La tournée des popotes.
Un petit voyage Orléans-Toulouse pour une bête raison professionnelle me donnait une bonne raison d’une course par étapes chez les éclairés du sud-ouest. Pas tous évidemment, il a fallu faire un choix difficile et lié à quelques contingences, mais bon, ce fut intéressant. Tonipe et son large bande incroyable, Patcam et ses membranes en verre, Fredouille40 et ses Atlantis Acoustique Argentera (rien que le nom, ça déchire), enfin Pascal64 et ses Mac mini magiques. Super programme.
Tous étant parfaitement satisfaits de leurs systèmes respectifs, il n’est évidemment pas question d’insinuer une quelconque réflexion pouvant perturber leur bonheur musical. De toutes façons, depuis le temps qu’ils bidouillent et peaufinent, ça marche partout, et si un « étranger » ressent quelques « variantes » dans l’équilibre ou la résolution, il passe forcément par ses oreilles et pas par les neurones des autres qui perçoivent à leur façon forcément respectable.
Tonipe défend vigoureusement le haut parleur large bande Davis DE8, une vraie bête de 21 cm avec un énorme aimant Alnico. Je savais à l’avance que c’était un excellent HP. Après, faut quand même l’aider à descendre. Tonipe lui a mis un gros caisson avec un résonateur interne et un second qui contient l’évent externe. Pas évident à mettre au point. Le grave est tout-à-fait propre, bien modulé, sans effet de masque sur le reste du spectre. Tonipe ne prétend pas qu’il descende à 20 hz, mais sur la grande majorité des écoutes, la chute en dessous de 40 hz n’est pas vraiment perceptible. L’avantage du large bande est sa cohérence par absence de filtrage, même si une convolution est utilisée peaufiner l’équilibre subjectif, limiter l’extrême grave et sûrement compenser quelques résonances liées à la pièce. Les voix sont belles et l’ensemble des timbres instrumentaux bien réalistes, malgré un micro-soupçon de son de membrane papier et de dôme alu. Un « Cantate Domino » était parfaitement convaincant, disque pourtant difficile à bien passer. Dynamique et transparence pourraient certainement être plus grandes si Tonipe ne se réfrénait pas sur le reste du système, se contentant d’un FDA 802, d’une démat et de câbles basiques, le tout dans une salle à l’acoustique plutôt défavorable, réverbérante et avec les enceintes très écartées à cause de baies vitrées. On se demande ce que donnerait ses enceintes dans des conditions plus chiadées.
Patcam défend vigoureusement ses Leedh « glass » avec caisson, le tout installé par Gilles Millot himself. Un Devialet D1000 et câbles à l’avenant. Rien n’est laissé au hasard. J’ai écouté plusieurs fois dans des démos les Leedh E2 non glass avec beaucoup d’intérêt et de plaisir. J’aime bien leur conception et leur système d’absorption des vibrations parasites par opposition des HPs. Ce sont des enceintes qui façonnent remarquablement l’image sonore, gardent de bons timbres sur l’ensemble des instruments et des voix. J’ai retrouvé les impressions auxquelles je m’attendais en étant bien incapable, sans comparaison directe et dans des conditions différentes, de mesurer ce que pouvais apporter les membranes en verre. Le grave avec caisson est de bonne qualité, mais pourrait certainement gagner en transparence avec d’autres réglages. Je suis d’ailleurs étonné que, sur les conseils de Gilles Millot, les satellites ne soient pas coupés en bas, car cela fait plusieurs sources d’émission du même grave dans la pièce et cela ne facilite pas la précision. Mais bon, je me fais peut-être des idées.
Fredouille est plus aventureux dans ses choix. Un système bi-amplifié avec Bryston 4B dans le grave, Audiomat pour le médium aigu, et des grandes colonnes trois voies basées sur un large bande Supravox aidé aux extrêmes par un tweeter à ruban et deux boomers de 17 cm. La conception tient la route. Mais la pièce est très grande et les boomers sont limite pour un tel volume, surtout que à mon arrivée le niveau relatif de grave était quand même bien poussé. Par contre le niveau de haut médium était atténué, faisant manquer les voix et l’ensemble des timbres de leurs harmoniques élevés. J’ai demandé au maitre des (très beaux) lieux si je pouvais modifier quelques trucs pour retrouver un équilibre plus habituel pour mes tympans. Déjà réduire au filtre actif le niveau de grave, puis orienter directement les enceintes vers le point d’écoute. Le Supravox allant haut, si les enceintes sont placées presque parallèles, le bord externe de la membrane est en opposition de phase avec le bord interne, d’où une forte atténuation des fréquences au dessus de 5000 hz, pas compensée par le tweeter à ruban qui peine à descendre. Avec les enceintes ré-orientées vers le point d’écoute, on retrouve à mon sens un bel équilibre sans trou entre le médium et l’aigu et le système se défend très bien, avec une dynamique au dessus de la moyenne. Quelques mesures seraient utiles pour vérifier notamment la phase du tweeter et son bon positionnement.
