10-04-2022, 10:59 PM
(Modification du message : 10-06-2022, 11:22 AM par orfeo_monteverdi.
Raison de la modification: clarification et rectification d'un contresens
)
Il y a 40 ans, le 4 octobre 1982, disparaissait Glenn Gould.
(silence médiatique total d'ailleurs, mais j'ai pu passer à côté de qqch).
L'atypique ("génial" ?) et hypochondriaque pianiste canadien, explorateur de Bach, préférait le studio aux salles concert. Il s'y sentait en sécurité. Il voyait l'enregistrement comme un art, et ne pouvait dissocier le studio de sa vie personnelle.
(GLENN GOULD, PIANIST, IS DEAD; SAW RECORDINGS AS ART FORM, New York Times, 1982)
Sauf erreur de ma part, son enregistrement du Clavier bien tempéré, de Bach, était le fruit de montages des meilleures prises, aboutées les unes aux autres, créant ainsi un produit final "artificiellement" proche de son idéal de perfection. Dans un écrit -ou une interview; je vais retrouver la source-, il s'interroge éthiquement sur l'honnêteté du procédé, aujourd'hui pourtant devenu commun, j'en ai été témoin.
Je visitais Musica Numeris, le studio de Nicolas Batholomée et Manuel Mohino (qui faisaient à l'époque tous les enregistrements de l'exigeant Jordi Savall). Un mixeur-musicien, Frédéric Briant, avait la partition devant lui, le casque sur les oreilles. Il m'explique: "on peut prendre plusieurs prises d'un même mouvement de l'oeuvre et, à l'aide du logiciel, faire un "assemblage" des meilleures parties enregistrées, toutes prises confondues. Avec ses pentes d'atténuation logarithmiques, le logiciel permet des raccords inaudibles entre parties. Un claveciniste comme Pierre Hantaï, p. ex, peut même me demander une césure en plein milieu d'un double croche, on n'entend rien [du raccord]".
Je réalisais ainsi à quel point la production pousse à faire de nos disques des objets d'une perfection un peu irréelle, exempts de scories. Une sorte de perfection sonore, qui jamais au concert n'existe, et à laquelle Gould voulait apparemment s'exhausser.
(Jim Austin, dans Stereophile, se demande d'ailleurs (On Live Music), suite à une mauvaise expérience en concert au Carnegie Hall de New York, si la reproduction sonore sur un bon système, chez soi, n'est pas dans certains cas préférable au live. Du moins, il se demande si le live est vraiment la "pierre de touche" à l'aune de laquelle il faut juger l'audio. Il semble conclure que non. Je conclus personellement que oui, et c'est d'ailleurs le concert qui m'a rendu à la fois meilleur auditeur et audiophile plus-exigeant-mais-sachant-dans-quelle-direction-aller; je crois que la conclusion de Jim Austin est contingente à de mauvaises expériences, peut-être plus fréquemment répétées aux États-Unis (prix, auditeurs n'éteignant pas leur téléphone, etc); mais l'Europe permet d'entendre de merveilleux concerts dans de très bonnes conditions, dans des salles remarquables, parfois même exceptionnelles, et à un prix très abordable).
Remarquable aussi, l'intérêt de Glenn Gould pour la technique, comme moyen d'atteindre cette perfection sonore.
Sony (Columbia) avait édité il y a 20 ans les variations Goldberg et Le Clavier bien tempéré en SACD pur (pas hybride). Quelqu'un a-t-il ces SACD? La différence p/r à une édition récente en CD (Sony) est-elle marquée? En quoi? (faute de lecteur SACD, je n'ai jamais pu écouter ces disques SACD que hors de chez moi, sur d'autres systèmes).
Sony, toujours, avait sorti en 2012 un livre-album au format CD, avec photos, de 180 p., contenant 2 CDs, et assez bien fait. Un peu "concept", mais honnête. J'avais sans doute dû le trouver soldé du fait que sa commémoration de 2012 avait dû laisser des invendus.
This Is Glenn Gould - Story Of A Genius (discogs)
Le fait qu'on l'entende fredonner dans ses enregistrements vous est-il insupportable?
Que pensez-vous de la technique mise en oeuvre à l'époque (par Columbia, dans son studio de New York)?
Trouvez-vous que, pour un artiste, se produire en concert est indispensable, ou bien se réfugier en studio comme l'a fait Glenn Gould (comme pour se "protéger du monde") et y produire des enregistrements assemblés et polis comme des joyaux d'une perfection irréelle, vous paraît-il "suffisant"?
