on comprend aussi pourquoi les petites pièces sont désavantagées car les murs étant proches, les réflexions vont arriver très vite après le signal originel !
Mais, comme on ne veut pas non plus d’une chambre anéchoïque car l’oreille a besoin d’un minimum de réflexions diffuses pour garder une crédibilité aux sons et musiques reproduits, on doit trouver un équilibre entre la diminution des réflexions primaires et le maintien d’un minimum de réverbération (réflexions tardives) pour garder une pièce vivante.
L’article en question donne un graphe qui va nous être utile pour définir quels critères « objectifs » viser.
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Si l’on prend ce graphe en référence, on pourrait donc se fixer comme objectif d’avoir un niveau de réflexions 15dB en dessous du signal émis pendant les premières 20ms et une décroissance de 20dB supplémentaires sur les 40ms qui suivent.
D’autres articles sur le même sujet indiquent ces niveaux comme étant un minimum, et il semble que 20dB en dessous du signal émis pour les premières 20ms puisse être une bonne cible qui reste encore atteignable sans moyens démesurés.
En complément de ce paramètre de « niveau sonore », et toujours avec l’idée d’éviter que l’oreille puisse reconnaître la signature sonore de la pièce d’écoute, on peut se dire que ce serait bien qu’on ne puisse pas reconnaitre le signal originel lorsqu’il est renvoyé par le murs. En d’autres termes, et pour reprendre l’analogie visuelle, l’image de la lampe dans le miroir peut encore être agaçante même si son intensité est atténuée, et ça ne serait pas une mauvaise idée que de la brouiller / rendre floue. Ainsi, on remplacerait une « image fantôme » par un signal qui deviendrait un « bruit » aléatoire et qui passerait ainsi plus facilement inaperçu.
Avec un miroir et de la lumière, on conçoit bien qu’il suffirait de dépolir le miroir pour que l’image soit brouillée, mais avec un mur et pour du son, on va devoir utiliser un diffuseur.
On retrouve donc la logique bien connue du traitement passif: de l’absorption (pour abaisser le niveau), et de la diffusion (pour flouter le signal).
En complément de ces paramètres, on peut y ajouter le classique RT60 qui mesure le temps nécessaire pour que le niveau de réverbération chute de 60dB.
Celui-ci mesure en fait la pente de la courbe ci-dessus en partant du niveau du signal originel émis.
Enfin, jusqu’ici on a parlé en niveau (dB), donc en quelque sorte du niveau d’énergie sonore et de son évolution dans le temps, mais ce n’est pas le seul paramètre important. En effet, ce niveau d’énergie ne dit rien sur le contenu fréquentiel de cette énergie. En d’autres termes, et pour reprendre l’analogie avec la lumière, si on veut que la lumière (celle reflétée dans les miroirs) s’atténue rapidement, on veut aussi qu’elle reste blanche, ce qui demande à ce que toutes les fréquences soient atténuées de la même façon. En effet, si le rouge est absorbé plus rapidement, on va avoir une lumière qui va tirer sur le vert au lieu de rester blanche. C’est pareil avec le son, si on absorbe plus les fréquences aigües que les médiums, on va décaler le son global vers un rendu plus mat.
On va donc vouloir avoir un RT60 plutôt bas (entre 0.2s et 0.4s pour que le niveau moyen baisse rapidement), mais aussi stable en fonction de la fréquence afin que l’atténuation soit uniforme et n’induise pas de coloration indésirable.
Donc si je résume les paramètres et objectifs qu’on peut essayer d’atteindre on a :
Cette formule plaide aussi pour voir une pièce assez grande… Dans mon sous-sol le volume étant de 46m3, on obtient un RT60 cible de 0.19s, ce qui est très bas quand même… Et les pièces qui font 30m3, on une cible théorique à 0.16s… Bref, dans un monde idéal, il est préférable d’avoir une grande pièce…
Le schéma ci-dessous précise un peu plus les objectifs de RT60. Il indique qu’au delà de 4000Hz, on peut tolérer un RT60 de 0.1s plus bas que la cible « optimum », et vers 60Hz, on peut accepter jusqu’à 0.3s plus haut.
Et pour ceux qui voudraient lire le document original d’où vient ce graphe, (document plutôt intéressant d’ailleurs), on le trouve là: https://tech.ebu.ch/docs/tech/tech3276.pdf
Comment atteindre les objectifs et comment mesurer la performance obtenue ?
Donc maintenant que nous avons défini ce qu’on voulait atteindre, la question devient comment l’atteindre, et comment mesurer qu’on l’atteint effectivement avec les moyens à notre disposition.
Si on regarde l’offre disponible pour absorber et diffuser les réflexions, on est rapidement pris de vertige car on trouve de tout à tous les prix. Et comme c’est souvent, encombrant et peu élégant, on trouve aussi quelques produits « miracles » qui absorbent et/ou diffusent alors qu’ils ont des épaisseurs infimes (je pense à la gamme PYT par exemple) et sont donc intégrables « facilement » dans un salon normal.
De même, qu’en est-il des moyens plus traditionnels comme moquette, tapis, rideaux et autres meubles normaux que l’on trouve chez soi ?
