Bonjour à tous,
Petite séance mais gros pavé. Je le jette tout de même , vu qu'il ne fera aucun remous et que son volume est inversement proportionnel à son poids. On pourra donc s'en affranchir facilement. Le voilà donc !
Pour la lecture des CD un de mes amis possède un Lector CDP-7TL (3500 euros ) équipé de l'alimentation optionnelle PSU-7 (2200 euros) . Une fort belle - et encombrante ! - machine dont j' ai souvent pu apprécier les qualités chez lui dans la configuration suivante : FX audio 802C sur enceintes Vienna Acoustics BBG ( dont la dernière mouture est aujourd'hui à 5000 euros ).
On s'étonnera sans doute de la place d'un FDA chinois à vil prix dans une telle configuration. Mais il y a remplacé avec bonheur - selon plusieurs avis autorisés, dont le mien ! - un intégré à tubes réputé à plus de 5000 euros ( comme il a remplacé chez moi un intégré à transistors d'une marque prestigieuse d'un prix à peu près équivalent en neuf ). Je ne suis pas obsédé par le prix des appareils, mais on ne peut ignorer l'importance - notamment psychologique - de ce paramètre dans un domaine comme la hifi, comme pour d'autres passions coûteuses.
Ce beau lecteur CD avait fait l'objet d'un envoi en SAV car il peinait à lire la fin de CD de plus en plus nombreux. Cela a été l'occasion de changer , dans la foulée , les tubes de " l'étage de sortie " du convertisseur intégré à l'appareil, et de lui ajouter une sortie numérique ( facture totale de 1200 euros ) .
Car en effet - autre motif de surprise - , faute d'une sortie de ce type, c'est sur l'entrée analogique du 802 C que le lecteur était branché, pour une écoute absolument somptueuse ( selon les mêmes avis autorisés … ) . Ce qui est d' ailleurs , en théorie, contraire à toute attente: double conversion, qualité en principe minimale du convertisseur A / N contenu dans la petite boîte chinoise, sans compter le potentiel effet nocebo de tout cela… Pourtant , si on s'en tient à ce qui sort des enceintes, ça marche scandaleusement bien ( toujours selon les avis que vous savez…)
Mon ami souhaitait me faire apprécier l'apport qualitatif du rafraîchissement de l' appareil, tout à fait notable selon lui, et constater - nouvelle surprise ! - la non pertinence de l'utilisation de la sortie numérique nouvellement installée.
Honnêtement, pour le premier point, je n' ai pas réussi à percevoir l'amélioration annoncée: sans doute faut-il vivre avec l' appareil pour être en mesure de le faire. En revanche, en effet, le branchement du Lector en numérique sur le 802 s'est avéré très décevant. Sur le piano notamment, le son était devenu désincarné, ferraillant, perdant toute sa classe. Mon ami s'était pourtant fendu, avant le retour de son appareil, et en prévision de cette nouvelle configuration, d'un câble numérique à plus de 200 euros ( on est bien au-delà du prix de l'ampli ! ). C'était donc une erreur. J' étais , de mon côté, venu avec un autre câble numérique dont j' avais pu apprécier chez moi la supériorité par rapport à un câble standard. On l' a donc essayé , sans grand espoir . On a tout de même pu constater une réelle amélioration : le piano retrouvait pas mal de la " matière " qui lui manquait, ne ferraillait plus outrageusement. On faisait un réel pas vers la restitution analogique, ça devenait écoutable, mais on était encore assez loin de la classe offerte par la configuration analogique.
Tant pis donc pour cette option: on aura au moins eu confirmation que deux câbles numériques peuvent ne pas sonner du tout semblablement ; et il ne s'agit pas d'une question de nuance, car véritablement on passait de l'inécoutable, absolument indigne de l'appareil, au correct . Correct, mais pas sublime.
" Sublime " est un mot qu'il faut utiliser avec modération, pour ne pas le galvauder. Pourtant je ne peux m' empêcher de l' écrire à propos du médium de ces satanées Vienna Acoustics BGG. Bien plus riche que celui de toutes les enceintes que j'ai pu utiliser. De ce point de vue des Proac D38, des Dynaudio C2 étaient misérables par comparaison. Et les dernières en date, Ditton Celestion 66, Harbeth P3esr, Rogers LS3/5a, pourtant réputées sur ce critère, ne font toujours pas le poids.
