En tant qu'irréductible acheteur de matériel d'occasion il me semblait opportun de vous présenter la marque qui m'a fait changer un peu mes habitudes depuis quelques années, et dont on parle peu, de par la distance qui nous sépare et le mode de fonctionnement commercial de la marque, basé sur la vente directe du producteur au consommateur et l'absence de promotion par financement publicitaire, excluant de fait tout journaliste financé par la pub rémunérée par le fabricant, tout revendeur et distributeur de la chaine alimentaire habituelle, qui certes fait vivre du monde et découvrir les matériels avant achat, mais au prix le plus souvent d'un doublement du prix entre le fabricant et l'audiophile, aux frais de l'audiophile. Elle semble avoir cependant cultivé des liens avec quelques revues en ligne américaines comme The Absolute Sound, Enjoy The Music, ToneAudio, StereoMojo, sur lesquelles on trouve des bancs d’essai des matériels Coincident.
Nathalie parlait récemment du fait qu'il est dommage que l'audiophile ne vienne pas au contact du fabricant, de sa technique, de sa philosophie, afin de partager les vapeurs de la création matérielle au service de la musique. Je partage son avis et le modèle de vente directe participe pour moi grandement à cette possibilité, à la notion de passion pour une marque en particulier. Le marché habituel d'ailleurs un peu malade de son modèle et de sa tarification élitiste en découlant aurait pour moi tendance à cultiver la distance avec le fabricant, elle en a certainement conscience d'ailleurs car il n'est pas rare de voir les enseignes qui se battent pour vivre de leur passion, organiser des rencontres fabricant / client autour de systèmes cultivant cette fois la mise en lumière de quelques marques bien mises en oeuvre.
Un concept à la mode pour notre alimentation la relation directe du producteur au consommateur, de part la proximité géographique du produit, mais pour la hifi cette notion de proximité me semble un peu plus à relativiser, on a le droit de tomber amoureux du matériel local (qui a son fabricant fétiche à moins de 100km de chez lui, quelques uns?) mais la diversité des matériels proposés fait que la notion de distance et le chauvinisme me semblent un peu dépassés pour savoir où sera notre plaisir auditif personnel, et cela disparait quasi totalement pour les audiophiles "petit budget", notre modèle sociétal rendant difficile la sortie locale de matériels bon marché qui seraient autre chose qu'un simple assemblage de morceaux manufacturés ailleurs.
Coincident Speaker Technology c'est avant tout un homme , Israël Blume, qui a dans ses jeunes années constaté qu'on mettait des composants à deux balles dans plein d'enceintes pour vendre un produit et gagner de l'argent dessus, au profit d'un marché plus que d'une volonté de recherche de transparence. C'est l'upgrade d'enceintes du commerce qui l'a rapidement mené vers la fabrication d'enceintes avec une vision purement orienté simplicité: les meilleurs hauts parleurs, le moins de composants de filtre possible et l'usage de ceux qui sonneront le mieux, des caisses sans amortissant interne permettant d'annuler au mieux les résonances et rejetant les fréquences de résonance dans les valeurs inaudibles, et des rendements et courbes d'impédance permettant l'usage d'amplifications single end à tube afin de pouvoir rendre les plus subtiles informations tonales de la musique qui font si souvent défaut dans le solid state.
Pas un mince objectif , et assez éloigné de la majorité des conceptions d’enceintes mais des arguments qui parlent potentiellement et collent assez bien aux constats faits au fil du temps lorsqu'il s'agit de tirer vie, émotion, aspect plausible de la restitution. Mais l’expérience montre aussi que cela ne fait pas tout, chaque design bien fichu peut donner des résultats excellents, le diable se cachant alors dans les détails. Israël n’est pas avare en superlatifs dans les noms et descriptions de ses productions, avec comme le souligne Bill ci dessous, quelques limites dans ses designs passés d’enceintes révélant des limites de cohérence via les mesures et écoutes de Stereophile donc prudence et circonspection, tout n’est pas rose... mais son acharnement dans la recherche de transparence, la passion d’aller vers une reproduction live de la musique l’a conduit sur des recettes qui sonnent.
Ses enceintes les plus abouties sont les "Pure Reference Extreme", ici en configuration doublée, 94db de rendement, filtrage à 6db (uniquement un condensateur Mundorf sur le tweeter et une self en fils choisi maison sur le grave ainsi que le medium), HP céramique les plus linéaires et performants de chez Accuton, Graves alu à fort débattement.
Du full range conçu sans soucis de déphasages ou recouvrement de fréquences nécessitant des filtrages complexes et bouchonnés côté richesse harmonique, sans complexité de charge ou impédance, sans sur amortissement interne, sans besoin de contre réaction, et avec des hp très haut de gamme.... compatible avec du single end à tube de puissance limitée.
N’ayant jamais entendu les enceintes réalisées par la marque, je me garderai bien d’en commenter le résultat, ne faisant que relater les possibles qualités inhérentes à leur concept, si ce dernier est réussi ! Et ce sera bien difficile d’en faire l’écoute depuis la France j’en ai peur... surtout que si je devais en essayer une paire, ces Pure Reference Extreme seraient les candidates, en version simple, et ce n’est déjà pas tout petit.
Disons que les idées développées dans ses enceintes font un peu écho à mes choix, ayant sur un système des Marten Duke 2 Full Accuton dont j’apprécie la spontanéité, la résolution, la cohérence entre tweeter et medium grave, l’absence de distorsion audible, l’énergie et ampleur, pas parfaites probablement mais regroupant un faisceau de qualités faisant d’elles un peu plus que de chouettes biblios. Et d’un autre coté les Egglestonworks Andra 3, pas parfaites non plus mais jouant sur la cohérence de mediums utilisés en large bande, à réponse linéaire de conception sur une large bande passante, l’usage de deux 30 dynaudio dans le grave en charge isobarique (charge exigente ayant ses propres petites colorations, aucune charge n’est parfaite, mais capable de grandes choses) et un tweeter esotar filtré à 6db de façon à prolonger le plus naturellement possible les medium utilisés en large bande, le tout recherchant un maximum de cohérence et de respect des harmoniques, richesse de timbres dans la musique mais avec un peu moins d’immédiateté que la céramique d’accuton.
Les enceintes de par leur coût ne sont pas le premier terrain de jeu des audiophiles, mais elles restent le maillon le plus impactant du système.
Ce qui est peut être le plus surprenant avec cette marque, c’est que le concept de base qui concernait les enceintes, a conduit le concepteur à se lancer dans les préamplifications, amplification et cablages devant accompagner ses enceintes, et qu’au fond j’ai le sentiment que c’est dans cette voie que Coincident trouvera le mieux ses lettres de noblesse.
Ma première rencontre avec une réalisation d’Israël Blume fut chez Joël C, le jour où je suis passé prendre son préampli Rogue Audio Hera dont je m’étais porté acquéreur, et dont l’évènement avait été une bonne occasion pour faire des comparaisons d’audiophiles fous à trois zozos que nous étions alors, moi apportant mes blocs d’alors, les mono Sugden, et un autre ami son préampli Audio Research Ref5se.
Joël venais d’acheter le Coincident en seconde main, et j’imaginais bien qu’il y avait un peu plus qu’une affaire de mariage avec les blocs Luxman M800 pour justifier la séparation avec le Rogue Audio... l’écoute témoigna en effet de cet état de fait, le Préampli Coincident Statement Line Stage portait bien son nom et mettait en transparence, raffinement, ampleur et naturel de restitution une jolie fessée aux deux préamplis américains plus chers que lui en neuf, voir beaucoup plus cher concernant l’audio research. De mon côte je suis ce jour là reparti avec la satisfaction que le Rogue soit un peu plus intéressant à l’écoute que son compère américain, un beau préampli, mais aussi un peu la queue entre les jambes vu la forte impression que m’avais fait le Coincident, et accessoirement la fessée que s’étaient pris mes blocs Sugden MPA4 face aux blocs Luxman M800 : qualité et variété de timbre, résolution, profondeur de scène (les sudgen étaient tout plat en comparaison ), énergie disponible. Il n’est alors pas étonnant que j’ai 4 ans après aussi franchis le pas d’une paire de Luxman, après avoir vécu avec des blocs Accuphase et Pass ainsi qu’un ASR Emitter Exclusive batterie qui lui aussi avait fait le voyage comparatif chez Joël quelques années plus tard pour se prendre une nouvelle petite fessée.
