Anna Maria Jopek & Pat Metheny "Upojenie"
Année de sortie : 2002
Electric Guitar, Acoustic Guitar, Classical Guitar, Baritone Guitar, Guitar Synthesizer – Pat Metheny
Vocals, Electric Piano – Anna Maria Jopek
Piano – Leszek Możdżer
Keyboards – Paweł Bzim Zarecki
Synthesizer, Programmed – Mateusz Pospieszalski
Acoustic Bass – Darek Oleszkiewicz
Electric Bass – Marcin Pospieszalski
Percussion – Cezary Konrad, Mino Cinelu, Wojciech Kowalewski
Soprano Saxophone – Henryk Miśkiewicz
Flute, Percussion, Vocals – Piotr Nazaruk
Vibraphone – Bernard Maseli
Guitar – Marek Napiórkowski
Alien voices - Barney
Est-il nécessaire de présenter Pat Metheny ?
Ce prolifique musicien au talent indiscutable, et à sa technique si particulière aura marqué le monde du jazz, à la limite parfois de la fusion, de manière incontestable.
La liste de ses enregistrements et collaboration serait beaucoup trop longue pour l’évoquer ici.
Son "Pat Metheny Group" créé avec son ombre Lyle Mays (disparu en 2020) et Steve Rodby nous a laissé d’innombrables albums, tous de qualité, sans fausses routes.
Parmi les incontournables, je citerais l’éponyme "Pat Metheny Group" sorti, en 1978 véritable ovni à sa sortie, mêlant claviers et guitares aux sons envoûtants et atmosphériques, qui deviendra la marque de fabrique du groupe.
Un live (déjà) enregistré en 1982 "Travels",
"The First Circle" (1984) (attention les premières minutes peuvent vous faire fuir)
L’incontournable "Letter From Home" (1989)
"Secret Story" (1992)
"We Live Here" (1995)
"Imaginary Day" (1997), bref je m’arrête là, mais la liste d’excellents albums ne s’arrêtent pas, loin s’en faut à ceux cités.
Croyez-moi assisté à un concert de cette formation, avec souvent des instruments pas communs (les guitares de Pat) vous marque pour longtemps, envoûtant, magique, majestueux, hypnotique.
Je crains que cela ne soit plus possible avec la disparition de Lyle, reste des vidéos qui rendent très bien cela.
À ceux-là, s’ajoutent de très nombreuse collaboration, avec entres autres, Brad Mehldau, Ornette Coleman, Dave Holland, Chick Corea, Gary Burton, Roy Haynes etc…
Sans oublier son trio avec Larry Grenadier et Bill Stewart, que du beau monde, une sacrée carte de visite, qui démontre la reconnaissance du musicien.
D’autant plus remarquable, que ce milieu, il faut bien le dire, ne fait pas toujours preuve d’ouverture.
Cependant, si le ‘’Pat Metheny Group’’ est un sans-faute de mon point de vue, certaines associations, ou albums en solo, me laisse je dois bien le dire, dubitatif.
Mais comment pourrait-il en être autrement avec le nombre incroyablement conséquent d’enregistrements de ce guitariste si particulier ?
Son parcours musical tellement riche, trouve son origine, dans le fait que Metheny à une vision de la musique jazz très large.
Il n’apprécie du reste pas beaucoup que l’on différencie ainsi sa musique, d’un côté le "Pat Metheny Group", de l’autre, ses collaborations plus orientées jazz.
Sauf que, sa carrière quoi qu’il s’en défende, est bien scindée en 2, d’un côté un jazz parfois à la limite de l’expérimental, de l’autre un jazz plus académique.
Bien qu’enfant, il ne voyait que par les Beatles, très jeune ado il découvre le jazz avec Miles Davis, qui sera une révélation pour lui.
Mais sa curiosité et son appétit musical l’ouvriront et le feront s’intéresser à une multitude d’horizons musicaux.
Il ne revendique aucune influence majeure, cependant Wes Montgomery reste pour lui une référence.
Bien que n’appréciant pas toujours sa musique, Pat Metheny reste pour moi, un musicien à l’immense talent, pour sa créativité et virtuosité bien sûr, mais également pour sa vision de la musique.
