Ahhhh!!!
Bonjour!!
Qq réponses "en vrac"...
Incultes/pas incultes: je l'ai déjà écrit ici, cela n'a pas lieu d'être un débat, la musique est faite pour être écoutée, appréciée ou détestée, par des personnes qui ne sont pas musiciens!!!
Mais si on en vient à discuter de "pourquoi" on aime ou pas (ce que personne n'est obligé de faire!!) et que l'on veuille essayer d'expliciter ce pourquoi, on est un peu obligé d'aller regarder d'un peu plus près les recettes de cuisine, autant du compositeur que des interprétes.
Je répète cela parce que je veux évacuer toute idée d'élitisme dans mes commentaires ou ce qui va suivre.
Alors prenons la première page de ce premier mouvement de cette 5ème symphonie, version originale pour orchestre et pas une transcription pour piano, et essayons une minuscule analyse.
Pour ce qui est du "ralenti" que Chailly dénonce, je voudrais bien connaître des exemples d'interprétation qui ralentissent l'exécution des 4 notes premières notes entre elles!!! Dénoncer qq chose qui n'existe pas est un procédé étonnant.
Le dernier ta du ta ta ta ta d'ouverture est une blanche, sur un premier temps.
Ce dernier ta dure a minima 4 fois plus longtemps que chacun des ta précédents. C'est du solfège de base. Une blanche faut 4 croches.
Comme c'est un premier temps, il y a en plus dessus une légère impulsion. La pulsation audible de ce mouvement démarre en fait ici, sur cette blanche. Le premier temps de la première mesure est un silence. Un "grand" interprète doit cependant pouvoir faire sentir aux auditeurs que la pulsation démarre sur un silence!!!
Cela peut être fait gestuellement, par le chef, et par l'attitude des musiciens, leur respiration (le fait de légèrement "se grandir" sur ce silence).
C'est une limite des systèmes Hifi: il manque la vue!! Et le nombre d'oeuvres où certains messages passent par la vue est gigantesque.
Avec donc une blanche et un premier temps, ce que Beethoven a écrit c'est ta ta ta taaaaaaaaa, quoi que dise Chailly.
Mais cette blanche a un point d'orgue au dessus, et elle est suivi de la répétition d'un silence qui démarre la répétition du motif un ton plus bas.
Point d'orgue, cela signifie, en plus!!!, un allongement de la note. Les bouquins de solfège français disent "2 fois la durée", ce "2 fois la durée", c'est du n'importe quoi, parce que la France aime bien les choses carrées.
Un point d'orgue signifie "durée allongée à la liberté de l'interprète". (C'est aussi un point laissé à l'improvisation dans la musique baroque, ce qui est sans ambiguïté hors sujet ici).
On a donc un dernier taaaaaaa dont la durée est LIBRE. SI c'est cela que Chailly appelle un "ralentissement", c'est à mourir de rire. C'est ECRIT!!!!!
Mais il y a beaucoup plus en terme d'indication d'interprétation que ça avec un point d'orgue sur une blanche suivi d'un silence.
Un grand chef d'orchestre ou musicien ne va JAMAIS "sentir" cette durée allongée 2 fois de suite de la même manière, cela n'est en aucun cas "mécanique", c'est sa propre respiration, son propre état d'esprit, mais aussi l'acoustique de la salle, qui va de manière plus ou moins aléatoire déterminer non seulement la durée du point d'orgue, mais la durée du silence qui suit dont une partie peut être prise sur le point d'orgue (dans une salle plus réverbérante, on aura tendance à allonger le silence écrit pour obtenir un "vrai" silence dans la salle).
Les musiciens de l'orchestre ne savent pas et ne DOIVENT pas savoir ce que le chef va prendre comme durée de point d'orgue et de silence et quand il va donner l'indication de poursuivre le second ta ta ta taaaaaaa.
L'orchestre non seulement ne peut pas reprendre de manière parfaite tous ensemble, mails il ne le DOIT sans doute pas.
La recherche de la perfection d'attaque simultanée des premiers et seconds violons, alti, violoncelles et contrebasses est un contresens.
