Enceintes Pierre Étienne Léon (PEL), c'est ICI qu'on en parle !!!

[Robifabs]

Bonjour à tous,

J'ai eu le plaisir d'accueillir Pierre-Etienne Leon, en voisin et en personne vendredi après-midi !

J'ai initialement pris contact avec PeL pour procéder à la vérification de la paire d'Intégrales dont je suis le très heureux propriétaire depuis 2020, en vue, à mon grand dam, de leur mise en vente. Cet exercice technique une fois terminé, les instruments de mesure une fois rangés, la conversation s'est engagée, les passions et les hommes se sont rencontrés et l'après-midi a filé, caracolant d'écoutes en écoutes,
- spectre large et éclectisme de rigueur dans nos choix -, à tour de rôle installés dans le sweet spot pour partager nos impressions...

Je me suis dit que cette rencontre tout à fait inattendue méritait un témoignage pour ceux qui suivent la marque PeLeon. Il me semble que "c'est ici qu'on en parle"... !

Tout d'abord et avant d'aller plus loin, coutumiers que nous sommes des écoutes avec d'autres, je sais que cela vous parlera: quelle chance que de pouvoir partager ses impressions, ses observations, ses questions, sa passion en somme, avec un autre passionné !

A forciori bien entendu, quand il s'agit de Pierre-Etienne et que l'on est mélomane, en quête permanente de ce moment d'émotion et d'intimité avec la musique, la voix, l'instrument, l'air autour de tout cela, la pièce, l'instant, le bruit d'un verre que l'on remplit à la table du premier rang pendant que Canonball Aderley lance Mercy, Mercy, Mercy en rendant à Zavinul ce qui appartient à Zavinul, la vie qui va avec... En live bien entendu. Mélomane mais aussi en l'espèce, audiophile tout autant passionné, animé par la même quête depuis bientôt 4 décennies, dans son salon, gourmand de ces moments où toute la smala est allée se coucher et que le silence est là...

Il ne s'agit pas là d'un CR d'écoute bien que nous ayons joué avec les cables que nous avions sous la main, les essais de placement, des sous-pointes de taille différentes pour l'accord avec la pièce, etc. La rencontre m'a beaucoup fait réfléchir et je me suis dit que peut-être certains d'entre vous seraient intéressés tant il me semble que mieux connaitre le concepteur permet de mieux comprendre son travail et ce que nous apportent ses réalisations quand on écoute, comme maintenant en vous écrivant, le Sabat Mater de Pergolesi en Fa mineur interprèté par la Soprano Sonya Yoncheva et la contraltiste Karine Deshayes (Sony Music 2016)...

Quand Pierre-Etienne raconte que son père (que l'on ne présente plus) a passé sa vie d'ingénieur à concevoir les systèmes les plus aboutis possibles (on ne compte plus les brevets Elispon tombés dans le domaine public et qui sont la base de tant des systèmes que nous écoutons tous au quotidien) et que sa mère était pianiste, vibrante mélomane avant tout, (comme beaucoup d'autres, elle prêtait ses oreilles à son Joseph de mari, pour l'aider dans sa quête), que Pierre-Etienne a grandi les oreilles et le coeur dans l'émotion de la musique et les neurones dans l'acoustique, qu'il a ensuite lui-même consacré sa vie à la recherche de la restitution la plus transparente possible pour créer, bien au-delà d'un prénom, la marque Léon, Pierre-Etienne Léon... on comprends mieux pourquoi la rencontre se fait de façon aussi profonde.

Hors de toute considération spécifique à notre passion commune, quel plaisir de passer du temps avec cet homme, extraordinairement à l'écoute (des autres autant que de la musique...), remarquablement humble, toujours intéressé par le point de vue de l'autre (votre serviteur en l'occurrence cette fois-ci). Je mesure la chance que j'ai eue de pouvoir partager mes observations avec candeur, en tâtonnant et en cherchant mes mots de profane, certes raisonnablement averti mais avant tout, amateur revendiqué (à tous les sens du terme), pour engager une conversation qui est devenue passionnante tant l'expertise et la personnalité de Pierre-Etienne Leon lui ont permis d'apporter une vision très large de ce que j'ai ressenti, de ce que j'ai pu ressentir après y avoir été invité. Une compréhension à proprement systémique de la restitution.

Nous avons beaucoup parlé de silence. De ce silence que chacun connait et recherche sans doute obstinément ici. Celui qui nous a permis par exemple d'entendre distinctement plusieurs brins d'un balais sur une caisse claire, le frottement délicat d'un doigt sur une corde de contrebasse qui indique comme un indice laissé par mégarde, la profondeur de la scène et permet de positionner un contrebassiste "tapi dans l'ombre" d'une chanteuse à quelques mètres de là, ce silence qui malgré cet autre enregistrement, malheureusement "sans distinction" permet à la dynamique de mieux établir le jeu d'acteurs entre deux guitares acoustiques qui se répondent...

Nous avons aussi beaucoup parlé de linéarité et de largeur du spectre, de l'air (au sens littéral du terme) que cela apporte de façon tangible quand on les optimise, de l'effet de masquage médium-aigu d'une légère hypertrophie des basses fréquences, même très tendues comme les Intégrales en ont le secret (d'où nos migrations au centimètre près pour éloigner ou rapprocher ces stentors du mur du fond, les essais de coupelles, des Crios en lieu place de tout ou partie des pointes parce que je site "j'ai fait des mesures avec un accéléromètre et l'énergie vibratoire s'écoule en majorité par la pointe conique à l'avant du coffret...", etc.).

Si je devais résumer, et même si ce n'est qu'un tout petit bout de ce que j'ai compris de l'extraordinaire complexité de l'exercice de conception d'une enceinte, quand un concepteur vous dit qu'il aborde son projet en s'interessant d'abord et avant tout à la charge acoustique interne et ensuite seulement au filtrage électrique, vous pouvez en déduire que la musique est au coeur de ses préoccupations, et ca s'entend.

Vous l'aurez compris, je ressors certes de cet après-midi avec une écoute encore optimisée (et croyez-moi ce n'est pas faute d'y avoir consacré des heures cubiques ces 7 dernières années avec ce système-ci), mais avant tout touché par cette rencontre avec l'homme d'une part et par une compréhension me semble-t-il plus profonde du terrain de jeu qui nous réunit avec lui, pour ceux qui cela concerne, et plus largement, sur ce forum d'autre part.

Je doute que Pierre-Etienne Léon lise un jour ces lignes. C'est presque mieux comme ça tant il s'agit avant tout d'un témoignage sous le coup de l'émotion, celle qui sans doute nous réunit, mélomanes et audiophiles.