Et c'est ainsi que pendant que j' écoutais toutes les nuances, toutes les couleurs du piano de Pogorelich traduites par le 802 sur les Vienna à partir du Lector en analogique, je songeais à tous ceux qui disqualifient ce FDA pour " manque de chair ", ou encore parce qu'il ne " ferait que du son et pas de musique ", autant de verdicts prononcés sans doute par plus autorisés encore que moi… Faut s'y faire, l' expérience des uns n'est que peu transmissible aux autres, et réciproquement.
Fabuleux pianiste que ce Pogorelich, fabuleux disque Brahms pour les Intermezzi 117, l' Intermezzo 118 , le Capriccio 76 les Rhapsodies 79 (DG ). On peut évidemment ne pas apprécier toutes ses interprétations, être irrité, voire rebuté par une forme d' excentricité, de narcissisme, de calibrage excessif du son. Mais sur le plan de la maîtrise de l'instrument , des couleurs, de la dynamique, c'est simplement génial ( à l'instar d'un Zimerman par exemple ).
En écoutant mes Rogers LS3/5a chez moi, je me disais qu'avec le 802 je n' atteignais peut-être pas le degré de qualité " légendaire " de leur médium auquel j'aurais pu prétendre. J' envisageais donc de racheter peut-être un ampli conventionnel plus adapté, qui m'offrirait ce médium recherché avec gourmandise. Tenez, par exemple, de la classe " A " , un truc que je n'ai encore jamais essayé. Peut-être du Sugden. Mais il s'en revend des camions entiers de Sugden ! Classe " A ", " voie royale de l'amplification ", ai-je pu lire un million de fois. " Voie royale " ou punition, direction " Le bon coin " ? Allez savoir.
Et puis le médium que j'entendais sur les Vienna chez mon ami, c'était bien le 802 qui le produisait. Pourquoi alors chercher autre chose ? Certes le 802 ne sait pas tout faire: chez un autre de mes amis, dans un système à haut rendement Altec, il ne rivalise pas vraiment avec un ensemble AVM en classe D ( deux blocs de 2x 250W en 8 ohms, plus de 400 en 4 ohms ! ). Le solo de trompette liminaire de la 5 ème de Mahler rayonne dans l'espace avec plus de puissance et de rondeur avec cette cavalerie de Watts, c'est incontestable, même sur du haut rendement. Encore une surprise, vu qu'on écrit un peu partout qu'on a besoin de peu de puissance avec du haut rendement. Un bon test au fait , cette 5ème de Mahler : si vous mettez cette trompette du début à un bon niveau ( Chailly /Amsterdam, et, plus dur encore, Haitink / Berlin ) et que vous pouvez encaisser le tutti orchestral qui suit peu après sans aucun stress, vous n'êtes pas loin du but. Je n' ai pas encore croisé le système qui fait ça parfaitement.
Chez l'ami possesseur du Lector, j' avais également apporté un autre FDA, le smsl AD18, qu'il ne connaissait pas. Pour beaucoup , ce FDA , plébiscité sur HCFR, surclasse le 802. Ce n'est pas vraiment mon impression: timbres plus saturés, mais chaque fois que je le branche je reviens assez rapidement au 802, plus souple, plus aéré. Question de goût, de configuration également.
On l' a donc essayé sur les Vienna. Surprise: la différence entre configuration numérique et configuration analogique est beaucoup moins flagrante qu'avec le 802, et on pourrait presque vivre avec la première ! L'achat d'un AD18 - même s'il s'agit d'une dépense bien modeste - ne nous paraît pas s'imposer cependant face au 802. Je ne revendrai pourtant pas le mien: les quelques dizaines d'euros que je pourrais en recevoir sont sans commune mesure avec ce qu'il est capable de faire.
Si mon ami n'écoute pratiquement jamais autre chose que du " classique ", j'écoute pour ma part également un peu de jazz ou de chanson. Et pour les tests, je sors également du strict domaine " classique " ( inversement , les amis audiophiles qui n'écoutent en principe pas ou peu de " classique " finissent toujours par acheter les disques que je leur ai fait découvrir ! ).
Pour cet essai ( très limité, je ne voulais pas indisposer mon ami ! ) , hors champ " classique " dans la configuration Lector / 802 / Vienna , on a écouté une plage de " My word " ( Lisa Simone ), la plage 7 " If you knew ". Bingo ! La voix est merveilleusement rendue, avec sa présence , sa chair, son grain. A la fin , la trompette est superbement équilibrée entre matité et ce qu'il faut de métallisation. Toujours ce médium de rêve… Mais cependant le grave...