Vous avez peut-être même des questions plus intéressantes que celles-ci. Faites-nous en part.
(silence médiatique total d'ailleurs, mais j'ai pu passer à côté de qqch).
L'atypique ("génial" ?) et hypochondriaque pianiste canadien, explorateur de Bach, préférait le studio aux salles concert. Il s'y sentait en sécurité. Il voyait l'enregistrement comme un art, et ne pouvait dissocier le studio de sa vie personnelle.
(GLENN GOULD, PIANIST, IS DEAD; SAW RECORDINGS AS ART FORM, New York Times, 1982)
Sauf erreur de ma part, son enregistrement du Clavier bien tempéré, de Bach, était le fruit de montages des meilleures prises, aboutées les unes aux autres, créant ainsi un produit final "artificiellement" proche de son idéal de perfection. Dans un écrit -ou une interview; je vais retrouver la source-, il s'interroge éthiquement sur l'honnêteté du procédé, aujourd'hui pourtant devenu commun, j'en ai été témoin.
Je visitais Musica Numeris, le studio de Nicolas Batholomée et Manuel Mohino (qui faisaient à l'époque tous les enregistrements de l'exigeant Jordi Savall). Un mixeur-musicien, Frédéric Briant, avait la partition devant lui, le casque sur les oreilles. Il m'explique: "on peut prendre plusieurs prises d'un même mouvement de l'oeuvre et, à l'aide du logiciel, faire un "assemblage" des meilleures parties enregistrées, toutes prises confondues. Avec ses pentes d'atténuation logarithmiques, le logiciel permet des raccords inaudibles entre parties. Un claveciniste comme Pierre Hantaï, p. ex, peut même me demander une césure en plein milieu d'un double croche, on n'entend rien [du raccord]".
Je réalisais ainsi à quel point la production pousse à faire de nos disques des objets d'une perfection un peu irréelle, exempts de scories. Une sorte de perfection sonore, qui jamais au concert n'existe, et à laquelle Gould voulait apparemment s'exhausser.
(Jim Austin, dans Stereophile, se demande d'ailleurs (On Live Music), suite à une mauvaise expérience en concert au Carnegie Hall de New York, si la reproduction sonore sur un bon système, chez soi, n'est pas dans certains cas préférable au live. Du moins, il se demande si le live est vraiment la "pierre de touche" à l'aune de laquelle il faut juger l'audio. Il semble conclure que non. Je conclus personellement que oui, et c'est d'ailleurs le concert qui m'a rendu à la fois meilleur auditeur et audiophile plus-exigeant-mais-sachant-dans-quelle-direction-aller; je crois que la conclusion de Jim Austin est contingente à de mauvaises expériences, peut-être plus fréquemment répétées aux États-Unis (prix, auditeurs n'éteignant pas leur téléphone, etc); mais l'Europe permet d'entendre de merveilleux concerts dans de très bonnes conditions, dans des salles remarquables, parfois même exceptionnelles, et à un prix très abordable).
Remarquable aussi, l'intérêt de Glenn Gould pour la technique, comme moyen d'atteindre cette perfection sonore.
Sony (Columbia) avait édité il y a 20 ans les variations Goldberg et Le Clavier bien tempéré en SACD pur (pas hybride). Quelqu'un a-t-il ces SACD? La différence p/r à une édition récente en CD (Sony) est-elle marquée? En quoi? (faute de lecteur SACD, je n'ai jamais pu écouter ces disques SACD que hors de chez moi, sur d'autres systèmes).
Sony, toujours, avait sorti en 2012 un livre-album au format CD, avec photos, de 180 p., contenant 2 CDs, et assez bien fait. Un peu "concept", mais honnête. J'avais sans doute dû le trouver soldé du fait que sa commémoration de 2012 avait dû laisser des invendus.
This Is Glenn Gould - Story Of A Genius (discogs)
Le fait qu'on l'entende fredonner dans ses enregistrements vous est-il insupportable?
Que pensez-vous de la technique mise en oeuvre à l'époque (par Columbia, dans son studio de New York)?
Trouvez-vous que, pour un artiste, se produire en concert est indispensable, ou bien se réfugier en studio comme l'a fait Glenn Gould (comme pour se "protéger du monde") et y produire des enregistrements assemblés et polis comme des joyaux d'une perfection irréelle, vous paraît-il "suffisant"?
Vous avez peut-être même des questions plus intéressantes que celles-ci. Faites-nous en part.
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