Je ne suis du reste pas loin de penser, qu’il n’est pas suffisamment reconnu à sa juste valeur sur ce point.
L’album, dont il est question ici, sort en 2002, très peu d’informations concernant la genèse de cet enregistrement.
Toutefois, il me semble, sans pouvoir le certifier, que c’est lors d’une prestation de la chanteuse polonaise au concours eurovision en 1997, que Pat la remarque.
Plus tard, à la recherche d’un nouveau projet, il pense à elle pour réenregistrer certains de ces titres.
Anna Maria Jopek chanteuse et compositrice polonaise et très connue dans son pays, mais n’a pas une réelle exposition mondiale.
Suffisamment quand même, pour pouvoir investir de grandes salles à travers le monde.
Elle a également collaboré avec des pointures internationales telles que Youssu’n Dour, Branford Marsalis, Gonzalo Rubalcaba, et Sting, pas mal quand même n’est-ce pas ?
Depuis 1997 elle à enregistré une bonne dizaine d’albums, (en plus de celui, objet de cette chronique), à participé à un enregistrement avec Makoto Ozone et Gonzalo Rubalcaba.
Bien que pas comparable à celle de Metheny, sa carrière est plus qu’honorable.
Alors, cette association avec Pat Metheny et la belle Polonaise à de quoi interroger, car plutôt inattendue.
Surtout quand il s’agit de réenregistrer d’anciens titres.
Exercice dont beaucoup d’artistes ou groupe se sont livrés sous diverse forme, symphonique, acoustique, réarrangement et j’en passe, et pas toujours, loin s’en faut, mémorable, l’exercice est quand même périlleux je trouve.
Vouloir reprendre des albums ou titres qui ont marqué, pourquoi pas, encore faut-il que cela soit pertinent.
Surtout qu’ici, une voix a été ajoutée à des titres instrumentaux, et histoire de bien assumer la démarche, le chant est en langue polonaise, et au cas ou cela ne suffisez pas, avec des musiciens polonais, il aime vivre dangereusement notre guitariste je trouve, et ne fais pas les choses à moitié.
Je précise que nulle intention de ma part de dévaloriser le talent des musiciens polonais, en aucun cas bien sûr, simplement Pat Metheny ne s’est pas facilité la tâche. Il aurait été bien plus facile pour lui, de faire appel à des musiciens qui font partie de son entourage, et avec qui il a déjà joué dans le passé.
Sur les 14 titres que comporte ce disque, 8 sont issus du catalogue bien fourni du guitariste, les autres proviennent de la chanteuse, enfin, un titre est issu du folklore polonais.
La musique du Pat Metheny Group, est d’un extrême raffinement, très travaillée, avec des arrangements au cordeau, souvent bien produit.
Je craignez, je dois bien le dire, que le résultat sous cette forme, avec une chanteuse (aussi talentueuse soit-elle, et assurément elle est), et surtout un nombre conséquent de musiciens, soit au mieux sans intérêt, au pire désastreux.
Le résultat est bien au-delà de ce à quoi je pouvais m’attendre, magnifique !
Metheny a réussi ce que je considère comme un réel tour de force.
En effet, reprendre des titres, dans ces conditions, en apportant un nouveau regard, tout en préservant leur aura, sans les dénaturer, un peu comme si chaque titre avez une double identité, tout en gardant leur ADN et absolument remarquable.
La musique du Pat Metheny Group, ne contient pas vraiment de chant, plutôt des vocalises, interprété du reste avec grand talent, ici, le chant fait partie intégrante des morceaux.
Le chant et la voix de Anna Maria se fondant dans la musique, comme si ces titres écrits bien avant, l’avez été pour elle.
Elle fait monter encore d’un cran, pourtant déjà bien haut, l’émotion de la musique originale.
L'exercice est tellement réussi et maîtrisé, que l'ont peux considérer cet album, comme une œuvre à part entière, et non des moindres, à ajouter dans la discographie, déjà volumineuse, de notre homme.
Qu’ajouter de plus…si ce n’est d’y jeter une oreille, vous risquez d’aimer, je pense
Bonne écoute...