Eh bien cette fois , il y a un vrai problème. C'est là que le bas blesse ( chacun, j'imagine, sait qu'il faudrait en réalité écrire " bât " dans cette locution ! ) . Une légère emphase, un embonpoint subreptice, est toujours présent sur les Vienna, quel que soit l'ampli utilisé, quel que soit son prix. Acceptable en général compte tenu des autres qualités. Mais sur la musique " moderne " , " d'aujourd'hui " , à niveau élevé on atteint trop tôt la saturation, l'engorgement. Quel dommage ! Je ne le fais pas remarquer à mon ami qui de toute façon, avec ce type de musique, se fiche à peu près totalement de ce qui sort de ses enceintes : il n'y reviendra pas ( je n'ai pas précisé au début de ce récit nos âges respectifs, déjà respectables ! ) . Je laisse tout de même un peu courir le disque qui entame la plage suivante ( " Ode to Joe " ) beaucoup plus remuant, incisif et spectaculaire. Pas de doute : la dynamique est resserrée, pas pleinement épanouie. Qu' on n' incrimine pas le 802: chez moi, sur les petites Rogers, en dépit de la faiblesse inavouable de leur sensibilité, ça " claque " autrement mieux ! Les Vienna ne veulent décidément pas vraiment faire taper des pieds. N'exagérons rien, il y a tout de même ce qu'il faut, mais il est clair que ces enceintes préfèrent développer leur fastueux médium plutôt que tambouriner à outrance.
Du coup, je comprends pourquoi, depuis que j'admire ces enceintes, depuis qu'elles m'en ont fait " benner " de plus coûteuses et ambitieuses , je ne me suis jamais vraiment décidé à en acheter une paire.
Conclusion floue de tout cela :
le 802 reste à mon sens un ampli suffisamment qualitatif pour permettre aux vertus d'une bonne source et de bonnes enceintes pas trop gourmandes de s'exprimer pleinement. Si je change encore quelque chose dans mon système, ça ne sera finalement pas lui.
Ah oui, mais je ne voudrais pas mourir sans avoir essayé la classe " A " : la voie royale, ça tente !
Paraît aussi qu'un bon Conrad Johnson à tubes c'est divin sur les " garces " ( pour ceux qui ne le sauraient pas, c'est le surnom affectueux donné à ces "boîtes à chaussures ", les Rogers LS3/5a ) .
Faudrait aussi que j'essaie le Lector chez moi. Mais je ne veux plus de choses à prix délirant. Les machines à plusieurs milliers d'euros, je ne peux plus les voir en peinture: effet FDA chinois. Et pas que: j'ai rebranché récemment un petit intégré Luxman, un petit Rotel, en principe tout juste bons pour Emmaüs. Eh bien, ça fait 95 % du job si les enceintes sont correctes. Ce que je sais depuis toujours, en réalité. Les 5% qui restent, à prix d'or: un luxe que je comprends mais qui ne m'attire plus.
J'essaierai peut-être enfin d' attraper une paire de Vienna d'occasion. Longtemps que j' en ai pas vu passer. Ce médium, tout de même…
Les LS3/5a, d'un autre côté, ça ne se revend pas. Ou alors en une heure, au juste prix, si je me prenais à penser que c' est pas la peine d'avoir deux paires d'enceintes dans la salle d'écoute.
Ah mais c'est vrai, j'y pense … maintenant qu'il n'y a plus de chat dans la maison, je pourrais peut-être y faire entrer de nouveau des panneaux. J' avais bien aimé des Magnepan 3.3 R dans le temps, quand on s' y était installés. La boucle serait bouclée. Des 3.6 d'occasion par exemple, ça coûte rien, vu le potentiel. Mais faut 400 W ! Exit le 802 !
En attendant, je repasse chez moi Pogorelich jouant Brahms sur mon système. Ma foi, ça se défend... Ecoutant pour la première fois ce disque dans ce cadre je présume que j'en percevrais très bien l'essentiel des mérites exceptionnels, y compris purement audiophiles. Evidemment , subsiste la tentation de les exalter... A quel prix ?
Bon, j'avais annoncé le volume. J'avais pas dit que ce serait puissamment anachronique *: pensez donc, pas un terme d'informatique ! Je salue donc le courage de ceux qui auront lu jusqu'au bout et leur souhaite une bonne année ! Aux autres aussi d'ailleurs, ne soyons pas sectaires !
rogers
* je découvre que je me suis trompé de fil, je voulais plutôt mettre ça dans " Amplification " !