Pour équiper mon sous-sol, et en l’absence de réflexion (intellectuelle celle-ci) préalable, j’ai fait confiance à GIK et ai suivi leurs recommandations. Les produits GIK ne sont pas très esthétiques (peu compatibles avec un salon) mais comme ma pièce est dédiée ce n’était pas vraiment un souci.
Néanmoins, ça m’intéressait de pouvoir évaluer l’efficacité de ces produits autrement que par l’écoute. Non pas que ce ne soit pas efficace car l’amélioration est indéniable, mais par curiosité et en me demandant si je les utilisais au mieux de leurs possibilités.
Enfin, il existe diverses recettes de produits DIY dont certains sont décrits sur ce forum, mais, là aussi, qu’en est-il de leur efficacité ?
Bref, les moyens étant disponibles et variés, reste le sujet de la mesure !
Avouez que ça fait une belle et longue introduction pour en arriver au sujet principal de ce post
Commençons par le plus facile, c’est à dire le RT60.
Avec une mesure REW, il suffit d’aller sur l’onglet RT60, de sélectionner Topt et de choisir les options d’affichage adéquates pour avoir quelque chose de lisible directement.
Voici par exemple ce que ça donne pour les mêmes enceintes (Giya) dans mon salon, puis dans le sous-sol sans traitement passif, puis dans le sous-sol avec le traitement proposé par GIK (essentiellement absorption dans les coins et aux premières réflexions).
On voit qu’un salon ordinaire a un RT60 qui peut être assez élevé, et que le traitement passif par absorption est très efficace pour obtenir un RT60 linéaire et dans la zone cible.
En dessous de 200Hz, le RT60 mesuré ici n’a pas de signification (on est dans la zone « modale » de la pièce, et donc la mesure n’est pas valide pour ce type de configuration).
Mais, un RT60 correct signifie simplement que le niveau de réverbération de la pièce est contrôlé et homogène, mais il ne dit pas grand chose sur les réflexions dans les « miroirs » !
Pour « voir » ce qu’il se passe avec les murs/miroirs, il faut utiliser le graphe ETC (Energy Time Curve). Comme indiqué précédemment, ce graphe (fourni automatiquement par REW) donne l’évolution temporelle de l’énergie dans la pièce. On n’a pas de visibilité directe sur le contenu frequentiel de cette énergie, mais on a une mesure de l’intensité globale et de son évolution dans le temps. L’analogie avec la lumière serait la mesure de l’affaiblissement d’un flash de lumière dans une pièce (comme la vitesse de la lumière est quand même un peu plus rapide que celle du son, la durée de l’affaiblissement lumineux est infinitésimale, mais le principe est le même).
L’intérêt de cette mesure est qu’on voit l’impulsion initiale au temps 0 qui monte à 0dB, puis on voit ce qu’il se passe dans les millisecondes qui suivent.
Dans une pièce anéchoique (sans réflexions), on aurait une décroissance rapide et aucun « rebond », mais dans une pièce normale, on va « voir » la quasi totalité des obstacles rencontrés dans la pièce.
Pour bien comprendre comment « lire » ce graphe, il faut avoir à l’esprit que le temps 0, c’est le moment où le micro reçoit le signal provenant des enceintes. Si ce micro est à 3m des enceintes (en position d’écoute), le signal a été émis 10ms plus tôt (soit le temps mis par le son pour parcourir les 3m de distance).
On voit donc sur le graphe au temps 0, un pic d’impulsion à 0db, suivi d’une décroissance rapide, puis des tas d’oscillations qui sont les bruits « parasites » émis en même temps que l’impulsion, puis les premières réflexions sur les obstacles divers (plafond, sol, murs, meubles, autres objets divers, etc…) qui arrivent au fur et à mesure sur le micro.
La première fois qu’on regarde un graphe ETC, on se dit qu’on ferait mieux d’aller écouter de la musique car ça parait franchement illisible et pas passionnant du tout. Exemple :
Néanmoins, pour ce qui nous occupe ici, ce graphe est très intéressant, surtout lorsqu’on s’intéresse aux premières 20ms et qu’on regarde ce qui dépasse les -15db ou -20dB d’atténuation.
Voici successivement ce qu’il se passe sur l’ETC dans mon sous-sol en fonction des différents aménagements.
1- Aucun traitement et placement des enceintes et de la position d’écoute initiaux.
2- Ajout du traitement passif GIK posé aux premières réflexions (mur gauche enceinte gauche, mur droit enceinte droite, sol (moquette), plafond (GIK))
3- Effet additionnel de la correction numérique (ici c’est Dirac, mais Trinnov ou Acourate font de même).
On voit que l’absorption aux premières réflexions est efficace, mais il reste des pics qui dépassent les -15dB dans la zone des 20ms. La correction numérique a un effet indéniable (je ne sais pas expliquer pourquoi, mais c’est visible et répétable et ça n’est donc pas un effet placebo ou une illusion).
