Bonjour,
En ce début d’année j’ai pensé que je n’avais pas encore épuisé toutes les possibilités d’application des principes mis en œuvre en octobre-novembre 2023 (CF. pages 14 et 19). Notamment, je ne m’étais pas encore intéressé à la barrette secteur qui centralise pourtant tous les câbles électriques du système. La plupart d’entre vous auront déjà constaté comme moi des différences significatives entre les câbles secteur, les prises IEC/shuko et à fortiori entre les barrettes. Dès lors, il m’est donc apparu évident qu’il y avait quelque chose « à creuser » de ce côté-là aussi.
Une mésaventure m’avait déjà mis la puce à l’oreille fin décembre 2022. Je venais de remplacer mon intégré Atoll par l’ampli de puissance Kinki EX-M7 et procédais aux premières écoutes (cf. mes commentaires en page 12). Après plusieurs jours, je n’étais pas convaincu de la pertinence de ce choix. J’avais gagné sur certains critères mais perdu sur d’autres, notamment celui du foot-tapping. Tout était rentré dans l’ordre assez vite car j’avais finalement découvert que l’IEC du câble alimentant la barrette était partiellement enfoncée, une mauvaise manœuvre lors de l’installation du Kinki. J’ai alors compris qu’un système pouvait certes fonctionner avec des contacts électriques approximatifs mais, ce faisant, qu’on ne l’exploitait pas de manière optimale, un peu comme si on mettait du E95 dans une formule1!
Dans le même ordre idée, avez-vous remarqué la communication des principaux fabricants de connectiques (Furutech, Oyaide…) ? Tous ou presque communiquent sur la capacité de leurs produits à limiter les vibrations, sous-entendu « cela améliore les performances ». Il y a de toute évidence une part de « snake oil » dans leur discours dont je ne suis pas dupe, mais elle ne se situe pas à mon avis sur la pertinence de leur démarche mais plutôt sur les résultats prétendument obtenus et les procédés plus ou moins fumeux qu’ils mettent en avant !
Je pourrais encore citer d’autres exemples comme celui du fabricant Lessloss dont les connectiques sont hypers serrées pour qu’elles ne bougent plus une fois en place.
Tout mon système est branché sur un Niagara 1200 de chez Audioquest calé derrière mon meuble de salon. J’en suis plutôt content. Il n’est sûrement pas l’arme ultime en la matière mais il m’avait apporté beaucoup de « respiration » lorsque je l’avais installé. Je l’ai rapidement posé dans un socle en acier en forme de « U », fait sur mesure et dans lequel il s’insère au millimètre. Il est posé verticalement, sur la tranche. L’ensemble repose sur deux plots Neodio B1. Le but du « U » en acier est de baisser le centre de gravité pour que le Niagara ne soit pas trop instable, surtout que l’installation de câbles rigides n’arrange rien. Quant aux plots, ils l’isolent des vibrations du sol.
...LE CONSTAT
Les ondes sonores inter-agissent avec tous les éléments de notre environnement. Ces derniers se mettent alors à vibrer plus ou moins selon leurs caractéristiques. Par conséquent nos câbles, fiches et barrettes vibrent à chaque fois que l’on utilise notre système. Les vibrations voyagent jusqu’à atteindre, probablement, la partie des fiches qui assure le contact électrique. Ce qui semble donner naissance à un phénomène électrique qui se propage jusque nos électroniques et générerait in fine des distorsions dans le spectre sonore. C’est en tous les cas ce qu’explique Sven Boenicke lorsqu’il justifie le montage de câbles électriques captifs sur ses amplificateurs en précisant chercher ainsi à éliminer au maximum les minis arcs électriques se produisant sur les zones de contact. Si je trouve intéressante sa démarche car elle est à contre courant de la quasi-totalité des autres fabricants, je me garderais bien de commenter ses déductions, n’ayant aucune compétence dans ce domaine.
Cela étant, c’est en considération de ses propos mais aussi bien entendu suite à mes précédentes expériences que j’ai envisagé ce nouveau tweak portant cette fois-ci sur les fiches des différents câbles secteur branchés sur ma barrette.
...DESCRIPTION DU DISPOSITIF
Il s’agit pour moi d’inventer un dispositif capable d’empêcher les fiches de vibrer. Comme pour les précédents, il doit donc principalement les immobiliser afin de réduire au maximum leurs mouvements parasites et tenter ensuite d’éliminer voire évacuer les vibrations qui les atteignent/parcourent. Après quelques tergiversations, j’ai opté pour une solution basée sur le principe d’une mâchoire qui va immobiliser plusieurs fiches à la fois. C’est très proche dans le principe de ce que j’ai déjà fait précédemment sauf que cette fois le dispositif ne prend pas appui sur le sol. Sa stabilité est assurée par la multiplication des prises sur les fiches . Le dispositif devra donc en comporter a minima deux. Par contre, pour les matériaux, c’est une approche très différente de la précédente. Voici ce que j’ai utilisé :
- Des cornières aluminium en U
- Du bois (lame de parquet de pin maritime)
- Du caoutchouc (celui que l’on met sous les machines à laver pour limiter la propagation du bruit)
- Deux boulons de 6 mm et deux écrous, rondelles (en fait j’ai coupé à la meuleuse une tige filetée, c’est moins cher et plus souple car on s’adapte à la longueur nécessaire)
J’ai choisi tous ces matériaux parce que…. je les avais déjà en stock !
