03-24-2018, 10:30 AM
(03-23-2018, 11:25 AM)claude a écrit : Bonjour,
mon coup de gueule!
Qu'est-ce que vous pensez de ce disque:
Personnellement je ne le supporte pas.
Sans doute parce que je suis un inconditionnel de Léo Ferré, mais je ne trouve aucun talent au chanteur à la voix éraillée et je trouve les adaptations très mauvaises.
Franchement gâcher à ce point des chansons parmi les plus belles du répertoire français ça ne devrait pas être possible!!!
claude
Coup de gueule pour toi…
Gros coup de cœur pour moi (j’avais déjà présenté cet album justement dans la rubrique coup de cœur Jazz)
Le chanteur à la voix éraillée à qui tu ne trouves aucun talent s’appelle Gian Maria Testa.
Pour en savoir un peu plus sur cet album
Voici une interview au sujet de l’esprit qui a présidé à sa création :
« Testa raconte: «On a commencé d'une manière assez timide, dans un petit théâtre à Crémone, pas loin de la ville natale de Roberto, et puis on a vu que c'était assez réussi, que nous ne trahissions pas trop l'esprit de Ferré: c'était ma grande inquiétude. Alors on l'a refait, quelques fois chaque année. Et à chaque fin de spectacle, les gens demandaient s'il y avait un disque, et il n'y avait pas de putain de disque! Alors on l'a enregistré.»
L'album n'est pas une captation, faut-il préciser, plutôt une transposition en studio. «C'est un véritable projet. Roberto ne voulait pas seulement faire des chansons de Ferré en jazz, pas seulement un hommage. Des hommages à Ferré, il y en a plein, et la plupart sont inutiles. Roberto voulait autre chose, aller plus loin.»
Plus loin? Il s'agit en effet d'extrapolations plus ou moins aventureuses selon les titres. Ça va de Ferré en jazz chanté (par Testa) à Ferré en jazz instrumental. Ça va d'une pièce de Cipelli inspirée par Ferré (Free poétique) à la lecture de L'Art poétique de Verlaine, qui ponctue l'album à cinq reprises. Avec le temps est donnée moitié en français moitié en italien, Les Forains n'est même pas jazz mais folk chansonnier manière Testa, et ainsi de suite. Il y a aussi une chanson de Luigi Tenco, pionnier de la chanson d'auteur italienne, très influencée dans les années 50 par Ferré. Tout ça, et plus encore. La liberté d'action du jazz à partir d'un répertoire.
«Roberto a eu le courage d'utiliser Ferré, explique Testa. Un peu comme une électrode. Par exemple, Ferré, qui a longtemps vécu en Italie, a chanté un poète qui s'appelait Cesare Pavese. Ferré aimait chanter les poètes, il mettait des ailes aux poèmes pour qu'ils sortent des livres et arrivent aux oreilles des gens. Alors Roberto, pour rappeler ça, il m'a demandé de lire un poème de Pavese, Il blues dei blues, sur une mélodie de Ferré, À Saint-Germain-des-Prés.» Testa a dit oui, d'abord à corps défendant. Lire Ferré en français, chanter Ferré en français, c'était beaucoup lui demander. «Une langue, vous le savez bien chez vous, c'est l'âme d'un peuple. Chanter dans une autre langue, ça veut dire connaître ce qu'il y a derrière les mots. Mais bon, Mathieu Ferré et Marie Ferré ont assisté au spectacle, et ils ont trouvé ça... acceptable.»
Le fait est que ça fonctionne à plein: l'album est un singulier voyage à l'italienne dans l'univers de Ferré. Et le jazz va à Ferré comme une seconde peau. Avec Cipelli, le contrebassiste Attilio Zanchi, le batteur Philippe Garcia et le «très grand trompettiste» qu'est Paolo Fresu, le contraire eût été décevant. «C'était risqué. Il fallait faire bouger Ferré, et c'est ce que Roberto a fait. Il a traité certains morceaux de Ferré comme si c'étaient des standards de jazz, en ne gardant que les motifs mélodiques. Et je me suis rendu compte qu'il avait raison, que c'était proche dans l'esprit, que l'espèce de rigoureuse anarchie qu'il y a dans Ferré correspondait à la rigoureuse anarchie du jazz.»
Ces beaux fous d'Italiens ont fouillé les accords, les harmonies, les mélodies, et ils ont trouvé des choses qui étaient là, mais dont Ferré lui-même, peut-on supposer, ne se doutait pas. Quoique. «Ferré était un grand musicien. Il pouvait diriger un orchestre.» Et exaltait le jazz dans C'est extra: «Des cheveux qui tombent comme le soir / Et d'la musique en bas des reins / Ce jazz qui d'jazze dans le noir / Et ce mal qui nous fait du bien». Testa, lui, en est certain, Ferré avait déjà tout en lui: «Cette expérience m'aura donné l'occasion de tout réécouter Ferré. Et de constater que, oui, il y avait de l'Italie dans Ferré, et il y avait du jazz. Et surtout, il y avait de la liberté. Moi, je ne suis pas aussi libre que Roberto, certainement pas aussi libre que Léo. Mais je suis plus libre à leur contact.»
Un autre avis sur cet album hommage :
Les Inrockuptibles
« Les esprits chagrins jetteront une oreille encore plus suspicieuse sur l’hommage réalisé par le pianiste Roberto Cipelli et ses complices – Paolo Fresu, Attilio Zanchi, Philippe Garcia et Gianmaria Testa. Des confins tourmentés du free-jazzjusqu’aux nobles hauteurs de la chanson transalpine, d’un texte de Pavese à une ritournelle de Luigi Tenco, F. – à Léo sort Ferré du temple dans lequel ses adorateurs les plus obtus voudraient l’enfermer. La promenade vaut le détour : on y entend retentir avec une force nouvelle la libre parole d’un poète dont toute l’oeuvre aura résonné comme un appel au voyage. »
Je rajoute que, cerise sur le gâteau, la qualité de l'enregistrement est parmi les meilleures que je connaisse
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