J’ai commandé le Nuraphone, avec un cordon Lightning et un cordon analogique en plus du cordon USB A fourni, et je vous présente mon compte-rendu, notamment à travers mes commentaires sur une sélection de morceaux.
On le configure en Bluetooth avec l’app Nura pour iOS ou Android, on passe deux minutes environ à laisser la machine faire le test de l’ouïe de l’auditeur, censé établir un profil plus ou moins unique. Depuis que je l’ai j’en ai fait cinq : le premier, le troisième et le cinquième sont très proches, le deuxième assez voisin, mais le quatrième comporte des différences notables. Je pense que je vais faire un test à peu près chaque jour, par curiosité envers l’intelligence artificielle et la machine learning embarquées dans ce casque, et aussi parce que je pense qu’en tant qu’êtres vivants, on peut certes avoir un profil d’audition assez unique, mais qu’il est sujet à des variations, comme le visage par exemple, et en fonction de tous les paramètres : endogènes, environnementaux, notamment.
Le Nuraphone est assez léger, pour moi. Ses intras par contre ne sont pas discrets dans les oreilles. Au début j’ai senti que le canal de mon oreille droite était probablement un peu plus étroit que celui de gauche. Disons qu’à porter, ce casque est un peu discriminant si l’on présente une légère asymétrie de la tête, comme c’est le cas de la plupart des individus. Rien de fâcheux, cela dit.
J’ai quand même mis 48 heures pour me sentir à l’aise avec ces intras, au départ j’étais gêné, un peu déçu. Maintenant je peux le porter plusieurs heures en écoute, au terme desquelles l’inconfort refait son apparition, la fatigue aidant. À l’usage, ces intras ne parviennent pas toujours à se faire oublier, mais il arrive que leur pression soit une composante agréable de la séance d’écoute, comme s’il y avait un « sweet spot ». Le reste du temps, ça passe bien à présent pour moi. Je n’hésite pas à réajuster le casque en fonction de mes sensations, car il est très sensible à la façon qu’on a de le porter, et le rendu peut varier, l’essentiel étant d’être à l’aise. Sur la partie supra, rien à dire quant au confort, c’est très plaisant.
Mon profil audio
Le son est souvent merveilleux grâce à ce casque. J’ai eu le Sennheiser HD 598, le AKG K 702, le Hifiman HE-400, et il leur est supérieur sur tous les plans, du moins sur le plan de la restitution musicale. J’ai également deux Fostex : le TH7B et le T-50RP MK3. Ce dernier était mon préféré, auquel je comparerai le Nuraphone. Ce Fostex est agréable, confortable, doux, riche dans la restitution musicale, chaleureux et grisant, avec une bonne dynamique. Mais sur tous les plans sonores, le Nuraphone le dépasse. Ses qualités sont toutes équilibrées, et ses possibilités quasi innombrables : pour ce qui est de la dimension, de la répartition des instruments, il est particulièrement efficace. Chaque voix est nettement séparée, localisée, sans se désolidariser de l’ensemble. Les timbres sont naturels, bien que le concepteur puisse encore, je crois, les améliorer, tout comme atteindre un soupçon de clarté supplémentaire, qui relèverait sûrement d’un meilleur confort des intras. Le Nuraphone est d’une puissance phénoménale. Je dirais que la découverte ou la réécoute de chaque disque est une nouvelle aventure, souvent passionnante. Les basses sont ultraréalistes, les aigus jamais sibilants, toujours bien tenus, et les mediums s’expriment avec une grande amplitude.
J’utilise la sortie casque d’un SMSL AD 18, les sources sont lossless, voire Hi-res, en provenance d’un Mac Mini raccordé en optique.
Love qui peut -Les Innocents
Les voix des deux chanteurs sont ici bien distinctes, bien que celle de Jean-Christophe Urbain soit captée ou mixée en retrait. La réverbération sur les arpèges de guitare est précise, les timbres sont nets dans ce très beau morceau, dont la densité ne prend pas en défaut le Nuraphone.
Gospel with no lord - Camille
La basse vocale ressort bien. Les timbres et la spatialisation sont des points forts de ce casque. Au début du morceau, il y a de discrets accords du piano, que je croyais auparavant perdu dans la masse. Il est sans doute compressé, préparé, mais là, bien qu’en retrait, il est distinct, sa dimension lointaine est respectée. Remarquable.
Here comes the sun - The Beatles
Les entrelacs mélodiques tracés par les Beatles sont ici à la fête. Chaque note est soutenue sans aucun problème par ce casque, qui s’annonce brillant en matière de restitution des lignes polyphoniques. Ça crépite. Un vrai bonheur.
Girl from the North Country - Bob Dylan & Jonny Cash
Simplicité pour cette chanson, calme, dont se dégage une vérité. Et cette caisse claire qui va crescendo et dont je n’avais pas perçue l’apparition auparavant. Les voix fidèles à leur légende.
Easy Money - King Crimson
Dans ce morceau à l’atmosphère pour le moins enfumée et acide, la basse pulse à l’unisson de la batterie bien mate. Les bruitages, percussions, guitares sont envoûtants, j’ai comme l’impression d’avoir une paire d’enceintes sur les oreilles, en tout cas je retrouve la sensation que me procuraient les Focal Chorus 706, l’espace et l’aération en moins prononcés, forcément. Tout est à sa place. Le son est puissant, et il lui en reste en réserve. Parfois des timbres un peu criards. Je change de profil, j’utiliserai le premier que j’ai enregistré aujourd’hui pour les quatres derniers titres, que je publierai un peu plus tard. Ce sont quasiment les mêmes, presque comme des calques. Seules les couleurs changent.
(Un autre de mes profils audio)
Un mot pour finir sur l’autonomie du Nuraphone : elle est excellente. Non seulement il se recharge lorsqu’on écoute avec le câble Lightning sur iPhone, ou bien en usb mini ou usb C sur d’autres smartphones, mais de plus sa durée entre chaque recharge hors utilisation, en USB A, est vraiment à la hauteur d’un casque Bluetooth/analogique. Je ne m’en soucie même pas.