Difficile donc de ne pas garder en tête l’écoute du Coïncident, qui m’a deux ans plus tard fait partir sur un exemplaire d’occasion aux States. Le Statement Pré est spartiate, il va à l’essentiel en ne visant que la prestation sonore, pas de télécommande, deux entrées, deux sorties, un commutateur manuel par voie pour le controle de volume sonore, un commutateur pour supprimer les boucles de masse (si rare et si important), et point!
Mais à coté de cela, c’est une alim externe surdimensionnée avec une réserve d’énergie majoritairement en condensateurs MKP français, dédiée à l’alimentation d’une paire de triodes 101D pour l’unique partie active du préampli. Le reste c’est le coeur de l’appareil, à savoir un contrôle de volume sonore et désymétrisation des entrées symétriques par des transformateurs haut de gamme japonais en cuivre occ faits sur cahier des charges, pas d’autre composant sur le trajet du signal, pas de condensateur de liaison, de potentiomètres... comme dans les ricains, et cela s’entend, faisant passer les autres préamplis comme moins respectueux du signal d’origine, plus colorés, moins résolutifs.
La qualité de fabrication est au rendez vous, tout inox passé au polissage, cela est devenu la signature visuelle de la marque. C’est lourd, c’est plein, et là encore un aspect cher à la marque, c’est directement compatible pour les marchés européens et américains via un sélecteur de tension à l’arrière de l’appareil 115/230V, vous savez cet aspect qui existait dans les années 80 mais qui a disparu des fabrications à base d’alimentations linéaires audio depuis longtemps, pour revenir en force avec la mondialisation et le déversement abondant des alimentations à découpage sur la planète, alim dont l’aspect multi tensions natif n’engendre pas de surcoût à la fabrication. Bref un choix qui me semble fort cohérent pour un petit fabricant pratiquant la vente directe, cela permet un peu plus de vie internationale dans le marché de seconde main, et j’imagine que le fabricant y retrouve ses petits en ne réalisant qu’une seule série d’appareils.
La triode 101 D, conception du début du 20e siècle de Western Electric aux Etats Unis utilisée en télécommunication, a la réputation d’être la triode la plus linéaire et fidèle du monde des tubes, une des plus microphoniques aussi nécessitant une mise en oeuvre travaillant la gestion des vibrations et le silence électrique tant de l’alimentation que de l’environnement électromagnétique. Ils sont montés sur un chassis à ressort sur le pré Coincident, et l’inox du chassis est amagnétique. Mais approchez vos mains des tubes en fonctionnement et vous lancez une ronflette qui rappelle la microphonie des tubes, la sensibilité du préampli à son environnement le plus proche qu’il faut soigner. Bien mis en oeuvre il offre un tel niveau de transparence sur les plus petites informations qu’on lui pardonne sa mise en oeuvre plus délicate que des appareils plus universels et versatiles, il s’avère des plus attachants pour sa prestation sonore bien entendu.
La triode 101D est fabriquée principalement par les chinois qui ont remis au gout du jour le tube en particulier avec la réplique Western Electric ci dessus faite par PSvane, qui surfe sur le regain d’intérêt pour les loupiottes dans le marché de l’audio tant bas que haut de gamme, pour entrer dans un marché où le tube neuf prend des valeurs s’approchant ou dépassant le marché du tube ancien devenu aussi rare que partiellement truqué, peu sûr. Et même si ce n’était pas le cas au départ de Psvane, les progrès qualitatifs et techniques semblent commencer à être au rendez vous aujourd’hui, à l’instar des fabrications les plus réputées d’europe de l’est (Emission Labs, Elrog...) ou japonaises (Takatsuki) avec lesquelles les chinois comptent entrer en concurrence. Une nouvelle marque Linlai a même émergé récemment, avec d’anciens de PSvane, eux même anciens de Shuguang... les joies de la croissance chinoise et de leur entrée dans les marchés du haut de gamme. Linlai a d’ailleurs sorti une version « Mesh Plate » de la 101D, à voir, les chinois faisant de fausses Mesh Plate (des plaques percées là où le vrai Mesh Plate est fait de fils soudés, comme le fait Emission Lab sur ses versions Mesh). Les 101D sont des tubes à vie longue, 10000 heures peuvent être de mise sur le papier, chers donc mais pas remplacés souvent, avantage de nombreuses triodes si bien fichues.
Mon exemplaire acquis à prix doux aux States ne fut pas l’affaire de l’année, un transfo abimé probablement pendant le transport, ou par l’ancien proprio.... qui ne me permettait plus l’usage de l’entrée symétrique, et après deux années de service le circuit de chauffage a laché sur une voie. Je l’ai renvoyé chez Coincident pour un upgrade en version MK2, israël m’a proposé une reprise pour passer directement à sa dernière mouture en neuf, j’ai donc sauté le pas pour repartir sur les meilleures bases, étant un des premiers à faire l’acquisition du nouveau modèle. A un peu moins de 5000€ avant import c’est un préampli exclusif, on aime ou pas mais on ne peut pas rester indifférent. Au regard des appareils auxquels on peut le comparer, le prix est somme toute correct, et devient une bonne pioche si l’on a pas de souci avec son aspect dépouillé et que seule la prestation sonore est en jeu. Certains vendent des préamplis passifs à transfos bobinées en cuivre OFC pas beaucoup moins chers, quand certains fabricants de cables demandent ce prix pour un cable de modulation très haut de gamme en cuivre OCC... tout est relatif mais dans les préamplis actifs il occupe une vraie place d’outsider.
Coincident réalise un étage Phono MM / MC sur la même base, avec l’intégration d’un transformateur step up pour la partie MC en plus de l’étage à tube, toujours sur la base d’un excellent transfo en cuivre OCC d’origine Japonaise il me semble, dont certains ont pu constater qu’il n’avait rien à envier à d’autres ténors du marché. Ce n’est pas mon rayon mais ce préampli bénéficie d’une aura d’excellence au même titre que le préampli Ligne.
J’ai toujours été amateur de petits amplis tube single end, faible puissance, petit prix, des limites mais une qualité de restitution qui surprend toujours, dès lors que l’enceinte n’est pas un veau. Bien entendu ce n’est pas si fréquent, mais avec des enceintes de bon rendement dans une pièce pas trop grande on peut se faire surprendre par peu de watts à tubes mais bien alimentés, avec des transfos de qualité, alim largement dimensionnée.
J’ai failli me laisser tenter par le produit d’appel de Coincident, le Dynamo 34 SE, aujourd’hui en version MK3, que j’aurais si je n’avais pas déjà un petit Aurexx et un Bez en magasin. C’est un single end d’EL34 de 8 watts (une version 300b existe désormais), 6SL7 en entrée et rectification à tube 5AR4, j’y collerais bien un jeu de mes EL34 Philips Valvo NOS, que j’apprécie beaucoup sur mon petit ampli BEZ. Les amplis Coincident se démarquent souvent par leur transparence et tenue en courant bien maitrisées. Bonus pour ce petit Dynamo, il propose une sortie casque sur ses tubes. A 1500€ hors import, il apparait comme une alternative crédible aux productions chinoises pas chères mais pas toujours reluisantes qualitativement.
Même si le petit Dynamo est proposé en 300b pour les enceintes disposant du meilleur rendement, le coeur de l’amplification raffinée chez Coincident ce sont les Frankenstein, toujours 8 watts mais posés sur des blocs mono largement dimensionnés, toujours une rectification à tube. Un nom en rapport à leur forme originale certainement, non sans rappeler une machine bien connue de miss Manley. A 5300€ avant import ils se placent au dessus de l’équivalent chez Halgorythme, ce serait à comparer, même si la philosophie sonore des deux marques est différente pour ce que j’en ai entendu à ce jour, Cedric Halgrin n’étant pas tant adepte de la simplicité dans ses montages, là où Coincident s’est attaché au fil du temps à tirer un maximum de transparence via la simplicité et la qualité des composants. Coté chassis là c’est simple le montage Coincident est beaucoup plus qualitatif, les Halgo étant en tôle et manquant de rigidité. Coté restitution sans face à face point de conclusion !