Si l'on respecte le point d'orgue et sa signification, vu qu'il s'agit d'un grand orchestre, l'impossibilité physique de démarrer parfaitement tous ensemble, devient une indication d'interprétation.
C'est courant chez Beethoven d'avoir des motifs (plutôt que thèmes) "bruts", rugueux, de la matière pas encore dégrossie. Si l'on fait quelque chose de clinique et de propre avec ces ta ta ta taaaaa initiaux, on passe à côté de l'esprit de Beethoven. Les bouquins d'analyse sont pleins du "magma beethovenien". Il y en a ici un exemple, simple, écrit et lisible.
Ce motif sera ensuite, au fil du mouvement, "éclairci", détaillé, passant du magma initial à quelque chose de plus en plus lisible, en passant d'un pupitre à l'autre, le magma re-apparaissant régulièrement.
Ce mouvement démarre par un motif rugueux, ultra simple harmoniquement, mais brutal. Le développement du mouvement ne va pas vraiment tailler la pierre brute du motif, mais plutôt la montrer sous différents angles, différentes sonorités, en en simplifiant l'appréhension par l'auditeur.
Si l'on n'est pas agressé, interrogé, mis mal à l'aise par les 2 premiers ta ta ta taaaaaa, si tout parait "propre", poli, lisse, l'interprète est passé à côté.
Un dernier point sur la lecture des premières mesures de cette symphonie.
En même temps que premiers et seconds violons, alto, violoncelles et contrebasses, il y a 2 malheureuses clarinettes qui jouent les ta ta ta taaaaa.
Tous les instruments ont l'indication Fortissimo.
Mais si les auditeurs n'entendent pas les clarinettes, pourquoi Beethoven les fait jouer??
Cela relativise le Fortissimo, qui souvent chez Beethoven est autant une indication de style et de dynamique qu'une indication de volume sonore. Beethoven est un "spécialiste" des indications Fortissimo et de Pianissimo. C'est simplement impossible à réaliser si l'on ne prend en compte que l'aspect de volume sonore.
Amitiés
Bonjour!!
Qq réponses "en vrac"...
Incultes/pas incultes: je l'ai déjà écrit ici, cela n'a pas lieu d'être un débat, la musique est faite pour être écoutée, appréciée ou détestée, par des personnes qui ne sont pas musiciens!!!
Mais si on en vient à discuter de "pourquoi" on aime ou pas (ce que personne n'est obligé de faire!!) et que l'on veuille essayer d'expliciter ce pourquoi, on est un peu obligé d'aller regarder d'un peu plus près les recettes de cuisine, autant du compositeur que des interprétes.
Je répète cela parce que je veux évacuer toute idée d'élitisme dans mes commentaires ou ce qui va suivre.
Alors prenons la première page de ce premier mouvement de cette 5ème symphonie, version originale pour orchestre et pas une transcription pour piano, et essayons une minuscule analyse.
Pour ce qui est du "ralenti" que Chailly dénonce, je voudrais bien connaître des exemples d'interprétation qui ralentissent l'exécution des 4 notes premières notes entre elles!!! Dénoncer qq chose qui n'existe pas est un procédé étonnant.
Le dernier ta du ta ta ta ta d'ouverture est une blanche, sur un premier temps.
Ce dernier ta dure a minima 4 fois plus longtemps que chacun des ta précédents. C'est du solfège de base. Une blanche faut 4 croches.
Comme c'est un premier temps, il y a en plus dessus une légère impulsion. La pulsation audible de ce mouvement démarre en fait ici, sur cette blanche. Le premier temps de la première mesure est un silence. Un "grand" interprète doit cependant pouvoir faire sentir aux auditeurs que la pulsation démarre sur un silence!!!
Cela peut être fait gestuellement, par le chef, et par l'attitude des musiciens, leur respiration (le fait de légèrement "se grandir" sur ce silence).
C'est une limite des systèmes Hifi: il manque la vue!! Et le nombre d'oeuvres où certains messages passent par la vue est gigantesque.
