09-17-2020, 03:29 PM
Le problème n'est pas la qualité des amplis (à tubes ou non), c'est bien plus compliqué que cela.
Je peux produire un amplificateur exceptionnel avec un barreau de silicium de type 2N3055 absolument pas prévu pour cet usage. Il suffit de "tenir" suffisamment le transistor avec une contre-réaction ou une correction différentielle efficace.
Problème : la corr. diff. est un brevet de 1977 (de mémoire) et les amplis à tubes utilisent (trop) souvent de vieilles recettes parce que... parce qu'on a toujours fait comme ça. On trouve donc aujourd'hui sur le marché des amplis à tubes qui ont dans l'immense majorité des cas des contre-réactions RC avec des amplificateurs à transistors qui sont souvent à correction différentielle. Ils ne jouent donc pas dans la même cour en terme de facteur d'amortissement ou de taux de distorsion. D'autant que, même sans correction différentielle, il est possible d'atteindre un gain en boucle ouverte largement supérieur (de manière simple) avec des transistors qu'avec des tubes. Donc même avec une contre-réaction RC, un amplificateur à transistor sera meilleur qu'un amplificateur à tubes. Vous constaterez d'ailleurs qu'il y a souvent plus d'étages dans les amplis à transistors que dans les amplis à tubes. Pourquoi, parce que si on arrive à faire voyager des électrons dans le vide, on a un peu de mal à imaginer le composant réciproque (le tube est grosso-modo l'équivalent du transistor FET canal N, mais il n'existe pas d'équivalent au canal P).
Et là, on touche un second problème. Les tubes sortent à haute impédance, donc il faut (disons, la plupart du temps) un transformateur quelque part, d'ailleurs pas forcément en charge anodique. L'amplificateur étant un système bouclé, il faut en boucle ouverte que le gain soit inférieur à 1 au déphasage de 90°. Sinon, ce n'est pas un amplificateur que vous avez, mais un oscillateur. C'est pour cette raison qu'un bon ampli à tubes doit avoir des transfos de sortie qui dépassent largement les 100 kHz et non pas parce que l'auditeur aurait des oreilles bioniques. En effet, le transfo est un passe bas d'ordre 2 (ou 3) qui apporte un magnifique déphasage qu'il faut rejeter le plus loin possible sauf à vouloir détruire des twitters.
Bref, lorsqu'on compare des montages à tubes et à transistors, il faut absolument les comparer dans des topologies identiques. Et là, seulement là, on peut en tirer des conclusions, ce que le papier de Jean Higara ne fait pas.
Une fois que l'on a fait cela, on s'aperçoit que les deux amplificateurs sont assez équivalents et que les caractéristiques sont très similaires. La seule différence est qu'un tube en classe A génère peu d'harmoniques et que ces harmoniques sont des harmoniques de rang pair. Pour les transistors, ce sont des harmoniques de rang impair la plupart du temps. Un calcul mathématique de base vous indiquera que les harmoniques de rang pair en cascade ont tendance à se compenser alors que les harmoniques de rang impair se cumulent.
En d'autres termes, un amplificateur à tubes conçu sur les principes modernes (enfin, connus depuis les années 1980) sera un peu meilleur qu'un amplificateur à transistors de même topologie. Mais il n'aura pas le son rond dit "à tubes", qui est un énorme défaut de l'amplificateur et qui n'est pas dû aux tubes. C'est exactement le même truc que le son des "transistors au germanium" que j'ai tenté d'expliquer à un client pas plus tard que la semaine dernière. C'est parce que la topologie classique de l'amplificateur conçu à la grande époque du germanium utilisait des contre-réactions molles que le son est rond. Absolument pas parce qu'il s'agit d'un transistor au germanium.
Bien cordialement,
JB
Je peux produire un amplificateur exceptionnel avec un barreau de silicium de type 2N3055 absolument pas prévu pour cet usage. Il suffit de "tenir" suffisamment le transistor avec une contre-réaction ou une correction différentielle efficace.