Le pic existant à 0,9ms est dû au dossier du siège d’écoute qui renvoie le signal sur le micro (15cm dans un sens, + 15cm dans l’autre = 0,9ms). Sans le siège ce pic n’existe pas, et donc c’est bien le dossier. Il faudra que j’essaye d’écouter sur une chaise pour voir si c’est meilleur (mais bon je sais déjà que ce sera moins confortable ! ).
Enfin, le dernier pic ennuyeux aux environs de 9ms, soit 2,9m de distance supplémentaire vs le son direct, correspond à la réflexion de l’enceinte gauche sur le mur de droite (et réciproquement) qui n’était pas traitée. En déplaçant le GIK que j’avais à l’arrière de la salle sur cet emplacement latéral, on fait disparaitre ce pic (au détriment d’une petite remontée vers 7ms qui correspond à la réflexion à l’arrière de la pièce qui n’est plus traitée, car je n’avais pas assez de GIK pour en mettre partout).
Bref, tout cela pour dire qu’avec l’ETC, on peut « voir » où il faut traiter et on peut « voir » si le traitement appliqué marche.
Dans mon cas, j’ai identifié qu’il me fallait aussi traiter la réflexion primaire sur le mur latéral opposé à chaque enceinte. Le déplacement d’un GIK a cet endroit montre qu’on y arrive et que c’est bien là qu’est l’origine du problème, mais avant d’acheter un GIK supplémentaire, je vais essayer quelques options de diffusion (genre PYT ou autre) et je vous dirai si ça marche aussi bien que le prétendent les services marketing des divers fabricants
Conclusion:
En conclusion de ce très long post, je dirais que ceci montre qu’avec un peu de patience et de méthode, on peut mettre en place une correction passive plus ou moins élaborée, et en mesurer l’efficacité objective. Il apparait aussi que la correction active (Dirac, Trinnov ou Acourate) apporte une amélioration sur le paramètre de gestion globale des réflexions d’environ 3 à 5dB, ce qui est non négligeable.
De plus, et c’est le plus important, ces améliorations sont très audibles ! L’amélioration de l’image stéréo est évidente, mais surtout le système permet de se projeter plus facilement sur le lieu de l’enregistrement, grâce à la réduction de l’impact négatif de la pièce d’écoute.
Et pour ceux qui auront eu la patience de lire jusqu’ici, voici ce que donne une pièce plutôt grande, avec des murs en torchis et sans aucun autre traitement passif !
Et ce que donnent mes Dali Zensor 5 (bonnes petites enceintes colonne cela dit) dans une petite pièce non traitée (10-11m2, avec 2.5m de plafond). Inutile de dire que le handicap de la pièce s’entend bien dans ce cas, pourtant pas si rare que cela hélas…
[url=http://www.hostingpics.net/viewer.php?id=962295dali.jpg]
Amitiés.
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Bonjour à tous,
Parallèlement aux différents posts et tutoriels sur le sujet de la correction numérique et l’utilisation des mesures acoustiques pour essayer d’en améliorer l’utilisation et la performance, ça fait un petit moment que je m’interroge sur la correction passive et la visualisation, sinon la mesure, de son efficacité.
Certes, comme pour tout le reste dans le domaine de l’« audiophilie », on peut se dire qu’il suffit d’utiliser ses oreilles et de suivre les recommandations des experts, mais les améliorations que j’ai pu obtenir en essayant de comprendre ce qu’il se passait avec la correction numérique m’ont incité à poursuivre mes investigations dans le domaine.
En préambule, je tiens à préciser que mon approche du sujet n’est ni exhaustive, ni scientifique, mais juste pragmatique. Mon objectif n’était pas de tout comprendre, ou expliquer, d’un point de vue théorique, mais juste de définir une « méthode » me permettant d’orienter les choix d’amélioration du système qui soit la plus « objective » possible. L’écoute peut être considérée comme objective (même si la subjectivité est souvent ultra présente) mais, pour ce qui me concerne, le plus souvent, je ne sais malheureusement pas déduire d’une écoute l’action corrective qui serait nécessaire.
Enfin, je m’excuse par avance auprès de ceux qui connaissent déjà tout cela et qui identifieront sans mal, les raccourcis et autres simplifications abusives auxquelles je me suis livré. J’espère aussi que cela leur donnera envie d’apporter des éclairages complémentaires sur ce sujet, somme toute, assez complexe et qui reste finalement très subjectif.
J’ai donc cherché, comme je l’avais fait précédemment, et de façon similaire, avec la correction numérique, des réponses aux questions suivantes :
- quels paramètres pourraient mesurer objectivement ce que j’entendais ?
- quels objectifs réalistes pourrait-on fixer sur ces paramètres ?
- quels moyens pourraient être mis en oeuvre pour atteindre ces objectifs ?
- et incidemment, comment mesurer l’efficacité relative de ces moyens vs ce qu’on mesure, et surtout, vs ce qu’on entend ?
Je n’avais pas non plus envie de suivre aveuglément les conseils de tel ou tel expert, car j’aime bien comprendre ce que je fais et pourquoi je le fais, d’autant plus qu’il s’agit souvent d’investir un peu d’argent pour tester tel ou tel appareil ou « gadget » et que l’immensité de l’offre étant ce qu’elle est, il est facile d’y perdre son temps et son argent.
