Et bien tout d’abord merci Philippe pour ton accueil, depuis le temps que je devais écouter ces Kii c’était au fond peut être idéal de patienter et de les écouter dans des conditions optimisées comme ce fut le cas pour les G3 avant, donnant une base de comparaison idéale même si les écoutes sont temporellement bien séparées. J’ai entendu les G3 dans cette pièce maintenant assez de fois pour avoir gardé quelque idée de l’avant et de l’après. Pour compléter le retour de Thierry sur le siège de gauche et de droite sur ce système, pour moi c’était la même soupe avec les G3, le siège de gauche ça ne le fait pas, et au sweet spot c’est très bien. Pour ce qui est de bouger la tête au point d’écoute central, cela ne me semble pas critique, même si l’écoute quand on se place derrière l’auditeur du sweet spot (donc 50cm derrière) ne me semble pas offrir tout à fait la même balance tonale, mais c’est guère surprenant vu que cela équivaut à changer l’orientation des enceintes par rapport à l’auditeur (écoute un peu plus descendante, un peu moins d’aigu, d’aération). Maintenant le phénomène d’écoute très « mono » sur le siège de gauche est peut être un peu accentué par rapport aux G3 quand même.
Pour moi il ne faut pas longtemps à l’écoute des Kii pour s’interroger sur la raison qui fait qu’un module Purifi mis en boite dans un ampli intégré sur des G2 ou G3, avec un Tambaqui ou un Matrix / Holo sur un préampli Ayon très qualitatif à 30k€, n’arrive pas à donner un résultat engageant, plausible à l’écoute, alors que sur les Kii on ne retrouve pas ces travers. Désolé pour les intégrateurs des modules de Bruno Putzeys mais je vais rester con en la matière, au moins sur des G3 filtrées à pente raide, il y a un souci de naturel à l’écoute qui disparait à priori quand Bruno Putzeys prend les commandes de ce qui se passe entre l’ampli et les transducteurs, peut être tout simplement de par l’absence de filtre et mise en place de multiamplifications dédiées à certaines fréquences, voir de ce qui se passe sur l’étage d’entrée de ces amplis aussi accessoirement, mais j’imagine dans une moindre mesure.
Les Kii sont redoutables à bien des égards, elles offrent un regard complet sur l’enregistrement sans laisser cette trop souvent rencontrée impression de froideur, de décharné d’assemblages d’enceintes et d’amplifications classe D qui malgré plein de qualités n’arrivent jamais à convaincre de leur total naturel de restitution, et lassent si ce n’est sur l’instant, en tout cas sur le long terme et lors de comparaisons avec des électroniques plus classiques bien fichues à transistor ou tube. Ici les timbres sont d’une justesse confondante, l’incarnation dans l’espace des voix et instruments n’a pas grand chose à envier à ce qu’offre le pré Ayon de @thierrynk, avec une stabilité et lisibilité de la musique excellente, une bande passante intégrale, très propre mais pas ennuyeuse, cela reste vivant avec de l’impact, des attaques franches, pas de trainage, mais encore une fois pas de sécheresse ni froideur.
Et le plus important, la totale cohérence de l’ensemble, car si il y a bien une chose qui caractérise le jeu des assemblages d’enceintes, d’amplis, de sources, de pré, de cables… c’est cette constante difficulté à peaufiner la mise au point matérielle pour obtenir toute la cohérence nécessaire à la satisfaction générale à l’écoute de la musique, c’est un jeu de con disons le car on en est conscient, certains en font leur hobby favori et y laissent des plumes dans la surenchère de l’optimisation, arrivent à ajuster la restitution à la fois à leur goût et dans un maximum de cohérence mais à quel prix en terme de temps, d’argent, de musique non écoutée (et je m’inclus là dedans pour avoir passé quelques années à jouer à ce jeu et à continuer à le faire même si moins qu’à une époque). La cohérence reste pour moi le maitre mot de tout système, elle se fait en parti fi des gammes, des bancs d’essai, des avis de tous poils pour finir chez soi dans un tout mis au point personnellement et représente le but de l’audiophile quel qu’il soit, quels que soient ses moyens, et est la raison qui fait qu’un petit système peut être bien plus agréable et « musical » qu’un grand manquant de cohérence, ou qu’un grand prend des lettres de noblesses en tirant parti des qualités de chaque maillon sans faire des caricatures trop marquées.
