La musique, antidote aux ravages du digital ?

[Vacuum]

Bonsoir orfeo monteverdi !

Et merci pour ton thread!

Ne serais tu pas jessedivais vers d'autres contrées forumales? merci !

Laurent

[Misard]

(08-25-2022, 11:29 AM)orfeo_monteverdi a écrit : Donc, oui, la musique -son écoute attentive, sa pratique- permet de se déconnecter (temporairement, et salutairement) de ces sources toxiques.

Bien sûr, se déconnecter des sources toxiques générées par les écrans demande d'éviter l'écoute de musique à travers la dématérialisation. 
Un cercle vicieux, essayons dans ce cas de promouvoir au maximum le retour du vinyle et la remise à l'honneur du CD, sinon ce fil est sans grand intérêt.

[orfeo_monteverdi]

(08-25-2022, 10:30 PM)Vacuum a écrit : [...] Ne serais tu pas jessedivais vers d'autres contrées forumales? [...]

Non, ce n'est pas moi. Ni "vers d'autres contrées forumales", ni vers d'autres plus fumeuses...  ;-)

(08-26-2022, 08:34 AM)Misard a écrit : Bien sûr, se déconnecter des sources toxiques générées par les écrans demande d'éviter l'écoute de musique à travers la dématérialisation [= le streaming en-ligne] *

*tu mets le doigt dessus.
Mais initialement, je n'avais pas voulu ne fût-ce que suggérer de s'abstenir de pratiquer le streaming en-ligne. D'abord pour que personne ne se "braque". Ensuite parce que  des forumeurs m'ont rapporté, ici et ailleurs, qu'être en-ligne lorsqu'ils écoutaient du streaming ne les empêchait pas d'écouter de façon "sérieuse", et sans butiner pour autant (càd tablette en mains: "voyons donc ce qu'on dit sur la Toile à propos de cette chanteuse..." - "Ah, tiens, elle vient de divorcer...mais de qui donc?" et hop! C'est parti! Ou encore, sur un autre mode, au grand désespoir d'un revendeur HDG qui me confiait: "je leur donne la tablette; le morceau recherché démarre à peine,...ils ne l'écoutent même pas, et partent immédiatement à la recherche du suivant"; la séance d'écoute ressemble alors à un frottis digital compulsif d'écran d'interface, sans réelle implication émotionnelle de l'auditeur, qui écoute des "tranches de son", toujours plus fines).

Donc en évitant de parler du streaming en-ligne, je souhaitais éviter de créer un sujet-dans-le-sujet (même s'il est connexe, c'est vrai),
et j'entends -et respecte- que certains, malgré leur "juke-box musical connecté ", peuvent restés concentrés (alors que, personnellement, j'aurais du mal - d'où mon inclination en effet à écouter du CD, ou du vinyle - l'écoute sur vinyle comme imposant l'écoute attentive par l'absence totale de zapping possible, m'a même été rapportée par un plus jeune que moi, rencontré chez un disquaire, comme un avantage de ce support !).

(08-26-2022, 08:34 AM)Misard a écrit : Un cercle vicieux [l'écoute en streaming en-ligne; ça peut en être un, en effet], essayons dans ce cas de promouvoir au maximum le retour du vinyle et la remise à l'honneur du CD, [...]

En effet, les conséquences découlant de l'anti-zapping imposé de fait par ces supports (hormis la télécommande sur le CD) sont presque avantageuses du point de vue de l'écoute attentive:
- le vinyle, son côté "anti-pratique" est ici presque un avantage. Ça ressemble à un feu de bois qu'on prépare, qu'on lance, et on se pose "là où ça se passe".
- le CD est de fait une sauvegarde (un backup) des bits constituant l'enregistrement, fourni par le label, qui donc nous dispense de devoir gérer le backup (merci!). Avec une pochette confortable (papier), toujours sous la main (pas de fichier séparé à ouvrir, sur un écran toujours trop lumineux qui perturbe le sommeil).
- en revanche, AUCUN service de streaming n'est actuellement rentable. Aucun. Donc certains disparaîtront. Des albums disparaissent d'ailleurs de playlists d'utilisateurs, sans crier gare (rapporté sur un forum américain).

(08-26-2022, 08:34 AM)Misard a écrit : [...] sinon ce fil est sans grand intérêt.

