Cellules Orthophases

[Just LiSten]

On n'enseigne pas ce que l'on sait, mais ce que l'on est, disait en substance Jean Jaurès.

Et j'ai constaté, souvent, que l'on peut adapter « l'adage » à la haute fidélité: on écoute comme on est.
Et, pour ce qui est des constructeurs, on fabrique ce que l'on est : culture, goûts, valeurs …
Il suffit d'avoir côtoyé des gens comme Urs Frei (Swissonor), Gilles Milot (Leedh), Jean-Claude Reynaud (JMR), et d'autres encore, pour s'en persuader.

Puis, parfois, l'évolution marchande fait que l'on peut en venir, suite à une forme de dépossession de ses valeurs humaines par des professionnels du commerce international, à en arriver à fabriquer ce que l'on croit que d'autres croient (Devialet, BW, …).

A n'en pas douter, Thierry est de la première catégorie.
De prime abord, ce qui vous frappe, c'est l'enthousiasme de son accueil.
Poignée de main chaleureuse, et sans autre forme de présentation, nous grimpons, au plus vite,  au dernier étage, croisant, en passant sur un pallier, un vieux lampe-mètre qui sert à mesurer  les tubes des copains.
Nous allons bien nous entendre …
Le temps d'arriver là-haut, nous savons tout, ou presque, de la saga orthophase.

La pièce est digne des bons auditoriums pros : spacieuse, chaleureuse, équipée, mais aussi personnelle. Légère pénombre propice à des écoutes sereines.
Un tapis au sol, qui me rappelle celui qui suit toujours Urs Frei sur ses salons :
http://www.living-leedh.com/?page_id=3618

Un petit tour du « musée » s'impose, avant toute chose.
Là se raconte l'histoire du personnage, qui a commencé jeune.
Et comme Bernard Palissy, qui brûla ses meubles, il nous dit tout ce dont il a du se dessaisir pour aider au financement de cette quête dont il commence à apercevoir la fin.

Le courant passe. Il est donc temps de s'asseoir face aux panneaux.
Michel, connaisseur, relève la qualité des ébénisteries.
Le programme est annoncé : on commence doucement, avec les blocs mono vintage Hitone, puis l'on passera sur du Audio Research, vintage aussi.

Le son est bien en adéquation avec l'homme. Pas de tromperie sur la marchandise.
On remarque tout de suite la profondeur et la qualité du grave. Sa rapidité incroyable, qui se confirmera au fil des écoutes.
Pas de son de tonneau, pas ou peu d'excitation de la pièce.
Notre hôte nous a expliqué qu'il utilise 2 catégories de polystyrène pour les membranes.
En collant l'oreille sur le panneau, la différence est sensible : plus montant pour certaines, plus rond pour les autres. Un savant mélange permet donc de modifier le rendu.
Je sors mon Shazam pour emporter quelques titres inconnus. Ces petites rencontres entre amis sont toujours une source de découvertes musicales.

Le passage aux électroniques AR sera l'occasion de programmer des choses plus musclées en terme de dynamique : Pépé Romero ( le claquement des talons du flamenco, époustouflant),
Avec Michel, Bursonnien devant l'Eternel, nous avons une petite réserve sur l'extinction trop rapide des cymbales, du filé dans l'aigu. Thierry nous indique qu'il a déjà eu cette réflexion, « l'impression que l'on étouffe la cymbale avec la main ».
Cette réserve sera levée lors de l'écoute d'une plage du Hadouk Trio à fort niveau. La frappe sur les peaux dégage toutes les harmoniques de ces instruments pas si rudimentaires, les métaux sonnent cristallins sans agressivité. Et toujours cette impression de zéro distorsion.
Puis reviendra, sur des plages à un niveau d'écoute raisonnable.
Michel suggère que peut-être, en remplaçant les condensateurs du filtre ? Justement, il possède les mêmes valeurs dans la même version russe, mais plus gros. Des bâtons de dynamite, roulés sous les aisselles. Échange d'adresses. Ils partiront dès notre retour.
Ou bien essayer avec des électroniques à transistor. Là il rêve de son Burson Audio.
Thierry nous indique qu'il est en contact avec Mimetism, pas très loin d'ici.
Essais prévus d'ici peu. Mais il attend de pouvoir monter des panneaux avec 24 cellules au lieu de 12, et ainsi passer à une impédance de 8 ohms, contre 4 actuellement.
Michel a sorti quelques CD, dont son coup de cœur actuel, Agnès Obel, Strech your eyes.
Moi je demande une plage du Roy Haynes trio, Green Chimney, qui débute par un long solo de batterie. J'appuie un peu sur le volume... On retrouve toujours ces impacts fabuleux sur les peaux : rapidité, énergie, timbres.
J'aurai aimé un peu plus de « luminosité », globalement.
On sent le maître des lieux ouvert à nos remarques.

Quelques plages plus tard, il va nous falloir partir. La Bretagne est longue à traverser.
Nous nous reverrons, promis. Et d'abord en Leedh'Armor pour que Thierry puisse goûter à d'autres émotions sonores.
http://www.living-leedh.com/?page_id=30

Sur la route du retour, nous devisons tranquillement avec Michel.
Aucun regret. Il faut vivre cela, intention d'achat ou pas.
Les cellules orthophase, dont Thierry vient de déposer la marque (figurez-vous que cela n'avait jamais été fait!) : tout amateur de son doit en faire l'expérience.
Et une évolution future, avec des aimants néodyme.

Merci encore Thierry pour l’accueil et ces moments marquants.
Nous emportons notre dernière écoute, kitchissime jusqu'à l'ambiance de la prise son, les références d'un album de Max Raabe, lMarlène Dietrich faite homme, que j'écoute en rédigeant ce petit commentaire :
http://www.qobuz.com/fr-fr/album/ubers-m...2894763896

Kenavo, mais pas pour trop longtemps j'espère.

JLS

       

Et le tuner Esart que j'aurai bien aimé emporter ... avec la platine