Harbeth P3esr

[Nicoben]

Tu as bien cerné la chose. Le paradoxe me semble issu du fait qu’elles ne sont pas universelles, dans le sens où elles s’adressent avant tout à des écoutes de petits ensembles, pistes pas trop chargées, au risque de les faire talonner avec leur petite puissance admissible, on peut pas faire parler la poudre comme avec une ATC, PMC ou PEL qui ont des puissances admissibles bien plus élevées et peuvent aller chercher des ampleurs et niveaux sonores plus élevés. Mais en continuant sur le même paradoxe (qui est celui de pas mal de petites enceintes pas trop puissantes) elles sonnent d’autant plus grand qu’elles sont richement alimentées, comme par exemple avec un gros bloc classe A (Accuphase, Luxman, Sugden...).

Certains n’entendent que leur discrétion dans le haut du spectre et coté court dans le bas, y trouvant un systématisme bouchonnant, un peu comme ce qui oppose un dac moderne à la sabre et un dac NOS R2R. Pour moi, la musique est dans le medium, et le role du matériel est de prolonger aussi naturellement que possible ce medium aux deux extrémités sans en faire trop, car dans la vraie vie du live acoustique dans une salle qui braille pas, on se prend pas cette avalanche d’aigu et de grave que beaucoup d’enceintes croient nécessaire de gonfler, ou ont bien du mal à intégrer sans laisser un sentiment de séparation entre les registres, alors qu’un aigu ne doit pas s’entendre, il doit s’intégrer dans le prolongement du medium, et c’est d’autant plus vrai dans une acoustique domestique. C’est comme cela que j’ai choisi mes colonnes en tout cas, en cherchant bien entendu l’assise supplémentaire qui manque aux petites, mais combien de petites donnent un bas incohérent face à la cohérence des P3esr au final assez crédibles et passionnantes même sur une contrebasse. Un grave court bien équilibré et nuancé est toujours meilleur, plus naturel, moins fatigant, qu’un grave gonflé qui sollicite plus la pièce ou fait entendre son bass réflex. Les closes sont géniales pour ça, faciles, sans fatigue boom boom, propres et pas forcément moins expressives dans le registre même si écourté.

Je garde néanmoins un excellent souvenir du grave de mes PEL Classic, leur charge push pull fait descendre bas et avec du niveau, de l’ampleur, comme mes colonnes actuelles, là le paradoxe est qu’une enceinte pas trop compliquée ou de rendement correct montre en fait son fort besoin de courant pour alimenter cette charge dans le grave, les PEL étaient poussives et ne redonnaient pas les qualités de petits amplis musicaux mais limités en puissance, tu dois être dans le même cas avec les quattro Après bien sûr la philosophie sonore est différente, les PEL dans mes souvenirs tranchent plus dans le vif, y compris en haut, là où les harbeth sont moins fougueuses, plus dans le corps de l’instrument , dans son légato, comme un peu plus lent subjectivement.

Après à mon humble avis une part de la réussite sonore vient du petit hp maison sur les p3esr, plus petit que les grandes soeurs, et donc plus facile à mettre en oeuvre, en particulier avec la charge close. J’ai nettement préféré les p3esr aux M30 par exemple, difficiles à mettre en oeuvre, moins cohérentes, s’adressant plus à des électroniques analytiques, de grandes pièces, là où les petites imagent facilement dans tous les espaces, donnent des instruments plus à taille humaine.

Bref, pour moi les p3esr qu’on ne garde pas, c’est parce qu’on a pas de second système à faire, sinon on les garde même si elles sortent du système principal pour de bonnes raisons

Cordialement, Nico.