Bonjour à tous,
Je profite des vacances au bord de la plage pour faire un petit bilan de mes « travaux » et réflexions des dernières semaines
En fait, plusieurs sujets sont sur le grill depuis mon passage chez Joël C et l’écoute des G1 et G1 spirit. Et comme entre temps, j’ai aussi eu le plaisir de pouvoir re-écouter les Jalucine 1Max et 24, cela m’a permis de me « recalibrer » l’oreille sur des systèmes de référence, et cela m’a généré quelques idées et pistes d’investigation nouvelles.
Il y a surement plein d’autres paramètres qui entrent en jeu, mais après avoir écouté sur mon système les mêmes morceaux que ceux écoutés chez Joël, je me suis dit que j’avais probablement été un peu loin dans l’atténuation du grave pour réduire les résonances dues à la taille réduite de ma pièce.
Par ailleurs, cela faisait un moment que je voulais retravailler le traitement passif de la pièce afin d’essayer de remplacer l’absorption aux réflexions primaires, par de la diffusion tout en gardant un ETC maitrisé.
La raison de ce changement venant de l’observation que j’avais pu faire, lors des différents essais que j’avais mené, que la diffusion semblait augmenter la taille apparente du sweet spot. Cependant, ce changement se traduisait aussi par un léger déséquilibre tonal qui m’agaçait et donc je n’arrivais pas à trouver la bonne « composition » absorption/diffusion.
Et comme entre temps, je m’étais décidé à passer sur Roon, qui est incompatible avec Dirac, j’étais donc de toutes façons contraint de retravailler la correction numérique avec RePhase.
J’ai donc décidé de reprendre le sujet à zéro en essayant de capitaliser un peu sur les « connaissances » acquises depuis la descente du système au sous-sol, il y a maintenant 18 mois environ.
J’ai commencé par me fixer un petit « cahier des charges » :
- Mise en place de diffusion entre les enceintes (en fait, derrière l’écran de homecinéma, que j’ai dû avancer de quelques centimètres pour cela), et de diffusion sur les réflexions primaires latérales, tout en gardant l’objectif d’un minimum de -15dB d’atténuation sur l’ETC.
- Augmentation de l’absorption et de la diffusion à l’arrière du point d’écoute avec un objectif de RT60 proche de 0.25s (ce qui est en théorie une bonne valeur pour une pièce de 20m2 et 48m3). L’objectif ici étant d’obtenir une atténuation « naturelle » dans l’aigu, et une réponse amplitude/fréquence aussi proche que possible entre les 2 enceintes, sans avoir recours à la correction numérique.
- Recherche du niveau de grave maximum sans faire de compromis sur la qualité du bas-médium, ce qui s’entend facilement, mais qui se mesure très bien aussi (désolé pour les allergiques aux courbes ) sur le decay et le spectro (j’y reviendrai car c’est un sujet sur lequel j’ai d’autres idées que je vais bientôt essayer).
- Correction numérique de l’amplitude réduite au strict minimum nécessaire pour les modes dans le grave et aucune retouche au dessus de 200Hz (ou même moins si c'est possible).
- Correction numérique de la phase avec minimisation du pre-ringing (et objectif de se rapprocher de ce qu’arrive à faire Dirac sur ce plan).
- Et évidemment, il faudra que la musique soit au rendez-vous et en amélioration vs mon réglage « historique » Dirac/JRiver de référence qui est celui qui a résisté à toutes les tentatives d’amélioration depuis quasiment 1 an maintenant, et qu’ont écouté la plupart des visiteurs qui sont passés à la maison ces derniers mois.
Pour les écoutes, je reste fidèle aux morceaux de test « jalucine », auxquels j’ai rajouté quelques références personnelles, ainsi que quelques uns des morceaux que j’ai écouté chez Joël, qui sans être des enregistrements exceptionnels me servent aussi un peu de repère maintenant
La mise en place des changements sur le passif ont été relativement simples à réaliser, et il n’y a pas grand chose à en dire, à part que je me suis appliqué à bien positionner chacun d’entre eux en mesurant l’impact sur l’ETC et le RT60, ainsi que sur l’amplitude.
A vrai dire, c’est plus difficile d’obtenir des mesures correctes avec de la diffusion qu’avec de l’absorption, mais à l’écoute, une fois l’ETC sous contrôle (ce qui est essentiel pour la stabilité de l’image), on obtient une meilleure énergie/dynamique subjective.
En toute objectivité, ce n’est pas facile de comparer instantanément entre 2 configurations, et la mémoire auditive joue parfois quelques tours, mais j’ai globalement préféré la configuration « diffusion », même si je n’exclue pas d’essayer d’autres configurations dans le futur.
