Chronique album

[BoteM]

WHITESNAKE "Slide It In"



Année de sortie : 1984

Vocals – David Coverdale
Bass – Colin 'Bomber' Hodgkinson
Drums – Cozy Powell
Guitar – Micky Moody
Guitar, Vocals – Mel Galley
Keyboards – Jon Lord


Cet album sort en janvier 1984, cela fait maintenant 10 ans que le beau David sillonne les planches et les studios, depuis que Deep Purple la sortie du fripier, (il vendait des fringues dans les marchés) et officié dans un groupe de seconde zone…et encore  

Il faut dire, qu’il a plutôt bien réussi l’après Deep Purple, en formant Whitesnake, qui au fil du temps et après moult changements de musicien (ce qui deviendra sa marque de fabrique, à l’instar de l’homme en noir, à croire que ces 2 là se livrent à un concours) deviendra un groupe majeur de la scène rock de cette époque.
Et puis…quelle métamorphose, exit l’empâté bigleux sans aucun charisme sur scène de l’ère Deep Purple, laissant le rôle d’animateur scénique à Glenn Hughes, qui lui en revanche ne manque pas d’assurance.
Depuis, l’homme a pris de l’aisance, n’hésitant pas à prendre la pose tendancieuse sur scène, pour attirer la belle demoiselle.
Le tout appuyé avec des textes qui ne laisse guère de doute quant à ses préoccupations majeures.

Petit retour en arrière...un soir après un concert désastreux du Deep Purple Mark IV, suite à l’état lamentable, une fois de plus, des 2 junkies de service, David dans une rage folle rentre dans la loge de Ian et Jon pour leur annoncer son départ du groupe. Ce qu’il ne sait pas, c’est que les 2 beaux-frères (ils sont mariés à 2 sœurs jumelles) viennent justement de décider de mettre fin à ce désastre.

Gâchis devrait-on dire plutôt, en effet, bien que ce Mark IV n’ait plus grand-chose à voir avec les formations précédentes, il n’en reste pas moins qu’avec le talent de Bolin, quand celui-ci été en état, le groupe en avait encore sous le pied. Il suffit d’écouter le tellement sous-estimé et unique album du Deep Purple Mark IV pour s’en convaincre (Come Taste The Band).

Quoi qu’il en soit, Whitesnake est en 1983, devenu un groupe majeur, et ersatz du pourpre profond. En effet à cette époque Whitesnake ne comptent pas moins de 3 membres du Deep Purple Mark III, Jon Lord puis un peu plus tard Ian Paice l’ayant rejoint. Les choses sérieuses commencent en 1978 avec la sortie du premier véritable album officiel ‘’Trouble’’.

Le groupe est alors composé d’une base particulièrement solide et de qualité. Micky Moody et Bernie Marsden guitaristes de talent gorgés de feeling, épaulé par le talentueux bassiste Neil Murray, et déjà Jon Lord fait partie de la fête.
Les albums se suivent à raison d’une sortie par an, ‘’Lovehunter’’ (1979), "Ready An' Willing" (1980) dans lequel Ian Paice remplace Dave Doyle aux baguettes, l’excellentissime live "Live...In The Heart Of The City" (1980), "Come An' Get It (1981), Saint & Sinners’’ (1982).

Tous ces albums de haute qualité ont assis le groupe parmi les incontournables de la scène rock du moment.
Tout est en place pour continuer ce beau parcourt…sauf que, et c’est là une autre similitude entre David et le ténébreux Ritchie, le chanteur veux depuis fort longtemps lui aussi, conquérir le marché américain.
Similitude, dis-je, car Coverdale et Blackmore sont les seuls à avoir su monter un groupe à la hauteur du légendaire Deep Purple.
Ian Gillan ayant échoué dans cette entreprise.
Et tous deux pratiqueront une valse de musicien dans leur groupe, à vous donner le tournis.

Rainbow et Whitesnake sont de franche réussite et 2 groupes de très haute volée, oui, aucun doute là-dessus, mais pas sur le sol américain.
Les deux formations ont cette ambition (autre point commun), si leur groupe respectif cartonne sur le sol européen (surtout Rainbow) ils veulent percer le marché USA, et pratiquerons la valse des musiciens pour arriver à cette fin. Car pour y parvenir, ils orienteront leurs compositions en la rendant plus commerciale et donc accessible à un plus large public possible, afin d’être réceptifs outre-Atlantique.

Si Blackmore ne cache pas cette ambition, provoquant le départ de Ronnie James Dio mécontent de la tournure que prend la musique du groupe (entre autres), Coverdale lui, le fait de façons plus sournoises.
De fait l’orientation musicale qu’il amorce dans les compositions pour y parvenir, créée des conflits entre lui, et ses 2 talentueux guitaristes à qui il doit beaucoup à la réussite du serpent blanc.

Ian Paice s’en va rejoindre Gary Moore, Bernie Marsden dépité quitte le groupe, Jon Lord et Micky Moody restent malgré les dissensions avec le chanteur.
Si Lord a déjà l’esprit occupé avec la reformation du légendaire Mark II de Deep Purple, donc pas vraiment affecté par les projets du patron, Moody lui va s’en mordre les doigts.
En effet Coverdale exerce sur lui, d’incessantes piques et remarques. Un soir par exemple, après un court concert ou officié pour un autre groupe, John Sykes, que David voulait à tout prix embauché, il critiqua vivement sa prestation devant Sykes, afin de bien l’humilier.

