(07-21-2018, 09:14 PM)Yannick a écrit : Salut Sarastro,
Ne t'inquiètes pas, il n' y a aucun problème de compréhension de ta démarche. Mais ton message datant comme tu nous l'indiques du 16 avril et que cela était dans un premier temps, je me suis permis de te poster le lien d'une annonce anglaise, car en ce qui me concerne 3 mois et une semaine après le premier message le premier temps est passé depuis longtemps.
Le potentiel de l'offre a bien été démontré durant ce temps ( premier temps en cours): une paire pourrie au niveau des tweeters 900€ et un voyage chez le luthier pour remettre la robe à niveau. Voilà donc explication faite le pourquoi du comment sur le fait de mettre cette offre sous les yeux.
bonne chance et pour ma part je joue au loto.
Salut,
Je te rassure, je ne suis pas inquiet !
.....
La notion de temps est toute relative !....et visiblement nous n'avons pas la même !.
Le "premier temps" (chez moi), -sachant que je dispose d'une paire de Memento- (redite !), s'étale sur 12 à 18 mois, au moins....
J'ai donc quelques jours devant moi....!
Si mes recherches auprès de particuliers ne débouchent pas, j'activerai alors le domaine professionnel et si rien ne se passe
à un prix "correct" (oui!, là
aussi! je sais que nous n'avons pas la même lecture d'un "prix correct) je ne ferai alors donc pas ce comparatif entre Homage et Memento, et je passerai à autre chose.
Voilà !!!!.
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Pour les curieux, suit en quelques pages, l'un des déclencheurs de ma démarche.
Un BE (dont j'ai oublié l'auteur) qui vous permettra de mieux mesurer ce qui motive cette écoute comparative, mais pas à tout "PRIX"......! :-))
C'est un peu long !!!
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Plus que tout autre manufacturier d’enceintes, Sonus faber peut revendiquer cette italianité qui caractérise l’ensemble de sa production. Chez ce constructeur, on achète plus qu’un transducteur, on acquiert un objet, voire une œuvre d’art, le fameux « capolavoro » Italien…
Le départ (décès le 1er avril 2013) du père fondateur Franco Serblin, ayant vendu à un premier fond d’investissement Italien en 2003 est maintenant assez loin, et le rachat de l’entreprise par le groupe Quadrivio SGR en 2007 a propulsé cet ancien acteur régional au sein du gotha international du High-End. Quadrivio a par ailleurs développé et élargi le réseau des revendeurs ainsi qu’il a procédé à un développement très significatif de son portefeuille d’activités dans ce domaine particulier en rachetant successivement d’autres fleurons de la haute-fidélité tels que Audio Research et Wadia Digital.
Si les instances dirigeantes de l’entreprise d’Arcugnano restent fondamentalement attachées à la tradition luthière de Crémone et l’héritage du plus illustre d’entre eux, Guarneri del Gesù, Sonus faber s’est doté durant ses dernières années d’une capacité de R&D digne des meilleures sociétés industrielles du secteur. L’équipe de développement, sous la houlette de l’Ingeniere Paulo Tezzon, est certes jeune, mais extrêmement qualifiée et motivée. Cela a amené l’entreprise du Veneto vers des territoires encore inexplorés du temps où le seul patron présidait au développement de l’entreprise, et notamment vers l’illustration la plus prestigieuse du savoir-faire et des compétences techniques de l’entreprise, à savoir le «vaisseau amiral» The Sonus faber». Les Amati Futura, Aida et Guarneri Homage, Memento, Palladio, et Evolution ont bénéficié des développements capitalisés dans la mise au point de ce monument de technologie.
Cette seconde itération de la plus mythique enceinte bibliothèque que nous a livrée la Péninsule s’ancre ainsi dans la tradition avec néanmoins des retouches majeures sur le plan technique et esthétique qui la projettent complètement dans notre univers moderne comme une des références incontournables du marché des monitors high-end.
Comme la première Guarneri sortie en 1993, la Memento recherche avant tout la perfection en matière de timbres. Elle est néanmoins destinée à apporter un gain significatif sur d’autres critères, et notamment la dynamique et le respect des transitoires. Cela n’en fera certes pas une enceinte destinée à l’écoute de hard-rock ou de techno, mais elle se réclame néanmoins comme plus polyvalente et sans doute plus «ouvertes» que le modèle précédent.