Je ne suis pas sûr, car l'objectif était aussi, initialement, de partager une information vulgarisée, qui se fait l'écho de recherches récentes (voir post #1). Peut-être que tout le monde les connaît.
Mais pas si sûr: sur 2747 vues de ce post, le 2ème petit extrait vidéo sur l'expérience de Skinner, qui est une des expériences de psychologie sur laquelle sont basées les techniques pour créer de l'addiction dans les applis, a été vu 9 fois - et le 3ème petit extrait, 4 fois seulement, où J-Ph Lachaux explique pourquoi, quand on a le choix entre stimulation et sommeil, la 1ère gagne toujours - il est possible de sortir de ces courts exrtaits en boucle par un clic sur le bouton de droite Watch Full Vidéo pour voir l'entièreté de l'émission).
Le post #1 inclut aussi un QR-code pour faciliter le partage à partir du smartphone si +facile. Abusez-en ;-)

Voir aussi - Documentaire Envoyé Spécial: Les Repentis des applis: des développeurs, ergonomes, qui ont travaillé pour des géants de la tech (Google, Facebook, etc), et l'inventeur de l'iPhone, retrouvé à Paris, racontent comment ils ont utilisé des techniques de captation d'attention à effet addictif dans leurs technologies (quitte à publier des choses fausses, "puisqu'on s'est vite rendu compte que les gens passent beaucoup plus de temps sur YouTube à propos de choses fausses, qu'à propos de choses vraies" Sébastien Chalot (?), ex-YouTube); Envoyé Spécial se rend aussi à la Walrdorf School, école sans écran fondée par un ancien ingénieur français de Microsoft; les employés de la Silicon Valley qui travaillent sur applis et téléphones se battent pour y mettre leurs enfants et les protéger des écrans (!). À voir !!
(j'ai ajouté ce paragraphe au post#1).


Le sens de ce thread est que des activités essentielles au développement positif des société humaines, et qui exigent attention et concentration, sont aujourd'hui menacées (science, recherche, arts). De même que l'empathie et la connexion aux autres (voir Reclaiming Conversation, de Sherry Turckle, ex-MIT, que j'ai déjà mentionnée ici).
La musique vivante fait partie de ces activités menacées. Les musiciens sont là, mais le public n'est pas/plus au RDV, en partie parce que les circuits de l'attention des cerveaux ont été captés par 2 ans d'écrans intensifs (confinements), et de consommation à la demande, du fond du canapé. Et, cerise sur le gâteau, voici le nouveau gadget: les concerts live...en-ligne.

- Comme une minorité (croissante) de gens, je pense que le problème est grave.
- La musique peut aussi être une partie de la solution (même si le musicologue David Christoffel semble inquiet face au risque de voir la musique devenir l'objet d'une "médicalisation" - cf. La Musique vous veut du bien, PUF - la magnifique initiative El Sistema utilise pourtant la musique, sans la médicaliser, comme un instrument pour endiguer les problèmes sociaux, voire le crime; des pointures ont d'ailleurs été formés par El Sistema, dont l'actuel directeur musical de l'Opéra de Paris, le Vénézuélien Gustavo Dudamel).
- Il me semble important de le faire savoir à ceux qui, au sein même de cette minorité croissante, sont ouverts à la musique, mais la connaissent finalement assez mal (d'où QR-code  de partage, en post#1). Et qui, informés de ce problème sociétal, sont assez ouverts d'esprit pour découvrir, "essayer autre chose". Une nouvelle salle de concert qui vient de s'ouvrir organise entre autres des concerts pour les tout, tout petits: certains concerts dédiés à ceux qui marchent déjà, d'autres à ceux...qui ne marchent même pas encore! Histoire d'exposer ces tout jeunes cerveaux à autres chose qu'à des écrans - je trouve ça totalement génial, ces gens ont tout compris.

On me dira: "oui, mais pour les adultes du moins, on peut aussi se déconnecter en laissant fondre, en pleine conscience, un carré de chocolat en bouche". Pas faux, mais en tant que frappadingue de chocolat (sans être expert), je dirais que, en pratique, ce qu'on laisse ainsi fondre suavement en bouche est dans le meilleur des cas le fruit du travail d'un honnête artisan (avec tout le respect), et dans le pire, une "schmerdasse" industrielle bourrée de graisse et de sucre, vendue en supermarché. Alors qu'une oeuvre musicale, et bien, c'est...une oeuvre.
On me dira: "oui, mais on peut aussi se déconnecter en fixant en pleine conscience un point sur le mur, dans le silence total, et en écoutant la musique du rien avec lui-même dans son cerveau." Voui, mais vous me concéderez que ce compositeur-là est assez peu inspiré (dans mon cas du moins). Tandis qu'une oeuvre, c'est le sel du génie humain. "L'oeuvre ouvre un monde", écrit Heidegger. Donc autant écouter de la musique attentivement (voire, en pratiquer).