Par ailleurs, même s’il est, hélas, aujourd’hui banni de ce forum, notre ami Maxitonus, avait exprimé des convictions assez affirmées sur la nécessité d’avoir une phase des enceintes linéaire, et de réduire au maximum l’impact des réflexions. Le premier sujet sur la phase ayant été largement traité dans le cadre des posts sur la correction numérique, restait le sujet des réflexions. Leur gestion, par un traitement passif, me paraissant, pour les amateurs que nous sommes, quand même relever un peu du domaine de la recette de cuisine (les professionnels ont surement une approche plus méthodique), il m’a paru intéressant d’y passer un peu de temps d’analyse afin d’essayer d’en comprendre, un minimum, la mécanique de base.
Je ne prétends pas que les informations ci-après ne comportent pas nombre d’erreurs et d’approximations car c’est juste ma synthèse personnelle de ce que j’ai compris du sujet, et les conclusions que j’en ai tirées pour mon propre système hifi. Le but est de donner un modeste éclairage sur le sujet qui sera peut-être utile à ceux qui s’interrogent sur comment améliorer leur système, et si cela peut alimenter un débat constructif, nous pourrons progresser ainsi tous ensemble
Une analogie qui peut être utile :
Une des difficultés que j’ai rencontrée en essayant de comprendre ce qu’étaient ces fameuses réflexions dont parlent sans arrêt tous les articles consacrés à l’acoustique dans une pièce « normale », a été de visualiser la problématique à résoudre. C’est peut-être évident pour la plupart des audiophiles mais pour moi, les ondes acoustiques qui se promènent dans une pièce, et viennent perturber l’image stéréo et les timbres des instruments de musique, étaient quelque chose que je n’arrivais pas à me représenter de façon concrète et matérielle, et du coup, en corriger l’influence me paraissait relever d’une science abstraite impliquant un passage inévitable à une représentation mathématique.
Mais à force de lire des articles de tous ordres (allant des imbéciles basiques, aux scientifiques incompréhensibles, en passant par les plaidoiries marketing des divers marchands), j’ai fini par me dire que pour y voir quelque chose, une analogie avec la lumière pourrait surement éclairer le sujet
Voici donc mon « interprétation » des choses :
Imaginons donc nous assis sur notre fauteuil dans notre pièce d’écoute, et au lieu d’écouter de la musique, nous regardons une source lumineuse (une ampoule halogène par exemple) de lumière blanche (donc contenant, de façon homogène, l’ensemble du spectre des fréquences/couleurs visibles allant du rouge au violet) qui serait parfaitement centrée entre les 2 enceintes.
Si les murs, le sol et le plafond sont gris et neutres, on va percevoir parfaitement, et nettement, les contours de la lampe et la couleur blanche de la lumière, mais, si maintenant on fait l’hypothèse que les murs, le sol et le plafond sont des miroirs, on va avoir plusieurs phénomènes qui vont compliquer la vue de cette source de lumière.
Tout d’abord, la luminosité moyenne perçue va monter car les miroirs vont renvoyer la lumière dans toutes les directions et « amplifier » le signal d’origine, alors que des murs gris et neutres absorbent et donc atténuent l’énergie lumineuse qui arrive à nos yeux.
D’autre part, on va voir dans les miroirs de multiples lampes identiques à la source d’origine qui vont perturber notre perception de la lampe originelle. On peut même être dans une situation où notre cerveau ne sait plus bien quelle est la vraie source de lumière et donc quelle est sa localisation exacte.
Par ailleurs, si les miroirs ne sont pas parfaits, s’ils sont colorés par exemple, voire pas tous de la même couleur, la perception par notre cerveau de l’ambiance lumineuse peut être très différente de la simple source de lumière blanche au milieu de murs gris et uniformes. On peut très bien baigner dans une lumière diffuse colorée avec en apparence diverses sources de couleurs différentes, et même de forme différentes (si le miroir est déformant), éparpillées dans la pièce autour de nous.
Ca ne signifie pas forcément que c’est désagréable à l’oeil, mais ça n’est surement pas une représentation fidèle à l’original.
Ça c’est pour une source lumineuse blanche, dont on pourrait par analogie (si c’était juste un flash instantané) dire que l’équivalent « sonore » est une impulsion unique dont le spectre de fréquences serait homogène sur 20-20000Hz. Dans ce cas, la musique serait l’équivalent, par exemple, d’un feu d’artifice, qui dans une pièce avec les mêmes miroirs que ci-dessus, serait surement plus spectaculaire que simplement vu en plein air, mais ce serait surement moins réaliste aussi…
Cette analogie est moins stupide qu’elle n’y parait car en pratique, les murs, le sol et le plafond, se comportent comme des miroirs imparfaits pour le son. Suivant leur composition (placoplâtre, brique, béton, mousse, etc…) ils vont réfléchir, absorber ou diffuser (déformer) tout comme des miroirs le font avec la lumière.
