Chez Namaste69

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Comme promis, voici mon CR des Boenicke W5

Fabrication

Boenicke fait appel à du bois véritable pour la construction de ses caisses. Les miennes sont en cerisier. La finition est irréprochable. Il est ainsi impossible de sentir la jonction entre les deux pièces qui referment la boîte et les nervures du bois sont du plus bel effet.

Je trouve qu’elles ont un look passe-partout qui s’accommodera d’un intérieur classique comme moderne. Surtout que leur taille est vraiment mini et elles n’ont aucun mal à se faire oublier même dans une pièce de petite dimension comme la mienne. Leur encombrement est comparable à celui de deux volumes d’encyclopédie Universalis accolés et équivaut à peine à la moitié de celui d’une KEF LS50 ! Le seul reproche esthétique que je leur fais concerne la proéminence du haut-parleur de grave. On le voit trop car il occupe la moitié du flanc ce qui tempère l’impression de raffinement dégagé par le reste. Mais le concepteur avait-il d’autre choix compte tenu de la taille de l’enceinte et du niveau de performance recherché ?

J’avais fait quelques recherches sur les haut-parleurs embarqués avant de me décider. Sauf à ce qu’ils aient été modifiés spécialement par le fournisseur, il s’agit de modèles tout à fait communs. Leur valeur marchande n’excède guère les 100 € au total. Cela m’a surpris car je m’attendais à plus qualitatif pour une enceinte de cette catégorie, du niveau au moins des borniers Nextgen de la face arrière. J’avoue avoir été un peu déçu par cet aspect. Mais mes écoutes vont me prouver que le niveau des haut-parleurs ne fait pas tout dans la réussite d’une enceinte ! Ou formuler autrement, on peut concevoir une enceinte formidable avec des haut-parleurs ordinaires.

Dessous, la marque a eu la bonne idée (trop peu répandue à mon goût) de prévoir 4 points d’ancrage à visser. Ils sont de type M4 et permettent donc de l’arrimer aux pieds dédiés mais aussi d’y fixer un dispositif à ressort proposé par Boenicke. Sinon, quatre feutres ont été collés dessous et constituent de toute évidence un pis-aller.


photo tirée de hifi.fr

Mise en place

J’ai disposé les W5 aux mêmes emplacements que les KEF, c’est à dire éloignées l’une de l’autre d’environ 2m50 et légèrement pincées ; La même distance par rapport à l’auditeur pour l’enceinte gauche mais presque 3 m pour celle de droite. Ce qui m’oblige à jouer avec la balance de l’IN300. J’ai branché de suite mes Stein Match entre les borniers et mes câbles HP puis lancé la musique.

Soyons clairs, dès les premières mesures, ça ne fonctionnait pas . L’équilibre patiemment recherché avec les KEF était rompu. Il m’aura fallu tâtonner à plusieurs reprises avec les réglages du caisson pour le retrouver. Au final, j’ai réglé la coupure du REL à environ 50 hertz et le niveau à 25 % alors qu’avec les KEF, il coupait à 75 hertz pour un niveau de 40 %. J’ai recherché les données « constructeur » de la W5 concernant sa bande passante pour vérifier si cela corroborait mon réglage mais sans succès.

Depuis, j’ai modifier le pincement afin que chaque HP de médium soit dirigé nettement vers l’auditeur. Par ailleurs, j’ai déplacé chaque enceinte pour réduire la dissymétrie relatée plus haut, ce qui me permet de moins jouer de la balance.

Concernant le choix de leur support, je resterais laconique car j’y reviendrai dans un autre post. Pour l’instant, disons que je suis en train de concevoir un support qui ne trahit pas la philosophie de leur concepteur.

Transparence

Les KEF sont des enceintes très transparentes. Les W5 le sont également, mais un bon cran au-dessus. Cela m’a agréablement surpris. C’est un critère important pour moi qui n’écoute pas à fort volume car dès les premiers tours du potentiomètre j’obtiens une foultitude d’informations et l’ambiance des enregistrements est de suite évidente. Nul besoin donc de monter le son pour ressentir le fameux foot-tapping.

La performance des W5 sur ce critère est d’autant plus surprenant que je les compare avec les KEF perchées sur 3 supports que je considère comme parmi les plus performants, à savoir les Francs Audio Classic ! Les W5 sont juste posées sur un dispositif DIY !

Lors de mes essais j’ai constaté qu’en apposant ma main sur le flanc opposé au woofer je pouvais sentir nettement les vibrations de la caisse. Les mouvements imprimés par cet hp excitent beaucoup la structure. Rien de tel avec les LS50 qui restent totalement inertes, quelque-soit la fréquence. J’en déduis donc que cette qualité, la transparence, n’est pas forcément l’apanage des enceintes construites comme des chars d’assaut car la W5 ne pèse que 3,5Kg contre 7 pour la LS50 ! De fait, d’autres caractéristiques rentrent en jeu pour « performer » dans ce domaine. Je pense immédiatement au découplage des haut-parleurs de la structure car ils doivent pouvoir travailler en piston sans être perturbé par les mouvements de la caisse. Mais je pense avoir aussi identifier une caractéristique propre à la W5 dont je vous ferai part dans un prochain post dédié cette fois à la réalisation de leurs supports.