Ci-dessous quelques photos de l’installation actuelle, et les graphes résultants sur RT60 et ETC:
Diffusion sous l’écran
Avec l’écran:
Derrière le point d’écoute :
Vue de la diffusion sur le coté :
Impact sur le RT60 des changements effectués:
ETC :
La partie correction numérique a été un peu plus compliquée à régler, car autant il est assez simple et rapide d’obtenir une correction de l’amplitude acceptable, autant le résultat sur le decay/spectro est difficile à maîtriser (à vrai dire, il est impossible de régler complètement le problème avec une correction numérique).
Pour ceux que ça intéresse, il y a un moyen simple de visualiser les problèmes de résonances dans le grave en utilisant le decay. Idéalement, il faudrait que l’atténuation de l’amplitude soit d’au moins 20dB au bout de 160ms. En pratique, si le RT60 est maitrisé (genre inférieur à 0.4s), on obtient cette atténuation naturellement sur l’ensemble du spectre, sauf là où on a des résonances, donc souvent en dessous de 200Hz.
L’affichage du decay à 160ms avec un lissage au 1/48 (pour bien voir les modes) sur la zone 20-300Hz, donne donc une bonne photo de la situation.
On s’aperçoit rapidement qu’avoir une pièce de grandes dimensions et bien amortie est un gros avantage, et inversement une petite pièce avec des murs, sol et plafond très rigides comme dans mon sous-sol, est un vrai inconvénient !
Voici quelques illustrations :
Un decay tel qu’on aimerait l’avoir (extrait de la doc REW dont je ne connais pas la source):
Le decay chez moi sans correction:
Et la vue globale qui montre que le problème est en fait surtout situé sous les 100Hz:
Et le même dans la pièce des Jalucine 1Max (de l'intérêt d'une grande et bonne pièce !).
avec la vue globale
Après correction numérique, les choses s’arrangent un peu, l’amplitude initiale est très bien corrigée, mais celle au bout de 160ms montre encore que les résonances liées à la pièce restent bien présentes et ne décroissent pas aussi vite que ce qu’on aimerait.
Ci-dessous le decay produit par Dirac (sur ma version « reference »):
C’est mieux mais on voit clairement que la zone 35-110Hz environ reste problématique. Le lissage au 1/48 n’aide pas car il fait ressortir les modes prédominants, et il y a de nombreuses discussions sur le net, sur l’audibilité réelle ou non, de l’atténuation de 20dB au bout de 160ms dans cette zone (sous 100Hz). Toujours est-il que chaque fois que j’ai pu améliorer ce paramètre, cela s’est traduit par un grave mieux défini et moins envahissant sur le bas-médium. Je pense donc que c’est un paramètre important et que c’est celui qui explique (à mon avis) les différences de ressenti entre diverses corrections numérique apparemment identiques sur l’amplitude mais très différentes sur cette atténuation.
En tous cas, chaque fois que j’ai éliminé une correction numérique à l’écoute, ce paramètre était systématiquement moins bon que sur mon réglage de référence.
Donc lorsque j’ai entrepris de monter le niveau de l’amplitude sous 40Hz comme indiqué précédemment, j’ai regardé ce paramètre attentivement, et, contrairement aux craintes que j’avais, l’atténuation sous 35Hz environ, reste excellente dans ma pièce (comme on le voit sur le graphe ci-dessous), et donc le problème reste toujours bien concentré sur la zone 35-110Hz. J’ai donc pu après quelques itérations obtenir un réglage augmentant l’amplitude de 5 à 7dB sous 35Hz (vs mon réglage Dirac de référence) tout en gardant le reste du spectre (et son atténuation dans le temps) quasi identique. En fait, ceci s’est simplement traduit par une correction négative moins importante puisque la version sans correction induit un pic très sévère aux environs de 37Hz qu’il faut absolument réduire de toutes façons.
Ci-dessous l’amplitude comparée de la nouvelle correction vs Dirac Référence, avec un lissage au 1/24 sur la zone 20-300Hz.
A l’écoute, le résultat est une vraie amélioration vs mon réglage « référence ». Il n’y a pas besoin d’écoute comparative avec prise de tête pour identifier telle ou telle variation subtile, la différence est nette et sans appel. L’impact dans le grave est spectaculaire et ceci sans que le bas-médium soit obscurci. Sur le Temps Passé de Jonasz, on est à la limite extrême de ce que la pièce peut supporter, mais ça reste tout à fait lisible et articulé (je me suis d’ailleurs servi de ce morceau pour savoir jusqu’où je pouvais monter l’amplitude), et sur les morceaux de musique pop/rock ou encore de musique électronique avec des nappes de basses artificielles (genre Selah Sue, The Avener, The Black Eyed Peas ou Kungs par exemple) c’est juste impressionnant car l’impact est ressenti physiquement.