Petite séance mais gros pavé. Je le jette tout de même , vu qu'il ne fera aucun remous et que son volume est inversement proportionnel à son poids. On pourra donc s'en affranchir facilement. Le voilà donc !
Pour la lecture des CD un de mes amis possède un Lector CDP-7TL (3500 euros ) équipé de l'alimentation optionnelle PSU-7 (2200 euros) . Une fort belle - et encombrante ! - machine dont j' ai souvent pu apprécier les qualités chez lui dans la configuration suivante : FX audio 802C sur enceintes Vienna Acoustics BBG ( dont la dernière mouture est aujourd'hui à 5000 euros ).
On s'étonnera sans doute de la place d'un FDA chinois à vil prix dans une telle configuration. Mais il y a remplacé avec bonheur - selon plusieurs avis autorisés, dont le mien ! - un intégré à tubes réputé à plus de 5000 euros ( comme il a remplacé chez moi un intégré à transistors d'une marque prestigieuse d'un prix à peu près équivalent en neuf ). Je ne suis pas obsédé par le prix des appareils, mais on ne peut ignorer l'importance - notamment psychologique - de ce paramètre dans un domaine comme la hifi, comme pour d'autres passions coûteuses.
Ce beau lecteur CD avait fait l'objet d'un envoi en SAV car il peinait à lire la fin de CD de plus en plus nombreux. Cela a été l'occasion de changer , dans la foulée , les tubes de " l'étage de sortie " du convertisseur intégré à l'appareil, et de lui ajouter une sortie numérique ( facture totale de 1200 euros ) .
Car en effet - autre motif de surprise - , faute d'une sortie de ce type, c'est sur l'entrée analogique du 802 C que le lecteur était branché, pour une écoute absolument somptueuse ( selon les mêmes avis autorisés … ) . Ce qui est d' ailleurs , en théorie, contraire à toute attente: double conversion, qualité en principe minimale du convertisseur A / N contenu dans la petite boîte chinoise, sans compter le potentiel effet nocebo de tout cela… Pourtant , si on s'en tient à ce qui sort des enceintes, ça marche scandaleusement bien ( toujours selon les avis que vous savez…)
Mon ami souhaitait me faire apprécier l'apport qualitatif du rafraîchissement de l' appareil, tout à fait notable selon lui, et constater - nouvelle surprise ! - la non pertinence de l'utilisation de la sortie numérique nouvellement installée.
Honnêtement, pour le premier point, je n' ai pas réussi à percevoir l'amélioration annoncée: sans doute faut-il vivre avec l' appareil pour être en mesure de le faire. En revanche, en effet, le branchement du Lector en numérique sur le 802 s'est avéré très décevant. Sur le piano notamment, le son était devenu désincarné, ferraillant, perdant toute sa classe. Mon ami s'était pourtant fendu, avant le retour de son appareil, et en prévision de cette nouvelle configuration, d'un câble numérique à plus de 200 euros ( on est bien au-delà du prix de l'ampli ! ). C'était donc une erreur. J' étais , de mon côté, venu avec un autre câble numérique dont j' avais pu apprécier chez moi la supériorité par rapport à un câble standard. On l' a donc essayé , sans grand espoir . On a tout de même pu constater une réelle amélioration : le piano retrouvait pas mal de la " matière " qui lui manquait, ne ferraillait plus outrageusement. On faisait un réel pas vers la restitution analogique, ça devenait écoutable, mais on était encore assez loin de la classe offerte par la configuration analogique.
Tant pis donc pour cette option: on aura au moins eu confirmation que deux câbles numériques peuvent ne pas sonner du tout semblablement ; et il ne s'agit pas d'une question de nuance, car véritablement on passait de l'inécoutable, absolument indigne de l'appareil, au correct . Correct, mais pas sublime.
" Sublime " est un mot qu'il faut utiliser avec modération, pour ne pas le galvauder. Pourtant je ne peux m' empêcher de l' écrire à propos du médium de ces satanées Vienna Acoustics BGG. Bien plus riche que celui de toutes les enceintes que j'ai pu utiliser. De ce point de vue des Proac D38, des Dynaudio C2 étaient misérables par comparaison. Et les dernières en date, Ditton Celestion 66, Harbeth P3esr, Rogers LS3/5a, pourtant réputées sur ce critère, ne font toujours pas le poids.
