Enquête documentaire sur le streaming

[txomin]

Bonjour,
Le documentaire est quand même très univoque : il encense le streaming, en y voyant que des éléments positifs, et les fournisseurs passent du coup pour des bienfaiteurs de l'humanité. Il me semble quand même qu'on reste dans une logique d'industrie et que là aussi les artistes sont les dindons de la farce, surtout s'ils ne sont pas prêts à se plier aux injections du bon goût du moment.
Pour moi, le problème principal reste l'uniformisation totale des sons, des créations et le coté complètement anonyme du créateur noyé dans des playlists ...ça prépare l'étape d'après, la musique fait grâce à l'intelligence artificielle...
L'auditeur manque également d'investissement : il n'a rien acheté, quasiment rien choisi (algorithme), du coup la musique devient une espèce de bande son du quotidien où une écoute totalement passive est privilégiée.
Mais peut être suis-je excessif, limite dinausore...

[mishelinka]

Excessif, je sais pas, mais j’ai ressenti les mêmes choses à la vision du documentaire d’Arte, même si les problématiques liées au streaming ne me semblent pas éludées, et si je trouve qu’il fait la part (trop ?) belle à Spotify (qui semble être en tout cas le leader mondial incontesté de ce mode de diffusion).
Il y a quoi qu’il en soit dans le streaming, tel qu’organisé aujourd’hui, un p’tit côté manipulation de l’auditeur, que tu soulignes, et qui est peut-être l’aspect qui m’empêche pour l’instant d’adhérer à ce mode d’écoute (dinosaure aussi  ?)
Quant à la rétribution des artistes, peut-être une lueur d’espoir avec cette initiative ? 
https://www.francetvinfo.fr/culture/musi...46322.html

[Muskar]

(09-12-2023, 01:25 PM)txomin a écrit : 'auditeur manque également d'investissement : il n'a rien acheté, quasiment rien choisi (algorithme), du coup la musique devient une espèce de bande son du quotidien où une écoute totalement passive est privilégiée.

C'est tout à fait ça.

[Gigi]

Est-ce que cette attitude n'est-elle pas généralisée ?
On consomme de la musique comme un plat préparé, comme un programme télé, tout est fait pour que le maximum de personnes consomme la même chose, c'est plus rentable.
Et puis on a globalement tendance à aller vers ce que l'on connait. Je travaille en médiathèque et je constate que dès que c'est un peu plus exigeant, pointu, curieux, bizarre, le public boude et pourtant c'est assez formidable.
Par ailleurs on nous a habitué et on s'est laissé habituer au pas cher, au hard discount, au gratuit, au je peux tout avoir sur internet sans rien débourser. C'est pour certains un mode de vie, la quantité au détriment de la qualité avec parcimonie.
C'est affligeant surtout venant de professionnels de la culture qui scient la branche sur laquelle ils sont assis.

Pour revenir à l'enquête elle n'est pas exhaustive et oublie des acteurs de l'écosystème.

[Evasion]

Je vous trouve bien pessimistes les amis ! Présenter l’auditeur en streaming comme un mouton qui consomme des playlist pré constituées, sans recherche ni investissement de sa part, etc. C’est très réducteur. 

C’est effectivement un cas d’usage possible, passif ou récréatif, quand on est au bord de la piscine, en dîner avec des amis, etc. En revanche, ce n’est pas le cas d’usage unique !

Charge à l’auditeur en streaming d’utiliser toutes les fonctionnalités offertes et elles sont très larges !

Au début j’ai été déconcerté par l’abondance, l’excès offert par les catalogues offerts  (j’utilise Qobuz) ; et j’ai adapté mon mode de “consommation de la musique”, j’ai recherché et mis en favoris mes albums préférés que j’avais en CD, fais des recherches par association, aussi en suivant les recommandations de l’application qui sont basées par les écoutes et/ou achats des autres clients, etc. On peut même faire des recherches à partir des musiciens ayant enregistré.

Bref, j’ai pas l’impression d’être un mouton   et je ne vois pourquoi les nouveaux auditeurs seraient moins investis parce qu’il ont accès plus facilement à plus de contenus.

Les limites que je perçois en revanche portent sur (1) la quantité VS la qualité et (2) le “risque” pick and choose, c’est à dire qu’on a vite fait de n’écouter que les morceaux favoris / les plus écoutés et plus une oeuvre globale et de bout en bout.