Il s’agit de chutes consécutives à différents travaux.
Le plancher pin sert à fabriquer la « mâchoire ». Il a donc pour rôle de bloquer les fiches mais aussi de capter le maximum de vibrations grâce à sa rigidité et à son découpage au plus près du gabarit de chacune. D’une épaisseur d’environ 21 mm, il s’enfonce légèrement en force dans la cornière et ne bouge plus : C’est parfait!
L’utilisation du caoutchouc doit permettre d’absorber les vibrations mais aussi d’avoir un serrage progressif, ce qui évitera d’écraser une fiche si on serre trop fort. Il prend donc place entre le bois et la cornière.
La cornière me permet l’assemblage final. Je bloque le bois et le caoutchouc dans sa gorge. L’utilisation de l’aluminium par rapport au plastique (par ex.) permet d’augmenter la rigidité de l’ensemble.
Enfin, les boulons (ou tiges filetées) et les écrous viennent comprimer les deux mâchoires.
J’ai eu besoins des outils suivants : Une perceuse à colonne, des scies cloches, des forets bois et métal, une scie circulaire plongeante, une scie à onglet manuelle, des clés, éventuellement une meuleuse (pour couper les tiges filetées).
La perceuse à colonne et les scies cloches me paraissent indispensables. En effet, pour réaliser l’empreinte des fiches, il faut percer des trous bien perpendiculaires aux planches. Alors que pour les trous des boulons, il faut percer bien parallèlement. Sans cette précision, l’ajustement et le montage seront compliqués, la réussite probablement très aléatoire faute notamment d’une prise en étau dont la force ne sera pas régulièrement répartie. Une simple perceuse peut faire l’affaire certes mais par expérience je sais qu’elle ne permet jamais de percer exactement à la perpendiculaire.
Enfin, le cas échéant, si vous êtes méticuleux, la scie sauteuse remplacera la scie plongeante.
J’ai fabriqué ce dispositif pour les quatre premières fiches de la barrette. Si je n’avais pas eu de perceuse à colonne, je me serais limité à deux fiches par dispositif, les écarts d’ajustement étant alors moins pénalisants.
La première fiche qui se présente est l’IEC du câble qui alimente la barrette. C’est une particularité du Niagara 1200. Les trois suivantes sont les shukos dans lesquelles j’ai branché les câbles du caisson de basse, de l’amplificateur et du DAC.
Je commence par prendre les mesures :
- Celles de l’entre-axe des prises : 6 cm pour le Niagara
- Celles du diamètre des fiches (36 à 39 mm).
Je perce les quatre empreintes des fiches dans la lame de bois avec deux scies cloches de 38 et 40 mm, ce qui ménage au final 1 à 2 mm de marge positive par rapport à leur diamètre. Au montage, ça s’est révélé nickel, même si avoir la même marge pour les quatre aurait été l’idéal. J’ai fait un pré-trou avant d’attaquer avec les scies cloches.
Je découpe ensuite la lame selon les dimensions extérieures qui conviennent à l’espace disponible derrière mon meuble avec la scie plongeante. J’ai fait attention à prendre un peu de marge en largeur afin d’empêcher la cornière de venir en contact avec une fiche. Puis je coupe la pièce en deux dans le sens de la longueur. Sur la deuxième photo, vous constaterez que j’ai fait deux coupes car j’ai enlevé environ 2 cm au centre dans la largeur, ce qui explique les cercles imparfaits, ceci afin que les deux parties en bois ne soient jamais en contact. Si elles devaient l’être, la prise en étau ne serait pas possible.
Conseil : Avant de percer les trous pour les boulons, mettez des repères sur les cornières et les parties bois pour retrouver le sens exact du montage final qui doit correspondre impérativement à celui choisi lors des perçages ; Sinon vous risquez de ne plus retrouver l’alignement d’origine!
Pour percer les deux trous dans lesquels je vais glisser les boulons, la perceuse à colonne est vraiment utile ! Avec une perceuse classique, ce n’est pas évident de percer exactement parallèle à la surface. Si vous n’avez pas le choix, percez en deux temps, c’est-à-dire chaque partie opposée des deux mâchoires l’une après l’autre, le trou dans la première partie servant de guide pour le second.
J’ai dû déplacer mon meuble afin de pouvoir accéder facilement et procéder à l’installation sans trop galérer. J’ai pas mal serré mais de manière progressive, en alternant les tours de vis sur l’un et l’autre écrou, tout en surveillant la pression exercée sur les fiches. Voici le résultat du montage final.
