Il s'agit d'un studio professionnel et non d'une installation domestique comme les nôtres. Une partie des réalisations d'Igor ici:
http://www.discogs.com/fr/artist/867803-Igor-Kirkwood
J'avais suivi silencieusement ce fil depuis son démarrage. La question posée par Raphaël me semble pertinente.
Alors voici un long post qui essaie de rassembler les quelques connaissances et expériences acquises sur ce sujet.
1/
Contrairement à ce qui a été assené dans ce fil, il existe des soucis acoustiques qu'aucune correction active ne pourra résoudre, entre autres:
- les échos flottants (entendre résonner quand on frappe dans les mains)
- les ondes stationnaires (coins derrière les enceintes par exemple)
- les noeuds acoustiques (les "trous" dans la courbe de réponse de la pièce dues à ses dimensions, ondes incidentes et ondes réfléchies s'annulant).
2/
Le premier traitement acoustique passif, ce ne sont pas des panneaux, des bass traps, etc, qui défigurent une pièce à vivre, c'est le mobilier, les tapis, éventuellement de la laine de verre invisible sur les armoires, le positionnement des enceintes, le découplage au sol, etc.
3/
Dans la correction acoustique active, la modification d'une piste... en modifie forcément les caractéristiques (Zut, une Lapalissade)
Il y a nécessairement des dégradations. Une simple modification de volume numérique fait perdre des bits et de la précision. Les algorithmes ne sont pas parfaits et la mesure n'est pas parfaite.
Plutôt que de continuer dans le monde Bisounours de "tout est parfait dans le meilleur des mondes", la bonne question me semble être de déterminer si les dégradations apportées par la pièce sont pires ou pas que celles apportées par la correction acoustique.
A titre personnel, j'ai une pièce où la correction acoustique est indispensable (mauvaises dimensions, mauvaise géométrie, mauvais matériaux), dans l'autre qui est traitée box in the box, j'ai décidé de supprimer toute correction acoustique après l'avoir utilisée une année entière.
4/ Les conneries à éviter: le boost, les noeuds acoustiques, volume avant correction
0 dBFS est par convention le niveau max d'une piste, il correspond à la tension maximale d'un DAC. "Normalement", les ingénieurs du son (désolé pour ce titre non reconnu en France) devraient faire des Masterings avec un "headroom" de -6dBFS.
Mais ce n'est pas le cas. Voici un exemple de piste (et pas d'un album pourri) où toutes les parties en rouge sont du clipping, on touche 0dBFS.
Si l'on ne diminue pas le volume avant d'appliquer de la correction (ce que fait par défaut Dirac, mais que ne fait pas par défaut Trinnov), pour tout "boost" (augmentation de l'émission sur certaines fréquences) on va se taper de la distorsion numérique et de l'écrétage, et ce, quelque soit le nombre de bits avec lesquels les algorithmes travaillent. C'est une horreur à l'oreille.
Ecrétage:
Mais diminuer le volume avant correction entraine une perte de précision, plus ou moins audible suivant les DAC/Amplis/Enceintes qui suivent. Il est donc nécessaire de régler le boost maximum autorisé dans la correction en fonction de la baisse du volume en entrée. Par exemple, diminuer de 6 dB le volume d'entrée, et ne pas autoriser plus de 4 dB de boost pour en plus garder une marge de sécurité.
Les logiciels peuvent faire ça de manière plus ou moins "automatique", mais quand c'est automatique et qu'on a des résultats pourris à l'audition, autant savoir quoi faire et avoir des pistes sur les raisons.
Pour des "petits" boosts, il n'y a pas de soucis quand il ne sont pas liés aux dimensions de la pièce.
Mais il y a aussi ces saloperies de noeuds acoustiques, les "trous" qu'IL NE SERT STRICTEMENT A RIEN DE CORRIGER.
On peut augmenter autant qu'on veut l'émission dans la fréquence d'un noeud, cela ne sert à rien: ce qui est réfléchi annule ce qui est émis. C'est une caractéristique de la géométrie de la pièce, et aucune correction active n'y peut rien. Seul de la correction passive et le placement des enceintes peut un peu améliorer les choses (voir le Laffont dont le lien a été donné par Chet).
Non seulement cela ne sert à rien, mais cela peut très souvent conduire à des distorsions de l'amplification cette fois, on lui demande de sortir 2 ou 3 fois ou encore plus d'énergie dans certaines fréquences.