Bref, vous l’aurez compris je suis personnellement et en grande partie conquis par ce que j’ai entendu, et c’est probablement ce que j’ai entendu de mieux en terme de connexion directe à l’enregistrement. Je serais capable donc de remplacer un système par les Kii, et à mon humble avis ce que j’ai entendu est meilleur que le système précédent pour une fraction du prix neuf de la valeur du système précédent. Le compromis est une réussite et je félicite Philippe pour son audace et ce choix qu’il ne va pas regretter.
Alors quelles sont néanmoins les limites perçues de l’exercice, est ce que l’on perd quelque chose, est ce qu’il reste quelque chose à optimiser, est ce que chacun se retrouverait heureux avec des Kii chez lui?… J’en doute. Quelle girouette ce Nicoben, il est prêt à signer la vente d’un système pour passer aux Kii mais pas forcément prêt à les conseiller à ses amis et audiophiles de passage dans ces lignes…. je m’en explique.
Même si je n’ai pas entendu les Kii dans une acoustique moyenne, je ne les imagine pas (à juste titre je pense) s’absoudre de l’acoustique du lieu, avoir des principes intelligents de gestions des réflexions, des ondes arrières, est un atout évident mais ne saurait dispenser d’une hygiène acoustique bien exécutée, et si les Kii me semblent offrir un superbe résultat juste et direct, plaisant avec des qualités qui ne laissent pas de doute sur leurs facultés à montrer la vérité dans une forme aussi proche que possible de l’origine, elles montrent une restitution que l’on pourrait qualifier de monitor, laissant une petite part de romantisme, de profondeur, aux Transducteurs des Vivid ou à une amplification comme les Aelius qui vont offrir une restitution un peu plus ample, moins précise mais un peu plus confortable, moins facile coté acoustique certainement pour des Giya, mais un peu moins rigoureux que les Kii. J’ai peu de doutes sur le fait que dans une atmosphère trop claire, on se satisfasse parfois mieux du plantureux d’enceintes moins tenues, ou dans d’autres styles de l’énergie extravagante de 38 moins linéaires et nuancés mais plus physique, d’effets de zoom de compressions jouant plus sur le haut rendement que sur l’asservissement, bref des raisons acoustiques d’un coté où l’aspect monitor de précision des Kii pourra toujours donner une sensation de « pas assez musical » principalement à cause du conflit entre leur justesse, rapidité, absence de son de boite… et des défauts acoustiques venant appuyer sur ces qualités pour en faire des défauts par excès, excès de réverbération en medium aigu, et des raisons personnelles, d’habitude d’écoute de l’autre face à des solutions plus classiques et personnalisées, des transducteurs présentant la musique différemment. Autant dire qu’une forme de perfection approchée ne l’est que pour celui qui s’en satisfait, et dans un domaine comme l’audio qui reste au final appuyé sur une perception subjective de celui qui écoute, la perfection n’est pas toujours ce qui est recherché, ou n’est pas la même pour tout à chacun. J’imagine bien certains investir dans la perfection et s’apercevoir chez eux que la perfection des Kii ne se révèle pas dans le premier salon venu, surtout si il présente les défauts notoires des parallèlépipèdes placo des intérieurs modernes étant de simples merdes acoustiquement parlant.
Pas d’effets de zoom, d’amplifications successives mettant la modulation en relief tel des effets d’optiques dans un télescope où l’on choisit ses focales, et ça les audiophiles à poil dur n’aiment pas, ça pousse leurs convictions d’alchimie aux orties (là où on avait poussé mémé), tout comme l’on peut assumer de rechercher quelque chose de plus personnalisé, pas la transparence pure mais une mise en valeur un peu plus personnelle, nous titillant autrement le corps et, esprit, avec moins de rationnalité et plus de personnalisation, c’est un droit et ce n’est pas le public visé par les Kii de toute évidence.