Donc si on reprend notre analogie lumineuse, si je ne veux voir que la lampe d’origine, j’ai l’option d’avoir des murs/sol/plafond gris neutre et une ambiance monacale, voire des murs/sol/plafond totalement noirs et une ambiance inquiétante (soit en équivalent sonore, une chambre anéchoïque), mais j’ai aussi l’option de traiter uniquement les zones qui sont dans mon champ de vision direct. En supprimant les miroirs en quelques endroits stratégiques, je peux avoir une bonne vue sur la source d’origine uniquement, tout en gardant une ambiance lumineuse moyenne acceptable.
Et si l’ambiance générale reste colorée, soit parce que la lampe n’est pas parfaitement blanche, soit parce que les miroirs restants sont, eux-mêmes, colorés, j’ai peut-être l’option de régler la température de couleur de la lampe, ou si je veux juste faire une photo ou un film, de régler la balance des blancs sur l’appareil photo/video et rétablir l’équilibre « blanc » désiré.
Avec cette même analogie on pourrait dire que la correction numérique a pour principal objectif de faire la correction de température de couleur ou de balance des blancs, et la correction passive a pour principal objectif de réduire l’effet des miroirs, mais, bien sûr, pour le son qui parvient à nos oreilles.
[Note: Et si on voulait prolonger l’analogie, on pourrait aussi remplacer la source lumineuse entre les enceintes par une image 3D de cette source lumineuse projetée entre les 2 enceintes. Dans ce cas, (qui est similaire à celui de la musique reproduite (image 3D de la lampe) vs la musique live (vraie lampe)), la correction numérique interviendrait également pour régler les problèmes éventuels de phase entre l’image arrivant à l’oeil droit vs celle arrivant à l’oeil gauche, et qui empêchent la récréation d’une image 3D stable et crédible.]
Au fond, la vraie difficulté c’est que si l’oeil est, à peu près, capable de savoir si la balance des blancs parait correcte, et si l’image de la lampe comporte des images fantômes qu’il faut éliminer, l’oreille de l’individu moyen (la mienne ici) ne sait pas bien faire la même chose !
En pratique, on se retrouve donc dans une pièce avec un système qui produit de la musique, mais de la musique qui se multiplie et se déforme sur les miroirs alentours, avec des effets bénéfiques (augmentation du niveau moyen, et impression d’espace plus grand/plus lumineux) mais surtout des effets néfastes (imprécision de l’image, colorations diverses, images fantômes, etc…).
Fort heureusement, notre oreille a l’habitude de ces réflexions multiples et notre cerveau taille dans le tas pour éliminer l’inutile, mais on sent bien, intuitivement, que plus on va pouvoir l’aider à cette tâche de tri, meilleure sera l’illusion de vérité de la musique reproduite !
On se rend compte aussi que même si le système est parfait (lumière parfaitement blanche à l’origine), suivant le lieu, la perception que l’on va en avoir pourra varier considérablement. De même, on comprend que si le système n’est pas parfait (lumière colorée à l’origine), la probabilité que le lieu améliore la situation relèvera du pur hasard statistique improbable !
Quels critères objectifs peut-on utiliser ?
Après cette longue digression, dont l’objectif était de poser le problème auquel nous sommes confrontés, on peut se dire que tout cela est bien joli, mais comme on n’a pas les « yeux » pour voir tout cela et que l’oreille est faillible comment peut-on faire pour savoir quoi améliorer, comment l’améliorer et comment visualiser objectivement cette amélioration ?
La littérature, et aujourd’hui internet, regorgent de solutions et de recettes de cuisine. Le placement correct des enceintes fait partie de celles là, et c’est la toute première chose à faire bien entendu. Je ne vais pas revenir sur ce sujet car il est déjà largement couvert par de nombreux posts et avec l’aide des tutoriels sur les mesures ailleurs sur ce forum, les outils existent pour que chacun puisse trouver son propre placement optimum dans son propre environnement.
Le sujet qui m’intéresse ici, est celui des réflexions sur les murs/miroirs et leur influence sur notre perception auditive.
L’analogie que j’ai utilisée ci-dessus semble indiquer qu’on aurait intérêt à réduire au maximum les réflexions primaires, pourtant lorsqu’on lit ce qu’il se dit sur le sujet, on tombe rapidement sur l’effet Haas ou effet de précédence, qui pose, à mon avis, et au moins en apparence, un paradoxe.
L’effet Haas est un phénomène démontré, par un scientifique Allemand, Helmut Haas, au début des années 50, qui dit (très schématiquement) que lorsque plusieurs sons identiques arrivent successivement à l’oreille, ils sont perçus comme un son unique provenant de l’endroit où a été émis le tout premier son arrivé aux oreilles, du moment que l’écart temporel entre le premier son et le dernier reste inférieur à 30 ou 40ms environ.
Dans le cas qui nous occupe, la hifi domestique, cet effet Haas devrait donc être une super aubaine ! En effet, le son émis directement par les enceintes est le premier à arriver, donc, selon Haas, il détermine de façon unique la localisation du son comme provenant des enceintes (ce que l’on souhaite pour avoir une bonne image stéréo 3D), et les réflexions sur les murs arrivant dans les 20ms secondes qui suivent (3ms = 1mètre, donc même dans une pièce qui ferait 5m sur 6m, le délai supplémentaire dû au trajet enceinte-mur-oreille vs enceinte-oreille, ne peut dépasser 10 à 15ms maxi), elles ne devraient donc pas gêner la construction de l’image stéréo !
