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Devialet Expert: D120, D200, D250 , D400, D800, D900 et D1000 Pro
#78
L’évènement mérite un historique. On ne peut que l’approcher lentement et avec persévérance. Du temps où Hendrix et les Stones étaient mes références musicales, une enceinte type Carlsson avec un large bande Supravox de 24 cm, faisait l’affaire. Ça pétait dur sans trop chercher le détail dont de toute façon j’ignorais même l’existence. Puis, quand même, les cymbales avec un 24 cm, même bi-cône, il y avait comme un manque. J’ai rajouté un tweeter. Ça a été ma période plus brillant tu meurs. Tout a une fin et on comprend que pour certains instruments, c’est pas mal d’avoir quelque chose entre le boomer et le tweeter. La troisième voie a donc débarqué et là commencent les problèmes avec la sophistication, bien qu’encore très relative. Une solution fut de passer en triamplification avec des modules Merlaud, la 2 CV de l’amplification de l’époque. Apprentissage des filtres et des réglages, qui resservira plus tard. Mais ce n’était qu’une étape, car les goûts évoluent, et en écoutant de plus en plus de jazz et de classique, on s’aperçoit que l’enceinte typée sono, cela n’est pas le top pour arrondir un saxo ou adoucir un violon. Je vire les Supravox et les grosses caisses et entame la longue série des colonnes, avec une trois voies quatre haut-parleurs, disposant déjà de deux boomers différents, un rapide et un lent (pour descendre), de 21 cm, et aussi d’un système d’amortissement interne des vibrations parasites. Le médium était un 13 cm et l’aigu un dôme Visaton. C’était pas mal mais Matti Ottala venait de sortir son ampli dénué de distorsion d’intermodulation transitoire, une grande découverte à l’époque qui reléguait les amplis hyper-contre-réactionnés dans la catégorie vieux trucs ringards qui faisaient saigner les tympans. Je commençais à avoir un peu plus de sous et m’offrait donc mon premier classe A et un retour au filtre passif. À chaque évolution comme ça, on pousse un ouah de génialitude de son système, qui dure un temps variable. Le temps de satisfaction en hifi dépend de très nombreux facteurs. Le prix du nouvel élément en est un. On n’imagine même pas être déçu après un choix réfléchi, validé, revalidé et assumé. Cela ne peut que marcher. Et on n’entend de toute façon que les caractéristiques qui progressent. Les autres, là où il y a comme une régression, on s’en aperçoit toujours beaucoup plus tard. Encore beaucoup plus tard, après beaucoup d’errements, on finit par savoir qu’il y a des méthodes pour ne pas se tromper trop vite, mais il faut plusieurs décennies en général. Au final, quand on voit la variété des matériels proposés sur le marché de la hifi, et la variété des résultats, le choix de chacun se fait peut être plus selon les défauts que l’on accepte, tolère ou ignore, que par un niveau homogène de qualités en rapport avec un prix. 