Ces récents développements de l’entreprise dirigée par Mauro Grange ancrent davantage Sonus Faber dans le segment du High-End, ainsi que vers un design bien plus contemporain, tout en préservant les vertus relatives à la lutherie et au travail artisanal. C’est un peu à la façon de la Scuderia au « Cavalino Rampante », résolument tournée vers l’avant-garde tout en préservant le lien avec son glorieux passé.
Ce sont ces attentes des tifosi qui ont motivé les équipes de Sonus faber à les limites d’une signature sonore bien affirmée, peut-être en lui conférant davantage de neutralité sans pour autant la travestir… difficile exercice de style auxquels les designers Italiens se sont livrés avec toute l’habileté et la passion nécessaires.
La Guarneri Memento est en quelque sorte une démonstration de ce que peut parachever cette nation Italienne dans le cadre de la conception d’une simple deux-voies. Forcément cela nous amène vers des rivages où le coût devient une notion secondaire, et sur lesquels resteront bon nombre d’entre nous qui n’aurons pas la chance de pouvoir se payer le billet de la traversée. C’était néanmoins déjà le cas en 1993 lors de la sortie de la Guarneri Homage, si on tient compte de l’augmentation générale des prix sur ce segment de marché. Considérons-donc que cela fait partie du mythe, en partie inaccessible : bienvenu en Italie du Nord, où le simple fait d’exister prévaut souvent sur l’idée même de la possession, « essere piuttosto di avere ».
C’est particulièrement cet orgueil extatique qui pousse les ingénieurs Italiens (quel que soit leur secteur d’appartenance) à cette recherche de la perfection, et du plaisir toujours plus intense, en un mot le fameux « capolavoro ». C’est la culture de l’émotion et de la séduction, qui sont sans aucun doute les axes de recherche essentiels de Sonus faber, la haute fidélité étant davantage un moyen d’atteindre ces objectifs qu’une réelle fin en soi. Cette sensualité et féminité sont bien toujours présents, même si la technicité employée par la firme semble n’avoir jamais été aussi développée qu’aujourd’hui. Et ce n’est pas une question d’hyper-sensibilité de ma part ou d’élan romantique incontrôlé. Cette sensibilité tient à cœur aux Italiens ; c’est une composante de la vie quotidienne et cela compte également pour tous les hédonistes dont je fais partie.
Cette entrée en matière ayant posé le décorum, je m’attarderai dans les pages suivantes sur des arguments plus tangibles et plus techniques, car ce côté glamour abrite également bon nombre d’avancées technologiques…
Je ne me rappelle pas avoir jamais manutentionné chez moi des enceintes de format bibliothèque aussi lourdes. L'importateur Français était là afin de me donner un coup de main pour réceptionner ma paire en provenance directe d'Arcugnano, et ce n'était pas de trop. Je déconseillerais d'ailleurs aux nouveaux acquéreurs de ces belles Italiennes de se lancer dans le déballage en étant seul. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : chaque enceinte avec son pied pèse environ 55 kg, et emballé, le tout avoisine les 130 kg... Il faut noter par ailleurs que la forme profilée du cabinet, en parfaite continuité avec le pied, laisse peu de prise disponible pour bouger l'ensemble une fois assemblé.
Comparées à la précédente version (Guarneri homage), les Memento apportent une touche de modernité tout en restant dans le plus pur style Sonus faber et de celui de la tradition luthière de Crémone. Le pied en pierre de Bourgogne est au demeurant très beau
Le cabinet a été complètement repensé, les concepteurs optant pour de nouvelles dimensions et de nouveaux matériaux. Ainsi, cette enceinte peut prendre place à peu près partout, aussi bien dans un intérieur contemporain que classique. Reste juste à trouver un mobilier à la hauteur de la qualité de finition des enceintes, ce qui n'est peut-être pas gagné...
J'ai souvent vu et écouté pas mal de monitors très chers mais cette fois-ci, lorsqu'on sort les Memento de leurs étuis, on sait déjà qu'on a entre les mains un objet exceptionnel, aucun doute possible à ce propos. Ces enceintes peuvent clairement concourir pour le titre de la plus belle enceinte compacte au monde.
Mais cette nouvelle Guarneri est bien loin d'être un simple remaniement stylistique de la précédente version et elle embarque bon nombre de raffinements techniques hérités du porte-étendard de la marque : The Sonus faber (initialement baptisé « La Fenice » avant que les Doges Vénitiens ne contraignent l’entreprise à opter pour une appellation moins évocatrice).