Problème : la corr. diff. est un brevet de 1977 (de mémoire) et les amplis à tubes utilisent (trop) souvent de vieilles recettes parce que... parce qu'on a toujours fait comme ça. On trouve donc aujourd'hui sur le marché des amplis à tubes qui ont dans l'immense majorité des cas des contre-réactions RC avec des amplificateurs à transistors qui sont souvent à correction différentielle. Ils ne jouent donc pas dans la même cour en terme de facteur d'amortissement ou de taux de distorsion. D'autant que, même sans correction différentielle, il est possible d'atteindre un gain en boucle ouverte largement supérieur (de manière simple) avec des transistors qu'avec des tubes. Donc même avec une contre-réaction RC, un amplificateur à transistor sera meilleur qu'un amplificateur à tubes. Vous constaterez d'ailleurs qu'il y a souvent plus d'étages dans les amplis à transistors que dans les amplis à tubes. Pourquoi, parce que si on arrive à faire voyager des électrons dans le vide, on a un peu de mal à imaginer le composant réciproque (le tube est grosso-modo l'équivalent du transistor FET canal N, mais il n'existe pas d'équivalent au canal P).
Et là, on touche un second problème. Les tubes sortent à haute impédance, donc il faut (disons, la plupart du temps) un transformateur quelque part, d'ailleurs pas forcément en charge anodique. L'amplificateur étant un système bouclé, il faut en boucle ouverte que le gain soit inférieur à 1 au déphasage de 90°. Sinon, ce n'est pas un amplificateur que vous avez, mais un oscillateur. C'est pour cette raison qu'un bon ampli à tubes doit avoir des transfos de sortie qui dépassent largement les 100 kHz et non pas parce que l'auditeur aurait des oreilles bioniques. En effet, le transfo est un passe bas d'ordre 2 (ou 3) qui apporte un magnifique déphasage qu'il faut rejeter le plus loin possible sauf à vouloir détruire des twitters.
Bref, lorsqu'on compare des montages à tubes et à transistors, il faut absolument les comparer dans des topologies identiques. Et là, seulement là, on peut en tirer des conclusions, ce que le papier de Jean Higara ne fait pas.
Une fois que l'on a fait cela, on s'aperçoit que les deux amplificateurs sont assez équivalents et que les caractéristiques sont très similaires. La seule différence est qu'un tube en classe A génère peu d'harmoniques et que ces harmoniques sont des harmoniques de rang pair. Pour les transistors, ce sont des harmoniques de rang impair la plupart du temps. Un calcul mathématique de base vous indiquera que les harmoniques de rang pair en cascade ont tendance à se compenser alors que les harmoniques de rang impair se cumulent.
En d'autres termes, un amplificateur à tubes conçu sur les principes modernes (enfin, connus depuis les années 1980) sera un peu meilleur qu'un amplificateur à transistors de même topologie. Mais il n'aura pas le son rond dit "à tubes", qui est un énorme défaut de l'amplificateur et qui n'est pas dû aux tubes. C'est exactement le même truc que le son des "transistors au germanium" que j'ai tenté d'expliquer à un client pas plus tard que la semaine dernière. C'est parce que la topologie classique de l'amplificateur conçu à la grande époque du germanium utilisait des contre-réactions molles que le son est rond. Absolument pas parce qu'il s'agit d'un transistor au germanium.
Bien cordialement,
JB
J. Bertrand,
SYSTELLA SAS, Conception de circuits à tubes à cheval entre Paris et Brive
http://www.systella.fr
[url=http://www.systella.fr][/url]RCS 832495378 Brive-la-Gaillarde, APE 7112B
SYSTELLA SAS, Conception de circuits à tubes à cheval entre Paris et Brive
http://www.systella.fr
[url=http://www.systella.fr][/url]RCS 832495378 Brive-la-Gaillarde, APE 7112B