Et c'est ainsi que pendant que j' écoutais toutes les nuances, toutes les couleurs du piano de Pogorelich traduites par le 802 sur les Vienna à partir du Lector en analogique, je songeais à tous ceux qui disqualifient ce FDA pour " manque de chair ", ou encore parce qu'il ne " ferait que du son et pas de musique ", autant de verdicts prononcés sans doute par plus autorisés encore que moi… Faut s'y faire, l' expérience des uns n'est que peu transmissible aux autres, et réciproquement.
Fabuleux pianiste que ce Pogorelich, fabuleux disque Brahms pour les Intermezzi 117, l' Intermezzo 118 , le Capriccio 76 les Rhapsodies 79 (DG ). On peut évidemment ne pas apprécier toutes ses interprétations, être irrité, voire rebuté par une forme d' excentricité, de narcissisme, de calibrage excessif du son. Mais sur le plan de la maîtrise de l'instrument , des couleurs, de la dynamique, c'est simplement génial ( à l'instar d'un Zimerman par exemple ).
En écoutant mes Rogers LS3/5a chez moi, je me disais qu'avec le 802 je n' atteignais peut-être pas le degré de qualité " légendaire " de leur médium auquel j'aurais pu prétendre. J' envisageais donc de racheter peut-être un ampli conventionnel plus adapté, qui m'offrirait ce médium recherché avec gourmandise. Tenez, par exemple, de la classe " A " , un truc que je n'ai encore jamais essayé. Peut-être du Sugden. Mais il s'en revend des camions entiers de Sugden ! Classe " A ", " voie royale de l'amplification ", ai-je pu lire un million de fois. " Voie royale " ou punition, direction " Le bon coin " ? Allez savoir.
Et puis le médium que j'entendais sur les Vienna chez mon ami, c'était bien le 802 qui le produisait. Pourquoi alors chercher autre chose ? Certes le 802 ne sait pas tout faire: chez un autre de mes amis, dans un système à haut rendement Altec, il ne rivalise pas vraiment avec un ensemble AVM en classe D ( deux blocs de 2x 250W en 8 ohms, plus de 400 en 4 ohms ! ). Le solo de trompette liminaire de la 5 ème de Mahler rayonne dans l'espace avec plus de puissance et de rondeur avec cette cavalerie de Watts, c'est incontestable, même sur du haut rendement. Encore une surprise, vu qu'on écrit un peu partout qu'on a besoin de peu de puissance avec du haut rendement. Un bon test au fait , cette 5ème de Mahler : si vous mettez cette trompette du début à un bon niveau ( Chailly /Amsterdam, et, plus dur encore, Haitink / Berlin ) et que vous pouvez encaisser le tutti orchestral qui suit peu après sans aucun stress, vous n'êtes pas loin du but. Je n' ai pas encore croisé le système qui fait ça parfaitement.
Chez l'ami possesseur du Lector, j' avais également apporté un autre FDA, le smsl AD18, qu'il ne connaissait pas. Pour beaucoup , ce FDA , plébiscité sur HCFR, surclasse le 802. Ce n'est pas vraiment mon impression: timbres plus saturés, mais chaque fois que je le branche je reviens assez rapidement au 802, plus souple, plus aéré. Question de goût, de configuration également.
On l' a donc essayé sur les Vienna. Surprise: la différence entre configuration numérique et configuration analogique est beaucoup moins flagrante qu'avec le 802, et on pourrait presque vivre avec la première ! L'achat d'un AD18 - même s'il s'agit d'une dépense bien modeste - ne nous paraît pas s'imposer cependant face au 802. Je ne revendrai pourtant pas le mien: les quelques dizaines d'euros que je pourrais en recevoir sont sans commune mesure avec ce qu'il est capable de faire.
Si mon ami n'écoute pratiquement jamais autre chose que du " classique ", j'écoute pour ma part également un peu de jazz ou de chanson. Et pour les tests, je sors également du strict domaine " classique " ( inversement , les amis audiophiles qui n'écoutent en principe pas ou peu de " classique " finissent toujours par acheter les disques que je leur ai fait découvrir ! ).
Pour cet essai ( très limité, je ne voulais pas indisposer mon ami ! ) , hors champ " classique " dans la configuration Lector / 802 / Vienna , on a écouté une plage de " My word " ( Lisa Simone ), la plage 7 " If you knew ". Bingo ! La voix est merveilleusement rendue, avec sa présence , sa chair, son grain. A la fin , la trompette est superbement équilibrée entre matité et ce qu'il faut de métallisation. Toujours ce médium de rêve… Mais cependant le grave...
