09-06-2017, 04:44 PM
(09-06-2017, 03:27 PM)Olive a écrit : C'est bien résumé.
Il a l'air très bien ce texte de Grimal.
Petite question : Ce qui te déplait chez Bohm ? les tempi ?
Salut
S'il n'y avait que les tempi, où il arrive souvent que plusieurs options soient crédibles, je n'en aurais pas parlé.
Evidemment ce que je vais écrire va paraitre très violent, et c'est très facile après près de 40 ans de travail de milliers de musicologues et de musiciens à travers le monde, et le pauvre Bohm va se faire tailler un costard...
Bohm joue Mozart comme des acteurs japonais ne parlant pas un mot de français joueraient une pièce de Molière, ou comme des français n'ayant aucune connaissance du No se mettraient à monter un spectacle de théâtre No.
Il y aurait dans les deux cas les mots, mais ni les intonations, ni les articulations, ni le rythme des phrases, ni le sens.
Un exemple, la "petite" sol mineur de Mozart, devenue célèbre après le film Amadeus.
Evidemment il y a les notes chez Bohm. Est-ce que c'est "suffisant"? Cela l'était à son époque, cela ne l'est plus maintenant.
Comparaison avec Adam Fisher dont j'avais écrit une critique justement sur cette symphonie 25 que je me permets de citer intégralement ici, et où j'avais déjà parlé des "baroqueux":
Citation :Y avait-il encore besoin d'une nouvelle intégrale des symphonies de Mozart?
Entre les versions plutôt contemplatives (pour ne pas dire somonolentes ou planplan) de certains, les extravagances ridicules de certains baroqueux, et des sommets comme l'intégrale de Erich Leinsdorf, l'offre est plutôt roborative, du pire au meilleur.
Mais après la jubilation procurée par l'écoute de l'intégrale des Symphonies de Haydn par Adam Fischer, je me suis laissé aller à cliquer sur des extraits de cette nouvelle intégrale sur mon ordinateur. Ces quelques fragments m'ont conduit à immédiatement me procurer tous les albums de cette intégrale.
Je ne parlerai ici que de la Symphonie 25, Sol Mineur, composée à 17 ans par notre Aimé des Dieux.
Accrochez-vous à votre fauteuil. Adam Fischer et Mozart ne vous laisseront pas une demi-seconde de répit dans le premier mouvement. Ni vos oreilles ni votre esprit ne seront tranquilles. La douleur fuse de toute part et ne laisse aucun repos ni échappatoire à l'auditeur. Comme quand on a beaucoup pleuré, le second mouvement laisse à penser que la douleur s'achève et que l'on ne pourra jamais plus pleurer. Le menuet qui suit devient macabre, cumulant la douleur associée au souvenir de la douleur du premier mouvement. Le dernier mouvement semble prier pour que la douleur cesse et que la Paix revienne.
On ne sort pas tout à fait indemne de cette écoute.
Mais Adam Fischer ne tombe dans le Romantisme de parler de "MA" douleur, il nous parle de "LA" douleur, ce qui me semble encore plus terrifiant que d'écouter quelqu'un se lamenter sur son propre sort. Ici, on est nécessairement concerné par l"universalité du propos.
Il ne tombe pas non plus dans le "travers baroqueux" où certains, hélas, ne font qu'essayer de nous montrer à quel point ils ont compris "comment c'est écrit". La violence des syncopes et des disonnances est au service de la vision de Adam Fischer, elle même au service de la musique de Mozart.
Chapeau bas Monsieur Adam Fischer. Sur Facebook, je vous aurais envoyé un milliard de "like".
La prise de son et le mastering effectuées par Lars C. Bruun nous placent proches de cet orchestre de chambre, et l'effet est saississant. Tous les plans sonores sont parfaitement présents et audibles, et dans la nuance souhaitée par Adam Fischer. Les coups d'archet des violoncelles ou les "cris" des cuivres sont lisibles, sans aucun artifice.
C'est Lars C. Bruun qui est aux commandes de tous les albums parus. L'unité sonore de cette intégrale est un régal supplémentaire.
Quant aux interprétations des autres symphonies, je vous laisse les découvrir, elles valent absolument TOUTES des points d'exclamation!!!