Un thème musique en-ligne <> musique hors-ligne (CD, vinyle) est très intéressant aussi, ceci dit.
Je crois qu'il devrait déjà exister (je vais regarder).
(pas un seul service de streaming n'étant rentable, et tous ne reversant aux artistes qu'une rétribution infinitésimale, j'ai pas mal de vues personnelles là-dessus aussi  ;-)

[Muskar]

Je n'écoute qu'en streaming.

Il y a plusieurs façon d'écouter.

Je sélectionne un album et je l'écoute sans rien faire d'autre pendant l'écoute. C'est équivalent à écouter un CD.

Autre écoute, lire une playlist crée par Qobuz ou lancer la lecture automatique à partir d'un titre. Là ça commence à poser quelques problèmes. Un titre passe. Tiens, c'est bien qui c'est. Je vais voir sur l'ordinateur qui est au fond de la pièce derrière moi. Je lis les informations sur l'album et l'artiste. Je met l'album en favori pour une écoute complète ultérieurement. Pendant ce temps la lecture continue, je ne suis plus attentif à ce qui passe. Ainsi de suite. Je me retrouve avec des albums mis en favori à écouter qui s'entassent dans les favoris et que je n'ai pas eu le temps d'écouter. En plus chaque vendredi il y a la playlist personnalisée de 30 titres qui permet aussi de faire des découvertes.

Au bout d'un moment j'ai un peu l'impression d'être submergé par les disques et j'en reviens à écouter les vieux disques que j'avais en vinyles ou en CD dont je connais tout les titres par coeur et que je peux savourer tranquillement sur mon canapé sans prise de tête.

[Vacuum]

Dans ce cas pourquoi avoir tout jeté / revendu?

[Muskar]

Au début du Streaming en 2007 je m'étais abonné à Spotify en plus de mes disques car j'avais encore ma chaîne. En 2012 j'ai fait une sorte de burn-out. Début de mes acouphènes et perte d'audition dans l'aigu. Plus envie d'écouter de la musique. J'ai revendu ma chaîne et tous mes disques. J'ai juste acheté de petites enceintes multimédia B&W pour écouter de temps en temps Spotify. En 2015 j'ai déménagé dans une maison et ayant à nouveau envie d'écouter de la musique les B&W n'étant pas assez puissante et ne souhaitant pas devoir tout racheter j'ai acheté les Dynaudio sans fil et pris un abonnement chez Qobuz.

Je regrette bien le son des vinyles sur ma LP12. Rien à voir avec le streaming et les remastering avec compression de dynamique qu'on nous propose.

[orfeo_monteverdi]

...et sans vouloir en remettre une couche (je n'ai même pas cherché, c'est en 1ère page d'un des quotidiens nationaux de mon petit pays de poche).
C'est d'un pathétique presque drôle (on rit jaune, vraiment...)


[...] les soi-disant «digital natives»?
Ils ont beau jongler avec les jeux vidéo ou les réseaux sociaux, les 16-20 ans n’ont pourtant pas plus (voire moins) d’agilité numérique spécifique dans l’e-citoyenneté que la génération « guichet papier ».



[c'est moi qui souligne]

"En tant qu’acteurs de l’éducation aux médias, nous pouvons affirmer que l’existence d’une jeune génération « digital native », c’est-à-dire née avec le numérique et supposée (mieux) maîtriser ses outils, ses usages et ses codes, est un mythe.

Bien sûr nous aussi, les adultes, avons attendu l’émergence de cette génération rompue aux « écrans » et qui promettait de résorber la fracture numérique. Mais force est de constater qu’elle n’est pas advenue.

Une sortie difficile de l’usage récréatif
Au contraire, nous observons qu’un décalage s’agrandit : celui entre l’immersion récréative des jeunes dans le numérique, qui «baignent» dans les jeux, les réseaux sociaux, les messageries, les smartphones, les plateformes de vidéos et de musique, et la faible compréhension voire le désintérêt que les plus jeunes générations éprouvent pour les mécanismes et algorithmes les confrontant à tel ou tel type de contenus plutôt que d’autres.

Nous constatons également qu’une fois sortis des usages récréatifs du numérique, les jeunes de 16 à 20 ans, pas plus que leurs aînés (voire moins qu’eux), n’ont acquis une agilité spécifique dans l’e-citoyenneté. Les formulaires en ligne et les démarches administratives virtuelles leur sont en général tout aussi difficiles à maîtriser que pour la génération « guichet et papier ».
Des enseignants du supérieur nous rapportent régulièrement que certains étudiants sont à peine capables d’effectuer des tâches relativement simples, comme transférer des images du smartphone à leur ordinateur ou compléter un formulaire PDF sans l’imprimer. [...]"