Sachez qu’avant de passer à la fabrication, j’avais fait un test préalable sur les 3 premières fiches. J’avais réalisé rapidement le même dispositif avec deux pièces de bois droite, donc sans le perçage du gabarit de chaque fiche, et en utilisant deux serre-joints pour le serrage final.
Après quelques jours d’écoutes, ayant constaté des améliorations, j’ai validé le concept. Je vous conseille de faire de même mais en gardant à l’esprit que les résultats obtenus seront un ton en dessous de ceux que vous pouvez espérer en réalisant le modèle définitif.
Sachez également que j’ai d’abord testé avec du Sorbothane à la place du caoutchouc. Mais le résultat n’était pas probant au niveau des écoutes et le serrage n'était satisfaisant. Ce matériau est trop mou et se comprime trop. Il faut vraiment porter son choix sur quelque chose d’élastique mais ferme.
« ...bien entendu, les résultats positifs comme négatifs que je vais vous décrire ne valent que sur mon système, dans ma pièce d’écoute et avec mes oreilles...»
LES RESULTATS…
Les tests se sont déroulés sur plusieurs jours. Après deux ou trois jours, j’ai enlevé le dispositif et procédé à de nouvelles écoutes, ceci afin d’écarter au maximum le risque de biais cognitif. Il est de nouveau en place depuis plus d’une semaine.
J’ai d’abord écouté ma playlist de test.
... de manière générale j’ai eu l’impression (fausse bien entendu après vérification) que j’écoutais avec un volume plus élevé que d’habitude …
... la voix d’Hannah Reid sur le titre « If you wait » de l’album éponyme des London Grammar m’émeut une nouvelle fois...pourtant, il figure sur ma playlist de test depuis plus de trois ans et j’ai bien dû l’écouter plus de 100 fois !
… sur le titre « Birds » de l’album « Nameless » de Dominique fils-aimé sa voix n’a jamais été aussi expressive, les claquements de doigts aussi réalistes…
...sur le titre « Sing, sing, sing » de Benny Goodman, la décontraction avec laquelle l’orchestre joue désormais ce morceau légendaire est incroyable en regard de la taille de mes petites Boenicke W5 : ça swingue ! Et sa lisibilité a encore progressé.
J’ai ensuite écouté beaucoup d’autres titres. Pour la plupart, je les connais extrêmement bien même s’ils ne figurent pas sur ma playlist de test.
...sur le premier morceau de l’album live « Mont Saint-Michel » de Laurent Voulzy , je retrouve l’illusion d’y être (rien de nouveau de ce côté là) sauf que je ne suis plus au milieu de la salle mais dans les premiers rangs… C’est vraiment surprenant !
...sur la playlist qobuz « mes classiques préférés par Pennac », sur le 8ème titre « Andromeda liberata », la cantatrice se matérialise très concrètement devant moi, véritable hologramme d’émotion dont la voix me transporte immédiatement. Ses mouvements de têtes sont très bien matérialisés. Toujours cette lisibilité accrue !
… sur le titre « Ta confiance » de l’album « Fantômes...futurs » de Kham Meslien, les pincements de sa contrebasse n’ont jamais été aussi matérialisés et les harmoniques aussi variées et subtiles…sublime !
...sur la reprise de « Brother in arms » de l’album Brothers of string de Mathias Duplessy, les premières notes de guitare sont impressionnantes de réalisme...on dirait qu’il joue dans mon salon.
... sur le dernier titre (crime of the century) de l’album de Supertramp « Live in Paris », lorsque dans la dernière partie « ça envoie », le jeu du piano et de la batterie, les nappes de synthé s’entremêlent puis arrivent le saxo et encore un nouveau synthétiseur, cela peut vite devenir brouillon et pénible. Cela m’est déjà arrivé sur un ancien système. Mais aujourd’hui cela passe nickel ! Les arrangements sont parfaitement restitués et je me rends compte que le jeu des musiciens est réglé au millimètre. C’est vraiment impressionnant ! Quel kif !
EN CONCLUSION ...
Je note que mon système a de nouveau progressé, principalement sur deux aspects.
1- La musique qu’il délivre a plus de présence, plus de corps. C’est assez surprenant je dois dire. J’ai le sentiment d’être plus près des interprètes aux sens premier et second du terme. L’effet est très addictif ! Je ne m’attendais absolument pas à cela.
2- Le naturel de la restitution et sa douceur sont inédites. Je n’avais pas noté cette progression lors des précédents tweaks. Cela donne l’impression que le système a gagné en aisance, un peu comme lorsqu’on change un ampli pour un autre dont l’alimentation est plus généreuse. J’ai déjà ma petite idée pour expliquer ce phénomène et je vais poursuivre les écoutes avant de vous en faire part.
Bon, j’espère que j’aurais donné l’envie aux bricoleurs curieux qui me lisent de tenter cette expérience. Si leur système est déjà bien abouti, équilibré ils ne devraient pas être déçu ! Et il me tarde d’échanger avec eux ne serait-ce que pour confirmer que je ne suis pas victime d’hallucinations auditives !