Eh bien cette fois , il y a un vrai problème. C'est là que le bas blesse ( chacun, j'imagine, sait qu'il faudrait en réalité écrire " bât " dans cette locution ! ) . Une légère emphase, un embonpoint subreptice, est toujours présent sur les Vienna, quel que soit l'ampli utilisé, quel que soit son prix. Acceptable en général compte tenu des autres qualités. Mais sur la musique " moderne " , " d'aujourd'hui " , à niveau élevé on atteint trop tôt la saturation, l'engorgement. Quel dommage ! Je ne le fais pas remarquer à mon ami qui de toute façon, avec ce type de musique, se fiche à peu près totalement de ce qui sort de ses enceintes : il n'y reviendra pas ( je n'ai pas précisé au début de ce récit nos âges respectifs, déjà respectables ! ) . Je laisse tout de même un peu courir le disque qui entame la plage suivante ( " Ode to Joe " ) beaucoup plus remuant, incisif et spectaculaire. Pas de doute : la dynamique est resserrée, pas pleinement épanouie. Qu' on n' incrimine pas le 802: chez moi, sur les petites Rogers, en dépit de la faiblesse inavouable de leur sensibilité, ça " claque " autrement mieux ! Les Vienna ne veulent décidément pas vraiment faire taper des pieds. N'exagérons rien, il y a tout de même ce qu'il faut, mais il est clair que ces enceintes préfèrent développer leur fastueux médium plutôt que tambouriner à outrance.
Du coup, je comprends pourquoi, depuis que j'admire ces enceintes, depuis qu'elles m'en ont fait " benner " de plus coûteuses et ambitieuses , je ne me suis jamais vraiment décidé à en acheter une paire.
Conclusion floue de tout cela :
le 802 reste à mon sens un ampli suffisamment qualitatif pour permettre aux vertus d'une bonne source et de bonnes enceintes pas trop gourmandes de s'exprimer pleinement. Si je change encore quelque chose dans mon système, ça ne sera finalement pas lui.
Ah oui, mais je ne voudrais pas mourir sans avoir essayé la classe " A " : la voie royale, ça tente !
Paraît aussi qu'un bon Conrad Johnson à tubes c'est divin sur les " garces " ( pour ceux qui ne le sauraient pas, c'est le surnom affectueux donné à ces "boîtes à chaussures ", les Rogers LS3/5a ) .
Faudrait aussi que j'essaie le Lector chez moi. Mais je ne veux plus de choses à prix délirant. Les machines à plusieurs milliers d'euros, je ne peux plus les voir en peinture: effet FDA chinois. Et pas que: j'ai rebranché récemment un petit intégré Luxman, un petit Rotel, en principe tout juste bons pour Emmaüs. Eh bien, ça fait 95 % du job si les enceintes sont correctes. Ce que je sais depuis toujours, en réalité. Les 5% qui restent, à prix d'or: un luxe que je comprends mais qui ne m'attire plus.
J'essaierai peut-être enfin d' attraper une paire de Vienna d'occasion. Longtemps que j' en ai pas vu passer. Ce médium, tout de même…
Les LS3/5a, d'un autre côté, ça ne se revend pas. Ou alors en une heure, au juste prix, si je me prenais à penser que c' est pas la peine d'avoir deux paires d'enceintes dans la salle d'écoute.
Ah mais c'est vrai, j'y pense … maintenant qu'il n'y a plus de chat dans la maison, je pourrais peut-être y faire entrer de nouveau des panneaux. J' avais bien aimé des Magnepan 3.3 R dans le temps, quand on s' y était installés. La boucle serait bouclée. Des 3.6 d'occasion par exemple, ça coûte rien, vu le potentiel. Mais faut 400 W ! Exit le 802 !
En attendant, je repasse chez moi Pogorelich jouant Brahms sur mon système. Ma foi, ça se défend... Ecoutant pour la première fois ce disque dans ce cadre je présume que j'en percevrais très bien l'essentiel des mérites exceptionnels, y compris purement audiophiles. Evidemment , subsiste la tentation de les exalter... A quel prix ?
Bon, j'avais annoncé le volume. J'avais pas dit que ce serait puissamment anachronique *: pensez donc, pas un terme d'informatique ! Je salue donc le courage de ceux qui auront lu jusqu'au bout et leur souhaite une bonne année ! Aux autres aussi d'ailleurs, ne soyons pas sectaires !
rogers
* je découvre que je me suis trompé de fil, je voulais plutôt mettre ça dans " Amplification " !