Un très gros travail a été réalisé en effet sur l'inertie et l'élimination des résonances parasites. C'est ici un fait important car ce qui relève bien souvent de l'artisanat ordinaire et de méthodes triviales mises en œuvre afin de s'affranchir dans la mesure du possible de la coloration de caisse, est dans le cas des Guarneri Memento un vrai exercice de style et un sommet de raffinement technique. Et ce clivage est loin d'être anodin, et justifie à mon sens complètement le positionnement tarifaire de l'objet. On est définitivement ici dans le domaine de l'exception, même si dans une certaine manière on peut trouver normal qu'au 21ème siècle on puisse aborder la conception d'enceintes acoustiques avec un peu plus d'ambition que n'en témoigne la grande majorité des fabricants actuels.
Signalons au passage que le filtre a été aussi particulièrement soigné et résulte d’une technologie propriétaire de filtre passe-haut dite « Para-Cross topology ». Le réglage fin a été fait à l’oreille et, là encore, une attention minutieuse a été portée afin de réduire les phénomènes vibratoires grâce à un traitement bitumineux.
L’impédance nominale est donnée pour 4 Ohms.
Pour revenir à des considérations moins techniques, je dois d’ores et déjà reconnaître que les Guarneri Memento sont sans aucun doute les plus beaux objets que j’ai pu accueillir chez moi jusqu’à présent. En comparaison, même de sérieux challengers comme les Magico Minis, les Tidal Amea, ou bien encore mes Triangle Duetto, sont un bon cran en dessous en ce qui concerne le niveau de finition. Cette finition exceptionnelle est d’ailleurs le fruit d’un travail et de techniques hors normes, pour ne pas dire quasiment jamais rencontré, pour la fabrication d’une enceinte, même à ce niveau de prix.. Les différentes phases de polissage alternent des traitements chimiques et mécaniques réalisés par des techniciens qualifiés et avec un niveau de précision peu commun, de l’ordre de 30 microns.
Comme il est toujours intéressant de comparer un produit par rapport à sa précédente version, je ferai un bref effort pour regrouper mes souvenirs d'audition des précédentes Memento. Bien que ma mémoire n’a pas l’acuité nécessaire pour tirer des conclusions totalement objectives, cela permet néanmoins de situer un peu mieux l’esthétique sonore de la nouvelle version pour les lecteurs déjà intéressés par les précédentes productions de la marque.
Ainsi, en comparaison avec les Homage, j’ai eu globalement la sensation d’avoir une écoute un peu plus neutre. Les aigus semblent avoir gagné en douceur, avec sans doute davantage d’atténuation sur le haut du spectre. Le grave semble sensiblement plus lisible et les exigences vis-à-vis de l’amplification requise pour les faire fonctionner correctement paraissent un peu moins drastiques. A ce titre, j’ai pu faire fonctionner les Evolution avec le petit intégré Trends Audio TA-10.2 (délivrant 2 x 10 W sous 8 Ohms) sans que le résultat en pâtisse particulièrement, même si l’ampleur de l’image stéréo et la dynamique s’en sont trouvées notablement réduites. Ceci dit, on reste dans la même esthétique sonore que les précédentes versions et les possesseurs de Guarneri Homage ne seront pas particulièrement dépaysés.
A l’instar de la précédente version, les Memento aiment les amplificateurs disposant d’une belle réserve de courant. Je pense que c’est un critère important pour retirer une appréciation un tant soit peu objective des enceintes, et, en leur associant un amplificateur de faible puissance, on risque tout simplement de passer à côté de leur incroyable potentiel.
Autre caractéristique à considérer avant de porter son dévolu sur ces enceintes :le genre musical et le type d’écoute recherché. Certains penseront tout de suite qu’une bonne enceinte, surtout à partir de ce niveau de prix, se doit d’être plus ou moins universelle. Je suis bien d’accord là-dessus, du moins sur le « plus ou moins »… Car même si nous recherchons tous le mouton à cinq pattes capable de reproduire n’importe quel genre musical à la perfection, cela m'apparaît néanmoins un objectif difficilement atteignable sur le long terme.