Pascal64 a des Wilson Audio Sophia1, et cela m’intéressait beaucoup de les écouter chez un particulier, ce qui donne une autre idée d’un produit, surtout comme celui-là, que de l’écouter dans une démo commerciale. Si j’avais à acheter des enceintes commercialisées, il est probable que ce seraient des Wilson Audio. Le ou les concepteurs doivent être très doués, car ils arrivent à donner à leurs produits une musicalité naturelle qui n’a rien de courant. À part un grave un peu trop généreux qu’il faut savoir maitriser, surtout si la pièce n’est pas très grande, le reste frôle la perfection. Une grande cohérence, des timbres veloutés suprêmement agréables, un compromis entre la vitalité et le charme auditif que l’on ne rencontre quasiment jamais. Ces enceintes sont très rigides, très inertes. Les composants du filtre sont noyés dans la résine. Les HPs sont très bien choisis. Il n’y a aucune coloration de membrane. Les voix sont superbes. À part le grave, même s’il est bien modulé, qui part parfois en figures libres, et malgré la porte extérieure ouverte juste à coté, ce qui évacue quand même le trop plein, le résultat est bien agréable. L’ampli Jadis y est sûrement pour quelque chose et le Mac mini optimisé aussi. Je crois que Pascal n’utilise pas de convolution. Je me pose la question de savoir si cette musicalité particulière n’est pas due à cela.
Gros week-end bien musical. Les systèmes avec convolution finissent par se ressembler, si la pièce est bien compensée, et si les courbes cibles se ressemblent, on finit par entendre des systèmes dont les limites et les différences perçues sont surtout liées à la qualité des HPs. pad0, Demetrios, et Maxitonus arrivent aussi à des mises en oeuvre de haut niveau. Il est difficile d’aller plus loin avec des HPs électrodynamiques classiques.
Merci à tous ceux qui m’ont accueilli avec beaucoup de sympathie.
Un petit voyage Orléans-Toulouse pour une bête raison professionnelle me donnait une bonne raison d’une course par étapes chez les éclairés du sud-ouest. Pas tous évidemment, il a fallu faire un choix difficile et lié à quelques contingences, mais bon, ce fut intéressant. Tonipe et son large bande incroyable, Patcam et ses membranes en verre, Fredouille40 et ses Atlantis Acoustique Argentera (rien que le nom, ça déchire), enfin Pascal64 et ses Mac mini magiques. Super programme.
Tous étant parfaitement satisfaits de leurs systèmes respectifs, il n’est évidemment pas question d’insinuer une quelconque réflexion pouvant perturber leur bonheur musical. De toutes façons, depuis le temps qu’ils bidouillent et peaufinent, ça marche partout, et si un « étranger » ressent quelques « variantes » dans l’équilibre ou la résolution, il passe forcément par ses oreilles et pas par les neurones des autres qui perçoivent à leur façon forcément respectable.
Tonipe défend vigoureusement le haut parleur large bande Davis DE8, une vraie bête de 21 cm avec un énorme aimant Alnico. Je savais à l’avance que c’était un excellent HP. Après, faut quand même l’aider à descendre. Tonipe lui a mis un gros caisson avec un résonateur interne et un second qui contient l’évent externe. Pas évident à mettre au point. Le grave est tout-à-fait propre, bien modulé, sans effet de masque sur le reste du spectre. Tonipe ne prétend pas qu’il descende à 20 hz, mais sur la grande majorité des écoutes, la chute en dessous de 40 hz n’est pas vraiment perceptible. L’avantage du large bande est sa cohérence par absence de filtrage, même si une convolution est utilisée peaufiner l’équilibre subjectif, limiter l’extrême grave et sûrement compenser quelques résonances liées à la pièce. Les voix sont belles et l’ensemble des timbres instrumentaux bien réalistes, malgré un micro-soupçon de son de membrane papier et de dôme alu. Un « Cantate Domino » était parfaitement convaincant, disque pourtant difficile à bien passer. Dynamique et transparence pourraient certainement être plus grandes si Tonipe ne se réfrénait pas sur le reste du système, se contentant d’un FDA 802, d’une démat et de câbles basiques, le tout dans une salle à l’acoustique plutôt défavorable, réverbérante et avec les enceintes très écartées à cause de baies vitrées. On se demande ce que donnerait ses enceintes dans des conditions plus chiadées.
