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Etat des lieux
Pour définir ce qu'est le Rytm'n blues, je dirais que c'est... du blues avec du rythme. Et le tout fait taper du pied sans qu'on s'en rende compte. J'en ai même connus des qui dansaient bêtement devant leurs enceintes sur « Respect » d'Aretha Franklin. Ne dites pas le contraire. Autrement dit, le RnB c'est du blues pour danser. Le blues, ses accords et quelques uns de ses thèmes, sont le fonds de sauce. Mais certains instruments emblématiques ont disparu: l'harmonica et le fiddle ne font plus partie de l'orchestre pour la bonne raison que ce sont des instruments ruraux (pauvres) et que le Rn'B est essentiellement urbain. Ils sont remplacés par la (les) guitares électriques et, surtout, le sax ténor, voire plusieurs cuivres. La basse électrique et la batterie ne sont pas mises en avant, elle sont uniquement là pour garder le tempo.
Autre différence: la voix. Là où le blues en propose une seule, le Rn'B va être le domaine des ensembles vocaux: Drifters, Cardinals, Diamonds, Coasters, Mar-Keys pour les plus connus, mais derrière eux il y a des dizaines de groupes qui ne durent parfois que le temps d'un single, qui changent de noms, dont les membres se croisent.
Assez difficile de s'y retrouver. Ces groupes vocaux rapprochent le Rn'B du gospel avec le style Doo Wop. D'une façon générale, le RnB va faire la part belle aux voix, aux grandes voix : Wilson Pickett, Eddie Floyd, Otis Redding, Sam Cooke, Brook Benton, Aretha Franklin, Etta James, Ruth Brown etc. Notons au passage qu'à la différence du blues, mâle à 98%, les femmes ont toute leur place dans le RnB.
Les thèmes. Là où le blues pouvait être contestataire, dénonçait des inégalités sociales, le racisme (J.B Lenoir et Leadbelly), le Rn'B, musique de fête, musique à danser, se concentre sur les rapports du couple et de la famille, l'absence, l'amitié, l'ivresse, le désespoir ou l'espoir amoureux, voire la gaudriole, encore que le bues n'en était pas exempt. Je crois bien qu'un titre sur deux comprend le mot « love ». Fin des années 60 début des années 70, le Rn B va à son tour reprendre les thèmes sociaux des révoltes urbaines, le meilleur exemple c'est « The Ghetto » de Donny Hathaway.
Le RnB est né au milieu des années 40. Une théorie explique son apparition comme une réponse à un certain embourgeoisement du jazz. Le RnB c'est la musique noire pour les Noirs, qui fait appel à des codes, à des héros récurrents, comme Sneaky Peetie, le petit voyou malin et sympa, à Stag O'Lee (ou Stager Lee, ou Stackolee), le maquereau qui tue son copain, Spoo De Odee (Sam Theard), comédien et auteur de chanson de Harlem à qui il est fait souvent allusion. Il était l'auteur du fameux « You Rascal You ». Les mots greenbacks, eagles (fly on friday) reviennent pour désigner la même chose : money. L'argent est aussi au coeur du RnB, sans doute parce que les maisons de disques (Chess, Atlantic, Okeh, Imperial, Stax...), en engrangent des tonnes et peuvent payer décemment leurs artistes.
On appréciera les chorégraphies des musiciens. C'est ça aussi le Rythm n' Blues!
A suivre....si vous le voulez