Et là, les logiciels peuvent être à la rue, et les courbes de réponse cibles plates ou légèrement décroissantes sont stupides en présence de noeuds acoustiques si le boost n'est pas sévèrement limité par ailleurs.
Il est nécessaire, soit de faire plus ou moins suivre le trou à la courbe cible (sous peine de distorsion d'amplification), soit de limiter radicalement les boosts.
C'est cette seconde option que j'ai choisie, parce qu'évidemment j'ai un noeud acoustique dans ma "grande pièce". Autour de 60 Hz. Baisse du volume en entrée de correction de 2 ou 3 dB, boost maximal autorisé de 1 ou 2 dB.
5/ La correction de phase et de réponse impulsionnelle
Il s'agit d'une spécificité de Trinnov, et c'est une correction bien plus spectaculaire à l'audition que la correction sur la courbe de réponse.
Toute enceinte avec un filtre passif a des rotations de phase. Dans les basses, on s'en fout, c'est inaudible, mais dans le médium et l'aigu non. Cela joue autant sur les timbres que sur la cohérence d'une image.
C'est un défaut de toutes les enceintes à filtre passif, de 50€ à 200000€. D'où le goût de nombreux audiophiles pour un filtrage actif qui met en temps réel tous les HP d'une enceinte parfaitement en phase.
Exemple phase, avant après correction
Pour la réponse impulsionnelle, il s'agit de ce que produit une enceinte à une impulsion brève, et si elle produit (ci-dessous) l'image du haut, avec un "rebond" et une longue traine, ou l'image du bas. Evidemment, à l'audition ce n'est pas tout à fait pareil. Il s'agit d'une caractéristique du couple ampli-enceintes.
Trinnov permet ce genre de correction de phase et de réponse impulsionnelle, par l'intermédiaire de leur micro, qui comporte en fait 4 sondes 360° disposées en 3D, capables de mesurer non seulement les niveaux comme n'importe quel micro de mesure, mais la provenance du son (jusqu'à 8 réflexions) et les décalages temporels et donc la phase.
Evidemment, le prix d'un Amethyst ou d'un ST-H n'est en rien comparable à Dirac.
Mais avec l'Améthyst, j'ai un drive réseau, un préampli numérique et la correction en réponse, phase et impulsion.
C'est certes beaucoup d'argent (mais trouvé en occasion), mais c'est sans doute un maillon qui ne me quittera pas avant très longtemps.
6/ Le syndrome de la tête immobile
Suivant les caractéristiques de la pièce, "l'optimum" acoustique déterminé par un logiciel de correction acoustique, peut être plus ou moins "localisé". Si le sweet point est très étroit, un simple mouvement de tête peut en fait sortir et perdre tout avantage de la correction.
La plupart des logiciels permettent de faire plusieurs mesures "autour" d'une position d'écoute et de les moyenner. On est "moins optimal" au sweet point, mais on peut bouger la tête sans avoir l'impression de passer instantanément de Pleyel à Opéra Bastille.
Il y a plusieurs manières d'aborder la correction acoustique:
- en mode "confiance totale". Je n'aime pas cette approche. En savoir "un minimum" me semble être requis, et dans ce domaine on touche à la source, ce qui est particulièrement sensible.
- en mode utilisateur "un peu éclairé" (ce qui me semble est l'approche requise pour tous les maillons d'une chaine Hifi dès qu'on dépasse le stade barre de son)
- en mode professionnel, c'est ce que font Trinnov, Dirac et les studios. Et oui, il faut bac +12 pour concevoir les algorithmes de correction acoustique.
Que cela plaise ou pas à certains, oui la correction acoustique corrige aussi le matériel, enceintes, amplis et DAC. C'est une réponse globale matériel+pièce qui est corrigée, et un ampli ou DAC mettant en avant le médium verra son médium aplani, un câble enceintes trop épais dans le grave, verra son grave tout autant aplani.
Pour terminer, la mise au point "acoustique" de la pièce où sont les Vivid G3 m'a pris un an complet, et avec l'aide amicale et désintéressée de 3 acousticiens. Quand la pièce a les dimensions les pires possibles, de mauvais matériaux, que l'ensemble des défauts acoustiques est gigantesque, et qu'il faut associer correction passive et correction active, et bien cela prend du temps. Les moyens mis en oeuvre ont autant été des mesures que mes oreilles, que des modélisations théoriques, qu'une noria de panneaux absorbants, diffusants et bass traps, et le passage d'un certain nombre de personnes comme Tonton Flingueur qui évitent de tourner en rond tout seul, ou de trop partir vers trop théorie sans vérification expérimentale.