Carte blanche -
Par Paul de Theux, directeur de Média Animation; Tony de Vuyst, directeur général de PointCulture*
(source)

NB: il est évidemment possible que la situation soit moins déplorable en France pour la tranche 16-20 ans.

[mouetteretour]

Je ne pense pas que nous ayons besoin d'études pour le confirmer, les jeunes sont des utilisateurs avant tout alors que pour une bonne partie de nous plus anciens on a pu monter notre tour d'ordi, nous nous sommes renseignés sur les différents composants.
Windows était beaucoup moins stable qu'aujourd'hui et nous n'avions pas d'autre choix que de mettre le nez dedans.
Plus on a d'outils à tout faire moins on comprend ce qu'on fait , on utilise une auto sans savoir comment elle est construite , beaucoup de gens utilisent des machines sans pouvoir faire le même travail à la main , alors que le travail à la main implique beaucoup plus de compréhension physique.
Si ils étaient si doués ça se saurait sur les résultats scolaires et le niveau général
Je trouve que la grande progression par rapport à nous au même age c'est surtout qu'ils s'expriment beaucoup mieux oralement. (pas forcément avec un meilleur contenu)

[orfeo_monteverdi]

Déjà presque 4000 vues pour ce thread que j'ai ouvert il y un mois seulement. Apparemment, le sujet est "chaud" (ainsi que, je l'espère, pour nos institutions).
Je vous promets que je ne le fais pas exprès, mais il semble que, pour les réseaux asociaux, ce soit la curée: après un grand quotidien national de mon petit pays de poche, c'est, aujourd'hui même, un grand quotidien national français qui nous crie presque en pleine figure:

« Il est temps de considérer l’enfermement mental induit par certains réseaux sociaux comme une question majeure de santé publique »

Etudes et témoignages s’accumulent pour démontrer la dangerosité d’un usage immodéré des réseaux sociaux, pour les jeunes en particulier. Un phénomène dans lequel les géants du Web ont une grande responsabilité, explique dans sa chronique Philippe Bernard, éditorialiste au « Monde ».
(source).


Parallèlement, j'ai discuté hier avec la responsable de la billetterie d'une grande salle de concert classique de ma ville: depuis le COVID, elle estime qu'ils ont perdu 60% de leur public.
(et le Festival d'Avignon -théâtre-, en a perdu cette année 40%).

Idem pour les arts plastiques (musées, peintures, etc): sans parler des chiffres (dont je n'ai aucune idée ici), un témoignage d'une maman de pré-ados:
- "Venez, allons voir un truc super au musée/expo  :-)"
- "Boarf... on connaît, on a déjà vu" [sur stupidophone]
ALORS QUE un tableau de Rubens de 10m² ou un petit dessin de Toulouse-Lautrec de 12cmx12cm vont...s'afficher EXACTEMENT de la même manière sur l'écran large comme une meutrière de son smartphone, jouant une fois de plus le rôle d'abrutisseur de poche.
(mais pratique pour la météo, les trajets de train, les notes, l'appareil photo pour prises de vues informelles, le sonomètre, etc).

Musique idem: pourquoi encore aller au concert?
- "Boarf, on a déjà écouté" [en streaming sur smartphone, avec un casque Beats, en rue...]


Ce qui se transmet, on appelle ça la culture (et la connaissance).
Ce qui ne se transmet pas, disparaît.


(et si on n'a rien reçu par transmission, on va tout chercher soi-même - je crois savoir de quoi je parle...)

[Muskar]

(09-04-2022, 12:50 PM)orfeo_monteverdi a écrit : - "Boarf... on connaît, on a déjà vu" [sur stupidophone]
ALORS QUE un tableau de Rubens de 10m² ou un petit dessin de Toulouse-Lautrec de 12cmx12cm vont...s'afficher EXACTEMENT de la même manière sur l'écran large comme une meutrière de son smartphone, jouant une fois de plus le rôle d'abrutisseur de poche.

Quelqu'un m'a fait la même réflexion à propos du cinéma. "Pourquoi aller au cinéma alors qu'on peut voir n'importe quel film sur son smartphone ou sa tablette". Il est loin le temps où on faisait la queue pour aller voir des films sur grand écran au Gaumont Palace, au Kinopanorama, ou au Grand Rex. 

Pour le streaming je doute que Spotify concrétise son offre Hi-FI, qu'il promet depuis des mois, car la majorité de ses abonnés n'en que faire de la hi-fi.