Cela dépend également de ce qu’on entend par « perfection » et du niveau d’exigence de chacun. Je pense ainsi que les Guarneri Memento ne sont pas exemptes de ces limitations, même si elles sont capables de reproduire de façon très soignée n’importe quel style de musique. Mais en aucun cas je ne justifierais l’achat d’une telle paire de moniteurs pour écouter principalement Madonna, Supertramp ou Metallica, et cela tout simplement parce que le plus gros atout de ces enceintes n’est pas la restitution de l’impact physique d’une ligne de basse ou d’une batterie, comme peuvent le faire un grosse paire de moniteurs JBL ou bien encore mes anciennes colonnes McIntosh LS360… Le domaine de prédilection des Guarneri Memento est à mon avis tout autre : elles excellent sur la musique classique et tout autre genre musical favorisant les instruments acoustiques ainsi que les voix. Je ne sais pas ce que Paolo Tezzon et Livio Cucuzza avaient à l’esprit lorsqu’ils se sont penchés sur le berceau de la future Guarneri, et ce ne sont rien d'autre que des spéculations purement personnelles. Peut-être se sont-ils contentés de suivre le concept sonore initial tout en essayant d'en repousser encore plus loin les limites ?
Mais les Guarneri Memento sont pour moi conçues pour magnifier l’écoute de musique classique à un tel niveau que c’est aujourd’hui la meilleure paire d’enceintes en format bibliothèque que je recommanderais à tout amateur de « grande musique » et ce, sans considération de prix..conçus comme le First Watts F5 de Nelson Pass peuvent constituer une alternative intéressante avec les Evolution.
En effet, les Guarneri Evolution se sont imposées à moi chaque jour davantage comme une évidence à l’écoute de grandes masses orchestrales, de concerti, de symphonies et d’opéras.
Ces transducteurs sont capables de s’adapter aux environnements domestiques, souvent caractérisés par des pics de résonance dans les aigus et des ondes stationnaires dans l’extrême grave, en délivrant un résultat hors du commun. L’atténuation des hautes fréquences n’engendre pas de sensation de manque en termes de détail et d’équilibre tonal bien qu’elle se traduise par une moindre ouverture par rapport à mes Magellan Duetto. C’est aussi pour cela que le choix de l’amplificateur se révèle déterminant car il impactera la faculté des Evolution à délivrer des transitoires et une dynamique de haut niveau. Les Sonus faber ont d’ailleurs révélé, tout au long de cette période de test, autant de détails – sinon plus dans le bas médium– que mes Duettos, ce qui n’est pas une mince affaire.
Les nouvelles Guarneri se sont avérées être des moniteurs vraiment exceptionnels du fait de leur capacité à diffuser de la musique pendant de longues heures, et sur des plages dynamiques très étendues, sans jamais provoquer de fatigue auditive. Elles savent également conserver un niveau de détail, de cohérence spatiale, ainsi que toute la subtilité de la micro-dynamique même à très bas volume. Je rajouterais que la mise en phase des enceintes est vraiment de tout premier plan. L’image stéréo est d’une rare acuité avec une profondeur de scène presque hallucinante pour des enceintes de ce format. De surcroît, elles procurent un très faible niveau de distorsion subjectif, certes dû pour partie à leur sensibilité peu élevée, et sont très peu directives. Vous aurez donc à présent deviné que j’ai complètement craqué pour ces belles Italiennes. Elles ont été un vrai régal au quotidien ainsi que d’un confort inégalé parmi toutes les enceintes qui on pu séjourner chez moi jusqu’à aujourd’hui. Je me rends compte à présent que j’ai presque oublié de parler de leur qualités tonales et justesse de timbres comme ci cela était une gageure. Celles-ci vont encore plus loin que les précédentes grâce à un léger surcroît de neutralité.