Un contre argumentaire comme un autre… mais dans une vie d’audiophile, il me semble cohérent, le terme n’est pas choisi au hasard, d’arriver à une pièce bien fichue dans laquelle on peut laisser place à ce système Kii, car le résultat est bien au delà de la très grande majorité des systèmes sans notion de prix, avec une évidente simplification et moindre perte de cheveux par la facilité d’optimisation de l’ensemble. Je le redis donc, de mon coté elles m’ont assez convaincu pour un de ces jours larguer un système complet à leur profit, car elles savent faire du vrai…qui est aussi beau que le vrai, là où beaucoup de matériels revendiqués comme vrais, restent toujours moins beaux que le réel, n’en déplaise. J’irai sans l’ombre d’un doute jusqu’à dire qu’une majorité de systèmes sans notion de prix ne seront jamais si cohérents que ce qu’offrent les Kii dans une pièce optimisée, j’en suis convaincu.
Pour ce qui est des sources numériques sur les Kii, je rejoins sans réserve le retour de Philippe. Ma sensation (car il est difficile d’avoir la moindre certitude ni explication) est qu’on a un rendu un peu plus « brut » avec le Lumin (tout en étant plus résolutif, varié qu’avec la chromecast l’Aredien
), et un rendu un peu plus aéré, lisse mais raffiné avec le MU1, un peu comme quand on compare mode NOS et mode oversampling sur le Holo, ou j’imagine un peu comme ce qu’on pourrait obtenir en jouant avec HQplayer pour définir le rendu du MU1. Cela donne une restitution parfois un peu plus en relief, avec du grain avec le Lumin, avec une sensation d’un peu plus de contraste au prix d’un peu moins de raffinement, et sur certains enregistrements difficiles cela devient un peut trop brut de fonderie, un peu agressif là où le MU1 est plus fin, posé, aéré, relaxé, comme évitant une forme à la fois d’arrondissement et de distorsion du signal tel que le Lumin le donne. La bonne solution à n’en pas douter devrait être l’intégration de la lecture réseau par Kii, qui a presque une obligation de résultat en la matière pour pérenniser son système, son modèle technologique et commercial. En l’état je garde une préférence pour le MU1, pour son coté tout en un avec serveur et ssd qualitatif et sa restitution un peu plus lisse mais plus fluide et aérée, mais je peste sur son prix, sur sa sortie spdif et uniformisation des formats, même si sur les Kii on s’on fout un peu au fond…
Il est clair qu’il y a une petite source de frustration là, sur le fait que le Kii control n’est pas insensible à ce qu’on fait entrer dedans, à son coté dépouillé, compact et finalement incomplet et imparfait qui nécessite pour le moment de s’emmerder à optimiser la source numérique en amont, et d’utiliser éventuellement une vieille liaison spdif rca qui semble d’un autre âge et peu cohérente face à la conception des Kii. Et la solution intégrée réseau sera t elle au niveau… le Tambaqui a montré qu’il ne suffit pas d’implémenter une entrée Roon réseau pour qu’elle offre les meilleurs résultats, et il serait dommage qu’une intégration plus chère que la solution Lumin soit au final pas au niveau du MU1…. de quoi perdre encore quelques cheveux. Ou bien tout cela est dans nos têtes… non décidément je ne le pense pas, même si l’on touche à des différences non fondamentales mais pour moi bien réelles. D’ailleurs j’ai lu certains ailleurs n’aimant pas le MU1, précisément pour ce qu’il apporte à l’écoute! (Ampleur, lissage, perte d’un certain contraste fut il artificiel, ou pas, par un coté plus brut de fonderie… bref).
Allez direction la tondeuse
, j'ai trouvé que le MU1 donnait une clarté et définition supplémentaire vs le Lumin. En fait, on a l'impression d'un peu plus d'air sur la scène sonore et une plus grande profondeur et/ou étagement des différents plans.