En utilisateur d’enceintes full range et après être passé par quelques productions à tube telles que le Cayin 500, des blocs chinois push pull de triodes 805, du single end de tubes AA62 chez Ayon, tout un tas de push pull ou pse d’el34, kt88, 6550, 845 chez Unison..., je lorgne depuis quelques années sur les Dragon. Des blocs push pull de tubes 211 délivrant 75 watts avec une alimentation, réserve d’énergie très au dessus des productions que j’ai eu entre les mains, nul doute qu’ils n’auraient aucun mal à s’arranger avec les Andra. 300b en tube driver, aucun condensateur sur le trajet du signal (transfo inter étage), double transfo d’alim. Un peu de compromis sur la qualité de timbre face à un montage single end forcément, mais une réserve d’énergie ne posant pas question et toujours des transformateurs de grande qualité en cuivre 6n, cablage interne de la marque. La seule vraie limite au fond c’est peut être le tube 211 en push pull, quoique Psvane a sorti aussi sur ce modèle une version haut de gamme ACME On en croise parfois en europe en seconde main, il y en a une paire actuellement en italie à 6000€, neufs! Le vendeur, passionné de la marque et possesseur des enceintes Pure Reference Extreme doubles les a prix pour tester une biamplification mais après test il a trop peu d’écart avec son amplification actuelle (Viola Bravo 2...). A 9000€ la paire avant import on entre dans des amplifications assez couteuses mais au regard de productions japonaises ou américaines sur des amplifications travaillant sur des tensions très élevées, l’on ne peut pas parler d’excès je pense, sauf si l’on cherche plutot du côté de blocs intégrant les derniers modules Purifi bien sûr.... jouer avec les tubes reste un parti pris.
Autant vous dire que je ne resterai pas longtemps sans essayer une amplification de la marque, étant un convaincu des attraits auditifs proposés par les grosses triodes, et trouvant dommage de disposer du préampli sans aller au bout des choses avec une paire de partenaires de jeu de la même famille, même si je reste attaché à l’association d’un preampli tube avec blocs transistor qui offrent une versatilité sans faille et de sérieux atouts pour le plaisir auditif. D’ailleurs je ne me verrais pas vivre uniquement avec une amplification à tube, plus contraignante, quitte à faire un renoncement c’est le tube en puissance qui serait le premier sacrifié, l’on est là plus dans la quête du plus grand plaisir émotionnel à l’écoute que dans le choix objectif chiffré.
Dernier domaine où Coincident a oeuvré pour parfaire sa volonté de transparence et musicalité, les cables. Cuivre occ à tous les étages de nouveau, géométrie propriétaire, brins individuellement isolés, connecteurs en matériau pur également le plus souvent, le rapport prestation prix est favorable malgré le prix final élévé des cables hp notamment, mais leur équilibre et transparence ne m’ont toujours pas convaincu d’aller voir ailleurs: palette de couleurs, fluidité, énergie, image crédible sans en faire trop, cohérence surtout. Un peu moins convaincu par les modulation que j’avais pris en RCA, plus un choix personnel qu’un manque, ils offrent une image en profondeur, résolution et ampleur impressionnantes mais au prix d’une restitution un poil lissée et à peine assez chatoyante à mon goût, peut être qu’ils sont plus dans le vrai que mon oreille ne le dicte En tout cas la gamme en cuivre occ, basée sur une recette bien calibrée de fils isolés individuellement, me semble un choix avisé menant à des résultats cohérents et pouvant le rester d’un système à l’autre, ce qui n’est pas si fréquent.
Jolie prestation sur le cable usb, là aussi outsider sur les multiples productions du marché. Originalité du conducteur choisi pour le signal, un alliage cuivre argent, le résultat est là, avec un compromis excellent entre présence, richesse des timbres, vie, résolution, je l’apprécie.
Il semble que les cables secteur ne soient pas en reste, un essai fait une fois mais hélas pas dans des conditions idéales donc à refaire, et l’artisan ne s’arrêtant jamais il parait qu’il a de nouveau récemment frappé en améliorant ses cables hp Statement déjà très bons.
Une gamme somme toute complète où il ne manque que la source, qui d’après les clichés est chez Coincident soit analogique via une platine vinyle d’envergure, soit dans les mange disque Esoteric, mais offrir une gamme allant du cable de modulation à l’enceinte est déjà assez rare dans le monde de l’audio, souvent l’apanage d’artisans passionnés ayant voué leur vie à ce monde de la restitution audio, ce qui impose une forme de respect.
Si après tous ces tubes je tombe dans la classe D, je vous préviendrai
A suivre...
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Suite...
Pour aller au bout des compétences d'Israël Blume dans la conception et fabrication d'électroniques à tube, je ne peux passer à côté des modèles qui font le meilleur compromis transparence / puissance, les single end de 845. Les blocs 300b restent réservés à des enceintes de rendement élevé vu leur faible puissance et les Dragon même si ils ont une bonne part des attributs des triodes avec le push pull de 211, ne peuvent prétendre à donner toute la richesse et naturel d'un 845 bien mis en oeuvre en single end.
L'intégré Turbo 845 SE est l'archétype de l'ampli versatile et très bien placé tarifairement à mon humble avis, avec 28 watts, double mono,un montage full triodes, le 845 étant drivé par un 300b , triode NOS 6EM7 en entrée, et une réserve d'énergie bien au delà des montages classiques, avec des banques de condensateur en MKP, toujours d'excellents transformateurs japonais, et aucun condensateur sur le trajet du signal, le couplage des tubes est assuré par un transfo inter étage.
Pour le 25ème anniversaire de la marque, l'intégré a été abandonné, pour pousser dans ses retranchements le concept via une paire de blocs mono en édition limitée de 25 exemplaires. La même puissance que l'intégré mais 41kg par bloc (et ce n’est pas la tôle en inox polis qui fait le poids), et une réserve d'énergie plus importante que les blocs Dragon. Une seule ambition, tenir toute enceinte qui sait se tenir y compris de rendement moyen dans la plus grande aisance tout en offrant la pureté d'un montage single end qu'il est bien difficile d'obtenir avec autre chose en amplification, n’en déplaise aux autres technologies et montage. Se rapprocher des qualités d'une restitution à base de triode single end mais avec des technologies autres, ou offrir l'original via une conception réussie qui sort des sentiers battus: je joue sur ces deux terrains depuis que j’ai gouté à l’audiophilie je crois, avec depuis toujours en tête ce qu’apporte un simple étage en amplification, le jour où j’ai acquis un petit Aurexx en single end d’EL84 qui pour quelques centaines d’euros et de bons tubes sonnait plus vrai que des blocs Mc Intosh à tube sur des enceintes de bon rendement dans un espace clos.
C'est le choix que j'ai fait en cette fin 2020 en faisant l'acquisition de la 24ème paire sur 25 de blocs mono Turbo 845 SE, afin d'offrir les meilleurs partenaires de jeu au préampli Statement, et tenter d'achever ma quête de l'amplification à tube autour de laquelle je tourne depuis une quinzaine d'années maintenant. A la fois un compromis car mes enceintes actuelles n’ont pas un rendement très élevé, mais ne sont pas torturées, affichent une impédance stable autour de 8ohm et ont des mediums non filtrés tel une enceinte large bande. Le but reste d’obtenir une cohérence pour tirer toute la transparence des enceintes sur 80% des musiques écoutées, même si une part des enregistrements demandera de revenir à une puissance plus brute faite d’étages d’amplification plus nombreux et transistorisés. C’est en rodage, une vingtaine d’heures pour le moment, essayés en lecture directe via le Tambaqui et des transfos désymétriseurs Totaldac puis avec le préampli intercalé entre les deux.
La liaison directe avec le dac Tambaqui fonctionne bien, mais on s’ennuie un peu, un peu trop plat, manque un peu de résolution, je préfère l’association avec les blocs Luxman en symétrique. C’est là la limite du Tambaqui, il faut exploiter les sorties symétriques. En tout état de cause même si les transfos désymétriseurs Totaldac sont d’excellente facture, les meilleurs que j’ai pu utiliser, ils ne sont pas au niveau en terme de transparence face à ceux embarqués dans le preampli Coincident Statement. Ne parlons pas des adaptateurs XLR/RCA Neutrik qui ne font que mettre une alternance du signal XLR à la masse, ils sont juste mauvais.
Le préampli est donc passé dans la boucle. J’ai attaqué directement par la configuration modulation la plus « acérée », à savoir Grimm TPM entre dac et pré, et mon cable maison Hypex HG en RCA. Dac en sortie 2V, usage de son entrée roon, switch Waversa entre lui et mon serveur Roon SSD / HDplex. Coté secteur, raclette sur les blocs c’est très bien pour le moment, Ocellia sur le pré, Stealth M7000 sur le dac pour commencer.
