Chez DCC

[DCC]

Le magnétophone Studer est la pièce la plus imposante de mon installation. Il s’agit d’un « Master Recorder » destiné à un usage professionnel.



Studer a développé des Master Recorders qui se distinguent par un châssis hyper rigide sur laquelle est installée une mécanique de transport sur-dimensionnée qui est pilotée par une électronique du même acabit. L’électronique audio est du même ordre.

Il y a eu trois générations de Master Recorders Studer: G37 à tubes, A80 et A820. Ces appareils étaient également disponibles en multi-pistes (J37- 4 pistes, A80/A800 - jusqu’à 24 pistes, A 820/A827 - 24 pistes).





L’A80 est celui qui a connu la plus longue production avec plus de 10.000 exemplaires, toutes versions confondues.

En deux pistes, Il existe trois versions principales du A80: 

• A80 VU - version studio qui se distingue par l’électronique audio intégrée dans le bandeau des vumètres
  
• A80 R - version « broadcast » sans vumètres et électronique audio utilisant les cartes du Studer B62
  
• A80 RC - version polyvalente studio et « broadcast » dans une configuration plus compacte permettant l’utilisation d’un berceau amovible. L’A80 RC qui a remplacé l’A80 R était disponible en de multiples sous-versions (1/4 pouce, 1/2 pouce, avec ou sans bandeau de vumètres, avec ou sans varispeed, têtes papillons, high speed de 19,5 et 38 cm/sec vs. ultra high speed  de 38 et 76 cm/sec etc.). Il a aussi connu une évolution « Mark II » apparue au début des années 1980. L’A80 RC existe également en version purement « broadcast » aux standards allemands sous la dénomination A81
  

Studer a continuellement amélioré ses appareils. Une version « Mark II » tardive peut donc être légèrement différente d’une version « Mark II » initiale. Toutes ces évolutions sont documentées dans les manuels d’entretien fournis avec la machine.

Mon appareil est un A80 RC VU MK II c.-à-d. la version la plus récente. D’après le numéro de série, il aurait été produit en 1981. Il a appartenu au Studio Grande Armée à Neuilly avant d’être acquis par un autre studio parisien qui ne l’a jamais utilisé.

Il a essentiellement été utilisé pour le transfert des enregistrements multi-pistes vers des bandes stéréo de mastering. Contrairement aux magnétophones multi-pistes ou de « broadcast », cet appareil n’a pas été utilisé de manière intensive.

Alors qu’un magnétophone « standard » est conçu pour des bobines de 26 cm (10,5 pouces), le Studer A80 peut fonctionner avec des bobines de 30 cm soit 12 pouces. Son successeur A820 peut même jouer des bobines de 14 pouces.



Ces magnétophones étaient généralement entretenus de manière continue par des techniciens venant sur place pour les révisions. Le système modulaire des cartes électroniques permet un échange standard si une de celles-ci est défectueuse et nécessite une réparation en labo.



Quand j’ai acquis ce magnétophone, il n’avait plus été révisé depuis quelques années. Même s’il était dans un bon état général, une révision complète était nécessaire car je voulais qu’il retrouve ses spécifications d’origine.



J’ai la chance d’avoir un technicien spécialisé dans les magnétophones Studer et Revox tout près de chez moi. Il a entièrement restauré mon Studer mais l’a aussi amélioré. 





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Même si Studer n’existe plus, tout le stock de pièces détachées a été acquis par Audio House. Il est possible d’acquérir des pièces sur la « baie ». Beaucoup des ses appareils ont été maltraités et certains ont été cannibalisés pour fournir des pièces détachées.

Toutes les pièces mécaniques défectueuses (roulements, moteurs, freins, vumètres, etc.) ont été remplacées par des neuves ou ont été entièrement reconditionnées telles que les trois moteurs (je possède un jeu supplémentaire). idem pour tous les composants électroniques. Les châssis XLR ont tous été remplacés.

Tous les condensateurs ainsi que toutes les résistances carbone ont été changés. Certains transistors ont été remplacés par des versions plus récentes avec des performances améliorées.

Ceci est une photo d’une partie des composants qui ont été remplacés. Je n’ai pas compté les condos et les résistances mais il y en a un sacré paquet.



