Bonjour,
Il reste la question de l’esthétique des câbles qui peut interroger en comparaison des propositions concurrentes. Le concepteur en est parfaitement conscient et répond qu’il n’y a pas de choix esthétique gratuit ; toute introduction d’élément (renforcement ou habillage de la gaine, esthétique des connecteurs) a une incidence audible sur le câble. Il a fait le choix de proposer des câbles à des personnes qui ont une approche sans concession de la restitution sonore et qui privilégient le son sur toute autre considération.
Si vous faites partie de ces personnes ; je vous invite chaudement à vous pencher sur les propositions de cette maison française. Coup de coeur pour moi.
Je souhaite proposer un modeste retour à propos des câbles Legato dont on ne trouve, hélas, que trop peu de retours sur le net. Avant d’aborder le compte rendu, il n’est peut-être pas inutile de spécifier le système auquel ils ont été associés et l’esthétique sonore que je privilégie.
I. Mon répertoire de prédilection
J’écoute essentiellement du jazz et de la musique classique, avec une forte inclinaison pour la musique historiquement informée. Dans le cadre de cette écoute, des paramètres comme la justesse du timbrage et la richesse harmonique sont cruciaux, car ils permettent de distinguer la tessiture unique de chaque instrument et d’éclairer, ainsi faisant, la singularité d’une proposition interprétative.
Pour être plus précis, dans le domaine de la musique historiquement informée, la facture d’un instrument original ou d’une copie influe de façon décisive sur la singularité d’une interprétation et permet de la distinguer d’une autre : choisir un instrument au timbrage doux ou au timbrage rugueux est dans ce cas signifiant. Les phrasés sont généralement plus « ciselés », mais avec des nuances dans l’articulation qui sont plus fines. De même que si les tempi sont généralement plus rapides pour restituer le caractère originellement dansant de certaines œuvres, ils s’expriment dans des proportions plus modestes que les ensembles « traditionnels » qui comptent des pupitres plus fournis.
L’approche historiquement informée de la musique classique restaure certaines finalités négligées de la musique ancienne en rendant compte, notamment, de l’aspect rhétorique de pièces : une pièce baroque tend souvent à mimer où à susciter un affect et pour ce faire, l’interprétation doit être subtile et ne jamais céder aux sirènes du systématisme, ainsi, le vibrato est un ornement expressif dont on ne recourt que lorsqu’on le pense pertinent, les fortissimos ne doivent pas oblitérer le reste.
Il me semble important de spécifier cela, car le jugement que je porte sur les câbles est complètement tributaire de ces attentes. Peut-être que mon avis aurait été différent, si je n’écoutais que des interprétations qui ne relèvent pas du champ de la musique historiquement informée. Une interprétation qui ne serait pas focalisée sur ces paramètres susciterait une attention vis-à-vis d’autres paramètres : la tessiture individuelle de chaque instrument n’étant pas très signifiante dans ce cas, on accepte une restitution moins subtile, car la proposition initiale est plus homogène du fait d’une propension au legato, au rubato plus ample et d’un continuum sonore peu sensible aux nuances rythmiques individuelles. En substance, la restitution d’une œuvre est plus simplifiée et plus lissée. Si je n’écoutais que cela, je chercherais, peut-être, un système qui restituerait, en priorité, d’une façon « physique » les impacts et d’une façon analytique le placement de pupitres. Globalement, j’aurais cherché un câble qui aurait brillé dans les macro-dynamiques et les macro-détails.
En tenant compte de ces données, un système qui serait abouti selon moi, serait un système qui ferait preuve de nuance (justesse des timbres, richesse harmonique, restitution fidèle de la macro et de la micro dynamique et des micro et des macro détails). La vérité ou à tout le moins le réalisme dont ce système doit faire preuve doit être formulé de façon fluide et musicale car j'écoute avant tout de la musique pour le plaisir.
