Le hasard fait parfois mal les choses.
Au moment où je tâchais de vous faire partager mon engouement pour Carlos Païta, au moment où le Palais des Dégustateurs annonce sont nouvel album consacré à Brahms (symphonie 1 et concerto pour violon) et Beethoven (Symphonies 5 et 7), Ayla Erduran, l'interprète Turque d'origine du concerto, décéde :
https://www.opus132-blog.fr/ayla-erduran...vier-2025/
Avant même d'avoir reçu le double album mentionné, je me sens le devoir de remettre le vinyl sur la platine, en devant confesser qu'il n'est, pour le moins, pas trop usé.
Pourquoi cet état de quasi New Old Stock?
Parce que juste après une introduction orchestrale flamboyante dont Païta a le secret (1) la soliste fait son entrée dans un style qui m'a toujours paru compassé, me hérissant le poil et détournant mon attention à la recherche de ces marques datées
Pourtant sa notice bio aurait dû m'inviter à plus d'attention : après avoir obtenu son diplôme du conservatoire de Paris en 1946,elle a passé plusieurs années aux États-Unis, où Ivan Galamian et Zino Francescatti ont été parmi ses professeurs. Elle a également eu pour mentor David Oistrakh au Conservatoire de Moscou.
Alors que donne cette écoute ? toujours un peu de mal avec cette version rauque qui n'a pas la fluidité des versions d'Oistrakh que j'adule mais je dois reconnaitre qu'elle invite à une autre écoute, sa lecture étant très originale
Pour une critique mieux léchée que la mienne, je vous renvoie à ce que le philosophe André Hirt écrivait le 7 janvier en ignorant que Mme Erduran était en train de décéder:
"Le jeu d’Ayla Erduran est âpre, ainsi le qualifiera-t-on, on dira également ascensionnel ou montagneux pour donner l’image des sentiers difficiles, ceux-là mêmes de la création artistique qui s’avance dans la nuit ou qui tombe sans fin, avec conscience, dans le vide. Ainsi, le violon d’Ayla Erduran échappe-t-il, osons l’oxymore, aux facilités de la virtuosité qui finissent toujours, parce que c’en est le principe, par homogénéiser la partition comme son expression, si bien qu’à terme on confond à l’écoute tous les virtuoses du monde."
à retrouver exhaustivement ici (avec une description de l'art de Carlos Païta à laquelle je souscris entièrement)
https://www.opus132-blog.fr/carlos-paita...eurs-2025/
(1) bien partagé avec John Dunkerley le preneur de son (afficionado de l'arbre Decca pour y avoir travaillé 30 ans : les prises de son de l'orchestre symphonique de Montreal c'est lui)