Donc, deux-trois ans après, je me suis dit que je voulais avoir le muscle et la finesse, et je suis reparti dans l’escalade du volume et du poids. Fabrication d’une colonne avec deux 24 cm, un JBL rapide et un Audax qui descend pour un grave libre et nuancé, le 17 HR 37 Audax en médium, avec deux couches d’époxy sur la membrane, un tweeter Fostex à compression, puis le JBL 2405 en aigu. Grosso-modo 200 kg. Muscles et finesse dans un local de 4 par 8. J’étais content. Pas longtemps. L’électronique devait aussi évoluer. Je suis passé en bi-amplification avec un gros Classe A Audioanalyse, et un 300B en médium-aigu. Le muscle et la finesse s’améliorait encore. Avec un préampli Kaneda et une Platine bras Lurné, cellule Dynavector Karat, je me suis dit un moment que dans mon salon d’alors, je ne pouvais guère faire mieux. J’ai quand même remplacé l’Audioanalyse par deux Classe A Hiraga, pour un grave plus nuancé. Et je savais que certains grands panneaux, et notamment les premiers Apogée intégralement en rubans, atteignaient un niveau de définition, d’ouverture, de transparence sensiblement supérieur à mon système, mais il fallait un local d’écoute beaucoup plus grand, et à l’époque, on peut quasiment dire qu’ il n’existait pas d’ampli capable de bien driver ce genre de HP. D’un autre coté, les systèmes à haut-rendement japonais de type Onken m’intéressait aussi beaucoup. Ils cumulaient des qualités de dynamique, de micro-dynamique avec lesquelles aucun autre système de haut-parleurs ne pouvaient rivaliser, même de loin, à une définition et une transparence au top. En plus, j’avais déjà l’amplification qui leur convenait. Mais toutes les démos faites avec ces HPs, bien que montrant plus ou moins les qualités citées, se montraient très décevantes sur le plan de la cohérence des timbres et de l’image sonore. Je suis donc resté plusieurs années avec mes grosses colonnes en sachant qu’il pouvait y avoir mieux. La vie de l’audiophile demande une bonne dose de philosophie, sinon on tombe dans la négation et on ne parvient plus à déterminer les facteurs de progrès réel. Mais bon, à chacun ses méthodes et ses impulsions.  Les deux étapes suivantes ont été très importantes, d’une part, j’ai déménagé dans une maison plus grande, qui m’a permis de disposer d’une salle dédiée, d’autre part, j’ai eu l’occasion d’écouter une « Voix du Théatre » Altec Lansing, dans des conditions suffisamment bonnes pour constater que certaines façons d’utiliser les HPs à haut rendement permettait d’obtenir une cohérence de timbre satisfaisante. J’ai trouvé des médiums et aigus Onken d’occasion avec l’idée de réaliser une voie grave basée sur un pavillon court comme les Voix du Théatre, qui peut être calé en phase avec le pavillon de médium. Il m’a fallu deux ans pour réaliser, régler, modifier, optimiser un premier caisson et fabriquer le second. Mais j’étais content du résultat. Pas grand chose a été modifié ensuite dans mon système, à l’exception des amplis de grave, passant des Hiraga au Kanéda puis au Taki avec quelques passages par l’Unisson 845 quand les autres étaient en panne. J’ai testé aussi des Chord, des Jadis, des Accuphase et quelques autres. Je suis aussi passé du filtre actif Kaneda au filtre passif à 6 db/octave avant amplis, en testant au passage des filtres BSS qui ne m’ont pas plu du tout. Quinze ans environ sans grosse modification, sinon que j’ai encore déménagé une fois les 1200 kg des enceintes sans compter le reste. Et je restais analogique jusqu’à la moelle. J’avais bien un lecteur CD, puis un autre, mais jusqu’au 3Dlab, la différence de qualité n’était pas supportable. 

Un jour, je tombe sur une publication anglaise qui parle de façon dithyrambique d’un ampli français encore inconnu. Bizarre. Pour une fois, j’achète sans écouter. Il n’y a pas de doute, le Devialet D-premier va très loin en définition, transparence, dynamique, tenue du grave, plus loin que ma tri-amplification à tubes. L’entrée analogique ligne tient la route, mais les entrées numériques semblent pouvoir aller plus loin, sauf qu’elles sont hyper-sensibles aux câbles, au jitter des sources. Il m’a fallu des mois pour apprendre à le faire marcher avec des timbres, une musicalité et une cohérence  acceptables. J’ai essayé en bi-amplification mais c’était encore pire. Les trois grandes étapes qui ont rendu son usage vraiment satisfaisant, voire plus, ont été l’apparition du logiciel AIR de lecture de fichier sous iTunes, l’adoption du régénérateur secteur PSaudio P10, et le fonctionnement en Dual. J’ai aussi modifié mon filtre passif à plusieurs reprises. À ce moment là, relativement récent d’ailleurs, j’ai pensé que je ne pouvais plus faire grand chose pour améliorer. Une quatrième voie en bas médium me semble apporter plus d’inconvénients que d’avantages. J’ai essayé les lecteurs réseaux sans non plus les trouver plus performants que AIR, même en comparaison instantanée sur les mêmes fichiers audio. J’ai essayé quelques façons d’utiliser des fichiers haute définition sans y trouver non plus d’intérêt majeur par rapport au 44x16. Sans dire que le système était parfait, j’avais l’esprit à écouter sans me soucier des  contingences technologiques.


Salon de novembre 2015, une caisse en bois chez Devialet, un Dual cuivré dedans, une discussion avec Matthieu Pernot. Qu’est ce qu’il a de spécial celui-là, à part la couleur ? Une modification de l’alimentation, du filtrage secteur, du classe A. Ah bon ! Série limitée, Ah bon, c’est vraiment réservé aux pré-piquousés alors. Mais je suis pré-piquousé ! 