J'écoute par ailleurs de la musique symphonique, mais j'ai à ce propos moins d'exigence, car ma pièce d'écoute et mon matériel ne me permettent pas d'escompter reproduire l'énergie qui peut se dégager d'une représentation live. La réduction doit simplement être crédible et là encore, la nuance entre en jeu, car si j'admets que des pupitres ne dégagent pas autant de puissance qu'en live, j'ai plus de mal avec une harpe qui joue plus fort et occupe plus d'espace qu'un pupitre de violons...
Pour ce qui est du jazz, je suis sensible à la granularité et au corps des voix, au chaloupé d'une contrebasse et à la couleur d'une section de cuivre.
En résumé, je suis un emmerdeur qui trouve spontanément des choses qui ne vont pas.
II. Le système
Amplification : McIntosh Ma8900 / Dac : Audiomat Tempo C mk2 / Streamer : Auralic Aries S1 + PSU / Matrix 2 / Aqvox SE / Enceintes Harbeth M30.2 XD + Pieds Töntrager (je ne saurais dire tout le bien que je pense de ces petites merveilles, j’y reviendrai dans un autre post).
III. Les câbles Legato
Les membres de ce forum, étant pour la plupart expérimentés, ils ont probablement leur conviction quant à l’importance des câbles. Il n’est pas question pour moi d’initier une conversation à ce propos, toutes les convictions sont valides. Je me contenterai de parler de mon expérience.
Avant la découverte des câbles Legato, mon système était composé essentiellement de câbles Esprit (HP Esprit Celesta G9, Spdif Eterna G8, USB Eterna / CS Eterna G9 / Esrpit Volta) et un câble Wireworld (RCA Platinum Eclpise 7). J’ai beaucoup écouté les Eterna G9 et un peu les Aura G8.
J’étais parfaitement heureux avec mon système et je pense que tous les câbles que j’ai cités sont extrêmement qualitatifs et absolument recommandables.
IV. Le Legato Fuocoso
Ma découverte des câbles Legato a commencé, un peu par hasard, par curiosité audiophilesque (vilaine maladie) suite de la découverte d’une annonce portant sur un câble HP Legato Fuocoso. Le prix étant intéressant, le risque était modéré.
En le branchement sur mon système, la scène sonore a instantanément explosé en largeur. Le son qui était contenu entre les enceintes a soudainement crû en largeur. Ma première impression était bonne, mais j’étais gêné de constater que les voix étaient moins organiques, moins pleines que sur le Celesta G9, les basses semblaient avoir moins d’impact. Je laisse le câble branché quelques jours, sans trop écouter, et en réécoutant, je suis un peu scotché par la qualité et la nuance dans la tessiture des voix, une douceur et une fluidité que je n’avais pas perçues la première fois.
Il y a une chose que je n’explique pas dans les câbles HP de Legato ; mais à chaque fois qu’on débranche les câbles, il faut quelques jours (3 pour être précis) pour qu’ils révèlent leur pleine capacité (c’est encore plus vrai et plus long à mesure qu’on monte en gamme. Ceci est vrai, même quand on ne joue pas de musique). En prêtant le câble à un ami, on a eu le même phénomène plusieurs fois (que ce soit chez lui ou chez moi). L’ami ayant été conquis a décidé d’acheter le modèle HDG Scherzo.
V. Le Legato Scherzo
Malheureusement pour lui, il y avait une incompatibilité avec son système Naïm : une sorte de grésillement dans le médium à bas volume (qui n’est pas due au câble, mais à l’architecture particulière des Naïm). J’emprunte à mon tour son câble, l’installe chez moi et là c’est la révélation : la même scène sonore que le Fuocoso, mais avec un impact plus important dans le grave, une distinction plus nette des mouvements de chaque main sur un piano. Le câble favorise une lisibilité sans sécheresse.