Timbres

Je ne me sens pas vraiment légitime pour commenter cet aspect de la restitution. En effet, si je vais régulièrement à des concerts, ceux-ci sont en grande majorité amplifiés et non pas acoustiques. J’ai bien pris des cours de guitare dans ma prime jeunesse et massacré plusieurs œuvres au pipo durant les années collèges. Mais ces expériences ne m’ont servis à rien sauf à me rendre compte que le seul don que je possédais dans la musique était celui de désespérer mes professeurs. Ceci étant posé, même un soudoué comme moi perçoit la différence entre la LS50 et la W5. Avec cette dernière, les timbres sont bien plus riches, plus consistants. C’est à se demander même si la LS50 n’en oublierait pas certaines notes ! En fait, non. L’explication tient dans la grande richesse harmonique déployée par la W5, bien aidé en cela forcément par ses qualités de transparence. Ainsi, sur le titre « Ode to Billie Joe » de l’album « cafe blue » de Patricia Barber, je perçoit désormais énormément de nuance dans le jeu de contrebasse. De la même manière, les claquements de doigts sur ce titre sont matérialisés avec beaucoup de réalisme et ne s’apparentent plus à un coup sec, cad sans amorce ni extinction du son généré par le geste. On n’entend distinctement la progression du frottis des doigts jusqu’à l’émergence du son principal, le claquement, puis son extinction progressive, bien aidé il est vrai par la réverbération du lieu. Le jeu de guitare est également un bon révélateur des qualités de la W5 sur ce critère. Le titre «a taste of honey » du même album, écouté à niveau soutenu, me donne l’impression hyper-réaliste que le guitariste a pris place dans mon salon. Le nuancier  d’harmoniques générées par le pincement de chaque corde flatte les synapses. Les sons et leur dégradé à foison  s’entremêlent tout en restant toujours bien lisibles : Un régal !

Scène sonore

Les deux enceintes ne sont pas si éloignées que cela s’agissant de la scène sonore même si le verdict est de nouveau à l’avantage de la W5. Non pas que cette dernière propose une scène plus haute, plus profonde ou plus large car les deux reconstituent un univers 3D très crédible. Mais la W5 semble plus précise, avec une image plus stable. Toujours sur le titre « Ode to Billie Joe », je perçoit bien le léger mouvement du bras et donc des doigts dans l’espace lors de chaque claquement. En définitive, la scène sonore délivrée par la W5 dégage quelque chose en plus que je me résous, après réflexion et faute de mieux, à qualifier de scène plus naturelle. D’ailleurs, je ne sais si c’est un indicateur qui va dans ce sens mais je joue beaucoup moi avec la balance depuis qu’elles sont là.

Dynamique

Au vu de leur réputation, on aurait pu croire que les KEF passeraient devant sur ce critère. Il n’en est rien même si ces dernières peuvent donner l’impression contraire car elles ont un tempérament plus spectaculaire qui ne laisse pas indifférent. Mais il suffit d’écouter du classique ou des instrumentaux de jazz par exemple pour se rendre compte que sous leur aspect bien sage les W5 "accélèrent" très vite et fort...comme de petites bombes et elles « freinent » tout aussi rapidement ! A l’écoute du titre « like JT » sur l’album « Companion » de Patricia Barber, les différents instruments jaillissent littéralement sans jamais qu’aucun d’entre-eux ne viennent empiéter sur le jeu d’un autre et, ce qui est très fort, sans effet de projection. Le tourbillon de percussions qui clôt le morceau en devient jouissif.

Bilan

Vous l’avez compris. Je suis conquis par ces W5. Ce sont des enceintes réussies (mais je ne suis pas le premier à le dire) qui sont capables de délivrer une musicalité de grande classe. Je les ressens vraiment comme très respectueuses de la musique, très fidèles. Elles ont le bon goût de ne pas en faire de trop et sont très faciles à vivre à partir du moment où l’ampli qui les drive délivre beaucoup de courant.

Par contre, je tenais à dire un mot sur les LS50 avant de terminer. Le bilan à leur encontre est très injuste car elles font partie d’une catégorie tarifaire bien inférieure (4 à 5 fois moins environ!). Il ne pouvait y avoir de miracle ! En toute objectivité, c’est une comparaison que je n’aurais pas dû proposer mais comme je n’avais qu’elles comme point de référence…. Il n’en demeure pas moins que les KEF LS50 restent de très bonnes enceintes au rapport qualité prix exceptionnel.