Amitiés
http://www.discogs.com/fr/artist/867803-Igor-Kirkwood
J'avais suivi silencieusement ce fil depuis son démarrage. La question posée par Raphaël me semble pertinente.
Alors voici un long post qui essaie de rassembler les quelques connaissances et expériences acquises sur ce sujet.
1/
Contrairement à ce qui a été assené dans ce fil, il existe des soucis acoustiques qu'aucune correction active ne pourra résoudre, entre autres:
- les échos flottants (entendre résonner quand on frappe dans les mains)
- les ondes stationnaires (coins derrière les enceintes par exemple)
- les noeuds acoustiques (les "trous" dans la courbe de réponse de la pièce dues à ses dimensions, ondes incidentes et ondes réfléchies s'annulant).
2/
Le premier traitement acoustique passif, ce ne sont pas des panneaux, des bass traps, etc, qui défigurent une pièce à vivre, c'est le mobilier, les tapis, éventuellement de la laine de verre invisible sur les armoires, le positionnement des enceintes, le découplage au sol, etc.
3/
Dans la correction acoustique active, la modification d'une piste... en modifie forcément les caractéristiques (Zut, une Lapalissade)
Il y a nécessairement des dégradations. Une simple modification de volume numérique fait perdre des bits et de la précision. Les algorithmes ne sont pas parfaits et la mesure n'est pas parfaite.
Plutôt que de continuer dans le monde Bisounours de "tout est parfait dans le meilleur des mondes", la bonne question me semble être de déterminer si les dégradations apportées par la pièce sont pires ou pas que celles apportées par la correction acoustique.
A titre personnel, j'ai une pièce où la correction acoustique est indispensable (mauvaises dimensions, mauvaise géométrie, mauvais matériaux), dans l'autre qui est traitée box in the box, j'ai décidé de supprimer toute correction acoustique après l'avoir utilisée une année entière.
4/ Les conneries à éviter: le boost, les noeuds acoustiques, volume avant correction
0 dBFS est par convention le niveau max d'une piste, il correspond à la tension maximale d'un DAC. "Normalement", les ingénieurs du son (désolé pour ce titre non reconnu en France) devraient faire des Masterings avec un "headroom" de -6dBFS.
Mais ce n'est pas le cas. Voici un exemple de piste (et pas d'un album pourri) où toutes les parties en rouge sont du clipping, on touche 0dBFS.
Si l'on ne diminue pas le volume avant d'appliquer de la correction (ce que fait par défaut Dirac, mais que ne fait pas par défaut Trinnov), pour tout "boost" (augmentation de l'émission sur certaines fréquences) on va se taper de la distorsion numérique et de l'écrétage, et ce, quelque soit le nombre de bits avec lesquels les algorithmes travaillent. C'est une horreur à l'oreille.
Ecrétage:
Mais diminuer le volume avant correction entraine une perte de précision, plus ou moins audible suivant les DAC/Amplis/Enceintes qui suivent. Il est donc nécessaire de régler le boost maximum autorisé dans la correction en fonction de la baisse du volume en entrée. Par exemple, diminuer de 6 dB le volume d'entrée, et ne pas autoriser plus de 4 dB de boost pour en plus garder une marge de sécurité.
Les logiciels peuvent faire ça de manière plus ou moins "automatique", mais quand c'est automatique et qu'on a des résultats pourris à l'audition, autant savoir quoi faire et avoir des pistes sur les raisons.
Pour des "petits" boosts, il n'y a pas de soucis quand il ne sont pas liés aux dimensions de la pièce.
Mais il y a aussi ces saloperies de noeuds acoustiques, les "trous" qu'IL NE SERT STRICTEMENT A RIEN DE CORRIGER.
On peut augmenter autant qu'on veut l'émission dans la fréquence d'un noeud, cela ne sert à rien: ce qui est réfléchi annule ce qui est émis. C'est une caractéristique de la géométrie de la pièce, et aucune correction active n'y peut rien. Seul de la correction passive et le placement des enceintes peut un peu améliorer les choses (voir le Laffont dont le lien a été donné par Chet).
Non seulement cela ne sert à rien, mais cela peut très souvent conduire à des distorsions de l'amplification cette fois, on lui demande de sortir 2 ou 3 fois ou encore plus d'énergie dans certaines fréquences.
Et là, les logiciels peuvent être à la rue, et les courbes de réponse cibles plates ou légèrement décroissantes sont stupides en présence de noeuds acoustiques si le boost n'est pas sévèrement limité par ailleurs.