Premier constat, j’avais un peu peur sur le bruit de fond avec cette config tout tube, l’aspect microphonique de conception des 101D qui pardonne peu de choses dans ce domaine, mais le fait est qu’avec ce cablage modulation bien immunisé je n’ai quasi pas plus de bruit de fond avec le préampli en place que sans. Très bonne nouvelle, c’était pas gagné dans mon coin un peu encombré, même si j’essaie de soigner les passages de cables. Les blocs s’avèrent silencieux tant que le cablage de liaison entre pré et blocs est bien immunisé et positionné, ce qui change de l’habituel avec les entrées RCA des blocs positionnés à l’ancienne selon une pure logique de pureté du signal: juste à coté du tube d’entrée.
Second constat, le gain du préampli me semble un peu plus adapté aux blocs Turbo qu’aux Luxman, le résultat est très cohérent. Ça l’est moins si je passe la sortie du Tambaqui en 6V au lieu de 2V qui est ici le bon compromis, assez cohérent avec le fait d’avoir l’étage de gain supplémentaire dans la boucle qu’est le préampli . C’est ciselé à souhait, rapide, non projeté, doux et riche à la fois, le cablage ne donne pas l’impression de brider ou s’imposer, sur des enregistrements assez riches pour le moment. Pas de gras dans le grave comme les Andra savent le faire, le single end pose leur grave de façon assez discrète, on tire la propreté de la charge isobarique sans gonfler son coté légèrement poussif ou redondant. On peut presque parler d’accord parfait, le sentiment que ça ne demande qu’à s’exprimer de façon posée, liquide, et tenu avec la capacité en courant dont dispose les blocs. Toujours difficile d’évaluer l’impact de la capacité en courant, mais ici cela semble prendre vie, les 975 Joules issus exclusivement de condensateurs MKP 1500 volts, des pointes de 100 watts annoncés qui éloignent le seuil de compression dynamique dans le grave, c’est bien cela que l’on entend sur des gamelles comme celles des Andra, en dépit des 28 watts de capacité en continu de la 845.
En effet la différenciation entre qualités de prise son et mix / mastering est assez magistrale avec ces amplis, ce qui donne de nouvelles lettres de noblesse à tout ce qui est acoustique et bien capté, tant au point de vue beauté qu’intention musicale. Mais le plaisir et la vie ne sont pas moindres sur un bon blues ou une piste d’electro, mais forcément quand se présente les notes de piano d’une prise de son claire avec du piqué, de l’impact, alors cela prend une autre dimension dans le naturel. Résolution et liquidité à la fois, nuances de dynamique macro et micro, absence de lissage ou compression, spontanéité du simple étage, ils jouent là où je les attendais, et avec le Tambaqui cela donne une grande souplesse dans l’écoute, et la « rapidité incarnée » des blocs s’associe assez bien au coté très posé du dac, mais n’engendre pas des foudres de guerre sur de la musique amplifiée ou des nappes de grave, là où une amplification plus musclée voir un peu plus opulente pose un socle plus massif dans le bas. Les blocs push pull de 805 de 80 watts que j’avais il y a quelques mois avaient du chien de ce coté, mais soyons clairs: aucun des amplis que j’ai eu offre un tel niveau d’entrée dans la musique, et ce n’est pas encore rôdé. Je pense que c’est la première fois que les Andra s’effacent aussi bien devant la musique dans mon salon qui n’est pas premier de la classe en acoustique.
Le Dean Peer est assez jouissif, à la fois vivant et posé, comme la 5ème de Beethoven par Currentzis. Cyril Huvé jouant les sonates pour fortepiano de Beethoven est l’exemple type d’enregistrement d’une telle richesse dans les timbres et le jeu, permettant à lui seul aux blocs Turbos de justifier leur existence et possession. Ils me donne un peu l’impression d’obtenir les principales qualités de la plupart des amplifications que j’ai eu à la maison, de l’Emitter en passant par le Ayon Sunfire, les Accuphase A50V, Pass XA60.5 et Luxman M800, Sugden MPA4, Audio amalogue Maestro Grand intégré ou Verdi Cento, le Cayin 500, l’Unison S8 optimisé et le S2K, les 1605 pse de Cedric Halgrin... sans les défauts respectifs, colorations plus ou moins marquées. Les Andra ont leur rendement dans le grave néanmoins, on sent qu’on arrive aux limites des amplis si on pousse un peu trop fort quand c’est chargé en bas, et une limite se pose sur l’ampleur, l’énergie du grave quand même, non pas de par l’énergie disponible car la tenue est exemplaire, mais simplement de par la limite de puissance pour repousser plus loin le volume sonore sans compression , mais c’est peu limitatif pour 30 watts, moins que le Ayon Sunfire qui pourtant embarquait les solides triodes AA62, et c’est moins sec je pense que ce qu’offrait l’Ayon. Les deux vraies limites que je ressens se situent sur l’atténuation de la première octave que les andra savent rendre et qui ne passe jamais de façon linéaire sur les transfos des amplis tube, et la seconde est la petite rondeur naturelle de la 845 PSvane de base dans le bas grave, que j’ai entendu par exemple chez Cayu sur les gros blocs 845 Mastersound ou mon ex Unison S8 modifié Strad.
L’aspect le plus marquant, et c’est la première raison qui m’a conduit à ce choix des blocs Turbo au lieu des Dragon qui en terme de puissance auraient été plus adaptés à mes enceintes pour passer 100% des musiques sans limite de volume sonore, c’est l’aspect simple étage de l’amplification, un seul tube de puissance, que des triodes dont les 3/4 conçues pour redonner la voix humaine, les fréquences audibles, aucun condensateur sur le trajet du signal de la source aux enceintes. Le fait que l’on ne comprime pas le signal à l’amplification pour faire de la puissance s’entend clairement, et donne un sentiment de naturel laissant à penser que les transistors même bien fichus ne font qu’essayer d’approcher cette spontanéité sans y parvenir totalement, comme si même en affichant la perfection des chiffres y compris en distorsion et niveau de bruit l'on ne parvenait pas à faire ressortir l'essence sonore d'un instrument.
Ajoutons à cela que cette spontanéité n’est pas trahie par une alimentation manquant d’énergie et de rapidité et un seul mot me vient pour décrire ce couple Coincident Statement Pré / Mono Blocs Turbo 845 SE 25ème anniversaire: jouissifs de naturel. J’en bave de découvrir la subtile évolution des blocs sur le reste du rodage, sans me presser, qui selon Israël ne fait qu’apporter du plus sur la paire de centaine d’heure à venir. De même selon le concepteur, les tubes 845 et 300b ACME de Psvane représentent l’offre la plus crédible en terme de performance musicale sur ces deux triodes, la voie d’optimisation possible donc pour aller au bout des choses et potentiellement gommer au moins en partie des petites colorations des tubes PSvane de base. Cet ensemble Coincident me conduira probablement à l’avenir à m’orienter vers un choix d’enceintes au rendement un peu plus élevé pour couvrir 100% des pistes audio sans aucun reste de frustration, mais pour l’heure garder une belle amplification solid state en complément sera une bonne alternative, car il ne s’agit pas de se tromper dans le choix d’une enceinte.... j’avais bien mis une petite dizaine d’années à prendre les Egglestonworks Andra 3 pour épouses après avoir écumé pas mal de trucs en vogue ou plus ancien de Triangle en passant par Proac, Cabasse ou JMR, Dynaudio ou Klipsch, Davis ou Mordaunt Short, Spendor ou PMC et même ATC. Du bon et du moins bon mais une chose est sûre, la totale cohérence n’est que rarement au rendez vous des exigences, et il est avec le temps au moins plus simple de savoir ce que l’on ne veut pas, pour éviter une vie conjugale trop dissolue, divorcer plus de fois que Leroy Gethro Gibbs pour au final se retrouver à tourner autour d’un piquet en se demandant à quoi peut bien servir la hifi.
Espérons que Coincident, après avoir vendu ses derniers blocs de série anniversaire en 845 en décembre dernier, se relancera dans la fabrication de l’intégré Turbo 845SE à minima, pourquoi pas une version améliorée de par l’expérience des blocs mono, pour garder au catalogue ce qui représente un des meilleurs compromis transparence / puissance / budget pour gouter aux plaisirs et qualités de la triode sur un large panel d’enceintes sans grande frustration tant l’énergie et la maitrise en toute subtilité sont au rendez vous.