[thomasv]

Je ne vois pas de différence entre une liste de favoris et playlists en streaming et une discothèque.
Le streaming c’est les disques (presque tous) et la radio réunis au même endroit.

[danielha]

Bonsoir a tous,

J'ai l'impression que beaucoup ici oublient que la radio existe depuis toujours (a mon échelle de quinca). La ménagère de moins de 50 ans a appris à se laisser guider les oreilles depuis des lustres. MTV n'a pas attendu le streaming. Et nos k7 Philips ont ravagé des tonnes d'albums faute d'avoir été dupliquées correctement.

Bref internet, MP3 et streaming... juste un renouvellement technologique que l'industrie musicale a d'ailleurs boudé fort longtemps. Ce sont les utilisateurs qui ont fini par forcer la main des majors.

Pour ce qui est de la qualité sonore, là encore rien de nouveau sous les nuages. Le MP3 a été détourné par les utilisateurs qui ont vite compris ce qu'ils pouvaient en faire.
Bref, quand 10% des personnes soignent leur installation dédiée à l'écoute de la musique, le reste consomme ce qu'il trouve, et ce, depuis toujours !

Pour les supports physiques, l'industrie de la photo a ouvert la voie... Il restera toujours un marché spécifique pour ces supports mais qui finira globalisé avec quelques boutiques locales très specialisees. L'industrie du 33 tours va dans cette direction...

Daniel

[bbill]

(09-10-2023, 04:21 PM)Gigi a écrit : Je suis en train de regarder une enquête sur Arte qui fait l'historique de nos pratiques musicales depuis l'invention du format MP3.

https://www.arte.tv/fr/videos/110121-001...a-musique/

C'est factuel et pose les jalons de l'histoire.

merci pour cette excellente présentation chronologique de ARTE
que je résume +- :

1.- Avant le MP3, pour un artiste, il était difficile de dépasser le périmètre de sa ville sans un producteur de disque (c’était le pouvoir aux producteurs)

2.- Les grands label n’ont pas compris l’intérêt du MP3, la licence leur avait été proposée par l'inventeur allemand.. ils ont donc raté cette technologie !

Entre temps, le MP3 gratuit a permis la découverte de plus d’artistes rares ou lointains, un bénéfice pour la culture musicale du monde entier

C’est notamment l’état (via les telco comme France Telecom) qui a encouragé internet (payant) avec l’argument des téléchargements MP3 (gratuits)

3.- En passant du téléchargement et du ripage MP3 au streaming (Tidal, Qobuz, Deezer..) cela a ouvert une offre payante acceptable, simple d’usage et populaire (à cette étape, les anciens producteurs de CD n’avaient toujours pas pris l’initiative !)

L’unité n’est donc plus la plage ou le disque mais la playlist (façon Spotify) avec donc, en plus de la musique, un choix éditorial +- suggéré (imposé).. Le système « big data » des plateformes oriente donc nos écoutes via des listes !! (Les acteurs de l’industrie sont maintenant les plateformes de streaming)

Les playlists sont souvent un nivellement par le bas (le rap ?, etc..), mais il y a aussi un nouveau mélange des genres (jazz, classique, world, rock, rap, ..) et une ouverture plus grande vers une internationalisation (Afrique, Corée, ..) et donc du métissage créatif

4.- Entre temps, la plupart des artistes sont obligés de faire en parallèle des concerts pour gagner de l’argent.. ils repassent donc du CD à la scène (comme au temps de Mozart !), le streaming fait de la promo mais ne rapporte pas grand chose

Voila donc +-la façon dont ARTE explique l'histoire... je ne fais que le résumer

[joel.h]

"Entre temps, la plupart des artistes sont obligés de faire en parallèle des concerts pour gagner de l’argent.. ils repassent donc du CD à la scène (comme au temps de Mozart !), le streaming fait de la promo mais ne rapporte pas grand chose"

ET?
La place des musiciens n'est elle pas justement sur scène ?

[Gigi]

Les musiciens de studio ne montent pas forcément sur scène, tous les musiciens ne font pas de la scène, Glenn Gould préférait faire des disques, Gérard Manset n'a jamais fait de concert.