Encore, une fois, par rapport aux câbles Esprit, on a l’impression qu’il y a moins de silence et moins d’impact. En initiant les écoutes attentive, je comprends un peu mieux ce qui se passe : non, le Scherzo n’est pas moins silencieux que le câble Esprit, ses silences sont juste plus « habités ». Il y a des nuances qui sont raccourcies sur l’Aura que le Scherzo transmet. On a l’impression qu’il y a moins de silence, parce qu’il y a en réalité plus de détails. L’Aura est superbe, feutré, élégant ; le Scherzo est riche, opulent, vivant. Les micro-détails comme les inflexions d’un archet, la texture, le déphasage, le grain sont nettement plus audibles sur le Scherzo. On a l’impression que le Scherzo a moins d’impact dans le grave, parce qu’en réalité, il semble reproduire très justement tout le spectre sonore sans en discriminer une partie. Le contraste est moins marqué parce que la nuance est respectée. Dans le cadre de la musique que j’écoute, c’est une différence abyssale. Dernier point qui a fini de me convaincre, les instruments jouent à des « volumes » différents qui semblent plus en adéquation avec la réalité.
Mon camarade audiophile qui écoute de la musique plus moderne a préféré l’Aura G9 dont il a acquis une paire et il en est ravi. Pour ma part, j’ai nettement préféré le Scherzo que j’ai fini par acquérir.
VI. Les câbles de modulation
Je possède un Wireworld Platinum Eclipse 7. C’est un câble full-argent. Je n’aime pas les câbles Wireworld en général, mais celui-ci est vraiment particulier. Il injecte une dynamique et une nervosité assez folle dans le système, le fond est complètement noir, le détourage des instruments est au scalpel, les pupitres sont fixés, ça file très haut et ça descend très bas sans aucune dureté. Vraiment superbe. Je n’avais aucune frustration avec ce câble.
Mais… ayant été conquis par le Scherzo, je me suis demandé ce que valaient les câbles de modulation de la marque :
- Legato RCA Presenza
Je n’attendais pas grand-chose du câble, mais j’ai été agréablement surpris. Il est un peu plus bruyant que son grand frère dont je vais parler, il y a moins de richesse harmonique et moins de détails restitués ce qui lui donne l’impression d’être plus précis. Oui les voix sont moins riches que le grand frère… mais qu’est-ce qu’il est agréable à écouter à volume modéré. C’est vraiment un câble à ne pas négliger dans sa gamme de prix et qui pourrait vraiment convenir dans un très bon système sans avoir besoin d’aller plus loin. À écouter avant d’envisager un autre achat.
- Legato Referenza Superiore RCA
Ce câble a les défauts de ses qualités, à savoir qu’il retranscrit absolument tout. Il en résulte une reconduction des réverbérations de salle qui permettent de distinguer de ce point de vue les enregistrements, mais au détriment de l’intelligibilité des voix à faible débit sonore. À 50DBA, les voix sont inaudibles chez moi et il faut pousser un peu fort le volume… mais comme ce câble a une dynamique assez folle (sur la Carmen d’Abbado / Domingo Berganza, on passe instantanément de 50 DBA à 88 DBA), l’écoute devient très vite inconfortable dans une petite pièce d’écoute. Par ailleurs, l’opulence de la matière sonore dont ce câble fait montre entrave la lisibilité des pupitres et j’en étais arrivé à la conclusion que ce câble ne pouvait révéler ses qualités en puissance que dans de grandes pièces d’écoute, permettant un écartement important des enceintes et autorisant une écoute à volume soutenu.
C’est ce que j’ai conclu avant d’avoir une petite intuition : et si la surabondance de la matière sonore et la dynamique accrue changeait la réponse de la fréquence des basses ? Et si la restitution importante de certains micro-détails amplifiait certaines « cochonneries » de la chaîne ? Pour vérifier la première intuition, j’ai revu l’emplacement des enceintes et pour vérifier la seconde, j’ai emprunté un câble RJ45 de qualité (j’utilisais un câble standard Amazon) et là, ce fut un changement radical. Ce câble absorbant et transmettant un maximum d’informations, un bruit dans le signal ; un bruit qui serait discriminé (ainsi que d’autres micro-détails) par un autre câble de modulation est fidèlement transporté à l’amplificateur. La source ayant été nettoyée, les sifflantes ont disparu, les voix deviennent audibles à débit sonore modéré et les écarts dynamiques, toujours aussi impressionnants, deviennent progressifs et participent maintenant à la musique au lieu d’être « ruptures » (ils ne sont pas moins là, mais débarrassés de certaines impuretés, on peut les « voir » s’étendre).