Durant les derniers week-ends, je me suis diverti en écoutant beaucoup d’opéras et de musique symphonique et, bon sang, j’ai pris énormément de plaisir. Au-delà du caractère parfois un peu stérile du travail de testeur qui va disséquer, analyser, pousser la bête dans ses derniers retranchements, il y a parfois des moments d’une grande évidence et d’une extrême félicité. Et bien là, nous y étions… pas grand-chose de plus à dire puisque ceci est éminemment subjectif, et pourtant…
Je retourne néanmoins à ma tâche de journaliste-amateur. Cette musique symphonique est sans doute ce qu’il y a de plus compliqué à reproduire en haute fidélité. Cela à cause des variations d’amplitude et de dynamique. La justesse et la précision du rendu des Guarneri se sont révélées quasiment insensibles à ces variations. On touche là le domaine d’excellence de ces moniteurs. Les “tutti” et les “forte” se sont enchainés avec un naturel confondant, alors qu’il est d’habitude si difficile de s’affranchir des interactions avec le local d’écoute et de la fatigue auditive que peut provoquer une écoute prolongée à volume réaliste. Au contraire, grâce à leur étonnante douceur et justesse de timbres, tous les passages difficiles des pièces de Mahler ou de Bellini ont été des moments de pur bonheur auditif.
Bien souvent on fait la distinction entre la musique vivante et celle enregistrée du fait des distorsions provoquée chez cette dernière par les haut-parleurs et la pièce d’écoute. Avec les Guarneri Memento, j’ai pu ressentir cette sensation de douceur naturelle qui caractérise la musique live tout en me situant en retrait de la scène, c’est-à-dire au 6° ou 7° rang, ce qui permet en outre d’avoir une vision globale du spectacle. En effet, ces enceintes proposent une écoute très contemplative : leur but n’est pas de vous immerger dans la musique ni de vous envelopper en son sein. La scène sonore s’étend en fait derrière les enceintes avec un niveau de précision et de découpe des différents plans tout à fait remarquable. Malgré cette distance qui s’établit entre l’auditeur et les enceintes, la musique reproduite par les Memento a toujours été par ailleurs très engageante et communicative. La qualité de la mise en phase des Guarneri permet en outre d’obtenir une image très stable avec un positionnement très précis de chaque instrument dans un espace tridimensionnel crédible.
Lorsque j’ai évoqué un peu plus haut le domaine d’excellence des Guarneri Memento, c’est-à-dire leur incroyable aptitude à s’affranchir des contraintes du local, on peut évidemment y voir un lien direct de cause à effet avec le travail réalisé sur l’inertie globale de l’enceinte et l’élimination des phénomènes vibratoires. La reproduction de la batterie et des tambours en est d’ailleurs une très bonne illustration. Les Evolution ne délivrent pas le type d’impact que l’on va ressentir physiquement et qui s’avère bien souvent relever davantage d’un pur artifice que de la réalité de ce qui a été effectivement enregistré. L’impact d’une batterie ne perd pas pour autant en acuité mais la grosse caisse reste en arrière-plan, sans que le système fasse un zoom momentané sur cet instrument. Le grave descend subjectivement plutôt bas au regard des dimensions de l’enceinte, et avec une linéarité ainsi qu’une palette de nuances assez rares dans ce format, et finalement assez proche de la restitution offerte par une excellente charge close.
L’insensibilité des Guarneri au room gain est sans doute une des explications de cette étonnante neutralité, et les technologies employées dans la conception du pied, ainsi que les différents absorbeurs de vibrations embarqués dans le cabinet, semblent être d’une efficacité redoutable.
A ce titre, j’invite tout audiophile étant tenté d’associer (trop rapidement) Sonus faber à une restitution assez colorée et typée, à se déplacer pour écouter les Guarneri. Je n’ai en fait guère trouvé de redondances ou de coloration systématique à l’écoute des Memento. Chaque enregistrement a conservé son identité acoustique propre, sans que je puisse éprouver une quelconque lassitude. Et richesse de timbres n’est pas non plus synonyme d’exagération ou de déformation… mais sans doute davantage de transparence dans ce cas bien précis
J’étais par contre plus sceptique concernant les aptitudes des Guarneri à reproduire des enregistrements assez sombres, qui auraient pu conduire à un résultat global un peu trop terne.