Nathalie parlait récemment du fait qu'il est dommage que l'audiophile ne vienne pas au contact du fabricant, de sa technique, de sa philosophie, afin de partager les vapeurs de la création matérielle au service de la musique. Je partage son avis et le modèle de vente directe participe pour moi grandement à cette possibilité, à la notion de passion pour une marque en particulier. Le marché habituel d'ailleurs un peu malade de son modèle et de sa tarification élitiste en découlant aurait pour moi tendance à cultiver la distance avec le fabricant, elle en a certainement conscience d'ailleurs car il n'est pas rare de voir les enseignes qui se battent pour vivre de leur passion, organiser des rencontres fabricant / client autour de systèmes cultivant cette fois la mise en lumière de quelques marques bien mises en oeuvre.
Un concept à la mode pour notre alimentation la relation directe du producteur au consommateur, de part la proximité géographique du produit, mais pour la hifi cette notion de proximité me semble un peu plus à relativiser, on a le droit de tomber amoureux du matériel local (qui a son fabricant fétiche à moins de 100km de chez lui, quelques uns?) mais la diversité des matériels proposés fait que la notion de distance et le chauvinisme me semblent un peu dépassés pour savoir où sera notre plaisir auditif personnel, et cela disparait quasi totalement pour les audiophiles "petit budget", notre modèle sociétal rendant difficile la sortie locale de matériels bon marché qui seraient autre chose qu'un simple assemblage de morceaux manufacturés ailleurs.
Coincident Speaker Technology c'est avant tout un homme , Israël Blume, qui a dans ses jeunes années constaté qu'on mettait des composants à deux balles dans plein d'enceintes pour vendre un produit et gagner de l'argent dessus, au profit d'un marché plus que d'une volonté de recherche de transparence. C'est l'upgrade d'enceintes du commerce qui l'a rapidement mené vers la fabrication d'enceintes avec une vision purement orienté simplicité: les meilleurs hauts parleurs, le moins de composants de filtre possible et l'usage de ceux qui sonneront le mieux, des caisses sans amortissant interne permettant d'annuler au mieux les résonances et rejetant les fréquences de résonance dans les valeurs inaudibles, et des rendements et courbes d'impédance permettant l'usage d'amplifications single end à tube afin de pouvoir rendre les plus subtiles informations tonales de la musique qui font si souvent défaut dans le solid state.
Pas un mince objectif , et assez éloigné de la majorité des conceptions d’enceintes mais des arguments qui parlent potentiellement et collent assez bien aux constats faits au fil du temps lorsqu'il s'agit de tirer vie, émotion, aspect plausible de la restitution. Mais l’expérience montre aussi que cela ne fait pas tout, chaque design bien fichu peut donner des résultats excellents, le diable se cachant alors dans les détails. Israël n’est pas avare en superlatifs dans les noms et descriptions de ses productions, avec comme le souligne Bill ci dessous, quelques limites dans ses designs passés d’enceintes révélant des limites de cohérence via les mesures et écoutes de Stereophile donc prudence et circonspection, tout n’est pas rose... mais son acharnement dans la recherche de transparence, la passion d’aller vers une reproduction live de la musique l’a conduit sur des recettes qui sonnent.
Ses enceintes les plus abouties sont les "Pure Reference Extreme", ici en configuration doublée, 94db de rendement, filtrage à 6db (uniquement un condensateur Mundorf sur le tweeter et une self en fils choisi maison sur le grave ainsi que le medium), HP céramique les plus linéaires et performants de chez Accuton, Graves alu à fort débattement.
Du full range conçu sans soucis de déphasages ou recouvrement de fréquences nécessitant des filtrages complexes et bouchonnés côté richesse harmonique, sans complexité de charge ou impédance, sans sur amortissement interne, sans besoin de contre réaction, et avec des hp très haut de gamme.... compatible avec du single end à tube de puissance limitée.
N’ayant jamais entendu les enceintes réalisées par la marque, je me garderai bien d’en commenter le résultat, ne faisant que relater les possibles qualités inhérentes à leur concept, si ce dernier est réussi ! Et ce sera bien difficile d’en faire l’écoute depuis la France j’en ai peur... surtout que si je devais en essayer une paire, ces Pure Reference Extreme seraient les candidates, en version simple, et ce n’est déjà pas tout petit.
Disons que les idées développées dans ses enceintes font un peu écho à mes choix, ayant sur un système des Marten Duke 2 Full Accuton dont j’apprécie la spontanéité, la résolution, la cohérence entre tweeter et medium grave, l’absence de distorsion audible, l’énergie et ampleur, pas parfaites probablement mais regroupant un faisceau de qualités faisant d’elles un peu plus que de chouettes biblios. Et d’un autre coté les Egglestonworks Andra 3, pas parfaites non plus mais jouant sur la cohérence de mediums utilisés en large bande, à réponse linéaire de conception sur une large bande passante, l’usage de deux 30 dynaudio dans le grave en charge isobarique (charge exigente ayant ses propres petites colorations, aucune charge n’est parfaite, mais capable de grandes choses) et un tweeter esotar filtré à 6db de façon à prolonger le plus naturellement possible les medium utilisés en large bande, le tout recherchant un maximum de cohérence et de respect des harmoniques, richesse de timbres dans la musique mais avec un peu moins d’immédiateté que la céramique d’accuton.
Les enceintes de par leur coût ne sont pas le premier terrain de jeu des audiophiles, mais elles restent le maillon le plus impactant du système.
Ce qui est peut être le plus surprenant avec cette marque, c’est que le concept de base qui concernait les enceintes, a conduit le concepteur à se lancer dans les préamplifications, amplification et cablages devant accompagner ses enceintes, et qu’au fond j’ai le sentiment que c’est dans cette voie que Coincident trouvera le mieux ses lettres de noblesse.
Ma première rencontre avec une réalisation d’Israël Blume fut chez Joël C, le jour où je suis passé prendre son préampli Rogue Audio Hera dont je m’étais porté acquéreur, et dont l’évènement avait été une bonne occasion pour faire des comparaisons d’audiophiles fous à trois zozos que nous étions alors, moi apportant mes blocs d’alors, les mono Sugden, et un autre ami son préampli Audio Research Ref5se.
Joël venais d’acheter le Coincident en seconde main, et j’imaginais bien qu’il y avait un peu plus qu’une affaire de mariage avec les blocs Luxman M800 pour justifier la séparation avec le Rogue Audio... l’écoute témoigna en effet de cet état de fait, le Préampli Coincident Statement Line Stage portait bien son nom et mettait en transparence, raffinement, ampleur et naturel de restitution une jolie fessée aux deux préamplis américains plus chers que lui en neuf, voir beaucoup plus cher concernant l’audio research. De mon côte je suis ce jour là reparti avec la satisfaction que le Rogue soit un peu plus intéressant à l’écoute que son compère américain, un beau préampli, mais aussi un peu la queue entre les jambes vu la forte impression que m’avais fait le Coincident, et accessoirement la fessée que s’étaient pris mes blocs Sugden MPA4 face aux blocs Luxman M800 : qualité et variété de timbre, résolution, profondeur de scène (les sudgen étaient tout plat en comparaison ), énergie disponible. Il n’est alors pas étonnant que j’ai 4 ans après aussi franchis le pas d’une paire de Luxman, après avoir vécu avec des blocs Accuphase et Pass ainsi qu’un ASR Emitter Exclusive batterie qui lui aussi avait fait le voyage comparatif chez Joël quelques années plus tard pour se prendre une nouvelle petite fessée.
Difficile donc de ne pas garder en tête l’écoute du Coïncident, qui m’a deux ans plus tard fait partir sur un exemplaire d’occasion aux States. Le Statement Pré est spartiate, il va à l’essentiel en ne visant que la prestation sonore, pas de télécommande, deux entrées, deux sorties, un commutateur manuel par voie pour le controle de volume sonore, un commutateur pour supprimer les boucles de masse (si rare et si important), et point!