Ajoutons à cela qu’avec l’arrivée de Cozy Powell et Mell Galley, tous deux en parfaite harmonie avec le projet du chanteur, Moody se sent particulièrement esseulé et mis sur la touche, cruel quand on sait l’influence qu’il avait jusque-là, et pas étranger, loin de là quant à la renommée du groupe.
Powell est en phase totale avec le chanteur et l’épaule dans cette entreprise, accentuant encore plus la tension entre le chanteur et le guitariste.

Le guitariste tenta à plusieurs reprises d’en discuter avec le désormais dictatorial chanteur, mais celui-ci l’ignora complètement, n’attendant en réalité qu’une seule chose, le départ du désormais gênant Moody, qui le freine dans ses ambitions.
Il semblerait même, bien que cela ne soit pas complètement certain, que John Sykes aurait réenregistré des partis de guitares sur "Slide It In" info ou intox ?…je dois dire que je n’ai pas la réponse, mais une écoute attentive de l’album, semble le confirmer.

"Slide It In" sort en janvier 1984, Colin Hodgkinston remplace Neil Murray à la 4 cordes, mais pas pour longtemps, Neil reprendra son poste très vite.
Mel Galley, qui assurait les chœurs sur l’album précédent, occupe la place, laissez vacante de Marsden.
Cozy Powell se trouve désormais derrière les fûts.
Nous avons là un groupe en grande mutation, rare rescapé Jon Lord, mais comme évoqué plus haut, son esprit est déjà ailleurs. Du reste sur ce nouvel album, il est très discret.

Cet album donc, objet de cette chronique, est le début d’une mue que le serpent entame, et malgré les remous et l’attitude pas très, il faut bien le dire, honorable de Coverdale envers une partie de ses troupes, c’est une franche réussite.
D’abord, cette nouvelle orientation n’affecte pas (encore) l’identité du groupe. Certes l’évolution s’entend, avec Powell et Galley comment cela pourrait-il en être autrement ?

On sent bien que le ton est monté d’un cran, avec un rock plus appuyé, mais la touche ‘’Whitesnake’’ est toujours présente, proposant un rock encore gorgé de feeling et de blues.
Surtout, que dire de la voix et du chant du beau David…magistrale, je ne suis pas loin de penser que c’est sur cet album qu’il délivre l’une des plus belles prestations de sa carrière. Il est encore jeune, a acquis une solide expérience, et maîtrise désormais sa voix comme jamais.
Les compositions, elles, sont à la hauteur. Comme évoqué plus haut, la musique à évolué, c’est durci, le coté hard est plus prédominant (Sykes ?), mais l’esprit est toujours là, un équilibre absolument parfait.
Mel Galley s’étant beaucoup impliqué dans l’écriture des compositions.
Micky Moody sur un seul   Paradoxe, sur le plus emblématique, qui donne d'ailleurs son nom à l'album.
La transition est réussie, l’album étant reçu très favorablement par le public et la presse…oui mais…pas à la hauteur des ambitions du patron.

Bien décidé à parvenir à ses fins, Coverdale, revois sa copie, vire une partie du groupe, il excelle désormais dans cet exercice, met pour une courte période son serpent en hibernation, pour revenir plus tard, avec un groupe et une musique qui n’a plus grand-chose à voir avec son glorieux passé, mais cela est une toute autre histoire.

Près de 40 ans nous séparent de cet album, ça me rend dingue quand j’y pense, je me revois encore courir l’acheter.
Il faudra attendre 3 ans pour le suivant, et là on passe à tout autre chose, ‘’1987’’ à sa sortie m’a littéralement assommé, quoi ??? C’est bien un disque de Whitesnake dans la pochette ??? 

Avec cette bombe David à atteint son objectif, peut-être même au-delà de ses espérances. Ce nouvel opus dévaste tout sur son passage.
Le groupe n’a absolument plus rien en commun avec la première mouture. Je ne m’étendrais pas davantage, cependant il suffit de regarder le look de Coverdale et de ses nouveaux acolytes, pour se rendre compte de la métamorphose, certes bien dans l’air du temps et en adéquation avec les ambitions du bonhomme…mais quand même David, nous sommes en 2022, tu à pris un sérieux coup de vieux, je t’épargne par charité et surtout pour le respect que j’ai envers toi, mais que dire de l’état de ta voix hein !! Même les innombrables overdud auquel tu recours depuis de nombreuses années ne cachent pas la misère mon ami

Depuis et après avoir mis en sommeil son animal durant une très longue période, notre homme a repris (dans des circonstances peu reluisantes) les affaires, mais est-il nécessaire d’en parler ?
Malgré tout, depuis l’album dont il est question ici, 2 autres sont rescapés du naufrage, "Restless Heart" (1997) (que j’ai chroniqué ici) et surtout, son seul et unique album solo "Into The Light"  sorti en 2000.
Ce dernier étant de très très haut vol, si ce n’est sa production qui me fait rager à chaque écoute…comment peut-on produire une telle chose en 2000 !!!??? Je n’ose imaginer s’il avait bénéficié d’une production à la hauteur.

Quoi qu’il en soit, malgré ses travers, David Coverdale nous aura pondu des albums de hautes tenus, assurément celui-ci est l’un d’entre eux.

Bonne écoute…