Pourtant la littérature préconise de réduire les premières réflexions autant que possible, et c’est aussi ce que GIK m’a proposé lorsque je leur ai demandé un devis, et cela a apporté une amélioration indéniable sur mon système. J’ai donc buté sur ce « paradoxe » apparent pendant un bon moment, jusqu’à ce que je tombe sur un article qui résume assez bien le problème. Bear a, d’ailleurs, et indépendamment de ma propre « enquête », également posté très récemment cet article sur un des fils. On peut le retrouver là: http://www.embedded.com/print/4015907
Ce que dit cet article peut être résumé en disant que ce que l’on cherche à reproduire c’est l’ambiance de la salle où a été enregistré la musique. Cette salle a ses propres caractéristiques avec ses réflexions primaires et sa réverbération (réflexions tardives) qui suit, qui ont été enregistrées et qui vont être reproduites par le système.
Mais, la pièce, dans laquelle on écoute sa musique, a aussi ses propres caractéristiques, qui viennent interférer avec celles de la salle d’origine qui vont être reproduites par le système hifi. Comme généralement la pièce d’écoute est de dimensions inférieures à celle où a eu lieu l’enregistrement, les premières réflexions produites par la pièce d’écoute vont arriver à nos oreilles avant celles qui sont sur l’enregistrement ! Et donc, du fait de l’effet Haas, ce sont celles de la salle d’écoute qui vont devenir la référence et non pas celles de l’enregistrement. Au final, on écoute donc plus sa propre pièce que celle du lieu de l’enregistrement !
Dans ces conditions, on comprend mieux l’intérêt de diminuer au maximum les premières réflexions de la pièce d’écoute. Idéalement, il faudrait qu’elles arrivent après celles qui sont sur l’enregistrement, et à vrai dire, c’est quand même plus simple de faire en sorte qu’elles n’arrivent pas du tout, ou bien à un niveau tel qu’il n’est pas audible (ou gênant). Et on comprend aussi pourquoi les petites pièces sont désavantagées car les murs étant proches, les réflexions vont arriver très vite après le signal originel !
Mais, comme on ne veut pas non plus d’une chambre anéchoïque car l’oreille a besoin d’un minimum de réflexions diffuses pour garder une crédibilité aux sons et musiques reproduits, on doit trouver un équilibre entre la diminution des réflexions primaires et le maintien d’un minimum de réverbération (réflexions tardives) pour garder une pièce vivante.
L’article en question donne un graphe qui va nous être utile pour définir quels critères « objectifs » viser.
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Si l’on prend ce graphe en référence, on pourrait donc se fixer comme objectif d’avoir un niveau de réflexions 15dB en dessous du signal émis pendant les premières 20ms et une décroissance de 20dB supplémentaires sur les 40ms qui suivent.
D’autres articles sur le même sujet indiquent ces niveaux comme étant un minimum, et il semble que 20dB en dessous du signal émis pour les premières 20ms puisse être une bonne cible qui reste encore atteignable sans moyens démesurés.
En complément de ce paramètre de « niveau sonore », et toujours avec l’idée d’éviter que l’oreille puisse reconnaître la signature sonore de la pièce d’écoute, on peut se dire que ce serait bien qu’on ne puisse pas reconnaitre le signal originel lorsqu’il est renvoyé par le murs. En d’autres termes, et pour reprendre l’analogie visuelle, l’image de la lampe dans le miroir peut encore être agaçante même si son intensité est atténuée, et ça ne serait pas une mauvaise idée que de la brouiller / rendre floue. Ainsi, on remplacerait une « image fantôme » par un signal qui deviendrait un « bruit » aléatoire et qui passerait ainsi plus facilement inaperçu.
Avec un miroir et de la lumière, on conçoit bien qu’il suffirait de dépolir le miroir pour que l’image soit brouillée, mais avec un mur et pour du son, on va devoir utiliser un diffuseur.
On retrouve donc la logique bien connue du traitement passif: de l’absorption (pour abaisser le niveau), et de la diffusion (pour flouter le signal).
En complément de ces paramètres, on peut y ajouter le classique RT60 qui mesure le temps nécessaire pour que le niveau de réverbération chute de 60dB.
Celui-ci mesure en fait la pente de la courbe ci-dessus en partant du niveau du signal originel émis.
Enfin, jusqu’ici on a parlé en niveau (dB), donc en quelque sorte du niveau d’énergie sonore et de son évolution dans le temps, mais ce n’est pas le seul paramètre important. En effet, ce niveau d’énergie ne dit rien sur le contenu fréquentiel de cette énergie. En d’autres termes, et pour reprendre l’analogie avec la lumière, si on veut que la lumière (celle reflétée dans les miroirs) s’atténue rapidement, on veut aussi qu’elle reste blanche, ce qui demande à ce que toutes les fréquences soient atténuées de la même façon. En effet, si le rouge est absorbé plus rapidement, on va avoir une lumière qui va tirer sur le vert au lieu de rester blanche. C’est pareil avec le son, si on absorbe plus les fréquences aigües que les médiums, on va décaler le son global vers un rendu plus mat.