Les principales améliorations sont:

• Les cartes de préamplification audio intégrant des circuits développés par un ancien ingénieur de chez Studer
  
• Une carte d’alimentation de la partie électronique audio inspirée de l’alimentation des appareils de mesures Audio Precision
  
• Un schéma de sortie en classe A installé sur une carte modulaire
  
• Une refonte entière de l’électronique du bandeau des vumètres sur base de schémas développés par mon technicien
  
• Un oscillateur à quartz assurant un contrôle précis du moteur de cabestan
  

La révision ainsi que les améliorations ont été réalisées par phases successives. Cela m’a permis de constater l’impact sur les performances audio qui ont fortement progressé au fur et à mesure. 

La machine est maintenant entièrement restaurée. Elle est entretenue régulièrement par mon technicien (lubrification des moteurs, remplacement des roulements qui « sifflent », etc.). 

Le magnétophone est relié à un conditionneur secteur Taurus Audio qui ramène la tension à 220 volts.

Un câble secteur de qualité est important (Ansuz C) ainsi que des câbles de modulation XLR (Elpispandora Daphne). Plus étonnant, l’apport d’un boîtier Entreq a été très bénéfique.





Au niveau des performances audio, le Studer enfonce toutes les autres sources que je possède pour autant que la qualité de la bande audio soit de la partie. Il est parfois intéressant de comparer la copie de la bande master avec le vinyle d’origine et sa version audiophile ainsi que le report en support numérique (CD ou fichier remasterisé en haute définition). La bande master l’emporte systématiquement et ce, sur tous les registres mais plus particulièrement la dynamique. 

[Pascal64]

MagnifYque !

Merci pour ces belles images et le récit qui les accompagnent.

[Papytechnofil]

Même après plusieurs relectures de la rénovation de ce Studer je suis toujours aussi impressionné par l'ampleur du travail réalisé! Merci Denis pour ce magnifique exposé!

[itofa]

Salut Denis

Il y a plein d'échanges concernant le matériau à mettre sous la platine vinyle, là :
http://forum-hifi.fr/thread-14107.html

Qu'est-ce que tu as mis comme isolant, toi, sous ta ''table tournante'' ???

[DCC]

Salut Itofa,

Dans le système secondaire, j’ai opté pour une console murale qui m’affranchit des vibrations. La plinthe de la Thorens en Panzerholz et des pieds Stillpoints isolent très bien la platine Thorens dont le moteur est doté d’une suspension interne.

Dans le système principal où la Brinkmann Balance est une platine non suspendue, j’ai fait réaliser un rack sur mesure par Stacore et la platine repose sur un plateforme à isolation pneumatique Stacore qui comprend une deuxième plateforme sur roulements en tungstène. Le rack et ses plateformes pèsent 850 Kg. Jarek, le concepteur est un docteur en physique de l’université de Gdansk





Les montants du rack sont constitués de deux tubes avec un isolant viscoélastique entre ceux-ci.





Dans le passé à l’époque où j’avais un rack Finite Elemente Pagode, la platine reposait sur une plateforme Symposium en sandwich. C’était relativement efficace mais rien de comparable au système actuel. 



Bien cordialement,

DCC

[Papytechnofil]

Bonjour Denis
J'ai une question qui me taraude: La sustentation pneumatique est semble-t-il réalisée à l'aide de "réservoirs" accumulateurs, mais un compresseur se met en route de temps en temps? à la demande? merci de préciser.

[itofa]

850 kg ???? Ouaouuh, le truc de fou !

C'est sur , avec cette configuration, pas une once de vibration !
Merci du retour, Denis

[DCC]

(08-10-2021, 07:36 PM)Papytechnofil a écrit : Bonjour Denis
J'ai une question qui me taraude: La sustentation pneumatique est semble-t-il réalisée à l'aide de "réservoirs" accumulateurs, mais un compresseur se met en route de temps en temps? à la demande? merci de préciser.

Bonsoir Papytechnofil, 

Il n’y a pas de compresseur intégré. Le système est entièrement passif. Il faut faire un appoint d’air comprimé de temps en temps (environ tous les 6 mois). La pression idéale se situe entre 3 et 5 bars et peut varier entre les vérins si la masse de l’appareil n’est pas répartie de manière homogène.



Certains utilisent des tables/plateformes de laboratoires pour appareils électroniques tels que des microscopes électroniques. Ce sont des systèmes actifs qui ne sont pas toujours compatibles avec une platine en rotation.

Bien cordialement,

Denis

[Fab.hifi67]

Bonsoir,  toujours très surprenante cette démonstration de savoir faire,  que d émotions cela doit procurer à l écoute. 
Bravo DCC !!! .

[Papytechnofil]

Merci pour ces explications, comme toujours parfaitement illustrées!

Cordialement
François