L’écoute des enregistrements de la Japonaise Hiromi Uehara est très instructive en la matière car elle permet de mettre en exergue les faiblesses de nombreux systèmes. En fait, ces enregistrements sont loin d’être des cadeaux lorsqu’on les utilise dans le cadre d'un banc d'essai. L’album « Spiral » (Telarc – CD 83631) est un modèle du genre et sollicite les deux extrémités de la bande passante tout en gardant une qualité de prise de son assez surprenante. Les contrastes dans les extrêmes s'ils sont exacerbés par les défaut de l'enceinte (grave mal contrôlé, brillance excessive...) poussent vite le système à la faute. Ainsi, le Yamaha CFIIIS Concert Grand joué par Hiromi est un piano rapide avec une sonorité plutôt claire alors que la basse électrique Fodera de Tony Grey possède un son très lourd et en même temps très profond et linéaire. Je crois d’ailleurs que c’est un des rares CD de jazz que je possède où le matériel qui a servi à la prise de son et à l’enregistrement est détaillé de façon aussi précise. Même les câbles de modulation utilisés sont énumérés, après les références de microphones et des consoles (d’ailleurs quasiment toutes des EmmLabs) bien évidemment : en bref, un enregistrement pour audiophiles réalisés par des audiophiles…
Dans ce contexte très exigeant, les harmoniques du CFIIIS ne m’ont jamais parues amputées et le phrasé d’Hiromi avait la fluidité et la concision qui permettent de se rapprocher du son live.
Le trait caractéristique le plus impressionnant des Memento sur cet enregistrement a été néanmoins la restitution de la basse électrique, et particulièrement sur la seconde piste composée de trois mouvements (“Open Door – Tuning – Prologue”). J’ai pu distinguer précisément toutes les nuances du jeu de Tony Grey et notamment les infimes variations de pression de chaque doigt. La ligne de basse n’était pas aussi sombre qu’elle peut paraître le plus souvent sur ce CD. Au contraire, les timbres se sont avérés très nuancés et je n’ai pu percevoir aucune impression de trainage comme c’est généralement le cas lorsque l'infra-grave part en tilt. Les Guarneri Memento ont gardé le contrôle du début jusqu'à la fin, même avec le très électronique final « Return of Kung-Fu World Champion”.
A titre de conclusion, et parmi la longue liste de moniteurs deux-voies méritants, versatiles et bien conçus, les Sonus faber proposent une combinaison sans doute unique de très haute transparence, de justesse tonale, d'image tridimensionnelle homothétique et de confort d'écoute quasi inégalé. En considération de ces atouts, et donc de ce qu'elles sont capables d'exécuter presque à la perfection, ces Guarneri Memento représentent à mon avis une très sérieuse proposition pour tout audiofile attachant de l'importance au couplage des enceintes avec la pièce d'écoute, et soucieux également de l'esthétisme lié à leur intégration dans un environnement domestique.
N'étant pas par ailleurs les enceintes les plus polyvalentes du marché, elles intéresseront en premier lieu les amateurs de musique classique, ou plus simplement de musique acoustique. C'est ainsi que pour le passionné de musique classique que je suis, elles sont tout simplement la meilleure paire de bibliothèques que j'ai pu entendre jusqu'à présent. Les Guarneri ne sont pas des enceintes pour autant parfaites, à supposer que cela puisse exister. Elles sont onéreuses, elles ne possèdent pas les meilleures aptitudes dynamiques et elles requièrent une amplification solide pour exprimer tout leur potentiel.
Une chose est sûre néanmoins : j'ai éprouvé, durant ces deux mois passés avec les Guarneri Evolution, du plaisir au delà de toutes mes espérances. Je me suis régalé à l'écoute intégrale de disques que j'ai normalement l'habitude d'écouter partiellement du fait de la fatigue causée par l'amplitude dynamique et les limitations imposées par ma pièce d'écoute. C'est une vrai gageure, reconnaissons-le, que d'écouter un orchestre symphonique à niveau réaliste dans son salon. Et cela, les Sonus faber l'on fait avec une facilité déconcertante ! J'ai été vraiment surpris de pouvoir enchaîner quatre à cinq heures d'opéra avec un tel confort d'écoute et une telle sensation de réalisme. Cela me rend d'ailleurs triste de devoir aujourd'hui les renvoyer vers Arcugnano et si je n'étais pas en recherche d'une nouvelle paire de colonnes pour équiper ma nouvelle salle d'écoute, je crois bien que les Guarneri seraient définitivement restées à la maison...
Car ces enceintes correspondent vraiment à ce qu'on est en droit d'attendre d'un produit “high-end”: elles rassemblent des performances de tout premier plan, un raffinement technique propre à ridiculiser la plupart des produits concurrents, et une qualité de fabrication hors norme qui est depuis toujours l'apanage de la marque transalpine. Il n'y a clairement pas tromperie sur la marchandise, et les Memento en donnent beaucoup, pour un prix certes élevé mais complètement en phase avec leur niveau de prestation.