On va donc vouloir avoir un RT60 plutôt bas (entre 0.2s et 0.4s pour que le niveau moyen baisse rapidement), mais aussi stable en fonction de la fréquence afin que l’atténuation soit uniforme et n’induise pas de coloration indésirable.
Donc si je résume les paramètres et objectifs qu’on peut essayer d’atteindre on a :
- Niveau des réflexions primaires (sur les premières 20ms) inférieur d’au moins 15dB (si possible 20dB) vs le signal initial.
- Niveau des réflexions secondaires décroissant de 20dB supplémentaires sur les 40ms suivantes.
- Pas d’image fantôme du signal émis visible sur au moins les premières 20ms.
- RT60 compris entre 0.2s et 0.4s, et stable (variation maximum de +/-0,05s) entre 200Hz et 8000Hz.
Cette formule plaide aussi pour voir une pièce assez grande… Dans mon sous-sol le volume étant de 46m3, on obtient un RT60 cible de 0.19s, ce qui est très bas quand même… Et les pièces qui font 30m3, on une cible théorique à 0.16s… Bref, dans un monde idéal, il est préférable d’avoir une grande pièce…
Le schéma ci-dessous précise un peu plus les objectifs de RT60. Il indique qu’au delà de 4000Hz, on peut tolérer un RT60 de 0.1s plus bas que la cible « optimum », et vers 60Hz, on peut accepter jusqu’à 0.3s plus haut.
Et pour ceux qui voudraient lire le document original d’où vient ce graphe, (document plutôt intéressant d’ailleurs), on le trouve là: https://tech.ebu.ch/docs/tech/tech3276.pdf
Comment atteindre les objectifs et comment mesurer la performance obtenue ?
Donc maintenant que nous avons défini ce qu’on voulait atteindre, la question devient comment l’atteindre, et comment mesurer qu’on l’atteint effectivement avec les moyens à notre disposition.
Si on regarde l’offre disponible pour absorber et diffuser les réflexions, on est rapidement pris de vertige car on trouve de tout à tous les prix. Et comme c’est souvent, encombrant et peu élégant, on trouve aussi quelques produits « miracles » qui absorbent et/ou diffusent alors qu’ils ont des épaisseurs infimes (je pense à la gamme PYT par exemple) et sont donc intégrables « facilement » dans un salon normal.
De même, qu’en est-il des moyens plus traditionnels comme moquette, tapis, rideaux et autres meubles normaux que l’on trouve chez soi ?
Pour équiper mon sous-sol, et en l’absence de réflexion (intellectuelle celle-ci) préalable, j’ai fait confiance à GIK et ai suivi leurs recommandations. Les produits GIK ne sont pas très esthétiques (peu compatibles avec un salon) mais comme ma pièce est dédiée ce n’était pas vraiment un souci.
Néanmoins, ça m’intéressait de pouvoir évaluer l’efficacité de ces produits autrement que par l’écoute. Non pas que ce ne soit pas efficace car l’amélioration est indéniable, mais par curiosité et en me demandant si je les utilisais au mieux de leurs possibilités.
Enfin, il existe diverses recettes de produits DIY dont certains sont décrits sur ce forum, mais, là aussi, qu’en est-il de leur efficacité ?
Bref, les moyens étant disponibles et variés, reste le sujet de la mesure !
Avouez que ça fait une belle et longue introduction pour en arriver au sujet principal de ce post
Commençons par le plus facile, c’est à dire le RT60.
Avec une mesure REW, il suffit d’aller sur l’onglet RT60, de sélectionner Topt et de choisir les options d’affichage adéquates pour avoir quelque chose de lisible directement.
Voici par exemple ce que ça donne pour les mêmes enceintes (Giya) dans mon salon, puis dans le sous-sol sans traitement passif, puis dans le sous-sol avec le traitement proposé par GIK (essentiellement absorption dans les coins et aux premières réflexions).
On voit qu’un salon ordinaire a un RT60 qui peut être assez élevé, et que le traitement passif par absorption est très efficace pour obtenir un RT60 linéaire et dans la zone cible.
En dessous de 200Hz, le RT60 mesuré ici n’a pas de signification (on est dans la zone « modale » de la pièce, et donc la mesure n’est pas valide pour ce type de configuration).
Mais, un RT60 correct signifie simplement que le niveau de réverbération de la pièce est contrôlé et homogène, mais il ne dit pas grand chose sur les réflexions dans les « miroirs » !
Pour « voir » ce qu’il se passe avec les murs/miroirs, il faut utiliser le graphe ETC (Energy Time Curve). Comme indiqué précédemment, ce graphe (fourni automatiquement par REW) donne l’évolution temporelle de l’énergie dans la pièce. On n’a pas de visibilité directe sur le contenu frequentiel de cette énergie, mais on a une mesure de l’intensité globale et de son évolution dans le temps. L’analogie avec la lumière serait la mesure de l’affaiblissement d’un flash de lumière dans une pièce (comme la vitesse de la lumière est quand même un peu plus rapide que celle du son, la durée de l’affaiblissement lumineux est infinitésimale, mais le principe est le même).