Mais à coté de cela, c’est une alim externe surdimensionnée avec une réserve d’énergie majoritairement en condensateurs MKP français, dédiée à l’alimentation d’une paire de triodes 101D pour l’unique partie active du préampli. Le reste c’est le coeur de l’appareil, à savoir un contrôle de volume sonore et désymétrisation des entrées symétriques par des transformateurs haut de gamme japonais en cuivre occ faits sur cahier des charges, pas d’autre composant sur le trajet du signal, pas de condensateur de liaison, de potentiomètres... comme dans les ricains, et cela s’entend, faisant passer les autres préamplis comme moins respectueux du signal d’origine, plus colorés, moins résolutifs.
La qualité de fabrication est au rendez vous, tout inox passé au polissage, cela est devenu la signature visuelle de la marque. C’est lourd, c’est plein, et là encore un aspect cher à la marque, c’est directement compatible pour les marchés européens et américains via un sélecteur de tension à l’arrière de l’appareil 115/230V, vous savez cet aspect qui existait dans les années 80 mais qui a disparu des fabrications à base d’alimentations linéaires audio depuis longtemps, pour revenir en force avec la mondialisation et le déversement abondant des alimentations à découpage sur la planète, alim dont l’aspect multi tensions natif n’engendre pas de surcoût à la fabrication. Bref un choix qui me semble fort cohérent pour un petit fabricant pratiquant la vente directe, cela permet un peu plus de vie internationale dans le marché de seconde main, et j’imagine que le fabricant y retrouve ses petits en ne réalisant qu’une seule série d’appareils.
La triode 101 D, conception du début du 20e siècle de Western Electric aux Etats Unis utilisée en télécommunication, a la réputation d’être la triode la plus linéaire et fidèle du monde des tubes, une des plus microphoniques aussi nécessitant une mise en oeuvre travaillant la gestion des vibrations et le silence électrique tant de l’alimentation que de l’environnement électromagnétique. Ils sont montés sur un chassis à ressort sur le pré Coincident, et l’inox du chassis est amagnétique. Mais approchez vos mains des tubes en fonctionnement et vous lancez une ronflette qui rappelle la microphonie des tubes, la sensibilité du préampli à son environnement le plus proche qu’il faut soigner. Bien mis en oeuvre il offre un tel niveau de transparence sur les plus petites informations qu’on lui pardonne sa mise en oeuvre plus délicate que des appareils plus universels et versatiles, il s’avère des plus attachants pour sa prestation sonore bien entendu.
La triode 101D est fabriquée principalement par les chinois qui ont remis au gout du jour le tube en particulier avec la réplique Western Electric ci dessus faite par PSvane, qui surfe sur le regain d’intérêt pour les loupiottes dans le marché de l’audio tant bas que haut de gamme, pour entrer dans un marché où le tube neuf prend des valeurs s’approchant ou dépassant le marché du tube ancien devenu aussi rare que partiellement truqué, peu sûr. Et même si ce n’était pas le cas au départ de Psvane, les progrès qualitatifs et techniques semblent commencer à être au rendez vous aujourd’hui, à l’instar des fabrications les plus réputées d’europe de l’est (Emission Labs, Elrog...) ou japonaises (Takatsuki) avec lesquelles les chinois comptent entrer en concurrence. Une nouvelle marque Linlai a même émergé récemment, avec d’anciens de PSvane, eux même anciens de Shuguang... les joies de la croissance chinoise et de leur entrée dans les marchés du haut de gamme. Linlai a d’ailleurs sorti une version « Mesh Plate » de la 101D, à voir, les chinois faisant de fausses Mesh Plate (des plaques percées là où le vrai Mesh Plate est fait de fils soudés, comme le fait Emission Lab sur ses versions Mesh). Les 101D sont des tubes à vie longue, 10000 heures peuvent être de mise sur le papier, chers donc mais pas remplacés souvent, avantage de nombreuses triodes si bien fichues.
Mon exemplaire acquis à prix doux aux States ne fut pas l’affaire de l’année, un transfo abimé probablement pendant le transport, ou par l’ancien proprio.... qui ne me permettait plus l’usage de l’entrée symétrique, et après deux années de service le circuit de chauffage a laché sur une voie. Je l’ai renvoyé chez Coincident pour un upgrade en version MK2, israël m’a proposé une reprise pour passer directement à sa dernière mouture en neuf, j’ai donc sauté le pas pour repartir sur les meilleures bases, étant un des premiers à faire l’acquisition du nouveau modèle. A un peu moins de 5000€ avant import c’est un préampli exclusif, on aime ou pas mais on ne peut pas rester indifférent. Au regard des appareils auxquels on peut le comparer, le prix est somme toute correct, et devient une bonne pioche si l’on a pas de souci avec son aspect dépouillé et que seule la prestation sonore est en jeu. Certains vendent des préamplis passifs à transfos bobinées en cuivre OFC pas beaucoup moins chers, quand certains fabricants de cables demandent ce prix pour un cable de modulation très haut de gamme en cuivre OCC... tout est relatif mais dans les préamplis actifs il occupe une vraie place d’outsider.
Coincident réalise un étage Phono MM / MC sur la même base, avec l’intégration d’un transformateur step up pour la partie MC en plus de l’étage à tube, toujours sur la base d’un excellent transfo en cuivre OCC d’origine Japonaise il me semble, dont certains ont pu constater qu’il n’avait rien à envier à d’autres ténors du marché. Ce n’est pas mon rayon mais ce préampli bénéficie d’une aura d’excellence au même titre que le préampli Ligne.
J’ai toujours été amateur de petits amplis tube single end, faible puissance, petit prix, des limites mais une qualité de restitution qui surprend toujours, dès lors que l’enceinte n’est pas un veau. Bien entendu ce n’est pas si fréquent, mais avec des enceintes de bon rendement dans une pièce pas trop grande on peut se faire surprendre par peu de watts à tubes mais bien alimentés, avec des transfos de qualité, alim largement dimensionnée.
J’ai failli me laisser tenter par le produit d’appel de Coincident, le Dynamo 34 SE, aujourd’hui en version MK3, que j’aurais si je n’avais pas déjà un petit Aurexx et un Bez en magasin. C’est un single end d’EL34 de 8 watts (une version 300b existe désormais), 6SL7 en entrée et rectification à tube 5AR4, j’y collerais bien un jeu de mes EL34 Philips Valvo NOS, que j’apprécie beaucoup sur mon petit ampli BEZ. Les amplis Coincident se démarquent souvent par leur transparence et tenue en courant bien maitrisées. Bonus pour ce petit Dynamo, il propose une sortie casque sur ses tubes. A 1500€ hors import, il apparait comme une alternative crédible aux productions chinoises pas chères mais pas toujours reluisantes qualitativement.
Même si le petit Dynamo est proposé en 300b pour les enceintes disposant du meilleur rendement, le coeur de l’amplification raffinée chez Coincident ce sont les Frankenstein, toujours 8 watts mais posés sur des blocs mono largement dimensionnés, toujours une rectification à tube. Un nom en rapport à leur forme originale certainement, non sans rappeler une machine bien connue de miss Manley. A 5300€ avant import ils se placent au dessus de l’équivalent chez Halgorythme, ce serait à comparer, même si la philosophie sonore des deux marques est différente pour ce que j’en ai entendu à ce jour, Cedric Halgrin n’étant pas tant adepte de la simplicité dans ses montages, là où Coincident s’est attaché au fil du temps à tirer un maximum de transparence via la simplicité et la qualité des composants. Coté chassis là c’est simple le montage Coincident est beaucoup plus qualitatif, les Halgo étant en tôle et manquant de rigidité. Coté restitution sans face à face point de conclusion !
En utilisateur d’enceintes full range et après être passé par quelques productions à tube telles que le Cayin 500, des blocs chinois push pull de triodes 805, du single end de tubes AA62 chez Ayon, tout un tas de push pull ou pse d’el34, kt88, 6550, 845 chez Unison..., je lorgne depuis quelques années sur les Dragon. Des blocs push pull de tubes 211 délivrant 75 watts avec une alimentation, réserve d’énergie très au dessus des productions que j’ai eu entre les mains, nul doute qu’ils n’auraient aucun mal à s’arranger avec les Andra. 300b en tube driver, aucun condensateur sur le trajet du signal (transfo inter étage), double transfo d’alim. Un peu de compromis sur la qualité de timbre face à un montage single end forcément, mais une réserve d’énergie ne posant pas question et toujours des transformateurs de grande qualité en cuivre 6n, cablage interne de la marque. La seule vraie limite au fond c’est peut être le tube 211 en push pull, quoique Psvane a sorti aussi sur ce modèle une version haut de gamme ACME On en croise parfois en europe en seconde main, il y en a une paire actuellement en italie à 6000€, neufs! Le vendeur, passionné de la marque et possesseur des enceintes Pure Reference Extreme doubles les a prix pour tester une biamplification mais après test il a trop peu d’écart avec son amplification actuelle (Viola Bravo 2...). A 9000€ la paire avant import on entre dans des amplifications assez couteuses mais au regard de productions japonaises ou américaines sur des amplifications travaillant sur des tensions très élevées, l’on ne peut pas parler d’excès je pense, sauf si l’on cherche plutot du côté de blocs intégrant les derniers modules Purifi bien sûr.... jouer avec les tubes reste un parti pris.
