Mon cher Philippe. Même si finalement tu renonçais à acquérir ces fameuses Kii (avec leur BTX, un complément indispensable mais vraiment très onéreux), une chose me paraît certaine, c’est que le questionnement sur ces enceintes aura introduit dans le débat audiophile un important sujet de discussion, celui du respect de l’intégrité du signal sonore originaire, et cela même lorsqu’on a recours comme moi à des corrections de l’acoustique au moyen d’un système électronique numérisé.
J’avais déjà compris auparavant qu’une trop grande multiplication des corrections numériques (pour rechercher la courbe la plus plate possible tracée sur l’écran par REW) était néfaste et donnait à entendre une musique artificielle et émasculée, sans aspérité sans doute mais aussi sans contraste, sans sa dynamique interne, en résumé une musique agréable à entendre mais sans vie. Je crois que tu avais fait la même constatation, ce qui t’avait amené à te passer définitivement de toute correction numérique. Le souci du respect du signal sonore originaire, marque de fabrique des enceintes Kii, permet de mettre un principe sur un phénomène que nous avions constaté.
Je ne puis, quant à moi, me passer de l’usage du numérique pour tenir ensemble une installation faite de briques et de brocs audiophiles (je rappelle, de bas en haut de l’échelle sonore : un caisson SVS 2000 derrière le siège d’écoute, un RCF 18’’ dans un baffle de 250 l., une demi VOT avec un ALTEC 15’’ 515 fonctionnant en doublet acoustique, un moteur TAD 2’’ muni de son pavillon à 15 tuyères ALTEC 1505, chaque canal ayant son propre ampli). Tout ce matériel, apparemment disparate (nous sommes loin de l’enceinte unique avec un filtre-répartiteur analogique), fonctionne de concert grâce à une petite boite de quelques centimètres, un MINIDSP, qui fournit l’ensemble des cross et des corrections acoustiques, le tout en numérique évidemment.
Je pressens la moue des audiophiles amoureux des marques prestigieuses. Eh bien, je puis les détromper. Tout cela fonctionne à ma plus grande satisfaction. A la condition d’utiliser les corrections numériques avec une grande parcimonie de façon à ne pas altérer profondément le signal d’origine.
Depuis un certain temps, ma manière de traiter l’acoustique de mon grenier a évolué. Au lieu de courir après une ligne droite en corrigeant chaque nœud ou ventre de la courbe de réponse que trace REW sur l’ordinateur, au tiers voire au 16ème d’octave près, comme c’est le cas généralement à grand renfort de taps (après conversion en filtres FIR, ce que je ne suis jamais parvenu à faire ; mais cela est une autre histoire), j’ai préféré établir une courbe de réponse avec des corrections à l’octave, c’est-à-dire en privilégiant les corrections avec un coefficient de qualité très bas (une base de 0.5, avec parfois une mise au point accessoire allant un peu plus haut). La courbe psycho-acoustique donnée par REW sur l’écran est sans doute moins parfaite ; il y subsiste des bosses et des creux qu’il faudra admettre, tout perfectionniste que l’on soit.
Cependant le résultat est là, le véritable résultat, celui qui résulte de l’audition de la musique. L’intégrité du signal sonore est beaucoup mieux respectée par des corrections qui l’englobent sans à-coups une partie importante du tissu sonore plutôt que par des heurts successifs et contradictoires qui le hachent.
Un exemple de cette plénitude ? Ecoute si tu en as l’occasion l’ensemble Van Baerle dans les trios pour piano de Beethoven (en version stéréo SACD éditée par CHANNEL CLASSICS), une exécution magnifique dans une prise de son exemplaire. C’est cette réalisation qui m’a inspiré la présente intervention.
Ce n’est que mon avis