Il est nécessaire, soit de faire plus ou moins suivre le trou à la courbe cible (sous peine de distorsion d'amplification), soit de limiter radicalement les boosts.
C'est cette seconde option que j'ai choisie, parce qu'évidemment j'ai un noeud acoustique dans ma "grande pièce". Autour de 60 Hz. Baisse du volume en entrée de correction de 2 ou 3 dB, boost maximal autorisé de 1 ou 2 dB.
5/ La correction de phase et de réponse impulsionnelle
Il s'agit d'une spécificité de Trinnov, et c'est une correction bien plus spectaculaire à l'audition que la correction sur la courbe de réponse.
Toute enceinte avec un filtre passif a des rotations de phase. Dans les basses, on s'en fout, c'est inaudible, mais dans le médium et l'aigu non. Cela joue autant sur les timbres que sur la cohérence d'une image.
C'est un défaut de toutes les enceintes à filtre passif, de 50€ à 200000€. D'où le goût de nombreux audiophiles pour un filtrage actif qui met en temps réel tous les HP d'une enceinte parfaitement en phase.
Exemple phase, avant après correction
Pour la réponse impulsionnelle, il s'agit de ce que produit une enceinte à une impulsion brève, et si elle produit (ci-dessous) l'image du haut, avec un "rebond" et une longue traine, ou l'image du bas. Evidemment, à l'audition ce n'est pas tout à fait pareil. Il s'agit d'une caractéristique du couple ampli-enceintes.
Trinnov permet ce genre de correction de phase et de réponse impulsionnelle, par l'intermédiaire de leur micro, qui comporte en fait 4 sondes 360° disposées en 3D, capables de mesurer non seulement les niveaux comme n'importe quel micro de mesure, mais la provenance du son (jusqu'à 8 réflexions) et les décalages temporels et donc la phase.
Evidemment, le prix d'un Amethyst ou d'un ST-H n'est en rien comparable à Dirac.
Mais avec l'Améthyst, j'ai un drive réseau, un préampli numérique et la correction en réponse, phase et impulsion.
C'est certes beaucoup d'argent (mais trouvé en occasion), mais c'est sans doute un maillon qui ne me quittera pas avant très longtemps.
6/ Le syndrome de la tête immobile
Suivant les caractéristiques de la pièce, "l'optimum" acoustique déterminé par un logiciel de correction acoustique, peut être plus ou moins "localisé". Si le sweet point est très étroit, un simple mouvement de tête peut en fait sortir et perdre tout avantage de la correction.
La plupart des logiciels permettent de faire plusieurs mesures "autour" d'une position d'écoute et de les moyenner. On est "moins optimal" au sweet point, mais on peut bouger la tête sans avoir l'impression de passer instantanément de Pleyel à Opéra Bastille.
Il y a plusieurs manières d'aborder la correction acoustique:
- en mode "confiance totale". Je n'aime pas cette approche. En savoir "un minimum" me semble être requis, et dans ce domaine on touche à la source, ce qui est particulièrement sensible.
- en mode utilisateur "un peu éclairé" (ce qui me semble est l'approche requise pour tous les maillons d'une chaine Hifi dès qu'on dépasse le stade barre de son)
- en mode professionnel, c'est ce que font Trinnov, Dirac et les studios. Et oui, il faut bac +12 pour concevoir les algorithmes de correction acoustique.
Que cela plaise ou pas à certains, oui la correction acoustique corrige aussi le matériel, enceintes, amplis et DAC. C'est une réponse globale matériel+pièce qui est corrigée, et un ampli ou DAC mettant en avant le médium verra son médium aplani, un câble enceintes trop épais dans le grave, verra son grave tout autant aplani.
Pour terminer, la mise au point "acoustique" de la pièce où sont les Vivid G3 m'a pris un an complet, et avec l'aide amicale et désintéressée de 3 acousticiens. Quand la pièce a les dimensions les pires possibles, de mauvais matériaux, que l'ensemble des défauts acoustiques est gigantesque, et qu'il faut associer correction passive et correction active, et bien cela prend du temps. Les moyens mis en oeuvre ont autant été des mesures que mes oreilles, que des modélisations théoriques, qu'une noria de panneaux absorbants, diffusants et bass traps, et le passage d'un certain nombre de personnes comme Tonton Flingueur qui évitent de tourner en rond tout seul, ou de trop partir vers trop théorie sans vérification expérimentale.
Amitiés