Autant vous dire que je ne resterai pas longtemps sans essayer une amplification de la marque, étant un convaincu des attraits auditifs proposés par les grosses triodes, et trouvant dommage de disposer du préampli sans aller au bout des choses avec une paire de partenaires de jeu de la même famille, même si je reste attaché à l’association d’un preampli tube avec blocs transistor qui offrent une versatilité sans faille et de sérieux atouts pour le plaisir auditif. D’ailleurs je ne me verrais pas vivre uniquement avec une amplification à tube, plus contraignante, quitte à faire un renoncement c’est le tube en puissance qui serait le premier sacrifié, l’on est là plus dans la quête du plus grand plaisir émotionnel à l’écoute que dans le choix objectif chiffré.
Dernier domaine où Coincident a oeuvré pour parfaire sa volonté de transparence et musicalité, les cables. Cuivre occ à tous les étages de nouveau, géométrie propriétaire, brins individuellement isolés, connecteurs en matériau pur également le plus souvent, le rapport prestation prix est favorable malgré le prix final élévé des cables hp notamment, mais leur équilibre et transparence ne m’ont toujours pas convaincu d’aller voir ailleurs: palette de couleurs, fluidité, énergie, image crédible sans en faire trop, cohérence surtout. Un peu moins convaincu par les modulation que j’avais pris en RCA, plus un choix personnel qu’un manque, ils offrent une image en profondeur, résolution et ampleur impressionnantes mais au prix d’une restitution un poil lissée et à peine assez chatoyante à mon goût, peut être qu’ils sont plus dans le vrai que mon oreille ne le dicte En tout cas la gamme en cuivre occ, basée sur une recette bien calibrée de fils isolés individuellement, me semble un choix avisé menant à des résultats cohérents et pouvant le rester d’un système à l’autre, ce qui n’est pas si fréquent.
Jolie prestation sur le cable usb, là aussi outsider sur les multiples productions du marché. Originalité du conducteur choisi pour le signal, un alliage cuivre argent, le résultat est là, avec un compromis excellent entre présence, richesse des timbres, vie, résolution, je l’apprécie.
Il semble que les cables secteur ne soient pas en reste, un essai fait une fois mais hélas pas dans des conditions idéales donc à refaire, et l’artisan ne s’arrêtant jamais il parait qu’il a de nouveau récemment frappé en améliorant ses cables hp Statement déjà très bons.
Une gamme somme toute complète où il ne manque que la source, qui d’après les clichés est chez Coincident soit analogique via une platine vinyle d’envergure, soit dans les mange disque Esoteric, mais offrir une gamme allant du cable de modulation à l’enceinte est déjà assez rare dans le monde de l’audio, souvent l’apanage d’artisans passionnés ayant voué leur vie à ce monde de la restitution audio, ce qui impose une forme de respect.
Si après tous ces tubes je tombe dans la classe D, je vous préviendrai
A suivre...
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Suite...
Pour aller au bout des compétences d'Israël Blume dans la conception et fabrication d'électroniques à tube, je ne peux passer à côté des modèles qui font le meilleur compromis transparence / puissance, les single end de 845. Les blocs 300b restent réservés à des enceintes de rendement élevé vu leur faible puissance et les Dragon même si ils ont une bonne part des attributs des triodes avec le push pull de 211, ne peuvent prétendre à donner toute la richesse et naturel d'un 845 bien mis en oeuvre en single end.
L'intégré Turbo 845 SE est l'archétype de l'ampli versatile et très bien placé tarifairement à mon humble avis, avec 28 watts, double mono,un montage full triodes, le 845 étant drivé par un 300b , triode NOS 6EM7 en entrée, et une réserve d'énergie bien au delà des montages classiques, avec des banques de condensateur en MKP, toujours d'excellents transformateurs japonais, et aucun condensateur sur le trajet du signal, le couplage des tubes est assuré par un transfo inter étage.
Pour le 25ème anniversaire de la marque, l'intégré a été abandonné, pour pousser dans ses retranchements le concept via une paire de blocs mono en édition limitée de 25 exemplaires. La même puissance que l'intégré mais 41kg par bloc (et ce n’est pas la tôle en inox polis qui fait le poids), et une réserve d'énergie plus importante que les blocs Dragon. Une seule ambition, tenir toute enceinte qui sait se tenir y compris de rendement moyen dans la plus grande aisance tout en offrant la pureté d'un montage single end qu'il est bien difficile d'obtenir avec autre chose en amplification, n’en déplaise aux autres technologies et montage. Se rapprocher des qualités d'une restitution à base de triode single end mais avec des technologies autres, ou offrir l'original via une conception réussie qui sort des sentiers battus: je joue sur ces deux terrains depuis que j’ai gouté à l’audiophilie je crois, avec depuis toujours en tête ce qu’apporte un simple étage en amplification, le jour où j’ai acquis un petit Aurexx en single end d’EL84 qui pour quelques centaines d’euros et de bons tubes sonnait plus vrai que des blocs Mc Intosh à tube sur des enceintes de bon rendement dans un espace clos.
C'est le choix que j'ai fait en cette fin 2020 en faisant l'acquisition de la 24ème paire sur 25 de blocs mono Turbo 845 SE, afin d'offrir les meilleurs partenaires de jeu au préampli Statement, et tenter d'achever ma quête de l'amplification à tube autour de laquelle je tourne depuis une quinzaine d'années maintenant. A la fois un compromis car mes enceintes actuelles n’ont pas un rendement très élevé, mais ne sont pas torturées, affichent une impédance stable autour de 8ohm et ont des mediums non filtrés tel une enceinte large bande. Le but reste d’obtenir une cohérence pour tirer toute la transparence des enceintes sur 80% des musiques écoutées, même si une part des enregistrements demandera de revenir à une puissance plus brute faite d’étages d’amplification plus nombreux et transistorisés. C’est en rodage, une vingtaine d’heures pour le moment, essayés en lecture directe via le Tambaqui et des transfos désymétriseurs Totaldac puis avec le préampli intercalé entre les deux.
La liaison directe avec le dac Tambaqui fonctionne bien, mais on s’ennuie un peu, un peu trop plat, manque un peu de résolution, je préfère l’association avec les blocs Luxman en symétrique. C’est là la limite du Tambaqui, il faut exploiter les sorties symétriques. En tout état de cause même si les transfos désymétriseurs Totaldac sont d’excellente facture, les meilleurs que j’ai pu utiliser, ils ne sont pas au niveau en terme de transparence face à ceux embarqués dans le preampli Coincident Statement. Ne parlons pas des adaptateurs XLR/RCA Neutrik qui ne font que mettre une alternance du signal XLR à la masse, ils sont juste mauvais.
Le préampli est donc passé dans la boucle. J’ai attaqué directement par la configuration modulation la plus « acérée », à savoir Grimm TPM entre dac et pré, et mon cable maison Hypex HG en RCA. Dac en sortie 2V, usage de son entrée roon, switch Waversa entre lui et mon serveur Roon SSD / HDplex. Coté secteur, raclette sur les blocs c’est très bien pour le moment, Ocellia sur le pré, Stealth M7000 sur le dac pour commencer.
Premier constat, j’avais un peu peur sur le bruit de fond avec cette config tout tube, l’aspect microphonique de conception des 101D qui pardonne peu de choses dans ce domaine, mais le fait est qu’avec ce cablage modulation bien immunisé je n’ai quasi pas plus de bruit de fond avec le préampli en place que sans. Très bonne nouvelle, c’était pas gagné dans mon coin un peu encombré, même si j’essaie de soigner les passages de cables. Les blocs s’avèrent silencieux tant que le cablage de liaison entre pré et blocs est bien immunisé et positionné, ce qui change de l’habituel avec les entrées RCA des blocs positionnés à l’ancienne selon une pure logique de pureté du signal: juste à coté du tube d’entrée.