L’amélioration de la scène sonore est également très sensible, et sur les morceaux électroniques on a l’impression que la musique est comme sculptée dans l’air, avec une sensation de présence physique dans l’espace assez bluffante !
Sur la musique classique, le gain est plus modeste et je ne suis pas certain que ce soit l’augmentation du niveau du grave qui ait amélioré les choses, je pense que ce sont plutôt les modifications du traitement passif qui ont joué, car, et j’avais oublié de le mentionner, l’une des raisons du changement sur le traitement passif est que je voulais garder le pincement très marqué des enceintes (qui se croisent maintenant quasiment 1m devant le sweet spot), tout en gardant un ETC bien sous contrôle afin d’avoir les bénéfices du pincement (sweet spot plus large, et pente très légèrement descendante des aigus sans correction numérique) et de la gestion des réflexions primaires (stabilité et profondeur de l’image).
Sur les très bons enregistrements comme la 8ème symphonie de Shostakovich (Royal Concertgebouw Orchestra, Bernard Haitink, Decca), ainsi que sur les morceaux tests de jalucine qui comportent plusieurs très bons enregistrements, le résultat est assez spectaculaire, avec la sensation d’avoir un orchestre symphonique à portée de main, et une scène parfaitement organisée et stable quel que soit le niveau auquel on écoute (le DR de cette symphonie est de 22, et certains passages décoiffent vraiment !).
Et pourtant, le decay n’est pas très bon dans la zone 35-110Hz, ce qui doit handicaper la définition du grave qui traine forcément un peu dans cette zone, même si l’oreille s’y habitue et le supporte plutôt bien.
En fait, ce sujet du decay dans cette zone, m’intéresse depuis assez longtemps car je n’ai pas découvert le problème récemment. Il est présent depuis le début et si la correction numérique le rend supportable, je me suis interrogé sur les méthodes qui pourraient améliorer ce paramètre.
En pratique, à part avoir une plus grande pièce, il semble ne pas y avoir de méthode miracle.
J’ai regardé les résonateurs de Helmholtz l’an dernier, mais ai renoncé à en construire non pas à cause de la relative difficulté technique, mais surtout de la probabilité assez faible que cela puisse traiter efficacement le problème. Je m’étais concentré sur le pic à 36Hz, mais finalement ce n’est pas vraiment lui le problème car la correction numérique le gère plutôt bien, mais les autres résonances à 43Hz, 57Hz, 72Hz, 85Hz et même 110Hz et 142Hz. Avoir des résonateurs pour chacune de ces fréquences avec un rendement suffisant semblait une gageure selon tous les articles que j’ai pu lire sur le sujet.
Il me semble aujourd’hui, que la seule option (à part changer de pièce, ce qui n’est pas prévu
), reste le panneau résonateur, donc l’encombrement est réduit (en profondeur en tous cas) et l’efficacité supérieure tant en dB absorbables que largeur d’action (qui peut atteindre 1 octave de chaque coté de la fréquence centrale). Après avoir lu à peu près tout ce qu’on peut trouver sur le sujet sur internet, et compris que tous les avis existaient sur le sujet (depuis : ça ne marche pas - JP.Lafont, jusqu’à : c’est la panacée - Jipihorn), j’ai bien envie d’essayer la méthode préconisée par Jipihorn car j’ai un peu de place à l’arrière du point d’écoute pour y placer au moins 2 panneaux (1 de 1.2mx2.1m et 1 de 0.6mx2.1m) que je pourrais caler à 2 fréquences différentes (genre 40Hz et 70Hz) histoire de couvrir le spectre 35-110Hz, et voir si ça améliore le decay.
Sur le papier ça doit marcher car le principe est assez simple, et ça devrait compenser la rigidité extrême des parois de ma pièce, sur les fréquences critiques.
Ca va donc être le chantier de la rentrée, et je ne manquerai pas de vous donner les résultats, mesure à l’appui. Même si le résultat n’est pas à la hauteur des espérances, on aura au moins quelques mesures d’efficacité de ce type de panneau car personne n’en publie (ou en tous cas, je n’en ai pas trouvé à ce jour, et ce n’est pas faute d’avoir cherché !).
Bon, je vais arrêter là ce premier post, j’en publierai un autre dans les jours qui viennent pour expliquer comment j’ai procédé pour la mise au point de la correction RePhase, à partir d’un erzatz de « reverse engineering » de ce que font Dirac et Trinnov dont j’ai « extrait » les impulsions pour observer les réglages qu’ils appliquaient et m’en inspirer