L’intérêt de cette mesure est qu’on voit l’impulsion initiale au temps 0 qui monte à 0dB, puis on voit ce qu’il se passe dans les millisecondes qui suivent.
Dans une pièce anéchoique (sans réflexions), on aurait une décroissance rapide et aucun « rebond », mais dans une pièce normale, on va « voir » la quasi totalité des obstacles rencontrés dans la pièce.
Pour bien comprendre comment « lire » ce graphe, il faut avoir à l’esprit que le temps 0, c’est le moment où le micro reçoit le signal provenant des enceintes. Si ce micro est à 3m des enceintes (en position d’écoute), le signal a été émis 10ms plus tôt (soit le temps mis par le son pour parcourir les 3m de distance).
On voit donc sur le graphe au temps 0, un pic d’impulsion à 0db, suivi d’une décroissance rapide, puis des tas d’oscillations qui sont les bruits « parasites » émis en même temps que l’impulsion, puis les premières réflexions sur les obstacles divers (plafond, sol, murs, meubles, autres objets divers, etc…) qui arrivent au fur et à mesure sur le micro.
La première fois qu’on regarde un graphe ETC, on se dit qu’on ferait mieux d’aller écouter de la musique car ça parait franchement illisible et pas passionnant du tout. Exemple :
Néanmoins, pour ce qui nous occupe ici, ce graphe est très intéressant, surtout lorsqu’on s’intéresse aux premières 20ms et qu’on regarde ce qui dépasse les -15db ou -20dB d’atténuation.
Voici successivement ce qu’il se passe sur l’ETC dans mon sous-sol en fonction des différents aménagements.
1- Aucun traitement et placement des enceintes et de la position d’écoute initiaux.
2- Ajout du traitement passif GIK posé aux premières réflexions (mur gauche enceinte gauche, mur droit enceinte droite, sol (moquette), plafond (GIK))
3- Effet additionnel de la correction numérique (ici c’est Dirac, mais Trinnov ou Acourate font de même).
On voit que l’absorption aux premières réflexions est efficace, mais il reste des pics qui dépassent les -15dB dans la zone des 20ms. La correction numérique a un effet indéniable (je ne sais pas expliquer pourquoi, mais c’est visible et répétable et ça n’est donc pas un effet placebo ou une illusion).
Le pic existant à 0,9ms est dû au dossier du siège d’écoute qui renvoie le signal sur le micro (15cm dans un sens, + 15cm dans l’autre = 0,9ms). Sans le siège ce pic n’existe pas, et donc c’est bien le dossier. Il faudra que j’essaye d’écouter sur une chaise pour voir si c’est meilleur (mais bon je sais déjà que ce sera moins confortable ! ).
Enfin, le dernier pic ennuyeux aux environs de 9ms, soit 2,9m de distance supplémentaire vs le son direct, correspond à la réflexion de l’enceinte gauche sur le mur de droite (et réciproquement) qui n’était pas traitée. En déplaçant le GIK que j’avais à l’arrière de la salle sur cet emplacement latéral, on fait disparaitre ce pic (au détriment d’une petite remontée vers 7ms qui correspond à la réflexion à l’arrière de la pièce qui n’est plus traitée, car je n’avais pas assez de GIK pour en mettre partout).
Bref, tout cela pour dire qu’avec l’ETC, on peut « voir » où il faut traiter et on peut « voir » si le traitement appliqué marche.
Dans mon cas, j’ai identifié qu’il me fallait aussi traiter la réflexion primaire sur le mur latéral opposé à chaque enceinte. Le déplacement d’un GIK a cet endroit montre qu’on y arrive et que c’est bien là qu’est l’origine du problème, mais avant d’acheter un GIK supplémentaire, je vais essayer quelques options de diffusion (genre PYT ou autre) et je vous dirai si ça marche aussi bien que le prétendent les services marketing des divers fabricants
Conclusion:
En conclusion de ce très long post, je dirais que ceci montre qu’avec un peu de patience et de méthode, on peut mettre en place une correction passive plus ou moins élaborée, et en mesurer l’efficacité objective. Il apparait aussi que la correction active (Dirac, Trinnov ou Acourate) apporte une amélioration sur le paramètre de gestion globale des réflexions d’environ 3 à 5dB, ce qui est non négligeable.
De plus, et c’est le plus important, ces améliorations sont très audibles ! L’amélioration de l’image stéréo est évidente, mais surtout le système permet de se projeter plus facilement sur le lieu de l’enregistrement, grâce à la réduction de l’impact négatif de la pièce d’écoute.
Et pour ceux qui auront eu la patience de lire jusqu’ici, voici ce que donne une pièce plutôt grande, avec des murs en torchis et sans aucun autre traitement passif !
Et ce que donnent mes Dali Zensor 5 (bonnes petites enceintes colonne cela dit) dans une petite pièce non traitée (10-11m2, avec 2.5m de plafond). Inutile de dire que le handicap de la pièce s’entend bien dans ce cas, pourtant pas si rare que cela hélas…
[url=http://www.hostingpics.net/viewer.php?id=962295dali.jpg]
Amitiés.