 
J’ai reçu le D900  « Original d’Atelier »  depuis plus d’un mois. Mais pas question de s’emballer sur des considérations prématurées. Le D800 avait eu besoin d’un peu de rodage. J’ai commencé sur mes DIY 24, sans chercher à comparer tout de suite. Puis installation sur les pavillons, et là, j’ai recherché ce qui pouvait convenir le mieux en câble numérique entre les éléments du Dual et en câbles secteurs, à partir du PSaudio P10 en régénération secteur. Ceux que je connais en France utilisant un D800 se servent d’un câble Audioprana mixte RCA-AES qui donne sur ce dual un résultat très équilibré et ouvert. Mais sur le D900, il crée une bosse dans le bas-médium-haut grave qui donne un poids excessif aux timbres, donc je suis revenu au câble SPDIF Audioquest carbone, fourni avec l’ampli. J’ai aussi essayé les câbles secteur que j’utilise habituellement, qui sont de vieux câbles HPs Vecteur, le gros modèle avec 4 groupes de trois fils de 1mm de section, connectés en croix et hyper blindés avec plusieurs couches de feuillard et une stresse de cuivre. Là encore le résultat sur le D900 n’était pas convaincant, la réponse paraissait très descendante régulièrement du grave à l’aigu. J’ai donc là aussi repris les câbles Audioquest fournis avec l’ampli. Cela a été une surprise de constater que pour une fois, Devialet a fait un choix pertinent dans les accessoires, alors que l’on avait pu constater à de nombreuses reprises qu’ils pouvaient être assez négligents sur les détails de mise en oeuvre dans leurs démos. Bref, on va pouvoir commencer les comparaisons D800-D900 chacun disposant de son environnement optimisé. J’ai l’impression que les premiers commentaires sur le D900 donnés sur les Forum en anglais évoquent d’abord cette différence d’équilibre lié certes aux amplis eux-mêmes, mais différence totalement compensable par le choix adéquat de câbles. En tout cas, en passant de l’un à l’autre, on ne peut pas dire que sur un certain nombre de critères d’écoute, dynamique, micro-dynamique, transparence, résolution globale, la différence soit vraiment significative. Sur un test très difficile, les madrigaux de Monteverdi par le Concerto Italiano et Rinaldo Alessandrini., même si on atteint des sommets inconnus avec le D900, en reprenant les morceaux avec le D800, la réaction n’est pas « ouh là là, il est largué », mais plutôt « c’est pas pareil mais c’est aussi très beau ». À ce niveau là, l’amélioration n’est pas une chose facile à conquérir, mais la différence obtenue en l’occurrence constitue quand même un évènement. Si on passe par exemple le disque de Sabine Devieilhe, la nouvelle Maria Callas, dans les airs de Mozart destinés aux soeurs Weber, disque fabuleusement enregistré, et qui sert respectueusement la voix sublime de la cantatrice, même dans les forte les plus intenses, la voix reste belle, fluide, détaillée, propre et diaboliquement présente. On n’est pas simplement dans une reproduction très réaliste, neutre et sans tricherie, mais aussi dans une esthétique sonore que même les meilleurs 300B n’atteignent pas. Pour toutes les voix et tous les instruments, chaque son est inouï, jouissif, captivant, parfaitement placé dans l’espace. Est-ce plus beau que vrai ? Le test des applaudissements est l’un des plus significatifs, et là, le D900 est souverain, je n’en avais jamais entendus d’aussi réalistes, et de loin. Alors merci Mr Calmel, même si l’emballage fait blêmir les esprits chagrins, c’est l’ampli dont je rêvais depuis quarante ans, même sans savoir que la hifi pouvait aller jusque là. C’est l’évènement que j’attendais, dont j’ai parlé à de multiples reprises en écrivant que le hiatus entre ce qui sonne « vrai » et ce qui sonne « beau » persiste indéfiniment, autrement dit que ce qui sonnait « beau » sonnait aussi toujours un peu (ou pas mal)  « faux ». Comme bien d’autres ouvriers, compagnons et artisans, M Calmel, vous avez sûrement cherché à faire votre chef-d’oeuvre, et il en mérite le terme, oeuvre ultra-comtemporaire au service de l’art musical intemporel. Maintenant, personne ne comprendrait que les découvertes et optimisations réalisées sur ce modèle ne se retrouvent pas rapidement sur une nouvelle gamme plus abordable, d’une part parce qu’ils seraient plus faciles à mettre en oeuvre que la gamme actuelle, et d’autre part parce que tous les clients potentiels vont attendre cette évolution sur des D130, D210, D260, D410, D810, etc…
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Messages dans ce sujet
RE: Devialet Expert: D120, D200, D250 , D400, D800 et.... D900 - par jalucine - 02-27-2016, 10:17 PM
Dernier beta firmware - par josedou - 04-03-2018, 11:05 AM
RE: Dernier beta firmware - par Francois - 04-03-2018, 01:53 PM
Firmware 5.7.3 pour Devialet D-Premier - par Anthony - 06-17-2019, 04:35 PM
RE: Devialet Expert: D900 et D1000 Pro - par Miles - 10-28-2019, 12:27 PM
RE: Devialet Expert: D900 et D1000 Pro - par bbill - 10-28-2019, 12:42 PM
D220 - radioweb - Sweet Room. - par Fred 60 - 02-24-2021, 10:23 PM

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