Avec donc une blanche et un premier temps, ce que Beethoven a écrit c'est ta ta ta taaaaaaaaa, quoi que dise Chailly.
Mais cette blanche a un point d'orgue au dessus, et elle est suivi de la répétition d'un silence qui démarre la répétition du motif un ton plus bas.
Point d'orgue, cela signifie, en plus!!!, un allongement de la note. Les bouquins de solfège français disent "2 fois la durée", ce "2 fois la durée", c'est du n'importe quoi, parce que la France aime bien les choses carrées.
Un point d'orgue signifie "durée allongée à la liberté de l'interprète". (C'est aussi un point laissé à l'improvisation dans la musique baroque, ce qui est sans ambiguïté hors sujet ici).
On a donc un dernier taaaaaaa dont la durée est LIBRE. SI c'est cela que Chailly appelle un "ralentissement", c'est à mourir de rire. C'est ECRIT!!!!!
Mais il y a beaucoup plus en terme d'indication d'interprétation que ça avec un point d'orgue sur une blanche suivi d'un silence.
Un grand chef d'orchestre ou musicien ne va JAMAIS "sentir" cette durée allongée 2 fois de suite de la même manière, cela n'est en aucun cas "mécanique", c'est sa propre respiration, son propre état d'esprit, mais aussi l'acoustique de la salle, qui va de manière plus ou moins aléatoire déterminer non seulement la durée du point d'orgue, mais la durée du silence qui suit dont une partie peut être prise sur le point d'orgue (dans une salle plus réverbérante, on aura tendance à allonger le silence écrit pour obtenir un "vrai" silence dans la salle).
Les musiciens de l'orchestre ne savent pas et ne DOIVENT pas savoir ce que le chef va prendre comme durée de point d'orgue et de silence et quand il va donner l'indication de poursuivre le second ta ta ta taaaaaaa.
L'orchestre non seulement ne peut pas reprendre de manière parfaite tous ensemble, mails il ne le DOIT sans doute pas.
La recherche de la perfection d'attaque simultanée des premiers et seconds violons, alti, violoncelles et contrebasses est un contresens.
Si l'on respecte le point d'orgue et sa signification, vu qu'il s'agit d'un grand orchestre, l'impossibilité physique de démarrer parfaitement tous ensemble, devient une indication d'interprétation.
C'est courant chez Beethoven d'avoir des motifs (plutôt que thèmes) "bruts", rugueux, de la matière pas encore dégrossie. Si l'on fait quelque chose de clinique et de propre avec ces ta ta ta taaaaa initiaux, on passe à côté de l'esprit de Beethoven. Les bouquins d'analyse sont pleins du "magma beethovenien". Il y en a ici un exemple, simple, écrit et lisible.
Ce motif sera ensuite, au fil du mouvement, "éclairci", détaillé, passant du magma initial à quelque chose de plus en plus lisible, en passant d'un pupitre à l'autre, le magma re-apparaissant régulièrement.
Ce mouvement démarre par un motif rugueux, ultra simple harmoniquement, mais brutal. Le développement du mouvement ne va pas vraiment tailler la pierre brute du motif, mais plutôt la montrer sous différents angles, différentes sonorités, en en simplifiant l'appréhension par l'auditeur.
Si l'on n'est pas agressé, interrogé, mis mal à l'aise par les 2 premiers ta ta ta taaaaaa, si tout parait "propre", poli, lisse, l'interprète est passé à côté.
Un dernier point sur la lecture des premières mesures de cette symphonie.
En même temps que premiers et seconds violons, alto, violoncelles et contrebasses, il y a 2 malheureuses clarinettes qui jouent les ta ta ta taaaaa.
Tous les instruments ont l'indication Fortissimo.
Mais si les auditeurs n'entendent pas les clarinettes, pourquoi Beethoven les fait jouer??
Cela relativise le Fortissimo, qui souvent chez Beethoven est autant une indication de style et de dynamique qu'une indication de volume sonore. Beethoven est un "spécialiste" des indications Fortissimo et de Pianissimo. C'est simplement impossible à réaliser si l'on ne prend en compte que l'aspect de volume sonore.
Amitiés