C’est un câble hautement recommandable à condition de s’assurer que l’intégralité de la chaîne soit soignée du point de vue des impuretés.
Même si j’ai beaucoup aimé ce câble dont je recommande chaudement l’écoute, je n’ai pas envisagé son achat, car je disposais du Wireworld Platinum. Les deux câbles proposent une approche de la musique assez différente et vous pourrez être sous le charme de l’un ou de l’autre en fonction de vos goûts personnels. Il n’y a pas de mauvais choix.
- Legato RCA Finezza avec alimentation Anniversario
Il s’agit d’un câble alimenté et il me semble que Legato est le seul concepteur au monde à proposer cela.
Bon, là, comment dire : j’ai repassé des enregistrements que j’écoute depuis des années et au jaillissement des premières notes, je n’ai senti ni étrangeté, ni dépaysement, tant c’était une évidence : c’est la musique que j’ai retrouvée…cette musique qui coule, coule, coule ; des lignes mélodiques qui se déploient sans à-coups au point où l’on prend conscience que l’on n’a jamais écouté, jusqu’alors, que de la musique brutalisée par des hésitations et des saccades.
Le Finezza a moins de corps et est moins opulent harmoniquement que le Referenza Superiore RCA, mais mon Dieu que ce câble est superbement taillé pour la musique lyrique et orchestrale. Tout y est, musicalité, fluidité, précision…
- Legato RCA Finezza avec alimentation Anniversario + HP Scherzo
La combinaison avec le Scherzo est parfaite pour écouter de la musique historiquement informée : la richesse harmonique permet de distinguer la tessiture individuelle des instruments, la capacité à rendre compte des variations micro-dynamiques permet de vivifier une interprétation en laissant entendre les inflexions d’un archet, la modulation du souffle dans une flûte. La capacité à reconduire la macro-dynamique conserve l’énergie d’une pièce et ses nuances en rendant compte graduellement, et non de façon raccourcie, du passage rapide d’un pianissimo à un fortissimo. De même que la restitution des macro-détails qui permet de mettre en lumière les accidents d’une salle d’écoute ne se fait pas au détriment des micro-détails (la granularité d’une viole de gambe par exemple). Tout est à sa place, tout est à sa juste proportion.
Cette combinaison me permet d’écouter des œuvres enregistrées dans les années 70’s-80’s-90’s qui étaient réputées stériles, brillantes. Je ne comprenais pas l’engouement autour de Monteverdi – Arie E Lamenti (Montserrat Figueras – Ton Koopman, 1991, Astrée) avant ces câbles. J’ai redécouvert le Monteverdi - Madrigali guerrieri ed amorosi – Libro VIII (René Jacobs, Concerto Vocale, 2002, harmonia mundi) que je trouvais inaudible.
Dans un autre registre, le Neyy, cette flûte oblique, qui représente dans les musiques soufies les fluctuations de l'homme éveillé, qui, conscient de sa séparation d'avec le Divin, exprime sa douleur et son désir est souvent restituée avec une troublante et touchante humanité. L'échange entre Salomé et Jean-Baptiste dans "John the Baptist and Salome" de Omar Faruk Tekbilek est d'un onirisme hypnotique. La récitation, a capella (tajwid), de versets de la sourate Les Coalisés par l'ensemble Ibn Arabi (Chants soufis arabe-andalous) vous campe dans l'extase.
Je suis hypnotisé par Carnets d'Asie et d'Ailleurs de Didier Malherbe et Loy Ehrlich, émerveillé par la matité de la trompette de Howard MgGhee (Dusty Blues, 1960), par la délicatesse de la harpe de Dorothy Ashby dans The Rubaiyat (compositions inspirées par le poète Omar Khayyam)...
Vous l'aurez compris, recommandation sans réserve. J’ai acquis ce câble et mis en vente le Wireworld que j’aime pourtant énormément.
Si vous faites partie de ces personnes ; je vous invite chaudement à vous pencher sur les propositions de cette maison française. Coup de coeur pour moi.