Second constat, le gain du préampli me semble un peu plus adapté aux blocs Turbo qu’aux Luxman, le résultat est très cohérent. Ça l’est moins si je passe la sortie du Tambaqui en 6V au lieu de 2V qui est ici le bon compromis, assez cohérent avec le fait d’avoir l’étage de gain supplémentaire dans la boucle qu’est le préampli . C’est ciselé à souhait, rapide, non projeté, doux et riche à la fois, le cablage ne donne pas l’impression de brider ou s’imposer, sur des enregistrements assez riches pour le moment. Pas de gras dans le grave comme les Andra savent le faire, le single end pose leur grave de façon assez discrète, on tire la propreté de la charge isobarique sans gonfler son coté légèrement poussif ou redondant. On peut presque parler d’accord parfait, le sentiment que ça ne demande qu’à s’exprimer de façon posée, liquide, et tenu avec la capacité en courant dont dispose les blocs. Toujours difficile d’évaluer l’impact de la capacité en courant, mais ici cela semble prendre vie, les 975 Joules issus exclusivement de condensateurs MKP 1500 volts, des pointes de 100 watts annoncés qui éloignent le seuil de compression dynamique dans le grave, c’est bien cela que l’on entend sur des gamelles comme celles des Andra, en dépit des 28 watts de capacité en continu de la 845.
En effet la différenciation entre qualités de prise son et mix / mastering est assez magistrale avec ces amplis, ce qui donne de nouvelles lettres de noblesse à tout ce qui est acoustique et bien capté, tant au point de vue beauté qu’intention musicale. Mais le plaisir et la vie ne sont pas moindres sur un bon blues ou une piste d’electro, mais forcément quand se présente les notes de piano d’une prise de son claire avec du piqué, de l’impact, alors cela prend une autre dimension dans le naturel. Résolution et liquidité à la fois, nuances de dynamique macro et micro, absence de lissage ou compression, spontanéité du simple étage, ils jouent là où je les attendais, et avec le Tambaqui cela donne une grande souplesse dans l’écoute, et la « rapidité incarnée » des blocs s’associe assez bien au coté très posé du dac, mais n’engendre pas des foudres de guerre sur de la musique amplifiée ou des nappes de grave, là où une amplification plus musclée voir un peu plus opulente pose un socle plus massif dans le bas. Les blocs push pull de 805 de 80 watts que j’avais il y a quelques mois avaient du chien de ce coté, mais soyons clairs: aucun des amplis que j’ai eu offre un tel niveau d’entrée dans la musique, et ce n’est pas encore rôdé. Je pense que c’est la première fois que les Andra s’effacent aussi bien devant la musique dans mon salon qui n’est pas premier de la classe en acoustique.
Le Dean Peer est assez jouissif, à la fois vivant et posé, comme la 5ème de Beethoven par Currentzis. Cyril Huvé jouant les sonates pour fortepiano de Beethoven est l’exemple type d’enregistrement d’une telle richesse dans les timbres et le jeu, permettant à lui seul aux blocs Turbos de justifier leur existence et possession. Ils me donne un peu l’impression d’obtenir les principales qualités de la plupart des amplifications que j’ai eu à la maison, de l’Emitter en passant par le Ayon Sunfire, les Accuphase A50V, Pass XA60.5 et Luxman M800, Sugden MPA4, Audio amalogue Maestro Grand intégré ou Verdi Cento, le Cayin 500, l’Unison S8 optimisé et le S2K, les 1605 pse de Cedric Halgrin... sans les défauts respectifs, colorations plus ou moins marquées. Les Andra ont leur rendement dans le grave néanmoins, on sent qu’on arrive aux limites des amplis si on pousse un peu trop fort quand c’est chargé en bas, et une limite se pose sur l’ampleur, l’énergie du grave quand même, non pas de par l’énergie disponible car la tenue est exemplaire, mais simplement de par la limite de puissance pour repousser plus loin le volume sonore sans compression , mais c’est peu limitatif pour 30 watts, moins que le Ayon Sunfire qui pourtant embarquait les solides triodes AA62, et c’est moins sec je pense que ce qu’offrait l’Ayon. Les deux vraies limites que je ressens se situent sur l’atténuation de la première octave que les andra savent rendre et qui ne passe jamais de façon linéaire sur les transfos des amplis tube, et la seconde est la petite rondeur naturelle de la 845 PSvane de base dans le bas grave, que j’ai entendu par exemple chez Cayu sur les gros blocs 845 Mastersound ou mon ex Unison S8 modifié Strad.
L’aspect le plus marquant, et c’est la première raison qui m’a conduit à ce choix des blocs Turbo au lieu des Dragon qui en terme de puissance auraient été plus adaptés à mes enceintes pour passer 100% des musiques sans limite de volume sonore, c’est l’aspect simple étage de l’amplification, un seul tube de puissance, que des triodes dont les 3/4 conçues pour redonner la voix humaine, les fréquences audibles, aucun condensateur sur le trajet du signal de la source aux enceintes. Le fait que l’on ne comprime pas le signal à l’amplification pour faire de la puissance s’entend clairement, et donne un sentiment de naturel laissant à penser que les transistors même bien fichus ne font qu’essayer d’approcher cette spontanéité sans y parvenir totalement, comme si même en affichant la perfection des chiffres y compris en distorsion et niveau de bruit l'on ne parvenait pas à faire ressortir l'essence sonore d'un instrument.
Ajoutons à cela que cette spontanéité n’est pas trahie par une alimentation manquant d’énergie et de rapidité et un seul mot me vient pour décrire ce couple Coincident Statement Pré / Mono Blocs Turbo 845 SE 25ème anniversaire: jouissifs de naturel. J’en bave de découvrir la subtile évolution des blocs sur le reste du rodage, sans me presser, qui selon Israël ne fait qu’apporter du plus sur la paire de centaine d’heure à venir. De même selon le concepteur, les tubes 845 et 300b ACME de Psvane représentent l’offre la plus crédible en terme de performance musicale sur ces deux triodes, la voie d’optimisation possible donc pour aller au bout des choses et potentiellement gommer au moins en partie des petites colorations des tubes PSvane de base. Cet ensemble Coincident me conduira probablement à l’avenir à m’orienter vers un choix d’enceintes au rendement un peu plus élevé pour couvrir 100% des pistes audio sans aucun reste de frustration, mais pour l’heure garder une belle amplification solid state en complément sera une bonne alternative, car il ne s’agit pas de se tromper dans le choix d’une enceinte.... j’avais bien mis une petite dizaine d’années à prendre les Egglestonworks Andra 3 pour épouses après avoir écumé pas mal de trucs en vogue ou plus ancien de Triangle en passant par Proac, Cabasse ou JMR, Dynaudio ou Klipsch, Davis ou Mordaunt Short, Spendor ou PMC et même ATC. Du bon et du moins bon mais une chose est sûre, la totale cohérence n’est que rarement au rendez vous des exigences, et il est avec le temps au moins plus simple de savoir ce que l’on ne veut pas, pour éviter une vie conjugale trop dissolue, divorcer plus de fois que Leroy Gethro Gibbs pour au final se retrouver à tourner autour d’un piquet en se demandant à quoi peut bien servir la hifi.
Espérons que Coincident, après avoir vendu ses derniers blocs de série anniversaire en 845 en décembre dernier, se relancera dans la fabrication de l’intégré Turbo 845SE à minima, pourquoi pas une version améliorée de par l’expérience des blocs mono, pour garder au catalogue ce qui représente un des meilleurs compromis transparence / puissance / budget pour gouter aux plaisirs et qualités de la triode sur un large panel d’enceintes sans grande frustration tant l’énergie et la maitrise en toute subtilité sont au rendez vous.
Du transistor, du tube, de l’hybride…. Des petites, des grosses…. Tout démat.
Ventes à venir ou en cours (MP si intéressé pour en discuter): Albedo, Leedh E2 Glass, Coincident Statement Linestage, blocs mono Coincident SE845 Turbo
Ventes à venir ou en cours (MP si intéressé pour en discuter): Albedo, Leedh E2 Glass, Coincident Statement Linestage, blocs mono Coincident SE845 Turbo