Patcam défend vigoureusement ses Leedh « glass » avec caisson, le tout installé par Gilles Millot himself. Un Devialet D1000 et câbles à l’avenant. Rien n’est laissé au hasard. J’ai écouté plusieurs fois dans des démos les Leedh E2 non glass avec beaucoup d’intérêt et de plaisir. J’aime bien leur conception et leur système d’absorption des vibrations parasites par opposition des HPs. Ce sont des enceintes qui façonnent remarquablement l’image sonore, gardent de bons timbres sur l’ensemble des instruments et des voix. J’ai retrouvé les impressions auxquelles je m’attendais en étant bien incapable, sans comparaison directe et dans des conditions différentes, de mesurer ce que pouvais apporter les membranes en verre. Le grave avec caisson est de bonne qualité, mais pourrait certainement gagner en transparence avec d’autres réglages. Je suis d’ailleurs étonné que, sur les conseils de Gilles Millot, les satellites ne soient pas coupés en bas, car cela fait plusieurs sources d’émission du même grave dans la pièce et cela ne facilite pas la précision. Mais bon, je me fais peut-être des idées.
Fredouille est plus aventureux dans ses choix. Un système bi-amplifié avec Bryston 4B dans le grave, Audiomat pour le médium aigu, et des grandes colonnes trois voies basées sur un large bande Supravox aidé aux extrêmes par un tweeter à ruban et deux boomers de 17 cm. La conception tient la route. Mais la pièce est très grande et les boomers sont limite pour un tel volume, surtout que à mon arrivée le niveau relatif de grave était quand même bien poussé. Par contre le niveau de haut médium était atténué, faisant manquer les voix et l’ensemble des timbres de leurs harmoniques élevés. J’ai demandé au maitre des (très beaux) lieux si je pouvais modifier quelques trucs pour retrouver un équilibre plus habituel pour mes tympans. Déjà réduire au filtre actif le niveau de grave, puis orienter directement les enceintes vers le point d’écoute. Le Supravox allant haut, si les enceintes sont placées presque parallèles, le bord externe de la membrane est en opposition de phase avec le bord interne, d’où une forte atténuation des fréquences au dessus de 5000 hz, pas compensée par le tweeter à ruban qui peine à descendre. Avec les enceintes ré-orientées vers le point d’écoute, on retrouve à mon sens un bel équilibre sans trou entre le médium et l’aigu et le système se défend très bien, avec une dynamique au dessus de la moyenne. Quelques mesures seraient utiles pour vérifier notamment la phase du tweeter et son bon positionnement.
Pascal64 a des Wilson Audio Sophia1, et cela m’intéressait beaucoup de les écouter chez un particulier, ce qui donne une autre idée d’un produit, surtout comme celui-là, que de l’écouter dans une démo commerciale. Si j’avais à acheter des enceintes commercialisées, il est probable que ce seraient des Wilson Audio. Le ou les concepteurs doivent être très doués, car ils arrivent à donner à leurs produits une musicalité naturelle qui n’a rien de courant. À part un grave un peu trop généreux qu’il faut savoir maitriser, surtout si la pièce n’est pas très grande, le reste frôle la perfection. Une grande cohérence, des timbres veloutés suprêmement agréables, un compromis entre la vitalité et le charme auditif que l’on ne rencontre quasiment jamais. Ces enceintes sont très rigides, très inertes. Les composants du filtre sont noyés dans la résine. Les HPs sont très bien choisis. Il n’y a aucune coloration de membrane. Les voix sont superbes. À part le grave, même s’il est bien modulé, qui part parfois en figures libres, et malgré la porte extérieure ouverte juste à coté, ce qui évacue quand même le trop plein, le résultat est bien agréable. L’ampli Jadis y est sûrement pour quelque chose et le Mac mini optimisé aussi. Je crois que Pascal n’utilise pas de convolution. Je me pose la question de savoir si cette musicalité particulière n’est pas due à cela.
Gros week-end bien musical. Les systèmes avec convolution finissent par se ressembler, si la pièce est bien compensée, et si les courbes cibles se ressemblent, on finit par entendre des systèmes dont les limites et les différences perçues sont surtout liées à la qualité des HPs. pad0, Demetrios, et Maxitonus arrivent aussi à des mises en oeuvre de haut niveau. Il est difficile d’aller plus loin avec des HPs électrodynamiques classiques.
Merci à tous ceux qui m’ont accueilli avec beaucoup de sympathie.